Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Lina E., une antifasciste allemande de 28 ans, a été reconnu coupable mercredi d’avoir fondé une « organisation criminelle » et d’avoir commis six attaques contre des néonazis dans les États de Thuringe et de Saxe entre 2018 et 2020. Elle a été condamnée à cinq ans et trois mois de prison et ses trois coaccusés, Lennart A., Philipp M. et Jannis R., ont été condamnés à environ trois ans de prison chacun. L’assistance au procès était nombreuse. Elle a soutenu les accusés par des applaudissements et des slogans et a hué le verdict. Le juge a demandé le silence afin de pouvoir lire son délibéré, en disant: « Celui qui souhaite savoir pourquoi le verdict est ce qu’il est, peut rester. » Quelqu’un a immédiatement crié : « Parce que vous êtes amis des fascistes ! »  Le juge a aussitôt ordonné une interruption d’audience de 15 minutes, pendant laquelle les personnes qui avaient crié étaient évacuées par la sécurité.

Cependant, tard dans la soirée, alors que la procédure touchait à sa fin, le juge a déclaré que Lina serait mise en liberté provisoire jusqu’à ce que la condamnation soit confirmée. À condition qu’elle renonce à son passeport et à sa carte d’identité et qu’elle se présente à la police deux fois par semaine, Lina sera autorisée à rentrer chez elle jusqu’à ce que tous les recours soient épuisés. Si elle retourne en prison, elle aura encore trois ans de sa peine de cinq ans à purger, puisqu’elle est en détention depuis son arrestation. Une grande partie du dossier de l’accusation reposait sur le témoignage d’un membre de son groupe devenu témoin de l’État : Johannes D.

Mardi 30 mai au matin, la police judiciaire de Rennes a procédé  à une série de perquisitions et a arrêté cinq personnes. Elles ont été placées en garde à vue pour «association de malfaiteurs à caractère criminel» dans le cadre de plusieurs procédures. Cette qualification pénale permettant une retenue de 96 heures, les gardes à vue pourraient donc prendre fin samedi, au petit matin. Le parquet accuse ces personnes d’être impliquées dans plusieurs actions offensives menées durant les manifestations contre la réforme des retraites à Rennes. Il s’agirait plus particulièrement de la première attaque de l’hôtel Mama Shelter, ainsi que des tentatives d’incendies du commissariat de Penhoët (photo), du couvent des Jacobins et de la mairie de Rennes. Cette vague d’interpellations s’ajoute à l’arrestation, rendue publique ce mercredi 31 mai, de quatre personnes de région parisienne accusée d’être porteuses de cocktails Molotov peu avant la manifestation de samedi 27 mai, et de deux Rennais soupçonnés de les avoir hébergés.

 

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Mercredi matin, la police d’Atlanta a déployé les grands moyens (photo) pour faire une descente dans The Teardown House et pour arrêter Marlon Kautz, 39 ans, Savannah Patterson, 30 ans, et Adele Maclean, 42 ans. Ce sont les trois organisateurs d’ATLSolFund, un fonds de solidarité fournit une défense juridique et un soutien par caution pour les personnes poursuives pour leurs activités politiques à Atlanta et dans les environs. Les trois personnes arrêtées étaient des figures connues de la mobilisation contre le projet de « cop city » (voir nos articles sur cette lutte). Ils sont accusés de blanchiment d’argent et de fraude caritative. Il semble que les autorités veuillent utiliser contre eux l’inculpation RICO. La Racketeer Influenced and Corrupt Organizations Act (RICO) est une loi fédérale adoptée en 1970 aux États-Unis.⁣ et destinée à combattre le crime organisé. Elle permet de geler les avoirs des suspects jusqu’à ce que l’affaire puisse être résolue. Si l’accusation de RICO est prouvée, elle peut entraîner jusqu’à 20 ans d’emprisonnement pour chaque chef de racket.

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Le parquet pénal supraprovincial spécialisé dans les délits de « terrorisme » a déposé mardi un acte d’accusation demandant 35 ans de prison contre Edgar Edwin Torpoco Ortiz, camarade « Angel », en raison de sa participation présumée aux actions de la guérilla du Parti communiste du Pérou militarisé dans la région de Vraem. Le ministère public a également requis 30 ans de prison pour Brayan Antoni Camarena Mercado, camarade « Abraham » ; Víctor Alexsandro Abad Hinostroza, camarade « Alex, Víctor ou Abad » ; et Mónica Lis Aguirre Felices, camarade « Machona ». 20 ans de prison ont été requis pour les mêmes raisons contre Kassandra Milagros Hennings Hinostroza, camarade « Kassandra » et Ana María Cabezas Gavilán, camarade « Ana ».

Rocío Leandro Melgar, alias camarade « Cusi », restera en prison, après que la troisième cour d’appel pénale nationale a confirmé la détention provisoire de 18 mois dans le cadre de l’enquête préparatoire menée contre elle. La haute cour a également confirmé l’ordre de détention préventive de 18 mois à l’encontre d’Alex Miguel Gómez Falcón, Piero Giles Gamboa et Estefany Jhazmin Alanya Chumbes, visés par l’enquête.

Le régime iranien poursuite sa répression du soulèvement mené par les femmes après l’assassinat de Jina Amini. Plus de 40 étudiantes de la faculté des beaux-arts de l’université de Téhéran ont été expulsées au cours du seul mois dernier. Les étudiantes, qui n’ont pas été autorisées à entrer sur le campus par les services de sécurité de l’université, n’avaient pas été informées au préalable de cette sanction. Précédemment, plus de 20 étudiants résidant dans le dortoir de l’université Jalal Al-Ahmad de Téhéran ont été interdits d’éducation pendant un semestre et ont été expulsés du dortoir dans lequel ils résidaient. Les étudiants de diverses universités, dont l’université Beheshti de Téhéran, ont été convoqués par la police de sécurité.

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Un document du Conseil européen recensant les positions des différents États membres de l’Union concernant les législations sur le chiffrement, révèle un soutien significatif parmi ces États pour des propositions visant à scanner les messages privés à la recherche de contenu illégal. Sur les 20 pays de l’UE représentés dans le document, la majorité (15) s’est déclarée favorable à une forme de scan des messages chiffrés, avec une position espagnole particulièrement radicale. Des représentants espagnols ont déclaré : « Idéalement, à notre avis, il serait souhaitable d’empêcher législativement les fournisseurs de services basés dans l’UE de mettre en œuvre un chiffrement de bout en bout ». Le chiffrement de bout en bout, utilisé par WhatsApp et Signal, est conçu pour permettre uniquement à l’expéditeur et au destinataire de voir le contenu des messages, excluant toute autre partie, y compris l’éditeur de la messagerie. Si l’Espagne et d’autres pays estiment qu’il devrait être affaibli, certains États membres, comme le Danemark et l’Irlande, se disent en faveur d’une forme de scan des messageries sans affaiblir pour autant le chiffrement de bout de bout. Mais c’est quelque chose d’impossible à réaliser, d’après les experts. Les Pays-Bas proposent de leur côté la possibilité de scanner l’appareil en amont : c’est ce qu’avait proposé Apple pour les photos pédopornographiques (voir ici), mais après la polémique suscitée par cette idée, le constructeur l’avait abandonnée.

La Nouvelle armée populaire (NPA) a subi un coup dur dans les Visayas orientales  avec l’arrestation récente d’une de ses dirigeantes et la mort de quatre combattants. Rosita Solayao Taboy alias Laling, secrétaire du département de l’organisation régionale de la NPA et membre du comité exécutif dans les Visayas orientales et son mari, alias Beto, ont été arrêtés par des policiers et des militaires à San Jose Del Monte, Bulacan, le 26 mai. Six mandats d’arrêt différents visaient Rosita Solayao Taboy. En outre, quatre combattants de la NPA, deux hommes et deux femmes, ont été tué à Catarman, dans le nord de Samar, le 28 mai.

 

La manifestation organisée samedi à Rennes contre Macron, Darmanin et le fascisme a été attaquée dès son départ par les forces de l’ordre qui ont tiré des gaz lacrymogènes sur le cortège place de Bretagne. Les manifestants se sont alors dirigés vers la place de la République. La préfecture avait interdit la manifestation et déployé un important dispositif pour barrer la route du centre-ville aux manifestants. Il y a eu quatre arrestations.

Les lutteurs et les lutteuses mènent une grève et des manifestation pour obtenir la démission et l’arrestation de Brij Bhushan Sharan Singh, député du BJP (parti de la droite indouiste au pouvoir) et chef de la Fédération indienne de lutte, qui a été accusé de harcèlement sexuel par sept lutteuses, dont une mineure. Cette mobilisation ont obtenu le soutien d’organisations de tout le pays, représentant des milieux et des domaines divers, tant le problème des harcèlements et agressions des femmes est profond en Inde. Les manifestations en cours ont ont également attiré l’attention sur le traitement des athlètes et la nécessité de protéger leurs droits et leur bien-être.

Dimanche 28 mai, à leur 36e jour de lutte, ils ont débordés les dispositifs policiers organisé devant le nouveau bâtiment du parlement que le premier ministre Modi inaugurait (photo de gauche). Des renforts de police ont été nécessaire pour les repousser. Il y a eu plusieurs arrestations, y compris plusieurs champions et championnes de lutte extrêmement populaires dans le pays (photo de droite).

Dossier(s): Inde-Népal Tags:

Leyla Sorxwîn, une commandante des Unités des femmes libres (YJA Star), les unités militaires féminines du PKK, a été tuée dans combat contre l’armée turque au Kurdistan iranien, dans la région frontalière de Besta. Les affrontements ont duré deux jours suite à une vaste opération militaire dans la province de Şırnak. Sept autres combattantes des YJA Star ont été tuées dans ces combats.

Leyla Sorxwîn est le nom de guerre d’Hamiyet Yalçınkaya, elle était née à Amed (Dyarbakir). Elle a rejoint le PKK en 1993 et a participé activement à la mobilisation des femmes kurdes et à la mise en place dune force de guérilla féminine autonome dans presque toutes les régions du Kurdistan. Elle a appartenu au comité central du PKK et était membre du quartier général central des YJA Star et du commandement des Forces de défense du peuple (HPG), les forces armées du PKK. Fin 2017, Leyla Sorxwîn est retournée à Besta pour restructurer la guérilla régionale. Le décès est survenu les 22 et 23 janvier (le retard dans cette annonce est usuel pour empêcher que les informations servent la contre-guérilla).