Des dizaines de milliers de personnes, essentiellement membres des communautés kurdes et alaouites, se sont rassemblées dans la ville allemande de Cologne pour protester contre la politique du président Erdogan et la complicité de l’Union Européenne. Le rassemblement organisé non loin du centre-ville était initialement organisé par l’Association Alaouite européenne, mais il a plus tard été rejoint par la communauté kurde qui avait appelé à sa propre manifestation à Dusseldorf, puis décidé de rallier les Alaouites à Cologne.

Lors de la manifestation, un Kurde a tenté d’allumer un engin pyrotechnique. Lorsque les policiers ont voulu l’interpeller, environ 120 Kurdes ont repoussé la police en lançant des bouteilles et des pierres. Un autre groupe de manifestants a essayé de se joindre à la bagarre. La police a utilisé des matraques et du gaz au poivre pour disperser la foule. L’homme a finalement été embarqué par la police et a été placé en garde à vue.

La manifestation de Cologne

La solidarité avec les anarchistes accusés d’attaques de banques à Aix-la-Chapelle se poursuit. La nuit du 27 octobre sur la Max-Weber-Platz à Munich, trois agences bancaires (l’Hypovereinsbank, la Targobank et la Deutsche Bank) ont eu leurs vitres brisées et badigeonnées. Plusieurs automates bancaires ont été incendiés à Berlin lors des nuits des 4 et 7 novembre. Dans la nuit du 3 au 4 novembre, à Toulouse, les trois véhicules garés sur le parking de l’entreprise Eiffage, qui construit des prisons, ont été incendiés.

banderole à Münich: « Solidarité avec les anarchistes accusées de braquage de banque à Aachen! Nous n’en n’avons rien à foutre de vos catégories de coupables et d’innocents »

Des militants de l’Initiative de la Jeunesse Apoïste a mené une attaque contre les bureau de l’UETD (Union des Démocrates Européens et Turcs), à Grevenbroich (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), la semaine passée, en représailles à l’assassinat de deux combattantes des YJA-Star. Celles-ci ont été abattues par des militaires turcs (avec des armes vendues par l’Allemagne) après leur reddition.

Les bureaux visés après l'attaque

Le procès de l’anarchiste d’Amsterdam accusée d’un holp-up à Aix-la-Chapelle en 2013, commencera le 4 novembre. Il devrait durer cinq semaines et 9 audiences sont prévues les 4/11, 17/11, 21/11, 22/11, 1/12, 5/12, 8/12, 13/12. Le mouvement de solidarité avec les anarchistes accusés d’attaques de banque à Aix continue à se développer.

C’est dans le cadre de ce mouvement qu’une antenne-relais de téléphonie mobile (Base, Proximus, Mobistar) située à l’extérieur d’un château d’eau à Vilvorde a été incendiée le mois passé. Les installations de Mobistar et Base touchées par le feu ont subi des dégâts considérables. Les appels, les sms et la navigation mobile dans le nord de Bruxelles ont été perturbées. Le réseau 3G de Mobistar avait cessé de fonctionner à Vilvorde, Neder-Over-Hembeek et Haren.

Le chateau d'eau de Vilvorde et ses relais gsm

Trois véhicules de police ont été incendiés à Dresde samedi soir, alors que la ville accueillait la Fête de l’unité allemande, à l’occasion du 26e anniversaire de la réunification allemande. Les véhicules ont été tellement endommagés qu’ils ne peuvent plus être utilisés. Les dommages sont estimés à des dizaines de milliers d’euros. La police a appréhendé un homme qui aurait tagué « Dresde déteste la police » non loin des véhicules incendiés, et cherche à établir un lien entre les incidents. 2.600 policiers étaient déployés à Dresde pour la Journée de l’unité allemande.

Deux des trois véhicules incendiés à Dresde

Notre article d’hier indiquait par erreur que l’anarchiste extradée des Pays-Bas vers l’Allemagne était inculpée pour l’attaque de la Pax Bank à Aix-la-Chapelle en 2013. Elle est en fait soupçonnée de participation à un hold-up d’une filiale de la Aachener Bank, toujours à Aix-la-Chapelle et toujours en 2013. Elle n’est pas inculpée pour l’affaire du hold-up de la Pax Bank. Pour celle-là, deux autres anarchistes (tous les deux arrêtés à Barcelone et extradés en Allemagne) sont soupçonnés.

Banderole solidaire

Le 1er septembre, le procès pour l’extradition d’une anarchiste accusée du braquage de la Pax Bank erratum: de l’Aachener Bank] à Aachen en 2013 ([voir notre article) a eu lieu à Amsterdam, à huit clos (voir notre article). Le jugement a été prononcé jeudi 15 aux alentours de 12h30: la demande d’extradition de l’Allemagne a été acceptée. L’anarchiste a été immédiatement emmenée. La salle du tribunal était pleine de personnes solidaires. Les initiatives solidaires n’ont pas cessé, c’est ainsi que le 31 août, l’agence d’Erfurt de la Pax Bank a été attaquée à la masse et au goudron: il y a pour 35.000 euros de dégâts. Le premier septembre, des automates bancaires ont été sabotés à Hambourg.

Affiche solidaire aux Pays-Bas

Six jeunes antifascistes se retrouveront demain sur le banc des accusés à Leipzig à la suite d’une enquête de l’Operative Abwehrzentrum (service central pour les enquêtes visant les délits à caractère « extrémiste ») et de la Staatsschutz (protection d’Etat). Les 14, 16, 23 et 30 septembre auront lieu les audiences au tribunal toute la journée. Il leur est reproché d’avoir incendié un combi de police, d’avoir attaqué un commissariat de police et d’avoir détruit du matériel policier important en août 2015.

Le combi incendié à Leipzig

Sept véhicules de police (quasiment l’ensemble du parc automobile de la police fédérale à Magdebourg) et onze véhicules de la Deutsche Banh (les chemins de fer allemands) stationnés à la gare centrale de Magdebourg ont été détruit le feu dans la nuit de mercredi à jeudi 8 septembre. Les dégâts sont estimés à 750.000 euros. Le communiqué de groupes autonomes dénonce la campagne de recrutement prévue les jours suivant par la police du Land Saxe-Anhalt (jusqu’à 700 nouveaux policiers doivent être embauchés). Le communiqué rappelle la complicité de la BD avec les nazis, ses transports du train CASTOR au service de l’industrie nucléaire, et ses transports pour la Bundeswehr [l’armée allemande]. Le communiqué rappelle enfin la propagande hostile de la DB envers les syndicats contre la grève des cheminots de l’année dernière.

Véhicules de police incendiés à Magdebourg

En Allemagne, les révélations d’Edward Snowden sur les activités de surveillance de la NSA ont notamment déclenché une enquête du commissaire fédéral pour la protection des données (BfDI). Il a pu se rendre dans l’une des installations conjointes de la NSA et du Service fédéral de renseignement (BND), à Bad Aibling, dans le sud du pays. Il en a tiré une analyse juridique, classifiée, que s’est procurée le site allemand spécialisé Netzpolitik. Le commissaire a dénombré 18 violations sévères de la loi, et a adressé 12 plaintes formelles liées à ces manquements.

Le BND a créé et utilisé au moins sept bases de données sans aucun fondement légal. Ces bases, écrit-il, doivent être détruites immédiatement. Parmi celles-ci figure XKeyscore, l’outil qui permet aux services américains et à leurs plus proches alliés de chercher dans la masse de trafic internet intercepté. Cet outil permet de scanner l’intégralité du trafic internet dans le monde, à la fois les métadonnées [qui communique avec qui, quand et combien de temps] et le contenu. Le BfDI reproche aussi au BND d’avoir procédé à la collecte de données sur des personnes « irréprochables », estimant que pour chaque cible visée par les services, des données sur 15 personnes innocentes étaient collectées. Lorsqu’il a voulu consulter plus en détail les métadonnées interceptées, le commissaire s’est heurté à un problème très matériel : il y en avait trop pour que le système informatique du BND puisse les afficher, même en réduisant aux données interceptées sur une seule journée. Et pour cause : le BND stocke l’intégralité des métadonnées qu’il intercepte.

Le BND a également failli à son obligation de filtrer les données des citoyens allemands avant de les transférer à son partenaire, la NSA, explique le BfDI. En effet, le système de filtre souffre de défaillances importantes et systémiques. Enfin, le commissaire indique dans son rapport que le BND a entravé son inspection, notamment en ne le laissant pas accéder à tous les bâtiments où ce dernier collabore avec la NSA ou encore en supprimant des données en amont de la visite d’inspection. Selon Netzpolitik, le gouvernement allemand s’apprête à faire voter une loi qui rendrait légaux une grande partie des faits reprochés au BND.

Les installations du BND à Bad Aibling