Les structures du Front Populaire (Halk Cephesi)ont été la cible le 3 juin d’une vaste opération policière anti-DHKP-C. Des perquisitions ont été effectuées dans plusieurs quartiers d’Istanbul (à Sultangazi, Küçükçekmece, Başakşehir, Bağcılar, Bahçelievler, Esenyurt, Ataşehir et Bakırköy), visant notamment le bureau du journal Yürüyüş (La Marche). Au moins 10 personnes ont été placées en détention par le Bureau Anti-terroriste de la police d’Istanbul. Les noms de quatre détenus sont connus : Selda Karataş, Kemal Delen, Ali Kanat et Erdi Şimşek.

Les locaux du journal Yürüyüş avaient déjà été la cible d’une violente opération policière en décembre 2010 (voir l’article)

Les locaux du journal Yürüyüş après l’opération policière

Les locaux du journal Yürüyüş après l'opération policière

Sıla Abalay, 16 ans, a été arrêtée le 1er avril lors des perquisitions qui ont fait suite à la séquestration du procureur par le DHKP-C. Depuis le 2 avril -cela fait 4 jours ce 17 mai- elle est en grève de la faim pour réclamer le statut de prisonnière politique et pour être retirée du régime d’isolement. Elle sera convoquée devant le juge et le procureur ce 22 mai à 13h au tribunal Çağlayan d’Istanbul. Elle fait face à des accusations d’appartenance à un groupe terroriste et de participations à des actions illégales.

Sıla Abalay

Sıla Abalay

Suite à l’action du DHKP-C contre le procureur Kiraz, pris en otage au palais de justice de Çağlayan, la police avait mené une vaste opération au cours de laquelle, le 1er avril, Sıla Abalay, 16 ans, a été arrêtée pour appartenance à une organisation illégale et placée en détention à la prison des femmes et des enfants de Bakırköy. Abalay a commencé une grève de la faim pour être détenues avec les prisonniers politiques. Elle en est aujourd’hui à son 37e jour de grève de la faim.

Sıla Abalay

Bilgehan Karpat a été arrêté en février 2014 à Athènes avec trois autres militants turcs suites à une opération conjointe des services de renseignements grecs et turcs. Ils sont principalement accusés d’être membres du DHKP-C et d’avoir tenté de mettre sur pied une cellule de ce parti en Grèce. Ils sont détenus dans 4 prisons différentes malgré de régulières demandes de rassemblement afin de faciliter les contacts avec leurs avocats et de préparer leur défense.

Il y a 4 jours, Bilgehan a été transféré de la prison de Nafplio après avoir refusé plusieurs fois les fouilles à nu. Ces proches et son avocat sont restés sans aucunes nouvelles durant 3 jours jusqu’à ce qu’il soit finalement autorisé à passer un bref coup de téléphone à son avocat. Il est à présent détenu à Corfou dans une cellule d’isolation sans toilettes. Les matons lui ont dit qu’il resterait en prison « pour toujours » tant qu’il refusera les fouilles à nu. En plus de cette isolation totale, Bilgehan ne parle que le turc (ni grec, ni anglais), ce qui renforce son isolement. On ne sait toujours pas ce qui s’est passé durant les 3 jours sans nouvelles.

Bilgehan Karpat

Bilgehan Karpat

Unal Erdel, un homme d’origine turque, ayant la citoyenneté autrichienne, étant marié à une femme autrichienne, et vivant en Autriche a été arrêté à la sortie de son hôtel à Mestre, en Italie alors qu’il y passait des vacances en famille. Un mandat d’arrêt international avait été délivré contre lui par la Turquie. Il est accusé d’être un ‘recruteur’ du DHKP-C, le Parti-Front pour la Libération du Peuple. Il risque à présent d’être extradé vers la Turquie.

La police de Mestre.

La police de Mestre.

Les autorités turques ont ordonné le blocage des principaux réseaux sociaux -Twitter, Facebook et Youtube- pour stopper la diffusion de la photo de la prise d’otage du procureur par le DHKP-C d’il y a quelques jours. Le jour même, des émeutes avaient éclatés dans de nombreux quartiers d’Istanbul et d’Ankara pour soutenir l’action des guérilleros du ‘Parti-Front pour la Libération du Peuple’. Dés le lendemain, l’état turc avait attaqué plusieurs journaux en justice pour ne pas avoir respecté le black-out médiatique imposé sur cette affaire.

La photo du procureur qui a fait le tour d’internet.

La photo du procureur qui a fait le tour d'internet.

Une fusillade a éclaté mercredi 1er avril devant le quartier général de la police à Istanbul. L’une des deux assaillants(qui portait une bombe) a été tuée lorsque les policiers ont riposté. L’autre assaillant, blessé, a réussi à prendre la fuite. Un officier a été légèrement touché lors des échanges de tirs. L’action est généralement attribuée au DHKP-C, qui a renvendiqué l’attaque de la vaille au palais de justice.

Dans la nuit de mardi à mercredi, des échauffourées ont opposé des policiers et des manifestants dans deux quartiers de la ville, après la mort des militants du DHKP-C et du procureur. La police a procédé à plusieurs interpellations au cours de la journée de mercredi. Vingt-deux étudiants soupçonnés d’être proches du DHKP-C ont été arrêtés à Antalya, dans le sud du pays, cinq de ses membres présumés à Izmir (Ouest), où des documents et des munitions auraient été saisis, puis cinq autres à Eskisehir (Centre).


Turquie: Fusillade, manifestation, rafles

Le procureur turc Mehmet Selim Kiraz, grièvement blessé lors de l’opération de la police qui a mis fin mardi 31 mars au soir à sa séquestration dans un tribunal d’Istanbul, par des militants armés d’un groupe d’extrême gauche, est mort des suites de ses blessures. Les deux militants du DHKP-C, qui l’avaient retenu pendant plusieurs heures dans un tribunal d’Istanbul, ont été tués par la police. Le commando avait menacé de tuer le procureur si les policiers à l’origine de la mort de Berkin Elvan ne reconnaissaient pas leur responsabilité et que les policiers (dont aucun n’a pour l’heure été formellement mis en cause dans cette affaire) soient jugés par un tribunal populaire et que les personnes poursuivies pour leur participation à des manifestations de protestation contre la mort de l’adolescent soient acquittées.

C’est une ancienne prisonnière politique, membre du DHKP-C, qui a mené l’attaque suicide de mardi contre la police à Istanbul. Elif Sultan Kalsen s’est présentée aux policiers du commissariat de Sultanahmet, comme une touriste en affirmant, en anglais, avoir perdu son portefeuille. Jugeant son comportement louche, les agents ont ouvert le feu, blessant la jeune femme à la jambe avant qu’elle ne fasse exploser la charge explosive qu’elle dissimulait. Un policier est décédé, un autre a été plus légèrement atteint.

Dans un message publié sur son site internet, le DHKP-C a revendication l’action comme un acte de représailles contre le régime islamo-conservateur au pouvoir depuis 2002 en Turquie. L’attentat-suicide est intervenu au lendemain de la décision très controversée du Parlement turc de ne pas renvoyer devant la justice quatre ex-membres du gouvernement accusés de corruption dans le cadre du vaste scandale qui a ébranlé fin 2013 le régime du président Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre. Le communiqué du DHKP-C y fait mention, et mentionne aussi la mort d’un adolescent, Berkin Elvan, touché à la tête par des grenades lacrymogènes tirées par la police lors de la contestation anti-régime de l’été 2013.

Elif Sultan Kalsen

Elif Sultan Kalsen