Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

La grille principale du lycée Bréquigny a été bloquée par des manifestants, jeudi 17 mars à Rennes. Plusieurs centaines de lycéens étaient regroupés devant l’établissement. La direction du lycée avait fait appel aux policiers pour « sécuriser » une entrée, allée Pierre-de-Coubertin, et permettre aux personnels, élèves et étudiants d’accéder tout de même à l’établissement. Des heurts ont éclaté avec les forces de l’ordre, qui ont usé de gaz lacrymogènes contre les lycéens. Il n’y a pas eu d’interpellation.

Le blocage du lycée

Le 15 mars au matin vers 8h30, une cinquantaine d’activistes issus de divers collectifs ont perturbé durant 1h30 l’entrée du « Forum for the Future of Agriculture » dans le centre de Bruxelles. Ce Forum se présentant comme un espace démocratique et « un peu » écologique pour rendre l’agriculture plus respectueuse de l’environnement et des paysans est organisé par SYNGENTA. Une des plus puissantes multinationales au monde de l’Agrobusiness. Par cette action les activistes ont dénoncé une nouvelle fois le lobbying et greenwashing de l’agrobusiness et perturbé le début de ce forum dans lequel s’exprimaient de nombreux invité.e.s. issus des multinationales, de certains Etats et de l’Union Européenne.

Cette action « surprise » a été en partie empêchée par la police présente sur place depuis 6h30 et sans doute sans surprise, déjà au courant ou en attente d’une action. Une vingtaine de policiers de Bruxelles, quelques RG qui disposaient d’un badge spécial aux couleurs du Forum. 8 personnes ont été arrêtées (dont 3 personnes un peu avant dans les alentours). Elles ont été libérées quelques heures plus tard.

Un activiste berlinois s’est vu retirer sa carte d’identité et a été interdit de sortie du territoire allemand. L’organisateur d’une manifestation pour la levée de l’interdiction du PKK en novembre dernier à Berlin est considéré comme un risque pour la sécurité de l’Allemagne. Le 24 janvier 2022, l’activiste avait reçu une lettre l’informant qu’il devait remettre ses documents d’identité dans un délai de quatre jours ouvrables et qu’il lui était interdit de quitter la République fédérale dès réception de la lettre. Cette décision a été prise par un service de l’Office des citoyens et de l’ordre public du Land de Berlin, qui a agi à l’instigation du LKA berlinois. L’activiste est considéré comme une menace potentielle pour les intérêts de sécurité intérieure et extérieure de la République fédérale.

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Au moins deux manifestants ont été tués aujourd’hui dans la partie de la Papouasie annexée par l’Indonésie, lorsqu’une manifestation contre une réforme administrative a tourné à l’affrontement. Les manifestants dénoncent que cette réforme exclut les Papous dans les projets de création de nouvelles provinces dans la région et craignent qu’elle soit utilisée pour renforcer le contrôle du gouvernement sur la région. Des protestations ont éclaté dans toute la Papouasie et même dans la capitale du pays, Jakarta. C’est à un de ces rassemblements, situé dans le district éloigné de Yahukimo, qui a tourné à l’affrontement. Deux manifestants ont été tués par les forces de l’ordre, et plusieurs autres ont été blessés.

La Papouasie a été le théâtre d’une insurrection rebelle vieille de plusieurs décennies visant à obtenir l’indépendance de l’Indonésie, qui a pris le contrôle de l’ancienne colonie néerlandaise dans les années 1960. En 2019, au moins 20 personnes sont mortes dans la province de Papouasie occidentale lors d’un affrontement entre les forces de sécurité et les manifestants, après des jours de troubles violents pour protester contre le racisme envers les étudiants papous dans la deuxième ville du pays, Surabaya.

 

Des heurts sont survenus dans le centre-ville de Montréal, mardi soir, dans le cadre de la traditionnelle manifestation contre la brutalité policière du 15 mars. Vers 19 h, des participants à la manifestation ont fracassé des vitrines à l’aide de roches et de panneaux de signalisation. Une agence de la Banque Nationale ont été prises pour cible par les manifestants. Le Service de police de la Ville de Montréal a alors ordonné aux manifestants de se disperser et de quitter les lieux. Les policiers  sont intervenu en utilisé du gaz lacrymogène. La police a répertorié huit « méfaits » et un incendie criminel, ainsi qu’un cas d’agression armée vis-à-vis d’un policier. Une seule arrestation, celle d’un homme de 32 ans pour « méfait », a été annoncée.

Deux jeunes hommes originaires du Rojava ont été torturés à mort près du village de Qermane à Dirbesiye. Les identités des victimes ont été déterminées: Taha El-Mihemmed, originaire du district de Til Hemîs dans le canton de Qamîşlo, et Adil Mihemed El-Bedir. Tous deux sont nés en 2001. La population locale a trouvé les cadavres des deux hommes dans le village de Qermane, à l’ouest du district de Dirbesiyê, près de la frontière avec la Turquie. Les habitants ont emmené le corps d’Adil Mihemed El-Bedir à l’hôpital Şehit Xebat, tandis qu’ils n’ont pas pu récupérer le corps de l’autre homme pendant longtemps, car ils étaient pris pour cible par les soldats turcs. Aujourd’hui 16 mars, la population locale a emmené le corps de Taha El-Mihemmed à l’hôpital. Les deux jeunes hommes auraient été torturés à mort avec des objets tranchants 48 heures plus tôt.

Victor Rollon, également connu sous le nom de Rico Rollon, présenté comme l’expert en explosifs de la Komisyong Mindanao (KOMMID) et du Comité régional du Mindanao du Sud (SMRC), a été arrêté par la 1001e brigade de la police nationale philippine à Barangay La Filipina, Tagum City, le 9 mars. Les policiers ont également arrêtés Christine Joy Adorza Dula, présentée comme la responsable des finances du Front n°3 de la guérilla maoïoste, et Chargelyn Monta Casquejo, présenté comme instructeur politique du Commandement des opérations régionales du SMRC. Les policiers ont récupéré deux IED, un fusil M16, un pistolet .45, des téléphones portables, du matériel médical et des documents. Rollon était recherché pour meurtre et détention illégale grave, Dula pour rébellion et insurrection, et Casquejo pour homicide.

 

Julian Assange a vu lundi disparaître l’un de ses derniers espoirs d’éviter son extradition, avec le refus de la Cour suprême britannique d’examiner son recours. Les hauts magistrats britanniques ont estimé que son recours ne soulevait “aucun point de droit discutable”. Assange est poursuivi par la justice américaine pour la diffusion, à partir de 2010, de plus de 700.000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan. Parmi eux figurait une vidéo montrant des civils, dont deux journalistes de l’agence Reuters tués par les tirs d’un hélicoptère de combat américain en Irak en juillet 2007. Poursuivi notamment en vertu d’une législation contre l’espionnage, Julian Assange risque 175 ans de prison.

Le dossier va à présent revenir à la juridiction de première instance. En janvier 2021, la justice britannique avait initialement tranché en faveur d’Assange (voir notre article), mais la Haute Cour avait annulé cette décision (voir notre article). Incarcéré dans une prison de haute sécurité près de Londres depuis près de trois ans, Julian Assange avait été arrêté par la police britannique en avril 2019 après avoir passé sept ans dans l’ambassade londonienne de l’Equateur où il s’était réfugié alors qu’il était en liberté sous caution.

Rassemblement pour Assange à Bruxelles (archives)

Le stade de pelote basque de Berango était plein à craquer ce dimanche pour accueillir Ibai Aginaga, militant communiste et indépendantiste, revenu dans sa ville après une absence de 21 ans, dont 2 dans la clandestinité dans ETA et 19 autres passés dans différentes prisons d’Espagne. Au petit matin, Ibai a quitté la prison de Basauri et est arrivé peu après à Berango pour participer à l’Ongi Etorri (l’accueil populaire) que les voisins et les militants voulaient lui offrir, malgré l’interdiction du gouvernement espagnol et la dissociation de la direction de la gauche nationaliste officielle qui demande « instamment » que l’accueil des prisonniers se fasse de manière discrète et privée. Accepter cet accueil était pour Ibai une nouvelle manière de critiquer les choix de cette direction et de la ligne adoptée par la gauche nationaliste officielle depuis que l’ETA a déposé les armes.

Ibai est populaire dans la localité, tout comme sa mère, qui l’a soutenu pendant ces 20 ans de lutte carcérale, mais Berango est aussi une ville particulière, rebelle et combattive. Dès les premières heures du matin, les rues étaient remplies d’affiches et de banderoles saluant l’événement. Celui-ci s’est déroulé parfaitement. Des centaines de personnes se pressaient dans le lieu. Il y était interdit d’entrer avec des téléphones portables et la presse espagnole était tenue à l’écart. L’assistance a scandé « Presoak kalera, amnistía osoa » (prisonniers dans les rues, amnistie maintenant) ou « Jotake Irabazi arte » (Lutte jusqu’à la victoire). Un concert a précédé la montée sur scène d’Ibai qui a reçu dix minutes d’ovation. Des discours ont suivi et une nouvelle ovation a salué l’arrivée à la tribune de la mère d’Ibai fleurie par les enfants de la localité. D’autres prisonniers étaient présents, comme Josemari Sagarduy (« Gatza »), arrêté à l’âge de 22 ans et libéré à 53 ans, ou Iñaki Etxeberría « Mortadelo », qui a purgé 25 ans de prison.

Ibai a ensuite pris la parole. Très ému, il a souligné sa joie de retrouver plusieurs camarades de lutte. Il a rappelé la situation d’autres prisonniers indépendantistes comme Kepa Preciado, Dani Pastor, « Txikito » et tous les prisonniers antifascistes, y compris ceux du PCE (r) et des GRAPO (voir notre dossier). Il a appelés à continuer à se battre et a terminé son discours en disant : « Je suis entré en prison comme militant de l’ETA et je suis sorti comme militant communiste », ce qui a provoqué la dernière ovation prolongée de cet événement mémorable.

La justice militaire israélienne a condamné l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri à quatre mois de détention administrative. Elle estime qu’il « menace la sécurité de la région ». En octobre dernier, Israël avait déjà révoqué son statut de résident de Jérusalem. Né d’une mère française et d’un père palestinien, cet avocat âgé de 36 ans est accusé depuis des années, par l’État hébreu, d’être membre du FPLP. Salah Hamouri, fervent défenseur des droits des Palestiniens, avait déjà été emprisonné entre 2005 et 2011. Cette fois-ci, il écope de quatre mois de détention administrative, c’est-à-dire une condamnation sans inculpation, et sans véritable procès. Cette mesure Elle permet à la justice militaire israélienne d’incarcérer des suspects, pour une durée allant jusqu’à six mois renouvelables indéfiniment et souvent sans accusation.

Salah Hamouri