Les autorités du régime iranien ont intensifié la sécurité dans les villes et les prisons dans l’ouest suite à une vague de protestations contre l’exécution de trois prisonniers politiques. Dans la prison de Saghez, où le prisonnier politique Chirkou Moarefi a été exécuté, les prisonniers ont organisé une commémoration en défiant l’interdiction faite par les gardiens de tenir la moindre cérémonie.

La présence de la police anti-émeute a également été intensifiée dans les villes, instaurant un quasi état de siège. À Saghez, Baneh et Marivan, dans la province du Kurdistan, les forces de sécurité patrouillent dans les villes à moto, et les réseaux de téléphonie mobile ont été brouillés. Trois prisonniers politiques kurdes ont été pendus sans aucun préavis ces derniers jours, dont Chirkou Maarefi qui a été mis à mort le 4 novembre après son arrestation cinq ans plus tôt et son inculpation de guerre contre Dieu, d’atteinte à la sécurité nationale et de coopération avec le groupe Komaleh. Habibollah Golparipour et Reza Ismaïli ont également été pendus le 25 octobre dans les villes d’Oroumieh et de Salmas (nord-ouest de l’Iran), accusés d’appartenance à des groupes kurdes d’opposition au régime.

L’état de santé de Reza Shahabi, membre de la direction du syndicat des conducteurs de bus de la Régie des transports de Téhéran est inquiétant. Détenu dans la prison d’Evine, il a été transféré à l’hôpital, car il souffrait d’une douleur aigue aux reins et une insensibilité du pied gauche. Dans une lettre adressée aux autorités pénitenciers, les médecins de l’hôpital ont souligné que M. Shahabi doit être soigné à l’extérieur de la prison, mais Reza Shahabi a été ramené en prison. Les médecins ont dit que s’il ne bénéficie pas de soins adéquats, il risque de perdre l’usage de la moitié gauche de son corps. Reza Shahabi a été arrêté en juin 2011. Accusé d’« activités anti-régime », il a été condamné à 6 ans de prison. En mai 2012, il avait été opéré à la colonne vertébrale. Pour protester contre le refus de lui accorder une permission de sortie de prison pour motif médical, Reza Shahabi a observé une grève de la faim.

Iran: Reza Shahabi privé de soin

Selon plusieurs agences de presse gouvernementales officielles, 16 prisonniers politiques condamnés pour « Moharebeh » (le fait d’être l’ennemi de Dieu) et pour « terrorisme » ont été pendus dans l’enceinte de la prison de Zahedan (au sud-est de l’Iran). Ces prisonniers appartiendraient à une minorité ethnique et religieuse du Baluchestan.
Leurs identités n’ont pas été communiquées. Un 17e prisonnier politique, le militant kurde Habibollah Golparipour, a également été exécuté. Il avait été transféré de la prison d’Urmia vers un lieu inconnu. Le 15 mars 2009, Habibollah Colparipour avait été condamné à mort par un tribunal de Mahabad (dans la province de l’ouest d’Azerbaijan) lors d’un procès qui n’avait duré que quelques minutes. Il avait été condamné à mort pour « Moharebeh » et appartenance à « un groupe dissident ».

Habibollah Golparipour

Quatre autres prisonniers politique kurdes, actuellement détenus dans la prison de Ghezel Hesar (proche de Téhéran), et deux autres condamnés à mort kurdes, Zanyar et Loghman Moradi, sont en danger. Ils ont tous été condamnés à mort pour « Moharebeh ».

Habibollah Golparipour

5e Conférence Internationale sur le massacre des opposants et prisonniers politiques de 1981 à 1988 en République Islamique d’Iran.

Lire la déclaration de la commission pour un Secours Rouge International – format PDF

5e Conférence Internationale sur le massacre des opposants et prisonniers politiques de 1981 à 1988 en République Islamique d'Iran.

Couverture du cahier 12

Sommaire

– 1. La persécution des militants ouvriers en Iran
– 2. Quelques syndicalistes aujourd’hui emprisonnés
– 3. Témoignage
– 4. Bref historique du mouvement ouvrier en Iran
– 5. Pour en savoir plus

La répression du mouvement ouvrier en Iran – format pdf

Couverture du cahier 12

Nous poursuivons notre feuilleton de l’été sur le site du Secours rouge en passant en revue quelques grands éléments de la culture politique anti-répression : causes célèbres, symboles connus, mobilisations historiques, événements fondateurs. A l’été 1988, redoutant l’agitation sociale qui pouvait suivre la fin de la guerre Iran-Irak, le régime de la République islamiste décide d’exécuter tous les prisonniers politiques non-repentis. En quatre mois, 30.000 d’entre eux seront assassinés.

Lire ce treizième épisode

Pendaison en masse à Tabriz, été 1988

Pendaison en masse à Tabriz, été 1988

Afchine Ossanlou, 42 ans, syndicaliste prisonnier politique incarcéré à Gohardacht en banlieue de Téhéran, est décédé soudain et de manière très suspecte la semaine passée. Il était père de deux enfants. Il aurait dû être libéré dans quelques mois. Afchine Ossanlou avait été arrêté en novembre 2009 et violemment torturé dans la section 209 de la prison d’Evine pendant 4 mois. Il souffrait d’une rupture de la plante des pieds et d’une tumeur naissante à l’épaule en raison des coups de câbles répétés.

Dirigeant du syndicat des chauffeurs de bus, il avait été condamné à cinq ans d’emprisonnement dans la section 350 d’Evine accusé de “tenir des rassemblements et d’atteinte à la sécurité de l’Etat”. L’an dernier, il avait été convoqué au Hall 12 de la section 4 de Gohardacht, qui est appelé ‘le champ de la mort des prisonniers politiques’ et où les détenus sont soumis à une mort à petit feu. Malgré les conditions effroyables dans ce centre de torture, Afchine Ossanlou restait déterminé sur ses positions pour défendre les droits des travailleurs.

Iran: Un syndicaliste meurt en prison

Au moins 27 prisonniers politiques kurdes ont été condamnés à mort et sont détenus toujours dans le quartier des condamnés à mort en raison de leur appartenance présumée à des organisations kurdes interdites. Il s’agit de, Sherko Maarifi, Hebibollah Latifi, Sami Hosseini, Jamal Mohammedi, Rostem Arkiya, Mostefa Salimi, Anwar Rostemi, Iredj Mohammadi, Mohammad Amin Agochi, Ahmad Poladkhani, Hassan Talaï, Aziz Mohamadi Zadeh, Habibollah Golperipour, Abdoulah Sirouri, Rachid Agkendi, Loqman Moradi, Zanyar Moradi, Bakhtiyar Mimari, Sirwan Nijwari, Ibrahim Isapour, Hosheng Rezaï, Simko Khurshidi, Saman Nessimi, Mansour Arwend, Sirwan Najad, Habib Achrafi, et Ali Achrafi.

Une nouvelle vague de répression a frappé en Iran les militants ouvriers à l’occasion de l’assemblée annuelle du Comité de coordination pour la création d’organisations ouvrières. Le 15 juin 2012, plus d’une soixantaine de militants parmi lesquels de nombreux membres du Comité ont été attaqués, arrêtés puis torturés par les forces de sécurité de la ville de Karaj, à 50 km à l’ouest de Téhéran. Pendant l’opération, les forces répressives tiraient des coups de feu en l’air pour terroriser la population. A l’heure actuelle, une dizaine d’entre eux sont toujours emprisonnés, et pour certains, de lourdes cautions leur sont réclamées.

Iran: Répression anti-syndicale