Deux personnes ont été arrêtées lundi après que quelques centaines de manifestants fascistes de Reclaim Australia et antifascistes de la Campaign Against Racism and Fascism se soient affrontés à l’occasion d’un meetings du publiciste britannique ultra-réactionnaire Milo Yiannopoulos. La police anti-émeute est intervenue, a utilisé des gaz et cinq policiers ont été légèrement blessés dont un par un jet de pierre. Les conférences de Yiannopoulos sont souvent l’occasion de contre-manifestations antifascistes et antiracistes (voir notre article sur les incidents provoqués par sa venue à Berkeley[->]).

Affrontement à Melbourne

Affrontement à Melbourne

L’Australie compte obliger les groupes comme Facebook ou WhatsApp à donner à la police, dans le cadre d’enquêtes criminelles et terroristes, les messages cryptés de suspects, selon un projet de loi dévoilé ce vendredi. WhatsApp, détenu par Facebook, et Skype, qui utilisent le cryptage de données pour garantir à leurs utilisateurs la confidentialité des échanges, refusent de se plier aux lois qui imposent dans certains pays aux opérateurs traditionnels de télécommunication (fournisseurs d’accès à internet, opérateurs mobiles et fixe) de fournir leurs données aux gouvernements qui le leur demandent.

En Australie, les services d’enquête peuvent actuellement adresser des réquisitions aux opérateurs mobiles. Le projet de loi donnerait aux autorités australiennes des pouvoirs coercitifs pour contraindre « en dernier ressort » les entreprises si elles ne coopèrent pas volontairement. Facebook a rétorqué qu’il disposait déjà d’un mécanisme d’aide aux enquêteurs australiens. Des messageries comme Signal sont au-delà de ce débat puisque les protocoles de cryptages sont tels que Signal elle-même ne peut décrypter les messages qu’elle véhicule.

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Pour contrôler les voyageurs internationaux à la douane des aéroports, le gouvernement australien mise sur un système automatique de bornes automatisées identifiant les passagers grâce à la reconnaissance faciale, oculaire et/ou avec leurs empreintes digitales. L’Australie compte traiter 90% du flux d’arrivées dans ses aéroports internationaux par ce biais d’ici 2020, sans la moindre interaction humaine. Ce système sans contact — entièrement dénué de documents officiels comme de douaniers — entraînerait aussi la disparition des SmartGates, les bornes électroniques installées dans certains aéroports, comme Bruxelles, qui permettent de scanner son passeport.

Le programme, en développement depuis 2015, bénéficie d’un budget de 100 millions de dollars sur cinq ans. La première phase de test doit être conduite en juillet à l’aéroport de Canberra qui assure uniquement les liaisons avec Singapour et Wellington. Les aéroports plus importants comme Sydney et Melbourne, devront attendre le mois de novembre, le déploiement complet de la technologie étant prévu pour mars 2019. En 2015, l’Australie et la Nouvelle-Zélande avaient déjà réalisé un test de « passeport dématérialisé » pour les vols entre les deux pays (voir notre article).

L’aéroport de Canberra, choisi pour le test

L'aéroport de Canberra, choisi pour le test

Alors qu’un vaste débat a lieu autour du choix de la date de la fête nationale de l’Australie (le début de la colonisation britannique), des milliers de personnes ont défilé à travers à Sydney, de Redfern jusqu’à Victoria Park, pour dénoncer la spoliation et le massacre des peuples aborigènes. Les manifestants scandaient « il n’y a pas de fierté dans le génocide » et a appelé pour que le 26 janvier soit un jour de deuil national, et pas de fête. Il y a eu quelques affrontements isolés: un policier a été légèrement blessé et une manifestant de 20 a été arrêté pour violence sur policier et pour dégradation. il a été remis en liberté mais devra comparaître au tribunal.

La manifestation d’hier, à Sidney

La manifestation d'hier, à Sidney

Environ 300 militants ont se sont affrontés à la police et aux agents de la sécurité du campus en dehors d’une réunion du conseil de l’Université de Sydney. Ils protestaient contre la fermeture annoncée d’une école d’art. Après avoir tenté d’entrer dans la salle de réunion, les manifestants ont défilé dans le campus et envahi le bureau de sécurité de l’université.

La manifestation à l’université de Sidney

La manifestation à l'université de Sidney

L’Australie et la Nouvelle-Zélande ont décidé de se livrer à un essai de passeport dématérialisé, suite à une proposition faite dans le cadre d’un hackathon appelé Ideas Challenge, organisé par l’Australian Department of Foreign Affairs and Trade (DFAT). Sur 392 idées, c’est celle-ci qui a été retenue. Le « Passeport Cloud » remplacerait le passeport traditionnel par des contrôles biométriques, qui permettront de relier l’individu à un fichier sur lequel serait centralisées les données du passeport. Si l’expérimentation fonctionne, le principe pourrait ensuite être généralisé à l’ensemble du globe, à condition que les États se mettent d’accord sur des protocoles communs.

Contrôle des frontières en Australie

Contrôle des frontières en Australie

Le mouvement ‘Reclaim Australia’ qui réunit libéraux et néo-nazis lors de marches contre l’islam à travers l’Australie a été largement défendu par la police à Melbourne et à Sidney ces dernières semaines. Des centaines d’antifascistes ont contre-manifesté à chaque apparition de l’extrême-droite. La police a arrêté plusieurs antifas, tabassé d’autres, alors que des affrontements avaient lieux entre des boneheads tatoués de croix-gamées et des manifestants antifascistes. Plus récemment, la police de Victoria a été critiquée après que la photo d’un de ces agents tapant dans la main d’un manifestant d’extrême-droite ait fait le tour du web. La police a répondu que c’était « une action sortie de son contexte », malgré les félicitations du principal mouvement d’extrême-droite à l’initiative des rallyes.

L’action sortie de son contexte…

Reclaim Australia rally / CARF counter rally…. full report c…

A short music video of some of the more violent scenes at yesterdays rally in central Melbourne. Full report and interviews coming soon…. #Melbourne, #Australia, 18.07.15: Counter-demo against #ReclaimAustralia fascists. #antifa

Posted by The StreetWise Show on dimanche 19 juillet 2015

L'action sortie de son contexte...

Patty Mark, une militante de 66 ans a été arrêtée puis relâchée dans le cadre d’une enquête contre le mouvement « Animal Liberation Victoria » qu’elle a fondé. Cette enquête fait suite à des photos et vidéos publié par le mouvement après avoir visité une ‘ferme à poulets’ et montré les conditions d’élevage et d’hygiène de cette usine (les photos disponibles ici parlent d’elles-mêmes). La firme propriétaire de l’établissement, Coldstream, a porté plainte contre le mouvement pour intrusion. Ceux-ci s’en défendent en affirmant que l’usine n’a pas de porte et qu’il est donc impossible d’y entrer par effraction.

Patty Mark à l’intérieur de la ferme de poulets.

Patty Mark à l'intérieur de la ferme de poulets.

L’analyse des documents Snowden continue a apporter son lot d’information. Les services de renseignements des cinq pays de l’alliance « Five eyes » (Etats-Unis, Canada, Royaume-Uni, Nouvelle-Zélande, Australie) ont échafaudé un plan en 2011 et 2012 pour pirater la boutique d’applications de Google et Samsung et espionner les smartphones. L’objectif des « Five eyes » était de renforcer la surveillance des smartphones grâce à des logiciels espions implantés via l’Android Market, boutique d’applications de Google rebaptisée depuis Google Play et utilisée par les téléphones de Samsung. Il prévoyait de pirater les connections à la boutique d’applications, d’implanter des logiciels malveillants afin de récolter des données dans les smartphones. Les agences voulaient également envoyer des informations erronées à des personnes d’intérêt.

Les agences s’inquiétaient de la possibilité d’un « autre Printemps arabe », et de la contagion des mouvements populaires. Elles s’intéressaient surtout à l’Afrique, en particulier le Sénégal, le Soudan et le Congo mais elles visaient également les boutiques d’application de la France, de Cuba, du Maroc, de la Suisse, des Bahamas, des Pays Bas et de la Russie. Des failles avaient été trouvées dans le moteur de recherche UC Browser, une application du géant chinois Alibaba populaire en Chine et en Inde qui a été installée par 500 millions de personnes.

Edward Snowden

Edward Snowden

Depuis plus d’une semaine, plusieurs centaines de demandeurs d’asile de l’île de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée observaient une grève de la faim, certains allant même jusqu’à s’automutiler. Les forces de l’ordre australiennes sont entrées lundi soir dans le camp, où des détenus s’étaient barricadés la veille. Bilan de l’intervention : 58 arrestations et plusieurs blessés parmi les migrants, dont certains auraient été placés en cellule d’isolement. Plusieurs centaines de personnes refusent toujours de s’alimenter.

L’Australie envoie systématiquement tous les clandestins qui tentent d’atteindre ses côtes par la mer dans des camps « offshore », notamment en Papouasie, construits sur le sol d’anciennes bases australiennes et gérées par des organismes australiens. Les migrants du camp de Manus, venus principalement d’Irak, d’Iran et d’Afghanistan, veulent s’installer Australie, mais celle-ci leur oppose une loi impose qu’ils restent dans le pays « qui les a accueillis » (en fait, où la marine australienne les a débarqués): la Papouasie-Nouvelle-Guinée…

Papouasie/Australie: Répression au camp de Manus