Le calme est provisoirement revenu samedi à l’aube dans les rues du quartier central de Schanzenvierte, après deux jours d’affrontements. C’est de là que les affrontements entre les manifestants et les policiers ont été les plus violents. La police a bloqué l’accès de la rue Schulterblatt, où se situe le Rote Flora, centre de la scène révolutionnaire de la ville. Le bilan est actuellement de 197 policiers blessés. Dix-neuf personnes ont été placées en garde à vue et plusieurs dizaines d’autres ont été interpellées. Des voitures ont été incendiées et de nombreux autres feux ont été allumés par les manifestants, produisant une épaisse fumée noire. Dans la banlieue de Hambourg, la police a dispersé un rassemblement de 200 militants masqués où elle a interpellé 59 personnes. Quatorze d’entre elles ont été hospitalisées. Les forces spéciales lourdement armées et leurs blindés ont été déployées dans la ville en appui des 15.000 policiers, 3000 véhicules de police, près de 200 chiens d’intervention et onze hélicoptères déjà à l’oeuvre.

Ce samedi, 100 000 personnes sont attendues dans les rues de la ville portuaire pour de nouvelles manifestation contre le sommet.


Les forces spéciales, pistolets-mitrailleurs au point, dans les rues de Hambourg hier
Lors des affrontements d'hier vendredi

Des affrontements ont éclaté la nuit de jeudi à vendredi et ce vendredi matin à Hambourg, lors du contre-sommet du G20. Le dispositif policier a été mis à mal et la police locale demandé des renforts des autres forces de police. Pourtant, quelque vingt mille policiers venus de toute l’Allemagne avaient déjà été déployés dans la grande cité portuaire à l’occasion du sommet. Le bilan des affrontements de la nuit de jeudi à vendredi est de cent onze blessés parmi les forces de l’ordre. Vingt-neuf personnes ont été interpellées et quinze placées en garde à vue.

Les manifestations ont repris vers 7h du matin, avec pour objectif de perturber l’ouverture officielle du sommet des plus grands pays industrialisés et émergents en bloquant l’arrivée des délégations. L’épouse du président américain, Melania Trump, était bloquée dans sa résidence en raison des nombreuses manifestations. Des manifestants ont incendié aux cocktails Molotov plusieurs patrouilleuses dans le quartier d’Altona, à proximité d’un commissariat. Un tribunal local a également été attaqué.

Sur cette vidéo, les premiers incidents d’hier

Les affrontements de ce matin à Hambourg

Dans les bureaux de la SNCF de l’est de la France, une note interne concernant la « sureté » est apparue. Elle demande aux agents SNCF de signaler (entre autres) les « comportements qui laissent à supposer un comportement militant porté à l’extrême (personne appartenant au mouvement zadiste venant de Notre Dame des Landes mais également des Alpes) », spécialement dans les trains à destination de la Belgique, de l’Allemagne et de la Suisse. Le document a été révélé par le syndicat Sud Rail qui dénonce que les demandes de flicage sont de plus en plus nombreuses, notamment contre les migrants.

Le document peut être consulté ici.

Les agents SNCF priés de signaler les

Hier dimanche aux alentours de 23h, des centaines de policiers anti-émeute ont attaqué le camp des activistes contre le G20, à trois jours du début du (contre-)sommet. Plusieurs personnes ont été blessées, quelques-une arrêtées et une est à l’hôpital. L’expulsion est tout à fait illégale, le camp avait peu avant gagné le droit de rester là où il était, après un bras de fer judiciaire de plusieurs semaines. Un ultimatum a été lancé, si le camp n’est pas réouvert, les activistes camperont dans les (nombreux) espaces verts que compte la ville d’Hambourg.

MàJ 13.51: Malgré la confusion générale il semble que le camp n’a pas été totalement évacué, des tentes collectives subsistent et des personnes ont pu y dormir la nuit dernière.

Le G20 aura lieu les 7 et 8 juillet. Les grandes manifestations sont prévues dès le 6 juillet mais la semaine d’action commençait le 2 juillet.

Les espaces verts sont en rouge.

200 policiers antiémeute ont volé le canon à eau des antifas, un véhicule « ancêtre » hérité de fans de l’équipe de foot antifasciste Sankt Pauli. Le camion servait régulièrement à mettre de la musique en manifestation et figurait dans plusieurs clips vidéos. La police a prétendu que le canon n’avait pas de permis mais l’avocat du propriétaire a démenti en précisant qu’il y avait un permis d’utilisation et de parking.

Concernant l’information d’hier (la murge générale des policiers berlinois), il apparaît aujourd’hui que la « bagarre générale » évoquée a en fait eu lieu entre la police antiémeute berlinoise et la police antiémeute de Wuppertal. Ces derniers étaient énervés d’avoir été privés de sommeil par les premiers.

L'autopompe antifa

Alors que des milliers de manifestants se préparent à 3 journées d’actions et de manifestation contre le G20, des milliers de policiers anti-émeute allemands sont amenés des quatre coins du pays pour les en empêcher. Les policiers sont logés dans un camp de conteneurs (qui servait auparavant à loger des réfugiés). Trois divisions (les 14e, 15e et 32e divisions) de la police anti-émeute allemande -soit plus de 220 agents- ont créé le malaise après une soirée très arrosée dans l’un de ses camps. Parmi les détails du scandale : un couple de policiers ayant un rapport sexuel en plein public, un de leurs collègues dansant sur une table équipé uniquement d’un peignoir et d’un fusil, des dizaines d’autres urinant sur les clôtures du camp, une sono installée sur les toits des conteneurs, les bières et chichas, une bagarre générale contre une autre division et la fête qui s’est terminée vers 6h30 du matin. Le porte-parole de la police de Berlin a qualifié les faits de « gênants » alors que des policiers hambourgeois disaient avoir « perdu confiance en la police berlinoise ».

La police berlinoise

Dans la nuit du 12 juin, deux voitures de policiers en civil, garées sur un parking sécurisé « Weserkurier » à Woltmershausen, ont été incendiées. Ce parking clôturé et surveillé est utilisé par les policiers de Brême et d’Oldenbourg. L’action a été menée à l’approche du sommet du G20: « En vue des affrontements à Hambourg, notre objectif est de les pousser au-delà de leurs limites et de les frapper à quelques endroits. Leur surmenage nous donne un peu plus de liberté pour lutter ».

Une précédente attaque contre la police à Brême

La police a brutalement attaqué la manifestation contre l’interdiction de 33 symboles liés aux YPG et aux YPJ en Allemagne, incluant un certain nombre de symboles, logos, drapeaux. Les manifestants ont été attaqués avec du gaz lacrymo et des coups de matraques, cinq ont été blessés dont un gravement. Sept autres ont été arrêtés. Malgré l’attaque, les manifestants ont continué à brandir les drapeaux désormais interdits des YPG, des YPJ et du PYD (le parti dont les deux précédents sont les milices d’auto-défense). Le drapeau représentant le visage d’Abdullah Öcalan sur un fond vert et/ou jaune ainsi que le drapeau du Rojava (voir photo) sont également concernés par l’interdiction. Ces 33 symboles viennent s’ajouter aux nombreux autres symboles de la résistance kurde et turque déjà interdits en Allemagne.

Egalement hier à Berlin, 1.400 manifestants antifas ont tenté de bloquer une manifestation fasciste. Ils ont eux aussi été attaqués par la police.

Le drapeau du Rojava ensanglanté à Berlin

Depuis quelques semaines, le BKA utilise une méthode mise au point en Suisse pour mieux détecter les djihadistes potentiels. Sur la base d’une série de questions, auxquelles la police peut répondre avec les informations dont elle dispose, le système nommé RADAR-iTE évalue le risque qu’un suspect commette un attentat. Cette méthode d’analyse a été développée sous la direction du responsable suppléant du service psychiatrique et psychologique à l’Office d’exécution des peines du canton de Zurich et professeur à l’Université de Constance. Le système de filtrage est élaboré de telle sorte que les catégories de risque «supérieur à la moyenne» et «élevé» représentent un nombre de personnes suffisamment restreint pour que des investigations plus poussées puissent être menées sur chacune d’entre elles. Ce filtrage permet à la police, qui croule sous la masse d’informations, de travailler de manière plus ciblée.

A l’inverse des système américains, le facteur déterminant de ce système ‘est pas le lien avec l’extrémisme politique ou la religion, mais la relation de l’individu avec la violence. Le système d’analyse va ainsi d’abord prendre en compte les indices de propension à la violence: les éventuels délits violents déjà commis, le fait qu’une personne a été confrontée à la violence dans son enfance ou durant une guerre, des pulsions sadiques ou la fascination pour les armes. Si l’un de ces critères est rempli, il ne suffira alors que d’une légère affinité avec l’extrémisme religieux pour que le système catégorise une personne comme dangereuse.

Le siège du BKA à Wiesbaden

Le 7 juin, la juge a rendu le verdict dans l’affaire contre deux anarchistes accusés d’avoir braqué une agence de la PaxBank à Aachen en novembre 2014 (voir notre dernier article). Une anarchiste qui avait été extradée de Catalogne a été condamnée à sept ans et demi de prison. Son co-inculpé a été acquitté. Le matin, une route d’accès à Barcelone avait été barrées par des pneus enflammés. A midi, la Chambre de Commerce allemande a été taguée et le soir même du 7 juin, une manifestation de dénonciation de la condamnation a eu lieu dans le quartier de Gracia. Le collège des économistes de Catalogne, a été attaqué lors de cette manifestation, ainsi que plusieurs agences bancaires et immobilières.

L'affiche de la mobilisation solidaire à Barcelone