Deux jeunes hommes originaires du Rojava ont été torturés à mort près du village de Qermane à Dirbesiye. Les identités des victimes ont été déterminées: Taha El-Mihemmed, originaire du district de Til Hemîs dans le canton de Qamîşlo, et Adil Mihemed El-Bedir. Tous deux sont nés en 2001. La population locale a trouvé les cadavres des deux hommes dans le village de Qermane, à l’ouest du district de Dirbesiyê, près de la frontière avec la Turquie. Les habitants ont emmené le corps d’Adil Mihemed El-Bedir à l’hôpital Şehit Xebat, tandis qu’ils n’ont pas pu récupérer le corps de l’autre homme pendant longtemps, car ils étaient pris pour cible par les soldats turcs. Aujourd’hui 16 mars, la population locale a emmené le corps de Taha El-Mihemmed à l’hôpital. Les deux jeunes hommes auraient été torturés à mort avec des objets tranchants 48 heures plus tôt.

A Genève, la manifestation féministe du 8 mars s’est terminée par des affrontements avec la police et une nasse. Rendez-vous était pris dans le quartier des Grottes, proche de la gare, pour un rassemblement s’est transformé en marche nocturne sauvage. Autour des manifestantes, un important cordon de policiers, avec tenue anti-émeute, fourgons, canon à eau et drone. Une fois le cortège arrivé devant le lieu culturel de l’Usine, les policiers ont sorti leurs matraques pour frapper plusieurs militantes. Ils ont finalement a nassé une cinquantaine de manifestantes sur la plaine de Plainpalais.

La police anti-émeute turque s’est heurtée à des femmes qui s’étaient rassemblées pour célébrer la Journée internationale de la femme à Istanbul, mardi, et a tiré du gaz poivré pour disperser une foule de plusieurs milliers de personnes dans le centre-ville. Le bureau du gouverneur d’Istanbul avait déclaré un jour plus tôt qu’il n’autoriserait pas les marches, les protestations ou les déclarations de presse pour marquer l’événement dans la zone entourant la place centrale Taksim de la ville. Au milieu d’une forte présence policière, des femmes se sont rassemblées à proximité en sifflant, en allumant des torches et en scandant « nous n’avons pas peur, nous ne nous inclinons pas ».

L’armée turque et ses mercenaires islamistes poursuivent leur politique de persécution des Kurdes et des yézidis pour les faire quitter la région d’Afrin. Depuis le début de l’année, dix civils ont été assassinés et 96 personnes, dont onze femmes et cinq mineurs, ont été enlevées par les forces d’occupation. En outre, neuf maisons ont été détruites et plus de 5 000 oliviers ont été abattus. Les enlèvements, les exécutions, les tortures, les pillages et les expulsions font partie du quotidien des habitants. Près de 8 500 personnes originaires d’Afrin ont été enlevées depuis le début de l’invasion il y a quatre ans. Environ la moitié d’entre elles sont toujours portées disparues. Les enlèvements sont devenus un modèle économique pour les islamistes d’Ankara, générant des revenus lucratifs. Dans le même temps, cela augmente la pression pour déplacer la population kurde et la remplacer par les familles des jihadistes chassés des zones reprises par le régime.

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La police turque a effectué des raids à domicile à Istanbul dans la matinée de mardi. Des membres et administrateurs du Parti démocratique des Peuples (HDP), des journalistes et des membres d’organisations de la société civile ont été arrêtés. Une dizaine de personnes ont été arrêtées dans le district d’Esenyurt. Parmi elles, figurent Esin Çelik, coprésidente de l’Association de Marmara pour l’aide aux familles de prisonniers (MATUHAY-DER), Vildan Atmaca, ancienne correspondante du quotidien féminin Şujin, interdit par décret-loi, et plusieurs dirigeants locaux et membres du HDP. Vildan Atmaca a été placée en garde à vue dans le cadre d’une enquête concernant des articles qu’elle a écrits en 2015 et 2016. Des dizaines de personnes ont été arrêtées au cours des dernières 48 heures. 27 personnes ont été arrêtées à Amed (Diyarbakir) lundi. Le même jour, une centaine de personnes ont été arrêtées dans de nombreuses provinces, notamment Adana, Mersin, Sirnak, Agri, Siirt, Batman et Van.

 

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Les détenus politiques de la prison de haute sécurité de Van ont entamé une grève de la faim de trois jours le 10 février. Ils exigent une enquête sur la mort de Ramazan Turan. Ramazan Turan, prisonnier malade de 70 ans, est décédé dans une cellule d’isolement de la prison de Van le 21 janvier dernier. Les grévistes de la faim demandent en outre la levée de l’isolement du leader kurde Abdullah Öcalan, la libération des prisonniers malades et la fin des pratiques et des sanctions arbitraires infligées par l’administration pénitentiaire.

Ladite « longue marche » pour exiger la libération du leader kurde Abdullah Öcalan, commencée à Sierentz le 6 février, est arrivé à sa destination aujourd’hui, dans la ville de Strasbourg, où un rassemblement central est organisé. Au cours de la marche, les marcheuses et marcheurs ont subi des attaques fascistes et des interventions de la police qui a menacé à plusieurs d’interrompre la manifestation. Plusieurs autres marches ont également eu lieu (à Marseille, Kiel, Hanovre, …) dont une allant de Francfort à Strasbourg.

Entre 1995 et 2001, le militant révolutionnaire Erdal Gökoglu a été arrêté en Turquie et y a été torturé à plusieurs reprises. Il souffre du syndrome de Wernicke-Korsakoff depuis la grande grève de la grève de la faim de 2000 contre les prisons d’isolement et des séquelles des blessures par balle qu’il a reçue lors de la répression de la lutte des prisonniers politiques de la prison d’Uucanlar. En Turquie, il a été déclaré invalide en 2001 et s’est réfugié en Belgique après sa libération. Il y a obtenu en 2007 le statut de réfugié politique. Il avait été arrêté et extradé en Allemagne (voir notre article), à la demande du parquet allemand qui l’accusait d’avoir été responsable, entre 2002 et 2013, des locaux du DHKP-C à Hambourg et à Berlin.

Après plus d’une année d’un procès plusieurs fois interrompu en raison de son état de santé précaire, Erdal a été condamné par le tribunal de Hambourg à cinq ans d’emprisonnement (voir notre article). Il a obtenu d’achever sa peine en Belgique et a été transféré, au début de février 2021, alors qu’il avait purgé les deux tiers de sa peine, à la prison de St Gilles. A St Gilles, Erdal a entamé une nouvelle grève de la faim contre le port de l’uniforme. En Turquie, le refus du port de l’uniforme de la part les prisonniers politiques a une très haute valeur symbolique et politique. Des dures luttes ont eu lieu sur cet enjeu, dont les prisonniers sont sortis victorieux. Erdal a gagné de nos pas devoir porter l’uniforme mais est privé de tous les déplacements (y compris les visites) pour lesquels le port de l’uniforme est jugé nécessaire. Une loi belge de 2005 a pourtant annulé le port de l’uniforme dans les prisons mais dans les faits, seules 12 prisons ont pu le mettre en pratique. Quoiqu’il en soit, Erdal a déjà depuis longtemps dépassé le délai donnant droit à une libération anticipée.

Erdal Gökoğlu

Erdal Gökoğlu

Hier soir, à 22H, l’aviation turque a bombardé diverses cibles au Kurdistan irakien dont le camp de réfugiés kurdes de Maxmur, mais aussi Geliyê Kersê, Barê et Çil Mêra (dans les monts Shengal). En réaction, plusieurs manifestations de protestation ont eu lieu, au Kurdistan mais aussi à Bâle, Copenhague, Strasbourg et Toulouse. Les organisations kurdes de Belgique appellent à un rassemblement de protestation aujourd’hui mercredi à 15h  devant le 40 rue Montoyer.

Le 22 janvier, plusieurs dizaines de jihadistes du Daesh ont lancé un raid contre la prison al-Sina’a-Geweran, à Hesekê (al-Hasaka) où sont détenus 5000 prisonniers de l’Etat islamique. De manière coordonnée, les prisonniers de Daesh se sont mutinés. Une partie de la prison a été prise mais les SDF (Forces Démocratiques Syriennes) ont réagi rapidement, encerclant les assaillants et les évadés dans le quartier résidentiel voisin de Zihûr (Al-Zohour). Cette poche est progressivement réduite. Jusqu’à présent, 22 jihadistes ont été tués et un capturés.

Les Turcs ont soutenu l’attaque de Daesh par une frappe de drone sur un véhicule du Conseil militaire de Til Temir qui se rendait à Hesekê pour soutenir l’opération lancée les SDF. L’attaque a eu lieu à proximité du village de Tiwena, sur la route Til Temir-Heseke. Enfin, au moment du raid de Daesh contre la prison à Hesekê, des miliciens islamistes payés et armés par la Turquie, ont lancé une attaque contre les villages de Mişêrfe, Cehbel et Mielek à Ain Issa ainsi que contre le camp d’Ain Issa et l’autoroute M4. Les combattants des FDS ont repoussé l’attaque, tuant cinq jihadistes. Ceux-ci étaient appuyés par des tirs de l’artillerie turque, tirs qui ont tué deux civils du village de Cehbel. Ces offensives concertées ont été menée alors que le clan Barzani, allié des Turcs, qui contrôle la région autonome du Kurdistan irakien, a instauré un blocus contre le Rojava en fermant les postes frontières.

EDIT: Le bilan ce samedi 23 des combats d’Hesekê (qui ne sont pas terminés) est de 22 combattants du Rojava (membres des SDF, des forces de sécurité « Asayish »  et volontaires civils) tués,, 23 personnes ont été blessées (combattants et civils). 110 membres de Daesh ont été capturés, 45 tués. Un journaliste a également été tué et un autre blessé.

 

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Le quartier général des forces d’occupation dans le centre de Jindires, dans le canton d’Afrin, a été dévasté samedi par une violente explosion. Deux membres de la faction al-Mu’tasem, liée au Front Syrien de libération, financé et armé par la Turquie, ont été tué et plusieurs autres ont été blessés. Les miliciens jihadistes multiplient les exactions à Afrin: arrestations arbitraires (580 pour la seule ville d’Afrin l’année passée), enlèvements, rackets, assassinat, provoquant l’exode de la population kurde et son remplacement par des réfugiés arabes venus de Turquie. Selon les dernières statistiques (2020), la population kurdes dans la région d’Afrin n’était plus que de 34,8 %, alors qu’ils représentaient auparavant 97 % de la population.

 

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