Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Après trois nuits d’émeutes urbaines, TikTok, Snapchat et consorts sont dans le collimateur du gouvernement français, qui dénonce « une forme de mimétisme de la violence » et demande aux plateformes « d’organiser le retrait des contenus les plus sensibles ». « Incendies et tensions après la mort de Nahel », #Nahel, #Nanterre, #police, #GuerreCivile… Les mots-clés ou tendances suggérés par les algorithmes des réseaux sociaux renvoient en grande majorité vers les vidéos chroniquant la flambée de violence qui touche la France depuis l’assassinat du jeune Nahel par un policier à Nanterre mardi.  Snapchat propose notamment une carte interactive permettant d’indiquer en temps réel les lieux où sont concentrées les publications, les vidéos d’affrontements avec les forces de l’ordre. « Nous prendrons dans les prochaines heures plusieurs dispositions […] d’abord en lien avec ces plateformes« , a encore annoncé Macron. Une réunion entre le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, celui du Numérique Jean-Noël Barrot et les plateformes numériques a été convoquée ce vendredi afin de demander leur « appui » notamment pour « identifier les utilisateurs de réseaux sociaux qui participent à la commission d’infractions« . Le Parlement français a voté jeudi l’obligation pour les plateformes comme TikTok, Snapchat ou Instagram de vérifier l’âge de leurs utilisateurs et le consentement des parents quand ils ont moins de 15 ans.

Le gouvernement réfléchit aussi à déclencher l’état d’urgence. Ce régime d’exception peut être déclenché par une décision prise par décret en Conseil des ministres. Celle-ci concerne tout ou partie du territoire et elle peut être déclenchée en cas de « péril imminent d’atteintes graves à l’ordre public » ou en cas d’événements présentant le caractère de « calamité publique », comme lors d’une catastrophe naturelle par exemple. Lorsqu’il est déclenché, l’état d’urgence dure initialement 12 jours mais il peut être prolongé par le Parlement. Il permet de restreindre certaines libertés. Le ministre de l’Intérieur et les préfets peuvent ainsi instaurer un couvre-feu, fermer certains lieux publics ou encore interdire la circulation de personnes ou de véhicules. La justice peut également être dessaisie de prérogatives essentielles. Les autorités administratives obtiennent alors le droit de pratiquer des perquisitions, de jour comme de nuit. L’état d’urgence est donc un régime d’exception qui n’a été déclaré que six fois depuis 1955 : trois fois pendant la guerre d’Algérie, notamment après le putsch des généraux du 21 avril 1961, en 1984 lors de la révolte des Kanaks en Nouvelle-Calédonie puis lors des émeutes en 2005. La dernière fois, c’était dans la nuit du 13 au 14 novembre 2015, lors des attentats islamistes à Paris et à Saint-Denis.

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Hier, mercredi 28 juin, plus de 150 de rassemblements en soutien aux personnes arrêtées et contre la dissolution des Soulèvements ont été organisés partout en France et en Europe. A Paris, à 19 heures, des centaines de personnes se sont réunies place de la République. Le rassemblement initialement prévu de s’opposer à la dissolution des SLT, prononcée le 21 juin par le ministre de l’Intérieur, et de protester contre les gardes à vues «abusives» de militants et syndicats écologistes, s’est étendue à la dénonciation de l’assassinat du jeune Nahel par un policier à  Nanterre. A Bruxelles le rassemblement s’est tenu sur les lieus du projet immobilier Key West. La police en venue en signifier l’interdiction mais le rassemblement de plusieurs centaines de personnes a finalement été « toléré ».

Ce même 28 juin prochain, au moins huit camarades impliqués dans le mouvement d’opposition aux méga-bassines sont convoqués par la gendarmerie au motif qu’ils auraient organisé ou participé à l’une ou l’autre des deux grandes manifestations à Sainte-Soline. Six sont encore en garde à vue.

 

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Mardi 27 juin, les forces de sécurité ont tué un maoïste dans le district de Sukma, dans la région de Bastar, au sud du Chhattisgarh. Sodi Dula, membre du comité d’action maoïste de la région de Konta, était recherché pour 15 dossiers relatifs à des actions de la guérilla ayant coûté la vie à deux informateurs de police et à un policier. Les autorités avaient mis une prime sur sa tête. Il a été tué vers 13 heures dans la forêt du village de Bodgubli, près de la frontière entre l’Andhra Pradesh et l’Odisha, dans le cadre d’une opération anti-guérilla menée par la District Reserve Guard, la police locale et deux bataillons de la Central Reserve Police Force (photo).

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La police s’est heurtée aux habitants alors que les autorités tentaient d’appliquer un ordre d’expulsion dans le quartier Che la Reina de Ciudad del Este, hier mardi 27 juin. Les manifestants ont bloqué l’Avenida San Martin avec des débris enflammés et se sont heurtés aux forces de sécurité. En conséquence, les autorités ont décidé de ne pas exécuter l’ordre d’expulsion. Des mesures de sécurité renforcées et des perturbations localisées des transports et du commerce sont probables dans les heures et les jours à venir. D’autres manifestations et affrontements sont possibles, les autorités étant susceptibles de tenter à nouveau d’appliquer les ordres d’expulsion dans les jours à venir.

Aux premières heures du 15 juin, Thomas Johann S. est tombé avec Asya Kanîres (Kadriye Tetik), une combattante turque, et Kocer Medya (Diyako Saîdî), originaire du Kurdistan iranien, deux de ses camarades des Unités de Défense du Peuple (HPG). Ils ont été tués dans la région de Xakurke, au Kudistan irakien, par un bombardement après avoir mené une attaque contre les forces d’occupation turque. Thomas avait commencé à s’organiser en 2014 dans l’action antifasciste et révolutionnaire à Ingolstadt, en Bavière, près de son village natal. Il y a fait partie du groupe révolutionnaire « La Résistance » [en français]. En 2014 et 2015, il a participé à des attaques contre de la propagande et des véhicules de l’armée allemande. Il a participé à l’ organisation des mobilisation contre la « Conférence de Munich sur la sécurité » en février 2015 et contre le sommet du G7 à Garmisch-Partenkirchen. Thomas a participé activement à la lutte antifasciste en Allemagne, comme en 2016 lors des affrontements pour empêcher la marche fasciste à Ingolstadt.

Au printemps 2016, il s’est rendu au Kurdistan Nord pour les célébrations du Newroz, et a visité les ruines d’Amed-Sûr (Dyarbakir), où l’armée turque avait massacré quelques semaines auparavant des jeunes révoltés kurdes. Il s’est engagé dans le mouvement kurde et a rejoint la guérilla sous le nom de guerre d’Azad Şerger. Il avait écrit : « Nous ne pouvons écraser l’extermination organisée depuis notre sol et exécutée par d’autres sur des sols étrangers et lointains qu’ensemble, donc unis. Pas seulement unis au niveau international, mais aussi entre nous. Nous ne pouvons plus nous embourber dans des luttes intestines et des querelles inutiles. Celui ou celle qui le fait ne fera que perdre de vue le véritable ennemi et notre objectif dans le brouillard de la maximisation et de la valorisation capitalistes et impérialistes. Il/elle ne fera que se soumettre à nouveau au commandement capitaliste qui nous étouffe et nous tue, nous, le sujet, dans le libéralisme ».

La guerre déclenchée par la Russie pose de sérieux défis au système politique russe, mais elle n’a pas produit de bouleversement, même si elle a provoqué un mécontentement et des craintes pour la sécurité personnelle et la stabilité économique chez les groupes à faibles ressources. Le régime ayant réprimé les forces auto-organisées ces 20 dernières années, les personnes mécontentes manquent d’instance pour organiser et exprimer leur résistance. Le Secours Rouge accueille ce jeudi 29 juin, au local Sacco Vanzetti, à 19H, un représentant de l’Anarchist Black Cross de Moscou qui abordera l’évolution de la situation politique en Russie dans les conditions de la guerre et son impact sur les pratiques d’auto-organisation. Au local Sacco Vanzetti, 54 chaussée de Forest (1060 Bruxelles), Métro Porte de Hal, jeudi 29 juin à 19H

EncroChat était un réseau crypté utilisé principalement pour le trafic de drogue et le blanchiment d’argent infiltré puis démantelé en 2020 (voir notre article). EncroChat vendait pour environ 1.000 euros des téléphones entièrement cryptés, sans caméra, microphone, GPS ou port USB, avec une option “code pin panique” permettant un effacement éclair. L’enquête avait été lancée en 2018 après la localisation à Roubaix de serveurs d’EncroChat.

L’infiltration de ce réseau a permis d’intercepter 115 millions de “conversations criminelles” d’environ 60.000 utilisateurs, ce qui a amené l’arrestation de 6.658 personnes et des condamnations prononcées se totalisant jusqu’à présent à 7.134 années de prison.  L’enquête contre les organisateurs d’Encrochat, menée par la Juridiction inter-régionale spécialisée (Jirs) de Lille, cible une dizaine de personnes. Trois personnes, interpellées en juin 2022 en Espagne, ont été mises en examen sur ce volet en France, “notamment des chefs d’association de malfaiteurs en vue de la préparation de crimes ou de délits”. Deux d’entre elles ont été placées en détention provisoire. Trois suspects ont par ailleurs été arrêtés aux Pays-Bas et un quatrième est en fuite.

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Une unité de la 6e division d’infanterie de l’armée philippines a accroché un groupe de guérilleros maoïstes lundi, à Palimbang, dans la province de Sultan Kudarat. Les guérilleros ont pu se soustraire aux militaires, en emportant leurs blessés mais en abandonnant quelques armes et des engins explosifs.

Membres de la guérilla maoïste (archive)

Membres de la guérilla maoïste

 

Les eurodéputés ont voté en plénière la législation pour encadrer les IA. Les systèmes d’IA présentant un niveau de risque inacceptable pour la sécurité des personnes seront interdits, comme ceux qui sont utilisés pour la notation sociale (classifiant les personnes en fonction de leur comportement social ou de leurs caractéristiques personnelles), et ainsi que les utilisations intrusives et discriminatoires de l’IA, telles que:
– les systèmes d’identification biométriques à distance en « temps réel » dans les espaces accessibles au public;
– les systèmes d’identification biométrique à distance « a posteriori », à la seule exception des forces de l’ordre pour la poursuite de crimes graves, et seulement après autorisation judiciaire;
– les systèmes d’identification biométrique utilisant des caractéristiques sensibles (par exemple, le genre, la race, l’origine ethnique, le statut de citoyen, la religion, l’orientation politique);
– les systèmes de police prédictive (fondés sur le profilage, la localisation ou le comportement criminel passé);
– les systèmes de reconnaissance des émotions utilisés dans les services répressifs, la gestion des frontières, le lieu de travail et les établissements d’enseignement;
– la saisie non ciblée d’images faciales provenant d’internet ou de séquences de vidéosurveillance en vue de créer des bases de données de reconnaissance faciale (ce qui constitue une violation des droits humains et du droit au respect de la vie privée).

Ce vote survient après deux ans de négociations et le dépôt de près de 3.000 amendements. Un débat avait eu lieu au parlement jusqu’à la dernière minute, suite au dépôt d’amendements autorisant le couplage IA/identification biométrique en temps réel pour la lutte anti-terroriste et la recherche des personnes disparues… Cet amendement n’est pas passé, mais la Commission continue à vouloir autoriser cette pratique de surveillance de masse dans la lutte contre la le terrorisme.

Au cours d’une opération menée dans la localité de Putis (Huanta, Ayacucho), la police nationale a capturé Carlos Solier Zuñiga, alias « camarade Carlos », commandant militaire du Parti communiste militarisé du Pérou marxiste-léniniste-maoïste. Le commandant Carlos était responsable de la « Force avancée » de la guérilla maoïste, qui opère entre les districts de Vizcatán del Ene (Satipo, Junín) et Canayre (Huanta, Ayacucho). Il est accusé entre autre de l’embuscade du février 2023 qui a coûté la vie à 7  policiers à proximité du Centro Poblado Natividad, à La Convención (voir notre article). Au cours de la même opération policière, un autre clandestin maoïste, le « camarade Joel », a également été arrêté.