La quatrième tentative a été la bonne pour la justice de l’État espagnol. Après s’être vue refuser trois demandes d’extradition introduites en 2004, 2005 et 2015, la Cour d’appel de Gand avait finalement accédé à la demande d’extradition de Natividad Jauregui, accusée d’avoir participé à des actions d’ETA dans les années 80, et installée de longue date en Belgique (voir notre article). Elle avait été emprisonnée mercredi et ce samedi 21 novembre elle a été extradée. Ses voisins et ses amis s’étaient rassemblés en solidarité devant la prison.

Deux membres du Mouvement pour l’amnistie et contre la répression (Movimiento pro Amnistía y contra la Represión ATA) ont été arrêtés ce lundi en Biscaye sur ordre de l’Audiencia Nacional. Au cours de l’opération, plusieurs domiciles ont été perquisitionnés. ATA a déclaré que, selon les proches des détenus, il s’agit de Valentina Morisolli, qui vit dans le quartier d’Usansolo, à Galdakao, et de Gaizka Astorkizaga, une ancienne prisonnière d’ETA, d’Ibarrangelu. Le Département de la sécurité du gouvernement basque a confirmé ces arrestations dans le cadre d’une opération menée sur ordre de l’Audiencia Nacional et dans laquelle l’Ertzaintza fait office de police judiciaire. Ils devraient être mis à la disposition de la justiceAudiencia Nacional dans les prochaines heures.

La Cour d’appel de Gand a accédé à la quatrième demande d’extradition de Natividad « Pepona » Jauregui. Natividad Jauregui est accusée d’avoir participé à des actions d’ETA dans les années 80. Trois demandes d’extradition avaient déjà été introduites en 2004, 2005 et 2015, mais sans succès (voir notre article). La Cour d’appel de Gand avait alors estimé que les droits fondamentaux de la présumée terroriste n’étaient pas garantis en Espagne. Natividad Jauregui avait d’abord trouvé refuge pendant 4 ans en France, puis 14 ans au Mexique, elle est arrivée en Belgique, à Gand, en 2003, où elle a ouvert un restaurant.

Devant le refus répété de la justice belge, la famille d’un policier abattu par ETA a saisi la Cour Européenne des droits de l’Homme. Le 9 juillet 2019, celle-ci condamnait la Belgique à indemniser la famille de la victime, considérant que les tribunaux belges n’avaient pas effectué un examen suffisant de l’existence ou non d’un risque de non-respect des droits fondamentaux de Natividad en cas d’extradition en Espagne (voir notre article). Cet arrêt a permis à la Cour d’appel de Gand d’aborder différemment une quatrième demande d’extradition. Elle vient donc de se prononcer en faveur de cette extradition. Elle rejette l’argument selon lequel Natividad Jauregui risquerait d’être soumise à des traitements inhumains ou dégradants en Espagne. Elle réfute aussi l’argument selon lequel le tribunal spécial chargé des faits de terrorisme serait un « tribunal d’exception qui violerait les droits de l’intéressée ». Elle rejette enfin la demande de l’intéressée de pouvoir purger sa peine en Belgique en cas de condamnation en Espagne. Les avocats de Natividad Jauregui ont l’intention de porter cette affaire devant la Cour de Cassation.

Natividad « Pepona » Jauregui

Le prisonnier de l’ETA, Igor González Sola, a été retrouvé mort dans sa cellule individuelle de la prison de Martutene à Saint-Sébastien vendredi 5 septembre. González Sola avait été condamné en 2005 à 20 ans pour les crimes de « collaboration avec une bande armée », « dépôt d’armes » et « falsification de documents officiels ». En novembre 2018, le Secrétariat général des établissements pénitentiaires a approuvé son transfert de la prison de Madrid II au pénitencier de Soria. En juillet dernier, il avait été transféré à la prison Martutene de Saint-Sébastien.

Igor González Sola, à droite, avec Carmelo Laucirica Orive, un autre membre d’ETA, lors de leur procès

Mardi 21 juillet, des agents de la police nationale ont arrêté Miren Itxaso Zaldua Iriberri, une militante de ETA portant le nom de guerre de Sahatsa, à Hernani (Gipuzkoa). Elle accusée d’avoir participé à l’exécution du président du Parti Populaire d’Aragon, Manuel Giménez Abad, menée le 6 Mai 2001 à Saragosse. L’arrestation intervient après que les experts de la lutte antiterroriste au sein de la police aient trouvé de nouveaux indices dans les documents de l’ETA saisis par la police française au cours de différentes perquisitions et livrés à l’Espagne en février 2018. Miren Itxaso Zaldua Iriberri aurait également été reconnue par un témoin durant l’opération. Arrêtée en 2005 à Lannemezan (France), elle avait déjà été condamnée à 17 ans de prison pour son appartenance à ETA. Elle avait ensuite été libérée en 2017 avant d’être expulsée vers l’Espagne.

Miren Itxaso Zaldua Iriberri

Miren Itxaso Zaldua Iriberri

Samedi 4 juillet, une manifestation de 900 personnes s’est tenue à Itxassou pour soutenir Mikel Barrios. Arrêté en 2017 en Allemagne puis remis en liberté sous contrôle judiciaire, Mikel Barrio était en procès pour appartenance à l’ETA. En juin 2020, il a été condamné à cinq ans de prison et dix ans d’interdiction du territoire français. Il est emprisonné à la prison de Mont-de-Marsan depuis le 29 juin. Plus d’infos ici.

Plus de 900 personnes pour soutenir Mikel Barrios à Itxassou

Mercredi 17 juin à 6H30, un militant de l’organisation révolutionnaire occitane Libertat a été arrêté par 6 gendarmes venus à son domicile. Placé en garde à vue à Pau, la justice lui reproche une publication Facebook à propos de l’organisation basque ETA. Celle-ci est qualifiée de « soutien au terrorisme ». Libertat a organisé un rassemblement le jour même devant la gendarmerie de Pau.

Des documents déclassifiés de la CIA confirment que Felipe González, président socialiste du gouvernement espagnol de 1982 à 1996 a approuvé la création des « Groupes antiterroristes de libération » (GAL). Il s’agissait d’un escadron de la mort constitué pour combattre ETA en dehors de tout cadre légal, essentiellement en assassinant des militants suspectés d’en faire partie. Le rapport déclassifié de la CIA indique que le gouvernement espagnol « semble déterminé à adopter une stratégie peu orthodoxe vis-à-vis de l’ETA ». Après une phrase censurée, l’agence écrit que « González a accepté la formation d’un groupe de mercenaires, contrôlé par l’armée, pour lutter contre les terroristes en dehors de la loi ». Après une autre phrase censurée, il a ajouté que « les mercenaires ne seraient pas nécessairement espagnols et auraient pour mission d’assassiner les dirigeants de ETA en Espagne et en France ». Plus d’infos ici.

Entre décembre 1983 et juillet 1987, une trentaine d’assassinats sont commis en France. La nouvelle coopération « antiterroriste » entre la France et l’Espagne, suivi d’une vague d’expulsions de militants basques réfugiés en France, va accélérer la disparition des GAL. Au cours des années suivantes, tout est fait pour éviter le grand déballage sur cette «guerre sale». De Bayonne à Bordeaux, la plupart des enquêtes judiciaires s’enlisent, quand elles ne sont pas directement freinées par le pouvoir politique. Les rares procès qui ont finalement lieu en France aboutissent uniquement à la condamnation de lampistes, malgré la mise au jour de complicités au sein de l’appareil policier français. «La raison d’Etat prime sur tout», justifie alors le procureur de Bayonne.

25 septembre 1985, quatre militants basques sont assassinés à l'hôtel Monbal, à Bayonne

Mercredi 10 juin, Patxi Ruiz a mis fin à la grève de la faim qu’il menait depuis 31 jours. Patxi Ruiz avait entamé une grève de la faim et de la soif (il avait accepter de boire à nouveau au bout de 12 jours) pour exiger son retour dans le module 8 de la prison de Murcia. Il avait, en effet, été transféré vers un autre module afin de le séparer d’autres prisonniers politiques par un gardien d’extrême-droite qui l’a menacé (voir notre article). Hospitalisé depuis le 21 mai, il devait être transféré au module 10 de la prison, mais cela n’a pas encore été confirmée.

Patxi Ruiz

Patxi Ruiz

La grève de la faim et de la soif de Patxi Ruiz continue pour exiger son retour dans le module 8 de la prison de Murcia. Il avait, en effet, été transféré vers un autre module afin de le séparer d’autres prisonniers politiques par un gardien d’extrême-droite qui l’a menacé (voir notre article). Les prisonniers se sont rassemblés à plusieurs reprises afin de dénoncer la réduction de leurs droits au prétexte de la crise sanitaire du Coronavirus. Patxi Ruiz a fait a été menacé de la part des fonctionnaires, le directeur et des responsables sécurité de la prison, pour avoir participé à l’une de ces manifestations. Le prisonnier basque a été accusé d’être le « meneur » de cette mobilisation et s’est laissé entendre qu’il « en subirait les conséquences ». Patxi Ruiz est un ancien membre de ETA. Il purge une peine de trente ans de prison pour avoir exécuté, en 1998, un conseillé de l’UPN à la mairie de Pampelune.

Patxi Ruiz

Patxi Ruiz