Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

À l’appel de plusieurs comités de soutien, une large campagne sur Twitter avec le hashtag #MacronLibérezAbdallah est organisée lundi 31 août à 18H (Belgique/France) à l’occasion de la venue d’Emmanuel Macron à Beyrouth. Lors de sa précédente visite, le président français avait été interpellé à plusieurs reprises à propos du maintien en détention de Georges Abdallah, communiste libanais emprisonné en France depuis 1984 (voir notre article).

Une soixantaine de proches de détenus ont manifesté ce samedi 29 août devant la prison de Saint-Gilles pour demander à pouvoir à nouveau avoir des contacts physiques avec les membres de leur famille ou leurs amis. Ces contacts sont interdits en raison des mesures visant à lutter contre la propagation du coronavirus. Les visites ne sont autorisées que derrière un plexiglas, et les visiteurs doivent crier pour nous faire entendre. Les proches de détenus demandent un retour à des visites « normales » ainsi que la possibilité de contacts physiques sur présentation d’un certificat médical prouvant que le visiteur est négatif.  Il a été proposé à plusieurs reprises que les détenus soient placés en quarantaine après une visite avec contact physique, mais aucune réaction n’a suivi ni du ministère de la Justice ni des autorités pénitentiaires. Rien ne bouge pour les prisonniers et leurs visiteurs alors que les gardiens continuent de faire des allers-retours entre leur domicile et la prison, touchent les détenus sans gants et entrent dans les cellules. De plus, de nombreux gardiens ne portent pas de masque.

Devant la prison de St-Gilles

Ebru Timtik et Aytac Ünsal faisaient partie d’un groupe de 18 avocats du Bureau juridique populaire (HHB), accusés d’entretenir des liens avec le DHKP-C. L’acte d’inculpation affirmait ainsi que le HHB a été établi sur la base d’instructions de la direction du DHKP-C. Le 15 octobre 2019, la deuxième chambre pénale de la Cour régionale de justice d’Istanbul a rendu son verdict. Les 18 avocats ont été condamnés à des peines allant de trois à dix-huit ans de prison pour terrorisme. Six avocats spécialisés en droits humains étaient déjà détenus pendant le procès. Ebru Timtik et Aytac Ünsal s’étaient mis en grève de la faim respectivement en janvier et février 2020 pour réclamer leur libération.

Ebru Timtik est morte jeudi soir à son 238e jour d’une grève de la faim, elle ne pesait ne pesait que 30 kilogrammes au moment de sa mort jeudi soir. Les amis et partisans de Timtik avaient craint que son corps ne soit enterré en secret, et environ 300 personnes se sont rassemblées devant le centre médico-légal lorsque la nouvelle de sa mort. La police a utilisé des gaz lacrymogènes tout en dispersant de force une centaine de ses partisans alors qu’ils tentaient d’accéder à son corps à l’extérieur du laboratoire médico-légal d’Istanbul vendredi matin. La cérémonie funéraire a eu lieu dans un lieu de culte alévi. La police a bouclé la zone et déployé plusieurs camions canons à eau tandis qu’un hélicoptère de la police tournait au-dessus.

La police a tiré des salves de gaz lacrymogène alors que les amis et les partisans de Timtik s’approchaient d’un cimetière à la limite nord d’Istanbul où son corps a été enterré. Des policiers plus tôt, soutenus par des véhicules blindés, se sont affrontés avec les partisans de Timtik à travers différentes parties d’Istanbul dans des scènes chaotiques alors qu’un hélicoptère de la police planait au-dessus. Le ministre de l’Intérieur a déclaré qu’il déposerait une plainte personnelle contre des membres du Barreau d’Istanbul pour avoir déployé une bannière « d’une organisation terroriste » depuis son balcon. La bannière représentait une image de Timtik…

Ebru Timtik

Ebru Timtik

Le cercueil portée par ses consoeurs

Les tensions s’intensifient dans le nord-ouest de la Bosnie après que les autorités locales aient lancé une répression généralisée contre des milliers de migrants bloqués dans la région. La police a mis en place des barrages routiers pour empêcher l’arrivée d’un plus grand nombre de nouveaux arrivants à destination de l’Europe. Les autorités de la région de Krajina en Bosnie, qui borde la Croatie, membre de l’Union européenne, ont envoyé des forces spéciales de la police mercredi 26 août au soir dans un camp de migrants géré par l’ONU près de la ville de Bihac, pour réprimé une manifestation déclenchée le passage à tabac d’un migrant par la police. Les agents ont tiré plusieurs coups de semonce en l’air. Plusieurs manifestants ont été blessés. Un milliers de migrants vivent dans ce camp.

Le camp de Bihac

 

Un soldat a été blessé dans un affrontement à Barangay Carabalan (Negros Occidental), hier jeudi 27 août. La fusillade est survenue lorsqu’une patrouille de huit militaires du 94e bataillon d’infanterie ont rencontré cinq guérilleros maoïstes. Le militaire blessé a été immédiatement transporté à l’hôpital. Suite à l’affrontement, quatre membres présumés de la milice populaire de la NPA ont été arrêtés. Les autorités ont récupéré un fusil de calibre .22, trois armes de poing et un fusil de chasse artisanal.

Les quatre arrêtés et le matériel récupéré par les militaires

Un calme précaire régnait jeudi à Kenosha où des policiers fédéraux et des soldats de la Garde nationale ont été dépêchés après des violences qui ont fait deux morts et un blessé grave suite à des tirs d’un jeune suprémaciste blanc. Pour rendre hommage à ces victimes, des centaines de personnes ont encore défié mercredi soir malgré le couvre-feu imposé par les autorités. La nuit a été plus agitée à Oakland, en Californie, où un tribunal a été pris pour cible, ou à Minneapolis, dans le Minnesota, où une vingtaine de commerces ont été pillés et vandalisés alors que circulait une rumeur de nouvelle bavure policière. 192 personnes ont été arrêtées.

A Minneapolis toujours, quatre hommes ont été inculpés par un grand jury pour leurs rôles présumés dans l’incendie du poste de police du troisième quartier de la police le 28 mai. Des actes d’accusation ont été émis contre Dylan Shakespeare Robinson, 22 ans; Davon De-Andre Turner, 24 ans; Bryce Michael Williams, 26 ans; et Branden Michael Wolfe, 23 ans. Les quatre hommes sont originaires du Minnesota, et chacun est accusé d’un chef de complot en vue de commettre un incendie criminel.

Quand à Jacob Blake, ce père de famille de 29 ans qui a été touché, dimanche à Kenosha, de plusieurs balles dans le dos tirées à bout portant par un policier blanc, il restera paralysé. L’auteur des tirs, l’agent Rusten Sheskey, a été mis à pied, mais n’a pas été arrêté ni inculpé. La justice fédérale a toutefois annoncé mercredi l’ouverture d’une enquête en parallèle de celle menée par la justice locale. Le crime a suscité une onde de choc et une mobilisation sans précédent des sportifs américains, enclenchée par l’équipe de basket-ball des Milwaukee Bucks. Ses joueurs ont boycotté un match et contraint la NBA à reporter plusieurs autres rencontres. Assez pour que le président Donald Trump accuse la NBA d’être une « organisation politique » et de moquer leurs « très mauvaises » audiences.

La Garde nationale a été déployée à Minneapolis

La Garde nationale a été déployée à Minneapolis

Hier, mardi 25 août, plusieurs vitres de l’ambassade de Biélorussie à Parie ont été brisées, et des bouteilles de peintures ont été lancées contre la façade. Le communiqué indique qu’il s’agit d’un action solidaire des manifestants en lutte en Biélorussie et qui sont confronté à la répression. Le communiqué appelle aussi à la libération des anarchistes Alexander Frantskevich, Akihiro Khanada et Nikita Yemelyano emprisonnés par le régime de Loukachenko (voir notre article).
Lire le communiqué

L'ambassade de Biélorussie à Paris

L’ambassade de Biélorussie à Paris

Une dizaine d’avocates belges ont entamé, lundi en début d’après-midi, une grève de la faim de 24 heures en soutien à leurs nombreux confrères turcs qui font l’objet de poursuites judiciaires dans leur pays. Cette action est plus particulièrement organisée par solidarité avec les avocats turcs Ebru Timtik et Aytac Ünsal, condamnés à 13 et 10 ans de prison, et qui font une grève de la faim depuis février dernier. Les avocates belges ont mené une brève action, vers 12h30, devant l’ambassade turque à Bruxelles avant de débuter leur grève de la faim.

Ebru Timtik et Aytac Ünsal faisaient partie d’un groupe de 18 avocats du Bureau juridique populaire (HHB), accusés d’entretenir des liens avec le DHKP-C. L’acte d’inculpation affirmait ainsi que le HHB a été établi sur la base d’instructions de la direction du DHKP-C. Le 15 octobre 2019, la deuxième chambre pénale de la Cour régionale de justice d’Istanbul a rendu son verdict. Les 18 avocats ont été condamnés à des peines allant de trois à dix-huit ans de prison pour terrorisme. Six avocats spécialisés en droits humains étaient déjà détenus pendant le procès. Ebru Timtik et Aytac Ünsal sont en grève de la faim depuis respectivement janvier et février 2020 pour réclamer leur libération.

Un appel à manifester pour la libération des deux avocats ainsi que de Didem Akman et Özgür Karakaya (deux révolutionnaires également en grève de la faim) a été lancé. La manifestation se tiendra le mardi 1er septembre à 17h.
Plus d’infos ici.

Des avocates en grèves de la faim pour soutenir leurs confrères en Turquie

Des avocates en grèves de la faim pour soutenir leurs confrères en Turquie

Cette nuit, des dizaines de suprémacistes pro armes et pro police sont sortis dans la ville de Kenosha pour s’opposer aux manifestants Black Lives Matters et aider la police. Un de ces suprémacistes a tiré sur plusieurs manifestants, tuant au moins deux personnes et en blessant plusieurs grièvement. Le terroriste s’appelle Kyle Rittenhouse.  Sur les réseaux, il affichait son soutien au mouvement Blue Live Matters, un groupe de soutien à la police né en 2014. Plusieurs vidéos de lui circulent sur les réseaux dans lesquelles on le voit lourdement armé en train de discuter avec la police. Après avoir tiré, il s’est même permis permet même d’approcher à nouveau de policiers et de discuter avec eux.

La révolte continue dans la ville de Kenosha où des manifestant·es ont incendié et détruit un bâtiment de l’administration pénitentiaire du Wisconsin. C’est dans cette ville située à une quarantaine de kilomètres au sud de Milwaukee que la police a tiré dimanche 24 août à plusieurs reprises à bout pourtant sur Jacob Blake  (voir notre article). Plus d’infos ici.

Kyle Rittenhouse

La Cour d’Appel de Londres devait se prononcer sur la plainte du militant pour les droits civiques Ed Bridges, qui reproche à la police galloise d’utiliser depuis 2017 une technologie de reconnaissance faciale selon lui discriminatoire et contraire aux lois sur la protection de la vie privée. Il s’était vu scanner le visage à Cardiff à deux reprises (lorsqu’il faisait ses courses de Noël en 2017 puis lors d’une manifestation en 2018) par la technologie de reconnaissance faciale automatique AFR Locate (voir notre article).

Après avoir été débouté plusieurs fois, le plaignant a obtenu gain de cause le 11 août, les juges estimant que l’utilisation de la reconnaissance faciale n’était pas suffisamment encadrée, sans remettre en cause en soi le recours à la technologie. «Trop (de choses) sont laissées à l’appréciation de chaque officier de police», ont considéré les juges, soulignant qu’il n’existait pas d’indications claires sur les endroits où cette technologie pouvait être utilisée et sur qui pouvait être mis sur la «liste de surveillance». Ils ont reproché à la police galloise de ne pas avoir fait tout son possible pour vérifier que le logiciel ne présentait pas de biais racistes ou sexistes, et de ne pas avoir correctement évalué l’impact de cette technologie sur la protection des données. La police galloise a elle fait savoir qu’elle ne ferait pas appel.

En médaillon: Ed Bridges