Le gouvernement espagnol a décidé de durcir la loi de Procédure Criminelle et la Loi Organique de Protection de la Sécurité des citoyens, en alléguant la nécessité de lutter contre ce qu’il appelle « une spirale de violence » pratiquée par ce qu’il a qualifié de « collectifs anti-système » qui pratiquent des « techniques de guerre urbaine ».

Parmi les mesures annoncées ces derniers jours, le durcissement des sanctions contre la violence de la rue par l’application de la législation anti-terroriste conçue pour traiter les cas de kale borroka au Pays Basque, et le rapport direct établi avec les affrontements survenus à Barcelone au cours de la grève du 29-M. Une autre proposition est de qualifier la résistance passive ou fortement active de « délit d’attentat contre l’autorité ». Ceci est une référence claire aux mobilisations estudiantines de Valence et au Mouvement des indignés. La réforme proposée prévoit que sera considéré comme « délit d’appartenance à une organisation criminelle » le fait de diffuser via Internet et les réseaux sociaux les appels à des rassemblements « protestataires susceptibles d’altérer gravement l’ordre public », ce qui concerne tous ceux qui n’auraient pas été notifiés et qui s’accompagneraient du refus de vider les lieux malgré l’avertissement de la police.

Seront incluses aussi « toutes les formes d’agression » attaque violente à l’encontre d’un policier, les menaces et comportements synonymes d’intimidation ou le jet de projectiles dangereux. Une autre mesure permettra de considérer comme circonstance aggravante le fait de perpétrer ces actions violentes dans des manifestations ou des rassemblements. Sera considéré comme délit contrevenant à l’ordre public le fait de pénétrer dans des établissements publics ou d’entraver l’accès à ces derniers. En conséquence, la quantité des dégâts comptabilisée sera étendue non seulement à ceux commis dans ces établissements mais aussi à ceux engendrés par l’interruption du service public.

L’Espagne a connu au jeudi 29 mars une grève générale contre la réforme du travail et la politique d’austérité du gouvernement de droite, qui présente vendredi un budget 2012 marqué par de nouvelles coupes. Plusieurs centaines de milliers de personnes ont défilés à Madrid et à Barcelone, De violents incidents ont éclaté jeudi à Barcelone, lors de la manifestation organisée pour la grève générale en Espagne, entre des jeunes et les forces de l’ordre qui ont utilisé des balles en caoutchouc.
Partout ailleurs, la mobilisation était forte, avec 50.000 personnes à La Corogne selon la police, 25.000 à Saint-Jacques de Compostelle, selon les syndicats, entre 72.000 et 400.000 dans toute l’Andalousie, entre 35.000 et 250.000 à Valence, selon les estimations. Les incidents de Barcelone ont été les plus violents, mais des heurts ont également éclaté dans d’autres villes, comme à Séville et à Madrid durant les premières heures de la grève. Au total, 173 personnes ont été interpellées, cinquante-huit policiers et quarante-six manifestants ou grévistes ont été blessés à travers le pays, selon le ministère de l’intérieur.

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Hier, les associations estudiantines avaient appelé à la manifestation dans plus de 40 villes à travers le pays pour contester les dernières mesures d’austérité qui touchent directement à l’éducation et à la formation des jeunes. Les étudiants entendaient également clamer leur solidarité avec les étudiants de Valence où, le 20 février dernier, la police a violemment agressé les manifestants, blessant grièvement plusieurs d’entre eux. Celle-ci a à nouveau frappé hier à Barcelone, où plus de 30.000 personnes s’étaient réunies, bloquant plusieurs voies de circulation routières et ferroviaires ainsi que l’accès à l’Autonomous University of Barcelona. Pour disperser les barrages, les forces de l’ordre ont tiré des balles en caoutchouc. Celles-ci ont également chargé plusieurs fois les regroupement, faisant allègrement usage de leurs matraques face aux étudiants déterminés. D’après un premier bilan, il y aurait au moins neuf blessés. Les autorités ont annoncé l’interpellation de plusieurs manifestants.

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Hier, plusieurs centaines de jeunes s’étaient rassemblés devant un collège de la ville de Valence pour dénoncer l’attitude du gouvernement régional. Suite au plan de rigueur adopté début janvier, celui-ci a effectué des coupes budgétaires dans divers secteurs, dont celui de l’éducation. Depuis plusieurs semaines, certains établissements scolaires sont privés de chauffage, les autorités n’ayant pas réglé les factures auprès des fournisseurs. Un cordon policier était disposé devant le collège, et les forces de l’ordre sont rapidement intervenues pour empêcher le rassemblement. Les policiers ont également fait usage de leurs matraques dans les rues voisines lorsque les jeunes se sont dispersés, certains étant traînés au sol. Les autorités ont procédé à une série d’arrestation, mais leur nombre n’a pas été communiqué.

Manifestation estudiantine à Valence

Manifestation estudiantine à Valence

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Aurora Cayetano Navarro est la première femme de l’histoire de l’Etat espagnol a avoir passé 30 ans de sa vie en prison. Née dans une famille ouvrière de Vigo le 19 février 1957, elle a commencé à travailler à 14 ans dans une conserverie. Suite à la grève générale de 1972, elle entre dans l’organisation clandestine OMLG (l’Organisation de Marxistes Léninistes Galiciens), puis, en 1975, dans le PCE(r). En décembre 1976, elle est arrêté par la police de Franco. A sa sortie de prison, elle intègre les GRAPO et participe à la guérilla antifasciste. Arrêtée en 1978, elle est brutalement torturé par la Brigade Polico-sociale. Elle sera détenue pendant 20 ans dans 15 prisons différentes et parrticipera à de nombreuses luttes, y compris de très dures grèves de la faim.

Elle est libérée en 1998 et reprend son activité politique. Elle intègre en 2000 le travail clandestin du PCE (r). Elle est arrêtée le 18 juillet 2002 à Madrid et condamnée en fonction de la « doctrine Garzon » selon laquelle toutes les forces antifascistes révolutionnaires doivent être considérée comme GRAPO (comme toutes la gauche nationaliste basque doit être considérée comme ETA). Aurora est condamnée à 12 ans de prison pour terrorisme alors que, de l’aveu même du tribunal, il n’y avait pas dans ce dossier même un coup de pied dans le tibia d’un policier. Comme tous les prisonniers politiques, elle est détenue loin des siens, à plus de 1000 kilomètres de ses parents. Aurora a une fille, Celestina. Sa soeur Carmiña est aussi une prisonnière révolutionnaire qui a purgé plus de 16 ans entre 1983 et 1999 et qui est à nouveau détenue depuis 2006.

Aurora Cayetano Navarro

Aurora Cayetano Navarro

Pour lui écrire:
Prisión de Villena-Alicante II
CN 330 km. 66, 03400 VILLENA (Alicante)

L’Audience Nationale, le plus important tribunal espagnol, a condamné dernièrement à 15 ans de prison Gemma Belén Rodríguez Miguel, militante des GRAPO, pour avoir participé à la campagne d’actions à la bombe co ntre les sociétés de travail intérimaires. Elle a été plus directement été reconnue « coupable » de la destruction d’une agence d’intérim à Vigo, le 27 septembre 2000. Elle avait déjà été condamnée en janvier 2006 par la justice française à cinq ans de prison pour «  »association de malfaiteurs ». L’Audience Nationale espagnole l’avait déjà condamnée à sept ans de prison en juin 2009 pour l’attaque d’un transport de fonds par les GRAPO en Cantabrie. Cet article est ancien de deux mois, il n’est mis en ligne qu’aujourd’hui suite à un couac rédactionnel.

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Arrêté en France en 2001, l’ancien chef militaire de l’ETA Javier Garcia Gazetlu, alias ‘Txapote’ avait été remis à la justice espagnole en 2007. Le dirigeant du mouvement avait, à ce moment-là, déjà été condamné à de multiples peines de prison pour diverses actions revendiquées par l’ETA. Aujourd’hui, il a à nouveau été condamné par l’Audience Nationale, qui l’a jugé coupable de l’assassinat en février 2000 d’un dirigeant socialiste et de son garde du corps. La plus haute instance judiciaire espagnole a prononcé une peine de 105 ans de prison à son encontre.

Javier Garcia Gaztelu

Javier Garcia Gaztelu

Dans son thème musical « Democracia, su puta madre », le rappeur Pablo Hasél commence avec une déclaration dédiée au « Camarade Arenas » dont il dit qu’il est « prisonnier depuis de nombreuses années uniquement du fait d’être communiste, comme bien d’autres membres du PCE(r) ». Il affirme aussi qu’ «indépendamment du fait que l’on soit communiste ou pas, cette répression fasciste dans un pays en théorie « démocratique » avec une infinité de guillemets (mais les progressistes et les faux(sses) de gauche s’en foutent) est intolérable». Il ajoute ensuite: «Liberté pour Arenas !».

Cela lui a valu d’être arrêté et inculpé d' »apologie du terrorisme » .Après quelques jours de détention, il a été conduit au Tribunal d’Exception de l’Audiencia Nacional qui a décidé de le remettre en liberté avec l’obligation de comparaître tout les 1er et 15 de chaque mois auprès du juge le plus proche de son domicile tandis que la procédure judiciaire habituelle poursuit son cours.

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Le 15 juin dernier, un groupe ‘d’indignés’ avaient tenté d’empêcher la tenue d’une session parlementaire à Barcelone, session au cours de laquelle devait être voté le budget 2011 de la Catalogne prévoyant de nombreuses mesures d’austérité. Les manifestants avaient bloqué l’entrée du bâtiment avant d’être violemment délogés par les forces de l’ordre. 23 personnes avaient été blessées au cours de l’intervention policière. Hier, le juge de l’Audience Nationale, principale instance pénale espagnole, a annoncé son intention d’ouvrir une enquête afin de déterminer si les incidents auraient pu constituer un délit contre les institutions de l’état, sur base de l’article 498 de code pénal qui punit ‘le recours à la force, la violence, l’intimidation ou la menace grave pour empêcher tout membre d’une assemblée parlementaire d’assister à ses réunions’.

En Espagne, sept prisonniers et prisonnières antifascistes sont gravement malades, une campagne est animée pour leur libération. Il s’agit de :

Enrique KUADRA ETXEANDIA, militante des GRAPO. Depuis 23 ans en prison, en 4 fois, autant en Espagne qu’en France. Cancer de la prostate. Sa prochaine opération nécessitera une récupération très délicate, impossible en prison. Détenu 2.000 km de sa famille.

Manuel PÉREZ MARTÍNEZ, secrétaire sénéral du PCE(r), âgé de 67 ans. Depuis 18 ans en prison, en 3 fois. Grave maladie occulaire, hernie du hiatus et faiblesse générale. Détenu à l’isolement à 840 km de sa famille.

María José BAÑOS ANDUJAR, militante des GRAPO. Depuis 18 ans en prison, en 2 fois. Elle a besoin de l’implantation d’un rein et elle est malade du H.I.V. Depuis 2010, elle est dans l’attente d’une implantation d’une déviation coronaire. Détenue à 2.000 km de son entourage.

Manuel ARANGO RIEGO, militant du PCE(r), âgé de 65 ans. Depuis 10 ans en prison, en 2 fois. Il souffre d’une grave sciatique chronique. Graves problèmes de mobilité. Hypermédicalisé. Détenu à 670 km de sa famille.

Carmen MUÑOZ MARTÍNEZ, militante du PCE(r). Depuis 28 ans en prison, en 2 fois. Elle souffre d’un cancer du sein dont elle a du être opérée puis se soumettre à de dures séances de chimiothérapie et d’autres séances de réhabilitation. Etat de santé général très mauvais. Hypermédicalisée. Détenu à 800 km de sa famille.

Laureano ORTEGA ORTEGA, militante des GRAPO. Âgée de 49 ans. Depuis 22 ans en prison, en 3 fois. En septembre 2010, elle a souffert d’une attaque au coeur qui lui a valu une entrée en hospitalisation dans un état très grave et désormais très médicalisée et épuisée. Détenue à l’isolement, à 2200 km de sa famille.

Isabel APARICIO SÁNCHEZ, militante du PCE(r). Âgée de 57 ans. Depuis 8 ans en prison, en 2 fois. Elle a de l’arthrose et de l’ostéoporose générale, une flébite, une sinusite chronique grave, des cataractes et les vertèbres lombaires qui nécessitent plusieurs opérations obligatoires pour ne pas finir définitivement en chaise roulante. Détenu à 240 km de sa famille.