Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

La fête nationale française a donné lieu, pour la deuxième année consécutive, à des manifestations anti-gouvernementales et à des affrontements avec la police à Paris. Des centaines de Gilets Jaunes ont tout d’abord manifesté en matinée devant l’Inspection générale de la Police nationale (IGPN) pour réclamer sa dissolution. L’IPGN a, en effet, perdu toute crédibilité depuis la mise en lumière de son rôle de blanchiment des policiers violents (voir notre article). En après-midi, une manifestation de plusieurs milliers de personnes s’est tenue au départ de la Place de la République. Le cortège était principalement composé de membres du personnel hospitalier, de Gilets Jaunes, et de militant·es syndicaux. La police, qui avait déployé un gros dispositif, a nassé et gazé le cortège à la Place de la Bastille, déclenchant des affrontements avec les manifestant·es. Des tentatives de manifestations spontanées se sont ensuite tenues en début de soirée.

La célébration officielle a été également perturbée par une action du personnel soignant. Alors que la Marseillaise résonnait devant un parterre de militaires et de politiciens, des banderoles, accrochée à des ballons, se sont envolés depuis un immeuble. Elles indiquaient : « L’économie nous coûte la vie », « Derrière les hommages, Macron asphyxie les hôpitaux ». Deux soignants du collectif « L’inter-Urgences » ont été arrêtés après avoir déployé une banderole dans le ciel. Ils ont été transférés au poste et interrogés pendant quelques heures au commissariat du 7ème arrondissement de Paris. Ils ont été relâchées après 15H.

Manifestations, affrontements et arrestations à l'occasion du 14 juillet à Paris

Manifestations, affrontements et arrestations à l’occasion du 14 juillet à Paris

Les policiers de la Direction contre le terrorisme (DIRCOTE) ont arrêté une femme qui faisait l’objet d’un mandat d’arrêt pour « terrorisme »: Paulina Pinco Huamán. L’arrestation a eu lieu à Santa Rosa de Pihuan, dans le district de Santiago de Pischa (province de Huamanga). Les forces de sécurité péruviennes accusent Paulina Pinco Huamán, 51 ans, d’avoir été un membre importante de la Force principale de la Base d’appui révolutionnaire 21, du Comité de zone d’Ayacucho. Elle est entre autre accusée d’avoir participé à une grande embuscade de la guérilla maoïste où 11 policiers avaient été tués.

Arrestation de Paulina Pinco Huamán

Les étrangers qui traversent les frontières chinoises dans la région du Xinjiang se voient installer un logiciel espion sur leur téléphone qui permet aux autorités d’avoir accès à leurs messages et autres données. Le malware Android est installé par les douaniers lorsqu’ils saisissent le téléphone et permet de scanner un ensemble spécifique de fichiers. Quiconque arrive à la frontière entre le Kirghizistan et la Chine est amené dans un environnement propre et stérile pour y être fouillé, un processus en plusieurs étapes qui prend une demi-journée. C’est à ce moment-là que les douaniers saisissent les téléphones des voyageurs pour installer l’application, qui peut s’appeler BXAQ ou Fengcai. Le code de l’application comprend également des noms tels que « CellHunter » et « MobileHunter ».

En se « chargeant latéralement » et en demandant certaines permissions plutôt que de passer par Google Play Store, l’application collecte les données du calendrier, de la liste de contacts, des journaux d’appels et des messages textes du téléphone et les télécharge sur un serveur. L’application ne tente pas de se cacher. Une icône s’affiche sur l’écran d’accueil, ce qui laisse à penser qu’elle est conçue pour être retirée du téléphone après avoir été utilisée par les autorités. L’application a été développée par l’entreprise en partie publique « Ninjing FiberHome StarrySky Communication Development Company Ltd ». Une copie de l’application est disponible ici.

Un policier chinois à Kashgar, dans le Xinjiang.

Un policier chinois à Kashgar, dans le Xinjiang.

Mardi 7 juillet à Bâle, un militant antifasciste a été condamné à 7 mois de prison avec sursis. Il était accusé de trouble à l’ordre public et de participation à une manifestation non autorisée. Cette manifestation avait été organisée en 2018 en réponse à une mobilisation du Partei National Orientierter Schweizer (PNOS). Plus de 2000 manifestant.e.s y avaient participé et plusieurs affrontements avaient éclatés entre antifascistes et nationalistes, ainsi qu’avec la police. Plus de 60 personnes ont été poursuivies dans le cadre de cette affaire. Certaines d’entre elles ont été dénoncées après la publication de photos des manifestant.e.s dans un journal local. Ce procès est le premier, les autres auront lieu tout au long de l’été.

Photo de la manifestation antifasciste de 2018

 

Dossier(s): Suisse Tags: ,

Vendredi 10 juillet, le procès de Loïc Citation (Loïc Schneider), poursuivi pour des dégradations survenues lors des manifestations contre le G20 à Hambourg, s’est terminé. Il a été condamné à trois ans de prison ferme, mais a fait appel et reste libre jusqu’au nouveau procès. Les 16 mois de prison qu’il a déjà effectué sont à déduire de sa condamnation et il est commun en Allemagne de n’effectuer que les deux tiers d’une peine lors du premier emprisonnement. Loïc devrait donc théoriquement retourner en prison pour une durée de huit mois. Mais ses avocats ont décidé de faire appel et sont convaincus que le procureur en fera autant dans les heures qui viennent. Cet appel étant suspensif, il restera libre jusqu’à ce second jugement qui ne devrait pas intervenir avant un an. D’ici là, aucun contrôle judiciaire ne lui est imposé, il peut donc quitter Hambourg. Au cours de son procès Loïc Citation est resté fidèle à ses principes politiques (voir notre article).

Loïc Citation étaient jugé avec quatre co-accusés d’origine kurde qui étaient venus manifester contre le régime Erdogan qui a torturé leurs parents. Ils ont été condamnés à des peines, pour l’un d’un an et cinq mois de prison avec sursis, pour un autre d’un an et trois mois de prison avec sursis, et pour les deux autres de 20 heures de travail pour atteinte à la paix publique.

Loïc Schneider

Dossier(s): Allemagne Tags: ,

L’adoption d’une nouvelle loi restreignant le droit de manifester, a provoqué la colère de la gauche grecque. Parmi les nouvelles réglementations figurent la réduction de l’espace de rue accordé aux petites manifestations et le droit pour la police d’interdire certains rassemblements, notamment des contre-manifestations. Plus de 12.000 personnes sont donc descendues, jeudi 9 juillet, dans les rues d’Athènes pour protester contre cette loi. Neuf personnes ont été arrêtées après des affrontements lors d’un de ces rassemblements. Des policiers ont tiré des gaz lacrymogènes sur une manifestation près du Parlement tandis que des manifestant·es lançaient des cocktails Molotov.

Affrontements lors d'un rassemblement contre le droit de manifester en Grèce

Affrontements lors d’un rassemblement contre le droit de manifester en Grèce

La prison de Saint-Gilles et le ministère de la Justice ont été tagué dans la nuit de jeudi à vendredi pour demander au ministre fédéral de la Justice Koen Geens le retour des visites hors surveillance (VHS) dans les établissements pénitentiaires.  « VHS Now! » et « Koen, rends les visites ! » ont été inscrits à l’entrée des deux bâtiments. Les détenus et leurs proches ont dû supporter l’interdiction des visites puis le prolongement de l’imposition d’une vitre de plexiglas empêchant les contacts physiques. Le manque de considération des familles dans la gestion des visites pendant la crise sanitaire a été flagrant.

Le tag sur la prison

Mardi 7 juillet, l’ELN a proposé un cessez-le-feu au gouvernement pour une durée de 90 jours ainsi qu’une reprise de négociations de paix. Cette proposition a été formulée conformément à l’appel du conseil de sécurité de l’ONU qui appelait à une suspension des conflits le temps de gérer la pandémie de Coronavirus. Le lendemain, le gouvernement colombien a rejeté l’offre de la guérilla.

Les autorités colombiennes ont capturé huit membres de la guérilla qui auraient participé à l’attaque de l’école de police de Bogotá en janvier 2019 (voir notre article). Les arrestations et l’enquête qui les a conduites ont permis à la police de démanteler une cellule de guérilla urbaine ainsi qu’un important réseau logistique. Bien que les arrestations aient porté un coup à l’ELN, elles ont également révélé la présence étendue du groupe dans la ville colombienne la plus surveillée et la sophistication de ses réseaux de financement et de logistique.

Combattantes de l'ELN

Combattantes de l’ELN

Après deux jours de forte contestation et de violences, le gouvernement serbe a annoncé ce jeudi 9 juillet renoncer à mettre en place un couvre-feu le week-end. Mais en contrepartie, il interdit les rassemblements de plus de 10 personnes, et donc les manifestations. Car chaque soir, à Belgrade, des milliers de manifestants se retrouvent devant le Parlement. Le déclencheur de la colère a été le projet de couvre-feu le week-end envisagé face au retour massif du coronavirus dans le pays. En juin dernier, le gouvernement a accéléré la levée du confinement pour organiser les élections législatives, que le Parti serbe du progrès (SNS), parti du président, a alors aisément remporté. Depuis, la Serbie dénombre près de 300 nouveaux cas par jour contre 50 il y a un mois.  Le pays se retrouve désormais dans une situation catastrophique: les hôpitaux sont saturés et le gouvernement a décrété l’état d’urgence sanitaire dans de nombreuses villes, dont Belgrade. Depuis, les Serbes manifestent contre le gouvernement qu’ils jugent être responsable du rebond de l’épidémie. Mardi 7 juillet, ils ont fait irruption dans l’enceinte du Parlement. La police a alors lancé des gaz lacrymogènes pour disperser la foule qui a répondu en jetant des projectiles. De nombreux blessés sont à répertorier du côté des forces de l’ordre et des manifestants.Les affrontements à Belgrade

Samedi 4 juillet (jour la fête nationale des États-Unis), une manifestation pour réclamer la libération de Mumia Abu-Jamal s’est tenu à Philadelphie au départ de l’hôtel de ville. La police n’est pas parvenue à empêcher les manifestants de bloquer les principales routes au cœur de la ville. Elle s’est finalement replié vers les intersections adjacentes lorsque la marche s’est dirigée vers le sud, de l’autre côté de l’hôtel de ville. La manifestation a été organisée par une vaste coalition comprenant « l’International Concerned Family and Friends of Mumia Abu-Jamal », « Mobilization4Mumia », le « Workers World Party », « l’International Action Center », « We Charge Genocide », « Red Fist », « Philly REAL Justice », « Black Alliance for Peace », et le « Party for Socialism and Liberation ». Des manifestations de solidarité ont eu lieu en Allemagne, en France et à travers les États-Unis pour demander la libération immédiate de Mumia.

Manifestations pour réclamer la libération de Mumia Abu-Jamal

Manifestations pour réclamer la libération de Mumia Abu-Jamal