Patrice Lumumba a d’abord travaillé comme employé de bureau d’une société minière, où il découvre le pillage colonial des ressources congolaises, puis comme journaliste. Autodidacte, exception faite pour un an de formation professionnelle à l’Ecole postale de Kinshasa (alors Léopoldville), grand lecteur, il crée en 1955 l’Association du personnel indigène de la colonie et se lie à la fraction de la bourgeoisie belge qui veut faire évoluer le Congo belge, en développant un enseignement public. Il croit alors à une évolution pacifique du système colonial. En 1956, quelques mesures de libéralisation (autorisation des syndicats et partis politiques dans la colonie) l’encouragent en ce sens.

Patrice Lumumba

En 1958, l’image méprisante et paternaliste fait aux Congolais à l’Exposition universelle de Bruxelles le heurte. Il se rapproche des milieux anti-colonialistes et, dès son retour au Congo, il crée le Mouvement National Congolais (MNC). Il participe à la Conférence panafricaine des Peuples, à Accra où il prononce un discours marquant : « Malgré les frontières qui nous séparent, malgré nos différences ethniques, nous avons la même conscience, la même âme qui baigne jour et nuit dans l’angoisse, les mêmes soucis de faire de ce continent africain un continent libre, heureux, dégagé de toute domination colonialiste. Nous sommes particulièrement heureux de constater que cette conférence s’est fixé comme objectif: la lutte contre tous les facteurs internes et externes qui constituent un obstacle à l’émancipation de nos pays respectifs et à la réunification de l’Afrique. Parmi ces facteurs, on trouve notamment, le colonialisme, l’impérialisme, le tribalisme et le séparatisme religieux qui, tous, constituent une entrave sérieuse à l’éclosion d’une société africaine harmonieuse et fraternelle. »

De retour au Congo, il organise une réunion pour rendre compte de cette conférence et il y revendique l’indépendance devant plus de 10.000 personnes. En octobre 1959, le MNC et d’autres partis indépendantistes organisent une réunion à Stanleyville (Kisangani). Les autorités belges tentent de s’emparer de Lumumba, ce qui provoque une émeute qui fait une trentaine de morts. Lumumba est arrêté quelques jours plus tard, jugé et condamné à 6 mois de prison.
En janvier 1960, une table ronde est organisée à Bruxelles réunissant les principaux représentants de l’opinion congolaise a lieu à Bruxelles, et Lumumba est libéré pour y participer. Confronté à un front uni des représentants congolais, le gouvernement accorde, à la surprise de ceux-ci dans la plus totale improvisation l’indépendance qui est fixée au 30 juin 1960.

Lumumba à Bruxelles en 1960

Aux élections de mai 1960, le MNC remporte le plus de voix. Lumumba est nommé premier ministre, la présidence revenant au dirigeant des Bakongos, majoritaires dans la région de Léopoldville (Kinshasa), Joseph Kasavubu.
Le 30 juin, lors de la cérémonie d’accession à l’indépendance du pays, Baudouin prononce le discours paternaliste de circonstance et au lieu de lui répondre sur le mode de la gratitude pour « l’oeuvre civilisatrice », Lumumba prononce un discours réquisitoire : « Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des nègres. Nous avons connu le travail harassant exigé en échange de salaires qui ne nous permettaient ni de manger à notre faim, ni de nous vêtir ou de nous loger décemment, ni d’élever nos enfants comme des êtres chers. Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des nègres.
(…) Qui oubliera, enfin, les fusillades où périrent tant de nos frères, ou les cachots où furent brutalement jetés ceux qui ne voulaient plus se soumettre au régime d’une justice d’oppression et d’exploitation ! »

Son discours a un profond écho dans les population congolaises, des mutineries éclatent chez les soldats et des émeutes visent les biens des colons et les colons eux-mêmes. Et tandis que Lumumba décrète l’expulsion des officiers belges de l’armée congolaise, la Belgique envoie, avec l’approbation et la logistique de l’OTAN, 11.000 militaires « pour rétablir l’ordre au Congo ». Les milieux coloniaux, s’appuyant sur l’intervention belge, encouragent la sécession de la riche province du Katanga, fief de l’Union Minière. Le dirigeant local, Tshombé, reçoit l’assistance des sociétés coloniales, des militaires et des barbouzes belges. L’URSS et les pays du tiers-monde dénoncent l’intervention belge et la sécession katangaise, et soutiennent le gouvernement Lumumba.

Lumumba le 1er stepembre 1960 à Stanleyville

Le 4 septembre 1960, Kasavubu, sous la pression des occidentaux, révoque Lumumba. Mais le conseil des ministres et le Parlement votent une motion de maintien de Lumumba et celui-ci révoque Kasavubu pour haute-trahison.
Entre-temps, l’ONU vote l’intervention de troupes internationales d’interposition : c’est la naissance des « Casques Bleus ». Mais devant la passivité de l’ONU, Lumumba a fait appel aux Soviétiques pour affronter la sécession du Katanga. Craignant une influence communiste, le CIA tente une première fois d’assassiner Lumumba et surtout appuie (voire organise) un coup d’État qui met le colonel Mobutu au pouvoir.

Mobutu assigne à résidence Lumumba. Le 27 novembre, Lumumba s’échappe avec sa famille mais il est arrêté à Lodi, ramené à Léopoldville où il est détenu dans un camp militaire. Le 17 janvier 1961, à l’instigation de responsables coloniaux et militaires belges, Lumumba et deux de ses partisans, Maurice Mpolo et Joseph Okito, sont conduits par avion au Katanga et livrés aux autorités locales. Lumumba, Mpolo et Okito seront conduits dans une petite maison d’Elisabethville (Lubumbashi), où ils seront torturés par des responsables katangais, dont Tshombé en personne, mais aussi des policiers et des officiers belges. C’est sous le commandement d’un officier belge que Lumumba et ses camarades sont abattus. Les barbouzes belges vont ensuite dissoudre les corps dans l’acide.

Lumumba prisonnier

Plusieurs des partisans de Lumumba seront exécutés dans les jours qui vont suivre, avec la participation de militaires ou mercenaires belges. L’assassinat de Lumumba déclenche une insurrection qui se transforme en guerre populaire sous la direction d’un ancien ministre de Lumumba, Pierre Mulele, proche de la Chine populaire. Les maquis de Mulele contrôleront près de 70 % du Congo avant d’être écrasés par l’armée de Mobutu, soutenue par la Belgique et les USA. Mulele, qui a quitté un moment le maquis pour rencontrer des lumumbistes au Congo-Brazzaville, se voit ordonné par le gouvernement de rentrer au Congo où Mobutu a promis l’amnistie. Mais Mobutu le fait torturer à mort: on lui arrache les yeux, les oreilles, le nez, les parties génitales, puis on l’ampute de ses membres un à un.

Le discours de Patrice Lumumba à la cérémonie d’indépendance :

Patrice Lumumba
Lumumba à Bruxelles en 1960
Lumumba le 1er stepembre 1960 à Stanleyville
Lumumba prisonnier

Netchaïev naquit en 1847 dans une famille ouvrière de la province russe. Autodidacte, il devint instituteur en 1868 à Saint-Pétersbourg, où il fréquentait les milieux anarchistes. Recherché, il se réfugie à Genève en mars 1869; il y rencontre Bakounine, avec qui il se lie puis se brouille, et rédige son célèbre Catéchisme révolutionnaire (lire ce Catéchisme).

Netchaïev

En 1869, Netchaïev retourne clandestinement à Moscou où il fonde (grâce à un mandat de Bakounine) une organisation révolutionnaire conspirative, extrêmement centralisée: la « Vengeance du Peuple » (Narodnaya Rasprava). Peu après, il organise l’assassinat de l’étudiant Ivanov qui voulait quitter l’organisation. Netchaïev l’accusera de trahison. L’étau de la police se resserre très vite contre Netchaïev qui se réfugie à Londres, puis à Paris; et enfin à Zurich. Le procès de ses complices dans l’assassinat d’Ivanov, à Saint-Pétersbourg, eu un grand retentissement.
Netchaïev est arrêté à Zurich en 1872. Le gouvernement russe demanda son extradition comme un criminel de droit commun. A cause de l’assassinat d’Ivanov, l’opinion était défavorable à Netchaïev. Ceux qui tentèrent d’empêcher l’extradition sur base du fait que Netchaïev était un politique et non un droit commun reçurent une fin de non recevoir des principales organisations d’émigrés politiques qui déclarèrent ne pas vouloir défendre un tel assassin.
Un groupe d’étudiants révolutionnaires voulut tenter de le libérer de force sur le trajet de la prison à la gare, mais ils n’étaient pas assez nombreux au moment prévu. Un tentative d’évasion aurait quand même eu lieu mais les policiers suisses auraient aussitôt rattrapé Netchaïev. Deux révolutionnaires étaient dans le train, guettant l’occasion, mais ils ne purent rien faire.
En Russie, Netchaïev fut jugé comme droit commun et condamné à vingt ans de travaux forcés. Mais au lieu d’être déporté en Sibérie comme droit commun, il fut enfermé au ravelin Alexis, élément de fortification de la forteresse Pierre-et-Paul, situé sur une île de la Neva, qui servait de prison d’État depuis le début du XVIIIe siècle. Cette détention fut gardée secrète: personne ne savait où Netchaïev avait disparu.

La forteresse Pïerre-et-Paul

Le ravelin Alexis était entièrement isolé du reste de la forteresse, il recevait les prisonniers politiques ou les hérétiques les plus redoutés. Le régime y était d’une sévérité impitoyable, sans lumière, sans air, l’isolement perpétuel. Les prisonniers étaient épuisés par les privations, l’humidité ou le froid glacial, ils souffraient du scorbut, de plaies infectées aux poignets et aux chevilles en raison des fers qui les enchaînaient. Ceux qui résistaient étaient battus et se voyaient passer la camisole de force (Netchaïev la porte sept jours d’affilée).

Le ravelin Alexis

Des hommes y avaient passé des dizaines d’années et plusieurs d’entre eux craquèrent, se suicidant, perdant la raison, ou abandonnant le combat révolutionnaire comme Dostoïevski. Dans son roman dirigé contre les révolutionnaires, Les Possédés, Dostoïevski s’inspira de l’assassinat d’Ivanov et Netchaïev y apparait sous le nom de Verkhovensky. C’est au ravelin Alexis que Bakounine, qui y passa trois ans, avait craqué et écrit sa supplique au tsar où il mettait son engagement révolutionnaire sur le compte d’un « manque de maturité intellectuelle ». Quand Netchaïev fut invité à écrire une semblable supplique, il écrivit à l’inverse un texte plein de détermination et de dignité. Un général de gendarmerie vint alors en cellule lui expliquer ce qu’on attendait de lui: Netchaïev l’envoya au diable, et quand le général le menaça du fouet, Netchaïev répliquera par une telle gifle que le général en aura la lèvre fendue.
Quand Netchaïev arriva au ravelin Alexis, il ne s’y trouvait qu’un seul autre prisonnier, Mikaïl Beideman, un officier soupçonné d’avoir voulu assassiner le tsar. Arrêté et enfermé sans jugement, il avait passé vingt ans dans le ravelin et était devenu fou. Un autre prisonnier arriva, Mirski, mais c’était un révolutionnaire qui avait craqué et qui informait la police pour adoucir ses conditions de détention. Privé de tout contact, Netchaïev commença à « travailler » ses geôliers qui avaient pourtant ordre de ne pas lui parler. Jour après jour, après avoir observé le caractère de chacun des gendarmes, il commença à miner leur discipline, discréditer leurs supérieurs. Après deux ans de travail de sape, il s’était attaché la complicité plus ou moins prononcée de quarante gendarmes! Ceux-ci passèrent ses messages à l’organisation « La Volonté du Peuple » avec un plan d’évasion. Ce plan extraordinairement détaillé, qui avait pu être mis au point grâce aux information des gendarmes qui sympathisaient avec Netchaïev, ne put être exécuté car l’organisation dut concentrer ses moyens à une tentative d’assassinat du tsar.

La cellule de Dostoïevsky au ravelin Alexis

C’est le mouton Mirski qui comprit que Netchaïev avait construit un réseau de complices parmi ses gardiens. Il les dénonça. Dix-huit sous-officiers de gendarmerie et 35 gendarmes composant la garde du ravelin Alexis furent jugés en 1882. Deux furent condamnés aux travaux forcés, tous les autres déportés en Sibérie avec interdiction de prononcer jusqu’au nom de Netchaïev. Netchaïev mourut le 21 novembre 1882 dans un isolement si complet qu’aucun des vingt membres de la « Volonté du Peuple » enfermés en mars 1882 dans le ravelin n’avait perçu le moindre signe de sa présence.

Netchaïev
La forteresse Pïerre-et-Paul
Le ravelin Alexis
La cellule de Dostoïevsky au ravelin Alexis

On situe la naissance de Pieter Breughel l’Ancien entre 1525 et 1530, il serait né dans un des deux villages ayant porté le nom de Brueghel (ou Brogel), l’un situé dans le Brabant hollandais, l’autre dans le Limbourg belge. En 1552, il fait un voyage en Italie, poussant jusqu’à Rome et Naples; entre 1555 et 1563, il est établi à Anvers. Il fréquente un cercle d’artistes et d’érudits humanistes mais aussi les milieux populaires ruraux de la Campine proche. Il s’invite aux noces paysannes en se faisant passer pour un parent, apportant des cadeaux et participant à la fête. Dans ses tableaux dominés par la vie populaire, le peintre montre des paysans tels qu’ils sont dans leurs activités et divertissements. Pour la première fois dans l’histoire de la peinture, la classe rurale est humanisée.

La danse de la mariée

C’est en 1562, qu’il s’installe à Bruxelles dans le quartier des Marolles. En 1564 naît le premier de ses fils, Pieter Breughel le Jeune, dit Breughel d’Enfer. La situation politique et religieuse se dégrade. La naissance de Charles-Quint a mis sous la tutelle espagnole les riches 17 provinces formant alors les Pays-bas (soit les Pays-Bas actuels et la Belgique, moins la principauté de Liège, plus le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie). Le carcan de la monarchie espagnole, ultra-réactionnaire, féodale, était pesante pour des Pays-Bas qui avaient une des activités industrielles et marchandes les plus développées au monde. L’imbrication du trône, des grands féodaux et de l’église catholique fit que la bourgeoisie et les milieux populaires trouvèrent dans le protestantisme une expression idéologique adéquate à leur position antagonique. Les empiétements des Espagnols sur les vieilles libertés conquises du temps des Bourguignons provoquèrent des mécontentements, puis des troubles.

Autoportrait de Breughel

Si Charles-Quint, né à Gand, parlant flamand, connaissait et aimait les Pays-Bas, son fils Philippe II, n’y voyait que terre d’hérésie et de rébellion. Philippe II nomme le duc d’Albe vice-roi des Pays-Bas, l’investi d’un pouvoir absolu pour supprimer les libertés, faire tomber les têtes, remplacer les fonctionnaires locaux, annuler les droits des États. En 1567, année de la naissance du deuxième fils de Breughel, Jan Brueghel l’Ancien, dit Breughel de Velours, Albe son entrée dans Bruxelles à la tête de 17.000 soldats espagnols. Il établit et préside, sous le titre de Conseil des troubles, un tribunal tellement sévère qu’on ne le désigne plus que sous le nom de Conseil de sang.

L’année suivante Philippe II ordonne l’exécution des comtes d’Egmont et de Hornes. Ils avaient pris la tête de centaines de nobles qui, à Bruxelles, avaient signé une protestation contre les empiétements du pouvoir espagnol sur des chartes et libertés. Ils s’étaient décerné le titre de « gueux », par défi à l’égard du conseiller de la régente, qui les avait ainsi qualifiés avec mépris. Ils seront décapités sur la Grand-Place le 5 juin 1568. C’est le point de départ de la guerre de Quatre-Vingts Ans. Les soldats et mercenaires espagnols vivent sur le pays, multipliant les exactions tandis que, bataille après bataille, les armées dévastent villes et campagnes.

Breughel, né dans un pays prospère et pacifique, meurt en 1569 dans un pays dévasté par la guerre, pillé par les mercenaires espagnols, terrorisé par l’Inquisition. Et s’il semble s’être bien gardé de se positionner ouvertement contre l’autorité espagnole (en fait, le gouverneur de Bruxelles était son mécène et son protecteur), sa peinture fustige, pour qui sait la lire, l’oppression espagnole. C’était l’usage de peindre les scènes bibliques et antiques avec les costumes contemporains. Mais Breughel va plus loin : Le Dénombrement de Bethléem (1566) est une critique à peine voilée des contraintes administratives imposées par le pouvoir espagnol (on y voit même un Espagnol, représenté avec un grand chapeau, voler des légumes). Dans le Portement de croix (1565) Marie pleure au pied de la roue où l’on mettait à mort les condamnés en leur rompant les os et la Prédication de Saint Jean-Baptiste (1566) évoque les prêcheurs itinérants protestants, réunissant les paysans dans la forêt.

Le Dénombrement de Bethléem

L’œuvre gravée de Breughel l’Ancien est importante. Il dessine des planches satiriques comme Les gros poissons mangent les petits. En 1557 sort la série des Sept Péchés capitaux suivie en 1558 des Sept Vertus – dont la Justice. La liste des sept péchés capitaux, influencée par Thomas d’Aquin, est assez connue : l’orgueil, l’avarice, l’envie, la colère, la luxure, la gourmandise et la paresse. Les péchés capitaux sont des péchés de « tête » (capita), ils ne sont pas plus graves que d’autres, mais susceptibles d’en entraîner d’autres. Pour équilibrer, il existe sept vertus catholiques (chasteté, tempérance, prodigalité, charité, modestie, courage et humilité) et aussi les vertus théologales (d’origine divine), que sont la foi, l’espérance et la charité, sont complétées par les vertus cardinales (d’origine humaine), que sont la justice, la prudence, la tempérance et la force d’âme.

Comme à son habitude, Breughel illustre péchés capitaux et vertus cardinales par des scènes de la vie réelle : la Foi est l’accomplissement des cérémonies de l’Église, l’Espérance soutient le naufragé et console le prisonnier, la Charité habille les nus et nourrit les affamés, etc. Mais lorsqu’il en vient à la justice, il change de registre et s’il représente au milieu de l’image l’allégorie habituelle de la justice : une femme aux yeux bandés (impartialité) tenant la balance du jugement et le glaive de la sanction, il la place au centre de tout l’appareil barbare de l’organisation judiciaire son temps : la torture par l’eau et le feu, l’estrapade, la roue, le gibet, le bûcher, la hart (corde d’étranglement) et le glaive. Sous prétexte d’illustrer une vertu, Breughel grave un terrible réquisitoire contre un appareil qui broie et martyrise les hommes.

Quelques détails:



La danse de la mariée
Autoportrait de Breughel
Le Dénombrement de Bethléem
« La Justice » de Breughel l’Ancien
« La Justice » de Breughel l’Ancien
« La Justice » de Breughel l’Ancien
« La Justice » de Breughel l’Ancien
« La Justice » de Breughel l’Ancien

Les policiers ont procédé à plusieurs intervention dans la manifestation féministe de cet après midi à Bruxelles.

13H35: Deux petits nasses, une en haut, une en bas du Mont des Arts, au moment du rassemblement.
Celle du haut se termine par 3 arrestations, celle du haut (semble-t-il lié à un collage féministe) par une quinzaine.
Les manifestantes sont embarquée en bus vers le RAC, 202 rue Royale (voir notre dossier: les lieux de détention à Bruxelles)

14H40: Encore deux arrestations
14H50: Les policiers tentent des interpellation dans le bloc palestinien, celui-ci fait bloc et s’oppose, les policiers renoncent
15H20: Encore une arrestation
16H15: La police a annoncé aux premières arrêtées qu’elles seraient libérées à 18H00
Appel à rassemblement devant le RAC (au siège de la police 202 rue Royale)

16H35: La police bloque la rue Royale
16H40: Nouvelle annonce de la police: Toutes les personnes arrêtées seront libérées dans une heure au Mont des Arts
16H45: Les libérations commencent au compte-goutte: 4 personnes libérées au Mont des Arts, d’autres au Botanique
(les personnes ne sortent pas directement du RAC, une méthode classique pour éviter les rassemblements solidaires)
Tout le monde est libéré

Le nombre de Palestiniens emprisonnés a doublé depuis l’attaque du 7 octobre, et les mauvais traitements ont également augmenté de manière spectaculaires. Des vidéos circulent montrant des prisonniers palestiniens dénudés, les yeux bandés, subissant des mauvais traitements. Les prisonniers subissent des simulacres d’exécution, des passages à tabac, et on utilise contre eux des chiens policiers. Les visites des familles et avocats ont été interdites, ainsi que les possibilité d’acquérir de la nourriture, et l’électricité a été coupée dans les cellules. Des raids sont menés brutalement dans les cellules, les prisonnières détenues à Damoud ont été gazées. Plusieurs prisonniers dont Amhad Saadat ont « disparus », transférés vers des lieux de détention inconnus.

prisonniers palestiniens (archive)

 

 

Ces prisonniers ont été emprisonnés en raison de leurs protestations ou opinions anti-guerre.

Anastasiya Levashova est une étudiante qui, le premier jour de la guerre, le 24 février, a rejoint la manifestation anti-guerre et a lancé un cocktail Molotov contre la police. Elle a été condamnée à deux ans de prison pour usage de la violence contre des représentants de l’État.
Vladimir Sergeev a été arrêté lors d’une action anti-guerre le 6 mars 2022. Des cocktails Molotov ont été découverts dans son sac à dos. Lors de son arrestation, Vladimir a fait une tentative de suicide. Il s’est rétabli après avoir passé plusieurs jours dans le coma. Il est été accusé de « préparation au terrorisme » et pourrait être condamné à une peine de 10 ans de prison. Il se trouve actuellement dans la tristement célèbre prison de Butyrka, à Moscou.
Anton Zhuchkov est un ami de Vladimir Sergeev, ils ont été arrêtés ensemble lors de l’action anti-guerre du 6 mars. Lors de son arrestation, Anton a fait aussi fait une tentative de suicide et s’est rétabli après avoir passé plusieurs jours dans le coma. Il est aussi accusé de  « préparation au terrorisme » et pourrait être condamné à une peine de 10 ans de prison. Anton n’a pas de famille, et il a grandi dans des institutions.

Zakhar Tatuyko a été condamné à 1 an et 4 mois dans une colonie pénitentiaire pour avoir empoigné un représentant des forces de l’ordre lors d’un rassemblement anti-guerre à Saint-Pétersbourg.
Valeriy Valerevich Dubenyuk a été accusé d’avoir poussé un officier de police lors d’une action anti-guerre à Saint-Pétersbourg, et condamné à un an de colonie pénitentiaire.
Igor Aleksandrovich Maltsev est accusé d’avoir participé à une action au cours de laquelle un soldat factice a été brûlé à Saint-Pétersbourg.
Les prisonniers et prisonnière suivant(e)s sont accusé(e)s de « Diffusion de fausses informations sur l’utilisation des forces armées russes », une nouvelle loi interdisant de parler de la guerre en Russie: Vladimir Kara-Murza ; Alexei Gorinov ; Richard Rouz ; Aleksandra Skochilenko ; Mariya Ponomarenko ; Mikhail Afanasev ; Altan Ochipov ; Aleksandr Nozdrinov ; Sergey Mikhaylov ; Bulat Saylaevich Shumekov ; Olga Smirnova ; Viktoriya Petrova ; Boris Romanov;

Vadim Aleksandrovich Ignashov est un marin ukrainien qui a été enlevé par le service de sécurité russe FSB à bord d’un navire battant pavillon portugais dans le port de Vladivostok. Est accusé d' »appels à des activités extrémistes ».
Kirill Martyushev est accusé d’avoir maintenu un canal Telegram avec une évaluation négative de « l’opération militaire spéciale » en Ukraine, et a appelé les habitants de Tyumen à descendre dans la rue. Est accusé d' »appels à des activités extrémistes ».
Andrey Boyarshinov est accusé d' »appels à des activités terroristes » dans le canal Telegram « Protesting Kazan ».
Aleksey Rozhkov est accusé d’avoir lancé un cocktail molotov dans un centre d’appel militaire dans la banlieue de Yekaterinburg, et inculpé de « tentative de meurtre ».
Aleksey Nechushkin est accusé d’avoir écrasé une voiture contre la barrière de police lors d’une manifestation anti-guerre le 27 février, puis d’avoir mis le feu à la voiture. La voiture était peinte des mots « Peuple, soulève-toi » et « C’est la guerre ». Il est accusé de « hooliganisme ».
Mikhail Markovich Kavun voyageait en Ukraine avant la guerre avec une moto et faisait des dons aux organisations locales de défense des droits de l’homme.
Vitali Koltsov est accusé d’avoir lancé un cocktail molotov en direction d’une voiture de police et est inculpé de « tentative d’atteinte à la vie d’un agent des forces de l’ordre ».

Plus d’information (adresses des lieux de détention, moyen de soutenis les prisonniers, etc.)

 

Dossier(s): Reste de l'Europe

28/11/2019

Antirep

Permanence téléphonique anti-répression et compte-rendu en direct des manifestations

  • La permanence téléphonique anti-répression est actuellement ouverte
  • Vous pouvez la joindre via le numéro +32 456 20 06 42 (en priorité via des messages ou Signal, mais également via SMS, WhatsApp ou appels, si possible privilégiez les messages écrits pour laisser les appels/messages vocaux aux cas les plus urgents).
  • Lorsque la permanence est activée, un article « live » retrace en direct la manifestation (le lien est annoncé sur cette page).

Infos utiles

La garde à vue de sept personnes, dont une journaliste, interpellées après une intrusion mardi dans une entreprise pour dénoncer la vente d’armes à Israël, a été levée sans poursuites, a indiqué mercredi le parquet de Paris.  « La procédure a été classée sans suite au motif qu’aucune infraction suffisamment caractérisée ne leur est imputée », a précisé le parquet. « L’exploitation des caméras a permis de confirmer l’intrusion dans le site par quatre individus, dont deux pénétrant dans les locaux » d’Exxelia dans le XIe arrondissement « et procédant aux dégradations », a-t-il développé. Mais « aucun ne correspondait aux mis en cause placés en garde à vue » et « les caméras extérieures filmant l’attroupement d’une vingtaine de personnes devant les lieux ne permettaient pas de distinguer concrètement les agissements ni de reconnaitre les personnes interpellées », a ajouté le parquet. Le média Blast avait annoncé l’interpellation d’une de ses journalistes qui couvrait l’action contre Exxelia. Elle avait été détenue pendant 34 heures, et les policiers avaient tenté de la contraindre à donner accès aux notes et documents de travail contenus dans son téléphone. Exxelia, fabricant de composants électroniques à usage civil et militaire, est citée dans une information judiciaire ouverte à Paris en 2018 sur des plaintes pour complicité de crimes de guerre après la mort de trois enfants tués par un missile israélien à Gaza le 17 juillet 2014. Dans les débris avait été retrouvé un capteur fabriqué, selon des expertises, par l’entreprise française Eurofarad – rachetée en 2015 par Exxelia Technologies -, et vendu à la société israélienne Rafael.

La police néerlandaise a procédé à l’évacuation d’un camp de manifestants pro-Palestiniens sur le campus de l’université d’Amsterdam (UvA). L’université avait demandé aux manifestants lundi soir déjà de quitter les lieux, mais cette demande est restée lettre morte. L’expulsion a dès lors eu lieu avec l’appui d’une unité mobile de la police. Un engin de chantier a été utilisé pour démanteler des barricades des palettes.

Des affrontements ont eu lieu à Santiago dans le cadre de la commémoration de la fête des travailleurs à partir de 10 heures et jusque dans l’après-midi. Des heurts ont été signalés au milieu de la manifestation convoquée par la Central Clasista de Trabajadores, dans les deux voies de l’Alameda, en particulier dans la section située entre les rues Brasil et Matucana. Des carabiniers sont arrivés sur les lieux, utilisant des canons à eau et à gaz. Les manifestants cagoulés ont affronté la police avec des instruments contondants, des cocktails Molotov et ont détruit des locaux commerciaux et dressé des barricades dans différents secteurs. Un groupe d’hommes cagoulés a lancé des engins incendiaires à l’intérieur de la gare centrale. Les carabiniers ont rapporté au moins 16 arrestations dont 5 pour port de bombes incendiaires.

Dossier(s): Amérique Latine Tags: ,