Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

La canicule a empiré les conditions déjà inhumaines dans les prisons italiennes (surpopulation, manque d’eau et d’hygiène, insalubrité) causant plusieurs suicides ainsi que des morts suspectes (officiellement aussi des suicides). Face à cette situation, des émeutes ont éclaté dans plusieurs prisons (Sollicciano à Florence, Viterbo, Turin, Trieste,…). La répression de ces émeutes a fait plusieurs blessés. Par ailleurs, une personne, Ernesto Mari est morte dans la prison de Trieste au cours d’une révolte qui y a éclaté le jeudi 4 juillet. Les autorités prétendent qu’il s’agirait d’une overdose.

Revolte dans la prison de Sollicciano à Florence

Revolte dans la prison de Sollicciano à Florence

Dossier(s): Italie Tags: , ,

En avril 2024, l’Office des Étrangers, sur instruction de la Secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration, Nicole de Moor, demandait au Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (CGRA) d’entamer une procédure en vue de retirer le statu de réfugié de Mohammed Khatib coordinateur de Samidoun (association de prisonniers politiques palestiniens).

Ce dernier a donc été convoqué, hier, le 16 juillet 2024, pour une audience devant le CGRA.

L’Office des étrangers a refusé de fournir à Mohammed et à son avocat des preuves et des documents expliquant sur quelle base il cherche à lui retirer son statut et ce, malgré de nombreuses demandes et dépôts auprès du tribunal. Au lieu de cela, le gouvernement belge a insisté sur le fait qu’il n’avait pas besoin de remettre les dossiers du bureau de la “Sureté de l’État”, créant ainsi une forme de “preuve secrète” semblable à celle utilisée pour maintenir les Palestiniens en détention administrative en Palestine occupée.

On apprend cependant dans la presse que Mohammed Khatib est considéré comme un danger pour les relations entre la Belgique et Israël. Ainsi sa dénonciation d’Israël comme un état terroriste, ses positions en faveur de la libération totale de la Palestine (de la mer au Jourdain) ou encore son soutien à la résistance (y compris armée) sont les motifs de cette répression. L’état belge cherche ainsi à criminaliser indirectement les associations auxquels il participe et les opinions politiques que celles-ci défendent.

Plusieurs organisations appellent à l’action pour le soutenir. Vous pouvez lire l’appel sur le site de Samidoun.

Belgique : Les menaces contre Mohammed Khatib se précisent

Belgique : Les menaces contre Mohammed Khatib se précisent

Le 19 juin, 13 membres de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) ont été arrêtées en Kanaky (Nouvelle-Caledonie). Sept d’entre elles seront envoyées en prison en France (voir nos article ici et ici). Il s’agit de Christian Tein, Brenda Wanabo-Ipeze, Frédérique Muliava, Guillaume Vama, Yewa Waetheane, Steeve Unë et Dimitri Qenegei.
Après plusieurs semaines à l’isolement, le 10 juillet, Frédérique Muliava et Brenda Wanabo-Ipeze ont été libérées sous conditions. Elles n’auront pas le droit d’entrer en contact avec les autres mis en examen, elles devront respecter certains horaires pour sortir, elles ont interdiction de quitter le département où elles logent et devront porter un bracelet électronique. Les 5 autres militants déportés sont actuellement toujours en prisons.

Quarante trois pays vont aider la France à sécuriser les Jeux olympiques (JO) en y envoyant des forces de l’ordre (environs 1800 militaires et policiers). Parmi eux, des militaires belges, polonais ainsi que des policiers marocains (voir notre article). Le Qatar sera également de la partie puisqu’il enverra 105 policiers des Forces de sécurité intérieure (Lekhwiya) dans le pays dont 43 sont déjà arrivés.

Cette coopération est régie par un contrat entre Paris et Doha. Les missions de la Lekhwiya comprendront des « patrouilles à pied », « l’utilisation de drones », « la neutralisation des explosifs et munitions », ou encore « le contrôle des véhicules, les premiers secours et les opérations de recherche et de sauvetage ». À ce sujet, le ministère de l’Intérieur indique que la délégation qatarie est « composée d’équipes cynotechniques en recherche d’explosifs, et de policiers qui patrouilleront à l’aéroport Roissy – Charles-de-Gaulle ».

Ces renforts étrangers, n’ayant pas de prérogatives judiciaires sur le sol français, sont systématiquement en binôme avec des forces de sécurité intérieure françaises.

En parallèle, le renseignement français a mené quelques 770 000 enquêtes administratives dans le cadre des JO. Hier, samedi 13 juillet, le ministre de l’Intérieur a annoncé que 3 512 personnes se sont vu refuser une accréditation de sécurité (dont 130 personnes fichées S et 16 personnes fichées pour « radicalisation »).

Au total, près d’un million de personnes (athlètes, entraîneurs, journalistes, volontaires, agents de sécurité privée ou même riverains de la cérémonie d’ouverture) sont concernés de près ou de loin par les Jeux olympiques (26 juillet – 11 août) et paralympiques (28 août – 8 septembre) de Paris feront l’objet au préalable d’une enquête de sécurité.

Les forces de sécurité du Qatar arrivent en France dans le cadre des JO

Les forces de sécurité du Qatar arrivent en France dans le cadre des JO

Dossier(s): France - Autres sujets Tags: ,

Samedi 13 juillet, les forces d’occupation ont bombardé intensivement le camp de déplacés d’al-Mawasi (près de Khan Younès) dans un secteur désigné par Israël comme « zone humanitaire ». Ces frappes ont tués au moins 90 personnes dont la moitié étaient des femmes et des enfants et en ont blessé 300.

Elles surviennent une semaine après l’attaque aérienne contre l’école de « al-Jaouni » de Nousseirat (au centre de la bande de Gaza), gérée par l’ONU, qui avait tué au moins 16 personnes.

Le prétexte officiel de cette attaque était d’éliminer deux dirigeants du Hamas mais, rien n’indique que cet objectif ait été atteint. Quoi qu’il en soit, ce massacre survient lors d’un moment critique des négociations pour un cessez-le-feu et pourrait indiquer une volonté du gouvernement sioniste de saboter celles-ci.

Par ailleurs, cinq Palestiniens, dont trois enfants, ont été tués le même jour par une frappe aérienne israélienne sur une maison à Deir al-Balah (centre de la bande de Gaza). De plus, au moins dix Palestiniens ont été blessés lors d’une frappe aérienne visant une maison de la rue al-Ashreen dans le camp de réfugiés de Nuseirat.

En parallèle, les forces d’occupation multiplient les raids en Cisjordanie.

Un premier raid, a été mené samedi 6 juillet au soir sur la ville de Qasra, au sud de Naplouse. Les forces d’occupation ont tiré des balles réelles et des grenades paralysantes et au gaz sur les civils. Par ailleurs, les autorités d’occupation ont forcé une famille à détruire sa propre maison dans la ville de Jabal al-Mukabir, au sud-est de la ville de Qods, prétextant une construction non autorisée.

La seconde attaque s’est déroulée le lundi 8 juillet. Des colons armés, escortés par l’armée sioniste, ont attaqué le village de Burqa à l’est de Ramallah. Les colons ont ouvert le feu sur les habitants du village, mais aucun blessé n’a été signalé. L’attaque a été repoussée mais, 20 personnes ont été brièvement détenues.

Des Palestiniens à la recherche de leurs proches dans les débris suite à une frappe israélienne contre le camp de réfugiés d’al-Mawasi (13 juillet 2024)

Des Palestiniens à la recherche de leurs proches dans les débris suite à une frappe israélienne contre le camp de réfugiés d’al-Mawasi (13 juillet 2024)

Vendredi 12 juillet, de violents affrontements ont éclaté dans la capitale albanaise (Tirana) au cours d’une manifestation anti-gouvernementale réunissant des milliers de personnes. Les manifestant·es sont descendus dans les rues de Tirana pour exprimer leur frustration face aux difficultés économiques et à la corruption présumée du gouvernement. Des affrontements ont éclaté entre des manifestant·es masqué·es et les policiers, les premiers faisant usage de cocktail molotov et de pierres tandis que les second utilisaient des autopompes et lançaient du gaz lacrymogène. D’autres manifestant·es ont également mis le feu à des poubelles et à des véhicules.

D’autres affrontements s’étaient également déroulés la veille au cours d’une autre manifestation, durant laquelle les citoyens ont tenté de forcer un barrage de police (faisant notamment usage des bombes au mortier) afin d’entrer dans les locaux de la mairie.

Les manifestants ont tenté de forcer l'entrée de la mairie de Tirana jeudi

Les manifestants ont tenté de forcer l’entrée de la mairie de Tirana jeudi

Lors du sommet de Vilnius, en juillet 2023, les pays membres de l’Otan ont adopté de nouveaux plans de défense régionaux visant à faire face à « toutes les menaces, y compris sans préavis ou sur court préavis », selon une approche à « 360 degrés ».

Pour répondre à ce nouveau plan, les pays membres se sont engagés de mettre à la disposition de l’Otan toutes les « forces, capacités et ressources nécessaires ». Ce qui suppose de relever plusieurs défis, à commencer, selon une analyse récemment rendue publique, par celui consistant à aligner entre 35 et 50 brigades supplémentaires. L’effectif d’un brigade varie de 3000 à 5000 hommes. Les effectifs des armées de l’OTAN devraient donc gonfler de 105 000 à 250 000 soldats.

Cet effort devrait reposer en partie sur l’Allemagne (ce qui est confirmé par un rapport interne du ministère allemand de la Défense, intitulé « Préparation opérationnelle et soutien aux forces armées »). La Bundeswehr porterait ainsi son effectif à 272 000 hommes, en trouvant 75 000 recrues supplémentaires. D’où le projet de rétablir un service militaire d’au moins six mois, basé sur le volontariat. Des efforts particuliers en matière de défense anti-aérienne lui sont également demandés, au vu de sa location géographique stratégique pour l’alliance.

Action contre le sommet de l'OTAN à Lisbonne (archive)

Action contre le sommet de l’OTAN à Lisbonne (archive)

Lors de la soirée électorale du dimanche 8 juillet 2024, 3 personnes ont été arrêtées dans le cadre d’une manifestation. Le lendemain, 2 sont ressortis dans la journée alors que le 3ème a été transféré à la maison d’arrêt de Nantes. Celui-ci est, en effet, accusé d’avoir volé un drapeau français à une fenêtre lors de la manifestation antifasciste du 10 juin 2024.

Étant donné qu’il avait été condamné sur une affaire précédente à 3 mois aménageables, la justice a ordonné la mise en exécution de la peine afin de l’incarcérer, sans même une possibilité d’un débat contradictoire où il aurait pu se défendre.

Face à cette répression, l’Association de soutien juridique et administratif des étudiantes de Nantes a lancé une campagne de dons pour soutenir leur camarade.

Campagne de soutien pour un militant incarcéré accusé d'avoir volé français

Campagne de soutien pour un militant incarcéré accusé d’avoir volé français

Depuis plus de 2 mois et demi, une occupation en soutien à la Palestine était organisée sur le campus de l’université McGill à Montréal. Le mercredi 10 juillet, la direction de l’université a fait appel à une société de sécurité privé pour expulser les étudiants et fermer l’occupation et cela avec l’aide de la police et d’agents de la Sûreté du Québec. Un manifestant sera arrêté lors de l’expulsion. En conclusion de cet occupation, l’université de McGill a déclaré que les étudiants et étudiantes ayant participé au campement s’exposeront à des sanctions pouvant aller jusqu’à l’expulsion.

Le jeudi 11 au soir, en réponse à cette expulsion, une manifestation de soutien s’est organisée dans les rue de Montréal et qui sera réprimée par la police anti-émeutes envoyée sur place pour stopper la manifestation. Au final, la vitre d’une banque sera endommagée et une personne sera arrêtée.

Le 3 avril,  le conseil de ministres prononçait la dissolution de la Défense Collective (DefCo), un collectif rennais qui lutte contre la répression et vient en aide aux personnes inquiétées par la justice (voir notre article). Le mercredi 10 juillet, le Conseil d’État a cependant suspendu cette dissolution.

Le ministre de l’Intérieur Darmanin a multiplié les procédures de dissolution depuis son entrée en fonction (contre la Gale, les Soulèvements de la terre et le Collectif Palestine Vaincra qui ont toutes été suspendues ou annulées) et menaces de dissolution (contre Nantes Révoltée).

Logo de Défense collective

Logo de Défense Collective

.