Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Le «  kiosque » de l’entreprise Cellebrite, muni du logiciel UFED-InField, est un système capable d’aspirer et de traiter toutes les données d’un téléphone portable en moins de dix minutes. Actuellement, en France, les téléphones saisis doivent être envoyés dans un des 35 centres spécialisés de la police technique et scientifique, qui sont souvent embouteillés. Avec ce système, qui sera installé dans les commissariats de premier niveau, il suffira de brancher le téléphone et toutes les données seront extraites pendant la garde à vue : SMS, photos géolocalisées… Le système est en cours de déploiement dans le nord de la France. L’an prochain, cent nouveaux systèmes seront installés en Île-de-France et dans le Sud. En tout, cinq cents systèmes doivent être installés d’ici 2024, pour un coût de quatre millions d’euros. Il a déjà été testé lors du G7, pour traiter les téléphones des personnes gardées à vue, avec des résultats jugés « très positifs »…

Voir les spécificités techniques de la plate-forme Kiosk

Voir les caractéristiques du système UFED-InField

Le système Kiosk

Vendredi 15 novembre, au moins 8 manifestant·es contre le coup d’état ont été tué à Sacaba (près de Cochabamba) après que les forces de sécurité aient ouvert le feu sur la foule. Les manifestant·s ont déclaré que les tirs avaient commencé après qu’ils aient tenté de franchir un poste de contrôle militaire. Mardi 20 novembre, au moins huit personnes qui tentaient de bloquer un dépôt de carburant dans la municipalité d’El Alto ont été tuées par les forces de sécurité. On dénombre également au moins 30 blessé·es. Jeudi 22 novembre, une manifestation massive se tenait pour dénoncer cette répression. Durant la marche les cercueils de 5 des 8 manifestant·es tués étaient portés par leurs camarades. La police bolivienne a réprimé cette manifestation avec des gaz lacrymogènes. Après les événements, les multiples blocages des entrées à La Paz par les opposant·es au coup d’état ont été renforcés. La répression du mouvement anti-coup d’état en Bolivie avait déjà fait plusieurs dizaine de mort·es et de blessé·es (voir notre article).

La police réprime une marche qui portait les cercueils de 8 manifestants

La police réprime une marche qui portait les cercueils de 5 manifestants

La justice n’aura finalement retenu que le chef de « propos injurieux envers les forces de l’ordre » et a condamné O.E.M. à une lourde amende pour avoir écrit sur Facebook “Un bon flic est un flic mort” puis “Un assassin qui meurt, ça ne me choque pas”. L’homme qui avait tenu ces propos après la fusillade de Liège a été condamné, la semaine passée, par le tribunal correctionnel de Bruxelles à une amende de 4.000 euros. Le Bruxellois s’était excusé mais le procureur du Roi avait requis la peine maximale pour calomnie, soit un an de prison.  La défense avait plaidé l’acquittement et estimé que les propos épinglés relevaient de la liberté d’expression voire d’un délit de presse et ne relataient pas des faits précis.

Le palais de justice de Liège

 

La prison d’Osmaniye, au Sud de la Turquie (au Kurdistan, nommé Bakur) enferme de nombreux prisonniers politiques, régulièrement torturés. Une grève de la faim a commencé le 12 novembre. Les détenus ont envoyé une lettre à la section de la ville d’Adana d’une association de lutte des droits de l’Homme expliquant les raisons de leur protestation. Il dénonce l’état d’urgence toujours en place dans la prison, où des procédures disciplinaires sont en cours depuis le 8 août envers des prisonniers ayant par exemple refusé de se lever lors du décompte journalier. Les prisonniers et leur avocat dénoncent également l’approche raciste, la pratique de l’isolation et le retard dans les traitements médicaux des prisonniers par l’administration pénitentiaire.

grève de la faim des prisonniers politiques d'Osmaniye

Grève de la faim des prisonniers politiques d’Osmaniye

Dossier(s): Turquie-Kurdistan Tags: ,

1.005 exposants sont présents à MILIPOL, le salon mondial dédié à la sûreté et à la sécurité intérieure des États, qui tient sa 21e édition à Villepinte (Seine-Saint-Denis). Des entreprises venues d’une vingtaine de pays, parmi lesquels la Chine, Israël et la Turquie, y tiennent un stand. Cette année, quelque 30.000 visiteurs accrédités des secteurs public (ministère de l’Intérieur, douanes, fonctionnaires de la défense, de la justice…) et privé (fabricants, sociétés de services, distributeurs…), pourront y tester gilets pare-balles, lanceurs de balles de défense et dispositifs de reconnaissance faciale dans une ambiance high tech et feutrée. Le secteur est florissant. Fin 2018, le marché mondial de la sécurité affichait une croissance de 7 %, bien supérieure aux 2 % de croissance mondiale, pour atteindre un chiffre d’affaires de 629 milliards d’euros. En France aussi, les entreprises dites « de la sécurité » se portent bien : leur chiffre d’affaires a progressé de 3,2 % en 2018 et atteint 29,1 milliards d’euros.

Milipol 2019

 

Une gilet jaune originaire de Namur est détenue dans un centre de rétention administrative à Paris, après son interpellation lors de la manifestation de samedi dernier dans la capitale française. Un autre Belge, originaire de Bruxelles, avait été interpellé au même moment mais il a, depuis, été libéré. La police les accuse d’avoir voulu monter une barricade contre les CRS. Les avocats des deux Belges contestent et affirment qu’ils souhaitaient déplacer la barrière pour leur permettre de quitter les lieux. Dans un premier temps, le procureur a requis une peine de quatre mois de prison mais le juge a décidé de les relaxer. Un arrêt de reconduite à la frontière a ensuite été délivré et les deux Belges ont été chacun placés dans un centre de rétention. Le préfet de police de Paris a alors demandé au juge de prolonger la rétention en vue d’une expulsion, estimant qu’ils représentaient une « menace imminente pour l’ordre public ». Les deux avocats ont contesté cette décision auprès du juge. Dans le cas du Bruxellois, le juge a estimé que l’interpellation était injustifiée, la Namuroise, le juge a rendu un avis contraire. Une audience en appel de la décision est prévue demain matin à Paris.

Un an de gilets jaunes

 

Un détachement d’une vingtaine de militaires du 20e bataillon d’infanterie s’est affronté à des combattants de la NPA, mercredi soir, à Barangay San Francisco. La fusillade a duré 10 minutes et un soldat a été tué. L’île de Samar reste un foyer de l’insurrection maoïste; c’est là qu’une embuscade a décimée il y a dix jours (voir notre article).

Combattants de la NPA

Samedi 16 novembre 2019, lors d’une manifestation des Gilets Jaunes à Paris, un homme a perdu un œil à cause d’un projectile tiré par un policier. Mercredi 20 novembre, il a refusé d’être auditionné par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) connue pour sa partialité et sa propension à étouffer les affaires de violences policières (voir notre article). Il demande la désignation immédiate d’un juge d’instruction compte tenu du caractère criminel de l’affaire, faute de quoi il diffusera les vidéos des responsables dans un délai d’une semaine.

Le parquet de Paris, lui aussi accusé de bloquer les dossiers de violences policières, annonce avoir ouvert une enquête pour « violences par personne dépositaire de l’autorité publique avec armes ayant entraîné une interruption temporaire de travail de plus de huit jours ». Manuel C., le Gilet Jaune éborgné, a, par l’intermédiaire de son avocat, déposé une plainte auprès du doyen des juges d’instruction pour réclamer une requalification criminelle en « violences » aggravées « ayant entraîné une mutilation permanente ». La plainte vise nommément le préfet Didier Lallement, et l’accuse de complicité pour avoir autorisé l’usage de lanceurs de grenade 56 mm. Ces lanceurs de grenades lacrymogènes, dits Cougar ou Chouka, font partie des armes de maintien de l’ordre responsables de nombreux·ses blessé·es chez les Gilets Jaunes.

Gilets Jaunes - Acte 53 - manifestation à Nantes

Le Parlement libanais a dû renoncer mardi, pour la deuxième fois, à l’examen de propositions de lois dénoncées par le mouvement de contestation qui secoue le pays depuis plus d’un mois, après de vives tensions dans le centre-ville de Beyrouth. Des bousculades, concert de casseroles et même tirs de semonce avaient auparavant eu lieu dans le centre de Beyrouth, placé sous haute sécurité, où des centaines de manifestants s’efforçaient d’empêcher la tenue de la séance.  Des accrochages limités ont opposé des protestataires aux forces de l’ordre équipées de casques et de boucliers, notamment lorsqu’ils ont essayé à plusieurs reprises d’arracher les fils barbelés et les barrières en fer bloquant les rues et avenues menant à la place de l’Etoile, où se trouve le Parlement. Les tirs de semonce ont résonné au passage d’un convoi, suscitant la colère des contestataires.  « Révolution, révolution » ont scandé les manifestants, le poing levé, brandissant des drapeaux libanais.
Le Liban, qui se trouve dans une situation économique et financière très délicate, est secoué depuis le 17 octobre par un soulèvement inédit réclamant le départ d’une classe dirigeante dénoncée  comme corrompue et incompétente. Ce mouvement mobilise des centaines de milliers de Libanais. Dans ce contexte, l’examen de plusieurs propositions de loi controversées, notamment une loi d’amnistie générale qui engloberait des milliers de personnes, a suscité le courroux des protestataires. Les manifestants assurent que cette loi d’amnistie pourrait exonérer des personnes condamnées ou soupçonnées d’implication dans des affaires d’évasion fiscale ou encore de crimes environnementaux, dans un pays confronté au fléau de la corruption.
La manifestation de Beyrouth

Jeudi 21 novembre, une manifestation de masse est prévue à Bogotá pour protester notamment contre des mesures d’austérité annoncées par le gouvernement de Ivan Duque. Au vu des vagues d’émeutes récemment vécues dans différents pays d’Amérique latine, celui-ci a décidé de prendre des mesures afin d’éviter de perdre le contrôle de la situation. Ivan Duque a ainsi annoncé une fermeture des frontières du pays jusque vendredi matin, ainsi que des mesures permettant aux autorités locales d’imposer des couvre-feux et d’interdire la vente d’alcool. Dans la capitale, des escadrons de police antiemeute étaient visibles en dehors de plusieurs universités. De nombreuses entreprises fermeront leurs portes pendant que les écoles demanderont au personnel et aux étudiants de rester chez eux. Enfin, la police a perquisitionné mardi 27 maisons de personnes soupçonnées d’être impliquées dans des manifestations antigouvernementales d’octobre (voir notre article).

Affrontements entre policiers et étudiant·es en octobre en Colombie

Affrontements entre policiers et étudiant·es en octobre en Colombie