Le Gouvernement Régional Kurde (KRG), cette région autonome irakienne pratiquement indépendante est dirigée par la famille Barzani qui détient le pétrole irakien et l’exporte massivement vers la Turquie, entre autres. Il y a quelques semaines, deux jeunes opposants au régime de Barzani avait été arrêté et torturé par le Parastin, les services secrets du KRG, pour avoir défendus le PKK sur Facebook (voir notre article). Nous apprenons aujourd’hui qu’une autre personne a été arrêtée le 4 août dernier pour avoir partagé une photo d’Abdullah Öcalan, le leader du PKK, sur internet. Esa Barzani (qui est un parent éloigné du président kurde irakien Massoud Barzani), est détenu sans être inculpé après que les agents du Parastin l’aient enlevé à son domicile.

A Sulaimani, de nombreux travailleurs du secteur public, infirmiers, enseignants et fonctionnaires manifestent ce jeudi soir devant un hotel 5-étoiles où se tient aujourd’hui une réunion des 5 partis légaux du Kurdistan Irakien. Le but de cette réunion est de reconduire à nouveau le président Massoud Barzani, de plus en plus impopulaire. Malgré la très juteuse rente pétrolière, voilà trois mois que les travailleurs du service public n’ont pas touché leur salaire, ils accusent la famille Barzani de se servir avant tout le monde. Les médias officiels du KDP (le parti de Barzani) accusent les manifestants de déstabiliser le quasi-état kurde alors que l’Etat Islamique n’est qu’à quelques dizaines de kilomètres de là… Des manifestants ont caillassé les nombreux policiers qui gardaient l’hôtel. Les travailleurs du service public se sont mis en grève pour une semaine.

Affrontements à Sulaimani.

Affrontements à Sulaimani.

L’aviation turque a mené mardi dernier une nouvelle série de frappes d’envergure contre les camps du PKK de Sinat et de Haft Anin dans le nord de l’Irak. L’opération, qui a mobilisé des chasseurs-bombardiers F-16 et F-4. L’armée turque a lancé au moins deux autres grandes opérations de ce genre contre les bases-arrière kurdes ces dernières semaines.

Des F16 turcs

Des F16 turcs

Le service secret du Gouvernement Régional Kurde irakien, le Parastin a détenu 1 semaine, fouetté et torturé deux Yézidis, Schîar Elias Hashem (20 ans) et Willie Khudaida (19 ans), qui prenaient la défense du HPS (Unités de Protections du Shingal, la guérilla yézidie du PKK dont le commandant avait été arrêté en avril dernier par la police kurde irakienne) sur Facebook, ils sont à priori toujours détenus, comme de nombreux Yézidis et militants proches du PKK au Kurdistan irakien. Huit guérilleros du PKK auraient également été remis à l’armée turque.

Le Gouvernement Régional Kurde est une région quasi-autonome du nord de l’Irak gouvernée par le PDK, un parti de droite en conflit avec le PKK. Condamnant de temps à autres les bombardements de l’armée turque sur son territoire, elle aide dans les faits la Turquie soit par passivité, soit par collaboration à réprimer le PKK sur son territoire. Une nouvelle fuite -à prendre avec des gants- affirme que le PDK aurait ordonné en 2014 aux Peshmerguas (l’armée régulière kurde irakienne) de ne pas attaquer l’Etat Islamique. Probablement pour déstabiliser l’état irakien et gagner en autonomie.

Les deux jeunes militants torturés par Parastin.

Les deux jeunes militants torturés par Parastin.

Tandis que la guérilla continue à embraser le Kurdistan Nord, l’armée turque a lancé mercredi une intervention terrestre dans le nord de l’Irak vers un camp du PKK. Deux brigades de bérets bleus, les unités commandos de montagne de l’armée turque, tentent de prendre le contrôle du camp du PKK à Haftanin, tout proche de la frontière. Des accrochages ont immédiatement éclaté. Les hélicoptères de transport Sikorsky turcs, au nombre de huit apparemment, ont alors été contraints de suspendre leurs rotations, pendant que des hélicoptères Cobra d’attaque bombardaient la zone. Des chasseurs bombardiers, des drones et des tanks, depuis la Turquie, interviendraient en renfort de l’opération. Le but de cette intervention, la première depuis 2011, serait de rejoindre le quartier général du PKK sur le mont Kandil, mais celui-ci aurait été partiellement évacué depuis les bombardements des dernières semaines.

Commandos de montagne de l’armée turque

Commandos de montagne de l’armée turque

Le Congressional Research Service a diffusé le 22 juillet un document sur les effectifs des troupes américaines déployées en Irak et Afghanistan et ceux des mercennaires (« contractors ») des firmes sous-traitantes du Département de la Défense (DoD) entre 2007 et 2014. Pour l’Afghanistan, c’est en mars 2011 que les effectifs militaires y ont été les plus élevés: 99.800. 90.339 « contractors » (toutes fonctions confondues) au service du DoD étaient alors recensés. Ce chiffre n’est pas le plus élevé: en décembre 2012, 110.404 « contractors » étaient présents sur le théâtre afghan (pour 65.800 soldats). En fait, de septembre 2011 à juin 2013, plus de 100.000 « contractors » étaient présents. En ce qui concerne les security contractors (PSC), le pic a été atteint en juin 2012 avec 28.686 agents de sécurité présents en Afghanistan sous contrat avec le DoD.

Pour l’Irak, 169.000 soldats étaient présents en septembre 2007 contre 154.825 contractors (les PSC ne sont donnés qu’à partir de décembre 2007: 9 952). En Irak, le nombre de troupes a atteint 0 en mars 2012 après les retraits successifs des forces US. Les effectifs des contractors ont en revanche augmenté jusqu’en septembre 2008 (163.446 « contractors ») pour atteindre l’équilibre en mars 2010: 95.900 soldats et 95.461 « contractors ». Les PSC ont été les plus nombreux en juin 2009 avec 15.279 agents présents.

Lire le document

USA: Les chiffres des mercenaires payés par les USA en Irak et Afghanistan

Quatres combattants étrangers des YPG avaient été arrêtés en Irak alors qu’ils rentraient vers leurs pays respectifs (Deux Etats-Uniens, un Russe, et un quatrième non confirmé). Ils ont fini par être libérés après 23 jours de détention. Robert Alleva et Michael Fonda (les deux américains) ont confirmé que les 4 avaient été enfermés dans la même cellule que des membres de l’Etat Islamique, malgré qu’ils aient répété à plusieurs reprises aux officiels du PDK (Parti Démocrate du Kurdistan, parti de droite au pouvoir au Kurdistan irakien) qu’ils étaient membres des YPG. Il n’y a pas besoin de préciser les risques qu’ont encouru les quatre en étant enfermé dans la même cellule que des islamistes. Cet emprisonnement est probablement un nouveau mouvement du PDK pour écarter les Kurdes progressistes syriens et turcs du Kurdistan irakien.

Robert Alleva et Michael Fonda

Robert Alleva et Michael Fonda

Edit à 00h25 : Les YPG viennent de confirmer que l’armée turque a bombardé des zones sous le contrôle des YPG/YPJ et de la FSA vers 22h (heure locale), dans le canton de Kobané. Il y a plusieurs blessés.

Alors que le gouvernement régional du Kurdistan irakien s’est bien maladroitement abstenu (voir notre précédent article) de condamner les bombardements contre les positions du PKK au Kurdistan du Sud, une quatrième esquade de F-16 turcs se sont envolés ce dimanche soir vers 20h (heure locale) de la base militaire de Diyarbakir (Amed) pour frapper à nouveaux les zones de guérilla en Irak.

D’abord accusé de ne pas réagir, puis accusé de soutenir l’antiterrorisme turc, Massoud Barzani, président du gouvernement régional kurde irakien, est maintenant accusé d’avoir communiqué les positions des camps du PKK et d’avoir été au courant que les frappes allaient avoir lieu avant qu’elles ne commencent.

Camps du PKK en Irak bombardés par la Turquie, juillet 2015.

320 arrestations avaient eu lieu hier lors d’une énorme opération antiterroriste visant le PKK et des mouvements de la gauche révolutionnaire. La Turquie réitère le même genre d’opérations aujourd’hui en perquisitionnant à nouveau massivement. Comme hier, l’opération se concentre à Istanbul.

Cette nuit, les F-16 et l’artillerie turcs ont bombardé et ouvert le feu contre de nombreuses zones de guérilla tenues par le HPG, ainsi que des villages kurdes affiliés au PKK, à travers le Kurdistan du Nord (Turquie) , le PKK a pu évacuer les villages avant que les bombes n’atteignent leurs objectifs, et il n’y a apparemment pas eu de décès. Quatre habitants ont été blessés, dont un enfant de 11 ans et des forêts ont prit feu, elles continuent à brûler à l’heure actuelle. En plus de cela, l’aviation turque a également attaqué des bases du PKK en Irak, à Dohuk, à 40km de la frontière turque, au moins 4 guérilleros ont perdu la vie. Enfin, des coups de feu ont été échangés à plusieurs endroits entre l’armée turque et la guérilla.

Il y a quelques heures seulement, le PKK avait répondu au gouvernement régional kurde qu’il ne retirerait pas ses guérillas (YPS, les Unités de Protection du Sinjar) d’Irak. Les YPS ont été fondées par le PKK après l’opération de sauvetage des Yézidis poursuivis et persécutés par les islamistes et abandonnés par l’armée officielle du Kurdistan autonome irakien (les Peshmergas). De nombreux Yézidis rejoignent à présent les YPS. Le gouvernement régional kurde n’a pas encore réagit au bombardement de cette nuit.

Enfin, l’offensive turque est également sur internet : de nombreux journaux kurdes sont inaccessibles depuis quelques heures depuis la Turquie, le compte twitter officiel du HPG (@Navendaparastin) a également été suspendu par Twitter.

Un F-16 turc.

Un F-16 turc.

Un agent des services secrets turcs a été capturés par les combattants kurdes alors qu’il combattait dans les rangs de l’Etat islamique. C’est le 24 avril qu’une unité de combattants kurdes a défait une unité de l’Etat islamique suite à un violent combat dans le village de Sehelil (district d’İyaziye, région de Mossoul). Les combats pour le village ont duré deux jours. 17 combattants kurdes et 35 islamistes sont mort dans ce combat. Parmi les prisonniers, un agent du service secret turc MIT originaire de la région d’Erzurum. L’homme avait été condamné à 30 de prison pour meurtre en Turquie, mais avait été relaché à condition qu’il rallie l’Etat islamique comme agent du MIT.

L’agent du MIT capturé près de Mossoul

L'agent du MIT capturé près de Mossoul

En plus des nombreux combattants communistes et anarchistes venus de Turquie et du Moyen-Orient, les Unités de Défense du Peuple (YPG) peuvent compter sur de nombreux combattants venus des paix occidentaux (Allemagne,Pays-Bas, Etats-Unis,…) pour prêter main forte à la libération du Rojava (Kurdistan occidental, nord de la Syrie) face aux forces islamistes. Des sources proches des YPG viennent d’annoncer que le premier de ces combattants occidentaux avait été tué lors d’un assaut contre l’État Islamique près de Sinjar (Kurdistan irakien). Il se faisait appeler Heval Bagok Serhed, les YPG n’ont pas dévoilé sa véritable identité pour des raisons de sécurité. Il a été tué alors que son esquade de 8 hommes, transportés en camion ait été attaqué par un groupe d’islamistes lors de la libération d’un village près de la ville yézidi de Sinjar.

Édit: on sait à présent que le combattant s’appelait Ashley et était Australien. Les YPG communiqueront dans la journée après avoir contacté sa famille.

Heval Bagok Serhed

Heval Bagok Serhed