Les Forces Démocratiques Syriennes (QSD) qui avaient déjà lancé une opération pour libérer Raqqah en début d’été ont annoncé reprendre les opérations. Lors des dernières opérations, c’était le nord de la province qui était visé, l’objectif principal était de sécuriser les grandes villes du Rojava régulièrement frappées par les kamikazes islamistes, les opérations avaient été interrompues par l’entrée en Syrie de la Turquie. Ici, selon le communiqué des QSD, c’est la ville même de Raqqah qui est visée lors de l’opération « Colère de l’Euphrate », les QSD se trouvent à une grosse quarantaine de kilomètres de Raqqah pour l’instant. Les principaux fronts se trouvent à Aïn Issah et à Suluq. Lors de cette première journée d’opérations, les QSD ont annoncé avoir progressé de 10km à Aïn Issah et de 11km à Suluq.

L’organisation de la libération de Raqqah a longtemps été considérée comme un casse-tête politique, puisque le ville est très majoritairement habitée par des populations arabes et que les QSD sont majoritairement kurdes. La solution qui a été trouvée est de former (comme cela a été le cas dans d’autres villes arabes) un « Conseil Militaire » de Raqqah. A la différence de celui de Manbij, le Conseil Militaire de Raqqah sera rendu très largement autonome des QSD après la libération. En attendant, ce sont les QSD (y compris ses composantes kurdes) qui participent aux opérations: 30.000 combattants sont sur le front.

Situation dans la province de Raqqah au 6 novembre 2016

Situation dans la province de Raqqah au 6 novembre 2016

Le consulat de Turquie à Nantes a été visé dans la nuit du samedi 5 au dimanche 6 novembre par des jets de cocktails Molotov. Les bouteilles incendiaires ont été lancées sur une façade latérale, sans ouverture, du bâtiment un peu avant minuit. Des investigations étaient en cours dimanche après-midi et aucune interpellation n’avait encore eu lieu. Plusieurs manifestations prokurdes se sont déroulées à Nantes ces dernières semaines, de même qu’à Rennes, à Paris ou à Marseille, où plusieurs centaines de personnes ont encore défilé samedi.

Le consulat de Turquie à Nantes

Le consulat de Turquie à Nantes

Des militants de l’Initiative de la Jeunesse Apoïste a mené une attaque contre les bureau de l’UETD (Union des Démocrates Européens et Turcs), à Grevenbroich (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), la semaine passée, en représailles à l’assassinat de deux combattantes des YJA-Star. Celles-ci ont été abattues par des militaires turcs (avec des armes vendues par l’Allemagne) après leur reddition.

Les bureaux visés après l’attaque

Les bureaux visés après l'attaque

Suivant un récent changement de la constitution pour lever l’immunité parlementaire par l’AKP (le parti Islamiste d’Erdogan) et par le CHP (le parti kémaliste social-démocrate) de nombreuses arrestations ont eu lieu cette nuit contre les élus du HDP, le grand parti d’union de la gauche turque et kurde. Au moins 14 députés nationaux ont été arrêtés, dont les deux co-présidents Demirtas et Yüksekdag, le parti compte 59 députés (représentant 6 millions d’électeurs). D’autres arrestations ont eu lieu récemment, parmi les nombreux maires HDP élus au Bakuré. La quasi-totalité des réseaux sociaux ont été fermés pour l’occasion. Notamment Facebook, Twitter, WhatsApp, YouTube,… Pour se connecter, les internautes peuvent utiliser TOR et Tails en les téléchargeant depuis un miroir (ici).

À Amed/Diyarbakir (plus grande ville kurde au Kurdistan turc), les maires ont été arrêtés il y a quelques jours. Un attentat a visé la police hier soir, tuant 8 personnes (edit: l’attentat à en fait été revendiqué par Daesh), des manifestations ont immédiatement suivies, aussitôt attaquées par la police. Dans le même temps, l’armée turque intensifie ses frappes contre le canton d’Afrin au Rojava.

De nombreux rassemblements ont lieu aujourd’hui: à Bruxelles il a lieu depuis 11h, Place du Luxembourg.

Les 11 premiers députés HDP arrêtés

Les 11 premiers députés HDP arrêtés

La chambre du conseil de Bruxelles a rendu un non-lieu jeudi matin dans le dossier PKK, face à la demande du parquet fédéral de renvoyer 33 personnes et des institutions kurdes en Belgique devant le tribunal correctionnel pour « participation à des activités terroristes ». Il a été considéré que la charge de terrorisme n’était pas recevable dans le cadre d’un conflit armé. Le parquet fédéral peut encore faire appel de la décision.

La perquisition de 2010 à Denderleeuw

Depuis plusieurs semaines, la guerre s’est cristallisée dans le nord de la province d’Alep. Trois belligérants s’y opposent: les Forces Démocratiques Syriennes (QSD), Fateh Halab (Conquête d’Alep, des groupes islamistes de l’Armée Syrienne Libre soutenus par la Turquie sous l’appellation « Bouclier de l’Euphrate ») et Daesh. L’armée du régime n’est pour l’instant pas impliquée là puisqu’elle est déjà empêtrée dans la ville même d’Alep. L’enjeu de la bataille est très fort: pour les QSD il s’agit d’unifier le Rojava (le petit canton d’Afrin à l’ouest est séparé du reste du Rojava (les cantons de Kobané et de Ciziré), et de fermer la route du djihad que la Turquie maintient à cet endroit de la frontière. Pour Fateh Halab et son sponsor turc, l’enjeu est d’empêcher la création d’un état kurde progressiste à la frontière entre la Turquie et la Syrie et de maintenir un corridor islamiste pour servir les intérêts turcs en Syrie. La perte d’Al-Bab sera un nouveau coup dur pour Daesh qui serait ainsi pratiquement évincé de la province syrienne d’Alep et dont la prise de la capitale syrienne, Raqqah, deviendrait le premier objectif. Pour ajouter à la complexité de la situation: Al Bab est à portée des couvertures aériennes russes et américaines et l’armée du régime est située a quelques kilomètres à peine.

Fateh Halab et les QSD progressent vers Al-Bab à l’ouest, ils sont tous deux à 15km. Le front QSD situé à l’est est pour l’instant en attente. Un affrontement entre Fateh Halab (et entre les troupes turques) et les QSD semble inévitable à court terme. Hier, le Conseil Militaire d’Al-Bab (affilié aux QSD) a créé une brigade non-mixte de femmes prête à combattre.

Fateh Halab en bleu, QSD en jaune, Daesh en noir, le régime en rouge

Fateh Halab en bleu, QSD en jaune, Daesh en noir, le régime en rouge

Au moins trois soldats ont été tués et cinq autres blessés samedi dans une attaque au mortier des combattants du PKK contre une base de l’armée dans le district de Cukurca de la province de Hakkari. Un des soldats blessé est toujours dans un état critique. Dimanche soir, un commando a grenadé et mitraillé les policiers qui étaient de garde devant le siège de l’AKP de la localité de Kiziltepe (province de Mardin). Trois policiers ont été blessés.

L’attaque du siège de l’AKP à Kiziltepe

L'attaque du siège de l'AKP à Kiziltepe

De violents affrontements ont éclaté entre policiers et manifestants à Diyarbakir hier mercredi, au lendemain du placement en garde à vue des deux maires de cette grande ville du Kurdistan. Des policiers déployés autour de la mairie de la ville ont repoussé à coups de matraques, de grenades lacrymogènes et en faisant usage de canons à eau des centaines de manifestants, dont certains jetaient des pierres. La connexion Internet a été coupée mercredi matin à Diyarbakir et n’avait toujours pas été rétablie en début de soirée.

Gültan Kisanak, première femme élue à la tête de Diyarbakir, et son collègue Firat Anli ont été interpellés mardi soir dans le cadre d’une enquête sur de présumées « activités terroristes ». Ils sont accusés d’avoir permis l’utilisation de véhicules municipaux pour les funérailles de membres du PKK tués par les forces de sécurité, d’avoir « incité à la violence » ou encore d’avoir soutenu des appels en faveur d’une plus grande « autonomie ». D’autres rassemblements de protestation contre ces gardes à vue étaient prévus ailleurs en Turquie, notamment à Istanbul, mais également en Europe. Le mois dernier, 24 maires du sud-est du pays soupçonnés d’être liés au PKK ont été suspendus et remplacés par des administrateurs nommés par le gouvernement, une mesure qui a déclenché des manifestations dans plusieurs villes de la région.

Gültan Kisanak et Firat Anli (archive)

Plusieurs combats ont récemment opposé les YRK (Unités de Défense du Rojhilat, branche armée du PJAK, qui est l’organisation soeur du PKK en Iran) aux militaires (pasdarans) iraniens. Les YRK ont revendiqué le 14 octobre avoir tué 32 militaires et miliciens alliés en représaille à la mort de 12 de leurs combattants le 4 octobre. Les représeailles ont commencé le dimanche 9 octobre, neuf membres des forces Basij (paramilitaires) ont été abattus lors d’une attaque nocturne contre une caserne à Rabat, province de l’Azerbaijan occidental. Deux Pasdarans ont été tués dans une embuscade le lendemain, un véhicule militaire qui arrivait en renfort a également été détruit. La nuit suivante, du lundi au mardi, 15 militaires ont été tués et 10 blessés dans l’attaque d’une caserne à Mariwan (Province du Kordistan) à l’arme lourde, la caserne a été incendiée. Les autorités iraniennes ont nié que des pasdarans aient été tués tout en reconnaissant que certains avaient été hospitalisés. Au moins un combattant YRK a été tué lors de ces attaques de représailles.

Les 12 combattants tués le 4 octobre

Les 12 combattants tués le 4 octobre

Quelques 400 manifestants ont défilé comme chaque année de la gare à la prison de Lannemezan en solidarité avec Georges Ibrahim Abdallah. Cette manifestation marque le début de sa 33eme année de détention. Notre section belge du Secours Rouge International a décidé cette année de manifester sur place aux côtes de l’OCML Voie Prolétarienne dans un bloc commun « De la Palestine au Kurdistan, Vive la Résistance des peuples ». Les sections italienne et turque du SRI étaient également présentes ainsi que le Secours Rouge Arabe et de nombreux partis, organisations et comités français. Plusieurs bus de manifestants sont venus de toute la France: Toulouse, Paris, Grenay, Saint-Denis, Bordeaux.

Bloc VP/SRI

France : 400 manifestants rassemblés pour Georges Ibrahim Abdallah
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