Alaa Zaghal, 21 ans, est mort d’une blessure par balle à la tête tirée par des militaires israélien à Deir al-Hatab, à l’est de Naplouse. Des jeunes palestiniens ont manifestés et caillassés des militaires qui procédaient à un raid contre domicile d’un Palestinien nommé Salman Omran qu’ils voulaient arrêter pour une raison encore inconnue. Omran s’est rendu après qu’un bulldozer israélien se soit approché de sa maison. Outre le jeune manifestant tué, sept personnes ont été blessées  par les forces d’occupation, dont trois journalistes. Les raids israéliens ont tué une centaine de Palestiniens, faisant de cette année la plus meurtrière depuis 2015.

L’arrestation de Salman Omran

Dans le prolongement des manifestations des universités durant toute la journée du lundi 3 octobre, pour la 18e nuit du soulèvement, des affrontements et des manifestations nocturnes ont eu lieu dans de nombreux quartiers de Téhéran, notamment à Pounak, Amirabad Chomali, Ashrafi Isfahani, Tajrish, Shahrara et Shahryar. Des accrochages ont éclaté entre les forces répressives et la jeunesse insurgée qui manifestait de nuit en scandant « à bas Khamenei » et « à bas le dictateur ». À Tajrish, les gens ont répondu aux menaces et aux propos de Khamenei sur le soulèvement le jour-même avec le slogan « ce dingue de guide est une honte ». À Sanandaj, des manifestants ont mis le feu aux banderoles du régime au carrefour Sharif Abad et du 6-Bahman. Des manifestants et des jeunes rebelles ont manifesté dans le quartier de Nayssar où ils ont affronté des agents à moto. A Chiraz, rue Chamran, les gens ont manifesté de nuit soutenus par un concert de klaxons contre le déploiement massif des forces répressives. Hier, en plus des manifestations de grande ampleur dans des dizaines d’universités, des étudiants ont brûlé l’exposition des miliciens du Bassidj à l’entrée de l’Université d’Ispahan. La cérémonie funéraire d’une jeune insurgée nommée Nika Shakarami, dans la ville de Khorramabad, a tourné à la manifestation. Les forces répressives ont tenté d’y mettre fin en tirant sur les gens et en lançant des gaz lacrymogènes.

Hier mardi 4 octobre, des violents affrontements a éclaté entre la police et les habitants du quartier de Memonwada, à Porbandar, dans l’État du Gujarat. Les habitants ont affronté la police en protestant contre la campagne de démolition menée à Porbandar. Si quelques habitations ont été démolies pour cause de construction illégale, d’autres ont été rasées sous prétexte qu’elles auraient été utilisées pour stocker des stupéfiants. Les habitants se sont rassemblés en masse et ont jeté des pierres sur les policiers. La police a tiré des gaz lacrymogènes sur les villageois. La tension est actuellement élevée au Gujarat, car outre Porbandar, une autre grande ville, Vadodara, a connu des affrontements aux premières heures du 4 octobre, qui ont entraîné l’arrestation de 40 personnes.

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Les enseignants de la Coordination nationale des travailleurs de l’éducation (CNTE) luttent pour la création de postes pour les enseignants de l’État du Michoacán. Lundi 3 octobre, lors d’une manifestation, ils ont envahi les voies ferrées du tronçon Lazaro Cardenas-Morelia dans la communauté de Caltzontzin, dans la municipalité d’Uruapan (Michoacán). La Garde civile est intervenue et des affrontements ont éclaté, faisant de nombreux blessés dans les deux camps. Les manifestants ont lancé des projectiles divers sur la Garde civile, y compris des engins pyrotechniques, blessant (légèrement) sept membres des forces de l’ordre. A la fin du mois de septembre, des enseignants du CNTE s’étaient déjà heurtés à des éléments de la Garde civile après avoir effectué au moins trois blocages de routes dans les municipalités d’Uruapan, de Chilchota et de Purépero.

Les manifestations contre la mort de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans décédée peu après son arrestation par la police des moeurs, constituent la plus importante expression de rejet des autorités religieuses iraniennes depuis 2019. L’université Sharif, traditionnel foyer de dissidence, est encerclée par des dizaines de policiers anti-émeutes. Une des vidéos diffusée sur les réseaux sociaux montre les forces de sécurité tirant des gaz lacrymogènes pour chasser les étudiants du campus et le son de ce qui semblait être des tirs à distance pouvait être entendu. Une autre vidéo montre les forces de sécurité poursuivant des dizaines d’étudiants coincés dans le parking souterrain de l’université. Dimanche, des étudiants ont manifesté dans de nombreuses universités et des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes telles que Téhéran, Yazd, Kermanshah, Sanandaj, Shiraz et Mashhad, les participants scandant « indépendance, liberté, mort à Khamenei ».

Dans un Irak en pleine impasse politique, des milliers de manifestants se sont rassemblés samedi 1er octobre à Bagdad pour marquer le troisième anniversaire d’un soulèvement contre le pouvoir, lancé contre la corruption des élites et la gabegie des services publics. La contestation inédite, déclenchée en octobre 2019, s’était propagée jusqu’au sud pauvre majoritairement chiite. Dans cet Irak riche en pétrole, des mois durant, des centaines de milliers de manifestants étaient descendus dans la rue, dénonçant chômage des jeunes, infrastructures en déliquescence et absence de démocratie. Le mouvement s’était essoufflé avec une répression qui avait fait près de 600 morts et 30 000 blessés, mais aussi le confinement lié au coronavirus. Trois ans plus tard, la situation n’a pas changé. Les mêmes partis monopolisent la vie politique et, un an après les législatives d’octobre 2021, ils ne peuvent s’accorder sur le choix d’un premier ministre et d’un président.

En soirée, la mobilisation se poursuivait à Bagdad avec des effectifs moins importants, mais aussi dans les grandes villes du Sud, Nassiriya et Bassora, où les contestataires ont lancé des pierres sur les forces de l’ordre, qui ont répliqué avec des grenades de gaz lacrymogène. « Le peuple exige la chute du régime », ont scandé, samedi dans la journée, les milliers de manifestants, très jeunes pour la plupart, brandissant drapeaux irakiens et portraits des « martyrs » de 2019 sur la place Tahrir de Bagdad. Les forces de l’ordre ont tiré plusieurs salves de gaz lacrymogène pour empêcher les contestataires de franchir un pont, où des murs en béton barraient l’accès à la Zone verte, quartier abritant ambassades occidentales et institutions étatiques. Les accrochages à Bagdad ont fait 36 blessés chez les manifestants, souffrant principalement de troubles respiratoires. Après des décennies de conflits, en l’absence de réformes économiques et de grands projets d’infrastructures dans ce pays frappé par une corruption endémique, le chômage touche par ailleurs quatre jeunes sur dix. Et la vie des 42 millions d’Irakiens est impactée par les conséquences du changement climatique, sécheresses et pénuries d’eau ne faisant qu’empirer.

Une vingtaine de personnes, notamment des membres des forces de l’ordre, ont été tuées dans des affrontements armés à Zahedan, vendredi 30 septembre. Dans un premier temps, des manifestants ont lancé des pierres contre un commissariat mais ensuite, des hommes armés ont tenté de prendre d’assaut les trois centres des forces de l’ordre. Plusieurs policiers ont été tués ainsi que le numéro deux des services des renseignements des Gardiens de la révolution. Des banques et des centres commerciaux ont été attaqués par les manifestants en colère et la répression des manifestations a été meurtrières (58 morts dénombrés jusqu’à présent). Zahedan est la capitale provinciale du Sistan-Balouchistan est une région déshéritée frontalière du Pakistan et de l’Afghanistan.

Des manifestations ont eu lieu samedi dans plusieurs universités en Iran pour dénoncer la répression meurtrière du mouvement de contestation. Des rassemblements »ont aussi été organisés sur la place Enghelab près de l’Université de Téhéran, dans le centre de la capitale, où des heurts ont éclaté entre la police et les manifestants dont certains ont été arrêtés. La police iranienne a arrêté plusieurs personnalités qui avaient exprimé sur les réseaux sociaux en faveur des manifestants, dont l’ancien footballeur international Hossein Manahi ou le chanteur Shervin Hajipour, dont la chanson « Baraye » (« Pour »), composée de tweets sur les manifestations, est devenue virale sur Instagram. La police a également arrêté une femme qui avait mangé au restaurant à Téhéran sans foulard dans une image devenue virale sur les médias sociaux. Au moins 29 journalistes ont été arrêtés, dont Nilufar Hamedi et Elahe Mohammadi, des femmes reporters qui ont contribué à exposer le cas d’Amini. A l’étranger, des rassemblements de solidarité, auxquels a participé la diaspora iranienne, se sont tenus samedi dans plus de 150 villes, dont Berlin, Bruxelles, Rome, Madrid, Athènes, Bucarest, Londres, Lisbonne, Varsovie et Tokyo.

 

Vendredi 30 septembre, un rassemblement a eu lieu devant la Direction nationale antimafia antiterroriste, à Rome. Cette structure est la plus haute autorité en cause, elle a les décisions importantes en matière pénitentiaire, notamment l’application du régime 41bis. Elle a ordonné cette mesure pour le militant anarchiste Alfredo Cospito en mai. Et ce après 10 ans passés en Haute Sécurité. Le mobile est la reformulation de sa peine pour attentat à l’explosif contre un commissariat, en crime de « massacre politique »… alors que les dégâts n’ont été que matériels et que les vrais massacres de l’Etat restent tous impunis. L’extension du recours au 41bis, qui pourrait bientôt toucher deux autres détenu.e.s anarchistes. A cela s’ajoute la condamnation sans précédent de Juan Sorroche: 28 ans pour une bombe au siège du parti raciste, également sans blessé.

La mobilisation solidaire et anti-répression s’organise sur le long terme, et le rassemblement de vendredi n’en est qu’un moment. Elle mobilise bien milieux militants, notamment anarchistes et quelques communistes, mais toujours pas de larges secteurs du mouvement et des organisations. Bien qu’encerclés par un dispositif policier impressionnant (entre Digos et anti-émeute il y en avait une bonne centaine), les manifestants ont réussi à parcourir quelques rues jusqu’à la place du Campo de Fiori en tenant des interventions et slogans, derrière la banderole « Non au Guantanamo italien – 41bis torture ».

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Plusieurs milliers de personnes ont investi les rues du Cap-Haïtien, le mercredi 28 septembre 2022, afin d’exiger entre autres la démission du Premier ministre Ariel Henry. À travers cette énième manifestation qui a réuni des Haïtiens venant des différents postes de rassemblement, dont Milot, Vertière, Madeline, Carrefour Samarie, etc., les protestataires entendent dénoncer les mauvais agissements des autorités de l’État face à la dégradation des conditions socio-économiques de la population. Les manifestants protestent contre la rareté et la hausse des prix du carburant et exigent le départ du gouvernement d’Ariel Henry, incapable de juguler la crise multidimensionnelle que traverse le pays.

Malgré l’opposition de la police, les protestataires ont parcouru différentes artères au centre-ville du Cap-Haïtien. La manifestation a été dispersée à plusieurs reprises par les forces de l’ordre qui ont fait l’usage des gaz lacrymogènes. À la rue 5 A et boulevard, des scènes de pillage au niveau de Léa Market, de violence et d’affrontements entre policiers et manifestants ont été observées. Outre ces événements des rafales d’armes automatiques retentissent un peu partout à travers la ville du Cap-Haïtien. Les protestataires ont tenté à plusieurs reprises de se regrouper après avoir été dispersés par la Police. Des barricades de pneus enflammées sont érigées à plusieurs endroits de la ville, notamment à l’entrée sud, où la circulation automobile et piétonne est complètement paralysée. Toutes les activités ont été paralysées au niveau du transport en commun et du commerce informel. Les magasins, les banques commerciales, les maisons de transfert gardent leurs portes fermées depuis plus de deux semaines.

Plus de 3 000 personnes ont manifesté jeudi 29 septembre 2022 à Rennes à l’appel des syndicats (CGT, FO, FSU, Solidaires, Union pirate et Fédération des syndicats étudiants), pour dénoncer les « salaires et pensions de misère », face aux « profits du grand patronat qui s’accumulent ». En fin de journée un rassemblement musical démarre, en soutien aux free party (à proximité de Rennes,, deux fêtes ont été réprimés avec une extrême violence, à Redon et Lieuron ces derniers mois, causant de nombreuses arrestations, blessures et mutilations, et dans la ville voisine, Nantes, un jeune est mort noyé lors de la fête de la musique).

Vers 22 h 30, un groupe de personnes, dont une cinquantaine tout de noir vêtu, encagoulés et avec des parapluies, se rassemble cours du Vieux Saint-Etienne. La police charge et gaze lors d’affrontements sporadiques. Un feu est ensuite allumé Place Sainte-Anne, en plein cœur de la ville, alimenté par des conteneurs à poubelles, des chaises, du mobilier urbain et autres objets (photo). Des centaines de personnes s’y regroupent, écoutant de la musique. Une banderole affiche: «Pour une fête libre et sauvage, soutien aux inculpés de la teuf». Vers 23 h 15, les policiers arrivent par la rue d’Échange et tirent des grenades lacrymogènes pour disperser la foule. Les manifestants répliquent par des jets de projectiles divers puis par des tirs tendus de mortiers visant les forces de l’ordre. Puis après un face-à-face tendu les policiers chargent. La place, saturée de gaz lacrymogène, se vide. Les pompiers éteignent le feu. La emprunte la rue Le-Bastard et pille plusieurs chantiers. Un nouveau feu est allumé au milieu de la place de la mairie. La police charge et gaze à nouveau. Vers 1 h, les manifestants sont repoussés vers la place de la République où ils se dispersent.