Alors qu’un grand festival de solidarité avec le peuple syrien organisé par diverses organisations de la gauche turque doit se tenir le 13 mai prochain, les autorités ont mené une vaste opération à son encontre hier. La police a visé plusieurs domiciles et associations dans onze provinces. Au milieu de la nuit, à Okmeydani (province d’Istanbul), les unités anti-terroriste ont forcé les portes des locaux de la Fédération des associations de la jeunesse à l’aide d’un bélier avant de prendre les locaux d’assaut à coups de bombes lacrymogènes. Neuf étudiants ont été interpellés suite à cette attaque. Les policiers anti-terroristes ont entre autre également ciblé les bureaux d’un périodique et d’une organisation pour les droits du Hatay dans cette même province. La gauche radicale turque dénonce ces manœuvres orchestrées par le gouvernement AKP pour saboter le festival, dont la tête d’affiche n’est autre que le groupe Yorum, lui-même continuellement visé par la répression pour ses liens présumés avec des ‘groupes terroristes’ et son répertoire militant.

Le bilan total de ces opérations feraient état d’une centaine d’arrestations.

Faruk Ereren est un opposant politique turc de longue date et dirigeant du DHKP. En 1990, il est obligé de fuir la répression turque et de s’exiler en Allemagne, où il vit dans la clandestinité jusqu’à son arrestation en avril 2007 pour appartenance à une organisation terroriste. Il est immédiatement soumis à un isolement strict, et ce malgré son état de santé défaillant en raison des multiples séances de tortures qu’il a subi lorsqu’il était incarcéré en Turquie dans les années 90. Hier, après un procès long de 20 mois où il est accusé d’avoir commandité une action de guérilla urbaine menée dans le quartier de Kiziltoprak à Istanbul en 1993 dans laquelle deux policiers ont été tués, il a été condamné à une peine de prison à perpétuité par la cour régionale de Düsseldorf.

Jeudi, nous vous annoncions la décision prise par les autorités turques de procéder à l’exhumation d’une fosse commune suite à la lutte acharnée de Hüsnü Yildiz dont le frère, combattant d’une unité de propagande du DHKP-C a disparu depuis de longues années. Les fouilles ont commencé vendredi à trois endroits différents autour de la ville de Cemisgezek. Samedi matin, les restes de quinze corps, dont probablement celui d’Ali Yildiz, ont été exhumés. Les autorités vont maintenant procéder au prélèvement d’échantillons d’ADN pour les identifier. Hüsnü Yildiz devrait annoncer la fin de la grève de la faim qu’il menait depuis plus de septante jours ce dimanche.

Fouilles d’un charnier en Turquie

Fouilles d’un charnier en Turquie

Fouilles d'un charnier en Turquie
Fouilles d'un charnier en Turquie

Gulaferit Unsal, 42 ans, est un des membres fondateurs d’une organisation syndicale à Ankara où elle a été active jusqu’en 1992. Poursuivie par les autorités turques, et après avoir été emprisonnée avec son mari, elle demande l’asile politique en Allemagne en septembre 1999. Depuis une dizaine d’années, elle vit à Salonique. C’est là qu’elle a été arrêtée début juillet en compagnie d’un de ses compatriotes dans le cadre d’une opération de police antiterroriste sur base de renseignements faisant état de trafic d’armes. La police a indiqué avoir découvert de faux passeports et a saisi du matériel informatique. Gulaferit Unsal était visée par un MAE émis par Berlin, qui l’accuse de militer pour le DHKP-C, pour ‘participation à activité extrémiste’. Ce mercredi, la cour d’appel de Salonique a décidé de l’extradition de la présumée militante vers l’Allemagne. Son compatriote a quant à lui été acquitté et libéré.

Cela fait maintenant 56 jours que Hüsnü Yildiz poursuit sa grève de la faim à Dersim pour exiger que les autorités turques procèdent à l’ouverture d’une fosse commune où, selon diverses sources d’informations, serait enterré son frère Ali, combattant d’une unité de propagande du DHKP-C, ainsi que 18 autres guérilleros. Tous auraient été tués en avril 1997 par des tirs de tanks de l’armée gouvernementale. Depuis six mois, les autorités turques n’ont entrepris aucune démarche allant dans le sens d’une ouverture de la fosse, malgré le fait que l’état reconnaisse son existence car officiellement, les 19 hommes sont toujours ‘vivants’. Face à cette inertie, l’avocat de la famille Yildiz a recruté une équipe d’archéologues, d’anthropologues, d’avocats et de médecins légistes afin d’entamer les fouilles. Ils commenceront leur action le 20 août si d’ici là, les autorités n’ont toujours rien fait.

Ali Yildiz

Ali Yildiz

Un militant turc de 37 ans a été arrêté par la police de Cologne mercredi. Il est accusé d’être un membre depuis au moins au début de 2007 du DHKP-C, d’avoir levé des fonds pour l’organisation et distribué du matériel de propagande (le DHKP-C étant inscrit comme une organisation terroriste par l’Union Européenne, même cette dernière activité est passible de lourdes peines de prison).

La police grecque a annoncé l’arrestation vendredi à Salonique d’une dirigeante présumée du DHKP-C, recherchée par l’Allemagne pour « participation à activité terroriste », ainsi que d’un autre membre présumé du groupe. Selon la transcription phonétique de leurs noms donnés par une source policière, il s’agit de Gulsal Gulafarit, âgée de 42 ans, et d’Hussein Pekin, 50 ans, un demandeur d’asile.

La police a précisé dans un communiqué avoir découvert à leurs domiciles des faux passeports et saisi leur matériel informatique pour enquête. Ils doivent être déférés samedi devant un procureur de Salonique. Selon une source policière locale, la brigade a mené son opération dans la nuit, sur la base d’informations faisant état de trafic d’armes de la part des deux Turcs arrêtés.

En janvier dernier, des rumeurs relayées par la presse turque font état de la localisation d’une fosse commune près du village d’Akirek dans le district de Cemisgezek en province de Dersim (Kurdistan turc). Dans cette fosse commune se trouveraient les corps de 17 guérilleros du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) et de deux du DHKP-C. Les 19 combattants auraient été tués lors d’une opération de l’armée gouvernementale dans la vallée d’Alibogazi.

Des témoins de l’époque affirment qu’Ali Yildiz, combattant d’une unité de propagande armée du DHKP-C aurait perdu la vie dans une attaque de tanks survenue dans la région les 13 et 14 avril 1997. La famille d’Ali Yildiz a décidé de lutter pour la vérité et le droit à avoir une sépulture. Elle a déposé une requête auprès du Procureur de la république pour demander une enquête concernant cette fosse commune. Après quatre mois d’attente et devant l’inertie des autorités, la mère et le grand frère d’Ali ont entamé le 9 juin une grève de la faim dans la ville de Dersim.

Turquie: Lutte pour l’ouverture des fosses communes

Le 26 avril 2006, 25 haut-fonctionnaires, parmi lesquels Pascale Vandernacht, à l’époque chef de cabinet de la ministre de la justice Onkelinx, le procureur Johan Delmulle qui instruisait l’affaire DHKP-C et tout le gratin de l’anti-terrorisme, avec les représentants du ministère de l’intérieur et du cabinet du Premier ministre complotent pour faire arrêter aux Pays-Bas un citoyen belge, Bahar Kimyongür. Acquitté, Bahar a porté plainte. La suite de la procédure dépend des compléments d’enquête dont l’élément clé est le procès verbal de cette réunion du 26 avril, PV qui serait dans le coffre-fort au Sénat. Frappé du label « for your eyes only », les parlementaires peuvent le voir mais pas le copier.

Bahar s’explique sur toute l’affaire dans cette interview

Onze personnes ont été retenues dans une opération de police visant les membres d’un groupe hors-la-loi d’extrême-gauche mardi. Les forces du Ministère de l’Intérieur d’Ankara ont fait un raid sur plusieurs maisons tard mardi dans divers quartiers et banlieues de la capitale, et ont arrêté 11 personnes accusées d’être membres du DHKP-C. La police a saisi un grand nombre de CD et de documents. Les suspects sont accusés d’avoir fait la propagande du DHKP-C le 8 mars, (Journée de Femme), le 21 mars (Nevroz) et le 1 mai.

Ces arrestations à Ankara surviennent après la rafle du 13 mai à Istanbul. Une manifestation a eu lieu devant le palais de justice d’Istanbul (photo) pour exiger la libération des militants emprisonnés.

Turquie: Encore une opération anti-DHKP-C