Un chercheur de la KU Leuven a trouvé une faille très grave qui vise le protocole de protection de la très grande majorité des réseaux WiFi dans le monde, WPA2. Un attaquant peu ainsi pirater un appareil connecté à un WiFi (ordinateurs, smartphones, objets connectés) et facilement espionner ou injecter du contenu. D’autres protocoles protègent les données au-delà du WiFi, comme HTTPS par exemple. Mais, pour ce dernier exemple (d’autres existent), il est possible en injectant du contenu vers la cible de l’empêcher d’utiliser HTTPS et ainsi de dérober des données.

La première étape est de mettre à jour au plus vite les engins connectés:
Android: Les smartphones Android qui bénéficient des patchs de sécurité mensuels de Google (donc les roms AOSP, LineageOS, les smartphones Nexus et Pixel et d’autres) recevront le patch dans la mise à jour du 6 novembre prochain.
Apple: Tous les produits sous iOS, macOS, watchOS et tvOS (donc tous les produits Apple dont iphone, ipad, macbooks, etc.) recevront la mise à jour dans les prochains jours ou prochaines semaines, le patch est actuellement en phase de test béta.
Linux: Le patch pour Debian est déjà disponible, les distributions basées Debian (dont Ubuntu) à jour sont donc probablement protégées.
Microsoft: Le patch est publié depuis le 10 octobre, il suffit de lancer Windows Update. Si les mises à jour automatiques de Windows 10 sont activées vous êtes probablement déjà protégé.

De façon générale, une bonne technique de protection contre ce genre d’attaques et contre l’espionnage via WiFi est d’utiliser un VPN. Pour choisir un bon VPN, il faut éviter à tout prix d’en utiliser un gratuit, qui fera plus de mal que de bien. Un VPN généralement considéré comme sûr et coûtant 5€/mois pour 4 appareils protégés est Mullvad, qui est également simple d’utilisation, complètement anonyme et permet les paiements anonymes.

KRAck

KRAck

Des chercheurs de la KU Leuven ont découvert une énorme faille informatique dans le protocole de sécurité WiFi le plus utilisé au monde, WPA2. Ils ont commencé à publier leurs découvertes cet après-midi et ont baptisé la faille « KRAck » pour « Key Reinstallation Attacks ». La faille vise le protocole en lui-même et non une implémentation particulière, ce qui signifie que tous les engins capables de se connecter au WiFi (ordinateurs, smartphones, tablettes, télévisions, montres, bracelets, ampoules, cameras, box TV,… bref tout) sont à priori affectés par la faille, indépendamment de leur système d’exploitation. Et différence majeure avec de précédentes failles (comme heartbleed) : c’est le client (donc l’engin connecté, l’ordinateur,…) qui doit être sécurisé et non le serveur (donc le routeur, modem). La faille permet non seulement d’intercepter des données qui sont censées être sécurisées, mais également d’injecter du contenu et des malwares. Un attaquant pourrait donc forcer une cible à télécharger un virus plutôt qu’un logiciel anodin.

Des patchs de sécurité devraient être publiés prochainement, mais il est peu probables que la totalité des objets connectés soient sécurisés dans le futur proche, cette faille a donc un bel avenir devant elle.

Toutes les infos sur KRAck sont disponibles ici.

KRAck

Huit mois après la quatrième mise à jour du guide (qui avait elle-même été publiée deux ans après la troisième), le ‘Guide d’autodéfense numérique’ paraît dans sa cinquième édition. Selon ses auteurs « Ce Guide présente « l’absence d’intimité » du monde numérique et propose des méthodes pour ajuster ses pratiques quotidiennes en conséquence. L’évolution de ce monde ne semblant pas prête de s’arrêter, nous avons décidé de travailler sur une cinquième édition, adaptée aux dernières nouveautés. »

Cette cinquième édition contient toujours deux tomes (« hors connexions » et « en ligne »), mis à jour afin de prendre en considération les dernières révélations concernant l’état de la surveillance numérique ainsi que les dernières évolutions légales et techniques – notamment les nouvelles versions des systèmes Debian et Tails.

Le guide peut être consulté en ligne sur guide.boum.org ou commandé en version papier pour 15€ (487 pages, éditions Tahin).

Cinquième édition du ’Guide d’autodéfense numérique’

Cinquième édition du ’Guide d’autodéfense numérique’

La mise à jour mensuelle de Tails vient d’être publiée, il s’agit de la version 3.2. Il est recommandé à tous les utilisateurs de mettre à jour aussi vite que possible. Dans la liste des nouveautés (classées approximativement de la plus compréhensible à la plus nerd…)
– Comme chaque mois, plusieurs failles de sécurité ont été corrigées.
– Le problème qui empêchait d’importer une clé PGP privée a été réglé.
– Ajout du programme ‘Bookletimposer‘ qui permet d’imposer des documents PDF pour publication.
– Un stick USB de 8Go est à présent nécéssaire (contre 4Go auparavant). Les clés USB de 4Go peuvent toujours être mis à jour pour l’instant.
– Thunderbird passe en version 52.3.
– Gnome Screen Keyboard remplace Florence comme clavier virtuel. Florence présentait beaucoup de bugs et de problèmes.
– Le kernel Linux passe en version 4.12.12, avec support des cartes graphiques NVidia Maxwell (donc principalement les GTX 900 Series).
– L’application ‘Tails Installer’ détecte à présent une clé sur laquelle Tails est déjà installée et proposera automatiquement la fonction ‘Clone to Upgrade’ (Cloner pour mettre à jour) pour ceux qui font des mises à jour manuelles.
– Le Bluetooth est -au moins temporairement- désactivé pour empêcher l’attaque BlueBorne.
– Le support pour certains types de connexions internet filières (ethernet) a été ajouté. Il s’agit en particulier du propotocole PPPoE.
– Le port D-Bus de Pidgin a été bloqué afin d’empêcher d’autres applicatiions de modifier sa configuration.
– La ‘randomization’ des adresses ASLR a été augmentée au maximum pour empêcher l’exploitation de failles dûes à une corruption de la mémoire.

Tails

La société Taser (récemment renommée Axon) bien connue pour être le leader mondiale en pistolets électriques et en body-cams policières travaille actuellement sur un nouveau projet, toujours au service des forces de l’ordre. Le projet est appelé « Evidence.com » et vise à fournir une application visant à permettre à tout le monde de filmer et d’uploader des photos et vidéos dans le cadre d’enquêtes, principalement via l’usage d’une application pour smartphone. Les matériaux ainsi récoltés seront mis à disposition des forces de l’ordre (selon Axon, la plateforme ne concernera que des enquêtes précises, mais il y a fort à parier que cela ne restera pas le cas indéfiniment), mais nourrira également des bots qui affineront leur intelligence artificielle sur base de cette base de données, cela afin de renforcer le département AI d’Axon. Ce département vise selon ses propres mots à « automatiser le travail administratif et à anticiper l’activité criminelle ». Axon a déjà des contrats très juteux avec de nombreuses agences de maintien de l’ordre aux USA et ailleurs, il offrira le matériel informatique aux agences, mais celles-ci devront payer un abonnement mensuel pour utiliser ce que le PDG d’Axon appelle déjà « Dropbox for Cops ».

A l’annonce du projet Evidence.com, de nombreuses critiques ont visé Axon et le fait que des données légales seront aux mains d’une grosse boite privée. Axon s’en est défendu, précisant que les données ne seront pas hébergées sur les serveurs de la société même mais sur le service de cloud de Microsoft (Azure). L’ACLU (Union pour les Droits Civils Américaine) a également rappelé qu’elle maintenait depuis plusieurs années une application « Mobile Justice App » destinée à filmer les violences policières et à les uploader aussi vite que possible sur les serveurs de l’ACLU puisque les copwatchers sont en général rapidement mis hors d’état de filmer par la police.

Evidence.com

Evidence.com

Après la revendication d’une action incendiaire contre la gendarmerie à Grenoble (Voir notre article) publiée sur Indymedia Grenoble et reprise sur Indymedia Nantes, les équipes des deux sites ont reçu un courrier de l’Office Central de Lutte contre la Criminalité liée aux Technologies de l’Information et de la Communication (OCLCTIC) les sommant de retirer le contenu de la revendication au motif de « provocation à des actes de terrorisme ou apologie de tels actes ». Cette requête fait écho à la fermeture récente de l’Indymedia germanophone Linksunten le 25 août dernier pour des motifs similaires (voir notre article). Les deux sites ont plié à cette demande de la police et Indymedia Grenoble a communiqué en précisant « il nous […] semble toujours important que soit visibilisée la nature politique d’actions directes, fussent-elles pénalement répressives. Nos états sont actuellement en train de mener une véritable guerre médiatique. Celle-ci semble viser à faire taire les oppositions politiques radicales, et à criminaliser les collectifs et individus qui communiqueraient sur leurs objectifs politiques, et ce sans le prisme déformant des médias traditionnels. »

Indymedia Grenoble censuré.

Indymedia Grenoble censuré.

Début 2015, il avait été révélé que Lenovo installait sur ses ordinateurs portables un adware (logiciels malveillant qui diffuse des publicités et vole des données personnelles) appelé VisualDiscovery et développé par Superfish. Non seulement ce programme était dissimulé et difficile à désinstaller, mais sa fonction était d’injecter des publicités dans le navigateur des utilisateurs et de voler leurs informations afin de les revendre à des boites de publicité. Après 2,5 ans de négociation, Lenovo s’en sort bien avec une amende légère comparée à sa taille de 3,5 millions de dollars à répartir en dommages et intérêts à des plaignants répartis sur 32 états américains. En plus de cela, Lenovo a l’interdiction de pré-installer des adwares, devra s’assurer de l’accord de l’utilisateur si celui-ci en télécharge un « volontairement » et devra également pré-installer un logiciel de sécurité sur tous ses nouveaux ordinateurs portables pour une durée de 20 ans dont la fonction doit être de contrôler que Lenovo respecte ses engagements.

Superfish, un logiciel malveillant préinstallé par Lenovo sur ses ordinateurs portables

Superfish, un logiciel malveillant préinstallé par Lenovo sur ses ordinateurs portables

« Tor Project » l’éditeur du célèbre navigateur sécurisé du même nom a annoncé des mesures pour amélioré la sécurité et l’ergonomie de son application mobile. Par ses mesures, Tor veut apporter plus de sécurité aux internautes qui utilisent internet dans des pays où la vitesse et la bande-passante d’internet sont limitées et où les appareils utilisés sont majoritairement des smartphones (bas de gamme et peu puissants) plutôt que des ordinateurs. Tor veut ainsi améliorer l’application Orfox qui existe déjà, en lui intégrant par exemple l’outil de sélection de niveaux de sécurités déjà disponibles sur la version « ordinateur » de Tor. Cet outil permet de choisir un niveau de sécurité allant du moins contraignant et sécurisé au plus contraignant et sécurisé, en désactivant certaines fonctionnalités des sites internet, certaines fonctions de Javascript par exemple. Tor et The Guardian Project (qui développe Orfox) intensifient leur travail sur l’expérience utilisateur, mais puisqu’ils ne collectent pas de données de la part des utilisateurs, le travail est plus long qu’avec une application classique. Une poignée de volontaires teste les nouveautés aux USA et en Inde.

Orfox, un navigateur Tor pour Android

Orfox, un navigateur Tor pour Android

Des chercheurs de l’Université de Cambridge, du National Institute of Technology et de l’Indian Institute of Science tentent de développer une intelligence artificielle capable de reconnaître un visage masqué à l’aide d’une écharpe, d’un masque ou de lunettes de soleil. Le projet est nommé « Disguised Face Identification » (Identification de Visages Déguisés) est consiste en un réseau neural entraîné à reconnaître des visages et nourris de bases de données. Le programme identifie 14 points sur le visage (10 pour les yeux, un pour le nez et trois pour les lèvres) et détermine les distances et les angles entre ces points afin de les comparer à des images de personnes non-masquées. Lors des tests, l’algorithme a réussi dans 56% des cas, mais tombait à 43% dès que le « suspect » portait des lunettes de soleil. L’objectif avoué de la recherche est de fournir un outil afin de permettre à la police d’identifier des émeutiers ou des « criminels » masqués.

Disguised Face Identification

Disguised Face Identification

9.400 CV envoyés à la firme américaine de sécurité privée TigerSwan ont été exposés en ligne. Il ne s’agit pas d’un piratage, mais d’une erreur de la part d’une firme de recrutement externe, UpGard, qui les a exposé sur un compte Amazon Web Services (AWS), via l’outil TalentPen. Upgard était chargée jusqu’en février dernier de fournir un service de tri à TigerSwan en évaluant les CV qu’elle recevait. Les aspirants mercenaires font état dans leurs CV de leur participation à la Guerre d’Irak, à la sécurité des Jeux Olympiques de Sochi ou plus récemment à contrer les manifestations autour du Pipeline dans le Dakota du Nord, à Standing Rock. Les documents contiennent la plupart du temps l’adresse postale, les numéros de téléphone, les adresses e-mail, numéros de permis de conduire, de passeport et de sécurité sociale. De très nombreux CV se vantent également de bénéficier d’autorisations d’accès à des informations top secrètes via leurs anciens employeurs dans la défense ou dans les renseignements. La très grande majorité sont Américains, mais on retrouve également des citoyens irakiens et afghans qui retrouvent ainsi leur collaboration avec l’armée américaine exposée aux yeux de tous. On retrouve également des profils très hauts gradés, comme un ancien ambassadeur américain en Indonésie ou un ancien directeur des opérations clandestines de la CIA. Les CV sont restés accessibles au moins un mois et n’ont été supprimés que le 24 août.

TigerSwan est une firme de sécurité privée, une organisation paramilitaire, dans le même genre que Black Water.

Face à face à Standing Rock