Le Secours Rouge participe à la manifestation samedi 11 décembre à Douai (Nord) pour exiger la libération de Nathalie Ménigon, militante d’Action Directe dont la juridiction de libération conditionnelle de Douai doit examiner lundi la demande de suspension de peine. Incarcérée à Bapaume (Pas-de-Calais), Nathalie Ménigon est partiellement hémiplégique à la suite d’accidents vasculaires cérébraux. Deux premières demandes de suspension de peine pour raisons médicales lui ont été refusées, selon le collectif ‘Ne laissons pas faire’ (NLPF) de soutien aux militants d’Action Directe.
Les initiatives exigeant la libération des prisonniers d’Action Directe s’étaient multipliées dans la deuxième moitié de mai: occupations des locaux de l’Ordre des médecins à Paris, Lille et Valence, accrochages de calicots à la cathédrale d’Auch (sud de la France) et à Huizingen, au-dessus de l’autoroute Bruxelles-Paris, meetings à Paris, Toulouse et Marseille, rassemblement devant le consulat de France à Liège, tir de fusées marines de détresse contre le consulat de France à Zürich, etc. Considérant que son espérance de vie se compte ‘en mois’, la juridiction de liberté conditionnelle de Douai a suspendu sa peine, lundi 14 juin, pour raisons de santé, après dix-sept années de prison, comme le permet la loi Kouchner de mars 2002. Mais elle-même sait parfaitement à quoi s’en tenir sur son état. Après des semaines d’hésitations, officiellement liées au fait que les expertises médicales ne concordaient pas pour déclarer ‘engagé’ le pronostic vital de Joëlle Aubron, la justice n’a laissé aucune ambiguïté. Les magistrats de la juridiction régionale de libération conditionnelle de Douai (Nord) ont lu leur décision à la condamnée et à son avocat, Bernard Ripert, dans la prison de Bapaume (Pas-de-Calais) où elle est incarcérée depuis 1999.
‘Attendu que Joëlle Aubron est atteinte d’une pathologie engageant le pronostic vital au terme des expertises réalisées par les docteurs X. et Y., bien que ce dernier ne reprenne pas expressément des conclusions aussi explicites, il ressort clairement de la description de la pathologie cancéreuse de Joëlle Aubron et de la nature des soins qui lui sont portés que le pronostic vital est engagé puisque l’expert expose les conditions d’une évolution inéluctable vers la perte programmée d’autonomie et les limites de l’espérance de vie ‘dans ce cas, en mois’; que les deux expertises sont dès lors concordantes; que Joëlle Aubron doit être prise en charge par sa famille dans des conditions qui n’appellent aucune réserve‘
Joëlle, qui vient d’avoir 45 ans a été placée sous la responsabilité d’un juge de l’application des peines de Sens.
‘En somme, a traduit aussitôt son avocat, ni Joëlle ni moi n’oublions les raisons pour lesquelles elle est libérée: il ne lui reste que quelques mois à vivre‘. Il s’agit d’ailleurs d’une suspension de peine et non d’une grâce: si l’état de santé de Joëlle en venait à démentir des prognostics, elle pourrait retourner en prison. La décision de libération a été différée à trois reprises, depuis le début du mois de mai. Joëlle Aubron avait pourtant été opérée le 16 mars d’une tumeur au cerveau au CHRU de Lille, puis engagé un traitement (chimiothérapie et traitement aux rayons) qui l’a extrêmement affaiblie.
Des délégations du collectif Ne Laissons Pas Faire, de la CNT, de notre Secours Rouge/APAPC et de l’Internationalistische Komitee de Sarrebruck (RFA) ainsi qu’une meute de journalistes, ont accueilli Joëlle à sa sortie. Joëlle a fait une courte déclaration.
La libération de Joëlle est une victoire amère. Elle survient tard, trop tard. Elle brise cependant un tabou, celui de la libération des militants d’Action Directe, et il convient d’accentuer la campagne de solidarité pour que soient libérés au plus vite Nathalie Ménigon, atteinte d’une hémiplégie partielle et touchée moralement par cette interminable détention passée dans des conditions particulièrement dures (elle a vu sa demande de suspension de peine refusée le 9 avril), Georges Cipriani, lui aussi blessé psychologiquement par la détention et l’isolement carcéral total auquel il fut soumis de longues années et Jean-Marc Rouillan, à qui les médecins de la centrale de Moulins-Yseure (Allier) ont annoncé qu’il souffrait d’un cancer du poumon. Ils arriveront en février 2005 au terme de leur peine de sûreté de dix-huit ans et pourront demander une libération conditionnelle. Le fait qu’ils soient libérables ne signifie naturellement pas qu’ils seront libérés: Régis Schleicher, détenu depuis vingt ans, est ainsi libérable depuis quatre ans.
Une importante délégation du Secours Rouge s’est rendue à la prison de Bapaume le 16 juin 2004 pour accueillir Joëlle Aubron à sa libération.
Ce samedi 24 avril, des bus provenant de l’ensemble des provinces du Pays-Basque se sont rendus à l’appel de l’organisation Askatasuna vers les deux prisons les plus éloignées du Pays-Basque où des prisonniers politiques basques sont incarcérés. Il s’agit de la prison d’Algeciras (au Sud de l’Andalousie) et de Bapaume (où une autre militante basque, Agurtzane, a rejoint Maquso il y a quelques mois).
Ces deux prisons sont le symbole de la politique d’éloignement et d’isolement politique mise en place par les gouvernements français et espagnol. 700 prisonniers politiques basques (dont 135 prisonniers basques dans 26 prisons françaises différentes) subissent cette injustice, et cette répression politique visant avant tout à couper tous leurs liens avec leur pays, familles et proches. La politique de dispersion et d’éloignement des prisonniers basques loin du Pays-Basque complique, donc espace, les visites des familles, des avocats et des médecins. Cette politique appliquée depuis 1987 frappe également les familles obligées de parcourir des milliers de kilomètres pour une visite de moins d’une heure (quatorze parents sont morts sur la route de la prison depuis la dispersion).
En plus de revendiquer le respect de leurs droits, pour leur dignité, le Collectif des Prisonniers Politiques Basques lutte aussi pour la reconnaissance de leur caractère politique. Car cette reconnaissance est indispensable dans la voie de la résolution du conflit politique. Si on veut dépasser cette situation de conflit politique, il est indispensable d’accepter le caractère politique des prisonniers politiques basques, ainsi que leur participation au processus politique en Pays-Basque.
Ce sont donc 250 basques débarquant de cinq autocars qui ont participé à la manifestation de Bapaume, rejoints par des manifestants français. En effet, le collectif ‘Ne Laissons Pas Faire’ (NLPF) s’était associé à l’appel d’Askatasuna, ce qui permettait de renouveler, de manière plus large, la manifestation de l’année passée en soutien aux prisonnières d’Action Directe. Ont donc également participé à cette initiative des militants du Collectif ‘Ne Laissons Pas Faire’, de la CNT, du Comité Secours Rouge (Paris). Dix membres de notre Secours Rouge/APAPC ont fait le voyage et participé à cette manifestation. Pic-nique, chants, partie de foot, discours, et activités basques traditionnelles comme la pyramide humaine, se sont succédés pendant quatre heures sous les encouragements des prisonnières.
Reçu sur la boîte mail du SR: ‘Ce dimanche 16 novembre, nous avons cadenassé et barricadé la porte de la Chambre de commerce suisse en Belgique, 24 rue des Nations, à 1050 Bruxelles, en solidarité avec Marco Camenisch. Marco est un militant révolutionnaire vert-anarchiste détenu en Suisse dans des conditions telles que plusieurs campagnes internationales de solidarité ont été organisées pour le soutenir, rassemblant des initiatives en France, Italie, Suisse, Argentine, Espagne et Belgique. C’est ainsi qu’un premier rassemblement de solidarité avec Marco Camenisch s’était tenu devant la chancellerie de Suisse de Bruxelles: pendant une heure, le 18 janvier, une vingtaine de membres et de sympathisants du Secours Rouge/APAPC et de l’Anarchist Black Cross/Gent avaient déployé sur le trottoir de la rue de la Loi des calicots en solidarité avec Marco. Un rassemblement similaire avait été prévu le 3 novembre, mais la police de Bruxelles est intervenue: les dix premiers manifestants furent encerclés et interpellés par des policiers en tenue anti-émeute, les calicots furent confisqués, les identités relevées, etc. La répression immédiate d’une manifestation pacifique aussi réduite (dans le temps, dans nombre des participants, dans les dérangements qu’elle pouvait occasionner) donne la mesure du caractère formel de nos ‘libertés‘ [une problème de logiciel et/ou de transmission a rendu illisible la suite du document]
Lundi 3 novembre 2003, le Secours Rouge/APAPC et l’Anarchist Black Cross de Gand avaient appelé à un rassemblement de solidarité avec le prisonnier vert-anarchiste suisse Marco Camenisch devant la chancellerie (ambassade) de Suisse à Bruxelles. Dès l’arrivée de la première dizaine de manifestants, la police de Bruxelles est intervenue. Les manifestants ont été encerclés par des policiers en tenue anti-émeute. Un contrôle d’identité général s’en est suivi, tandis que la police continuait à boucler le périmètre. Deux calicots du Secours Rouge et un drapeau communiste ont été confisqués. Quelques mesures d’intimidations ont été faites contre les manifestants.
Cette nuit du 19 septembre 2003, des membres et des sympathisants du Secours Rouge/APAPC ont tiré des fusées marines de détresse contre le centre fermé de Steenokerzeel. Il s’agissait de signaler aux hommes, femmes et enfants qui y sont emprisonnés sans avoir commis aucun délit, et à fortiori, sans avoir jamais été jugés, qu’il se trouve, dans ce pays, des gens pour connaître leur détresse et pour vouloir y mettre un terme. Il s’agissait aussi d’attirer l’attention sur cette réalité honteuse et tragique de ces centres fermés que les gouvernements (tous partis et coalitions confondus) s’appliquent à camoufler. La réaction frénétique des forces de sécurité à la suite de notre action révèle la véritable nature de ces camps de concentration nouveau style que sont les centres fermés. Lutter pour la fermeture des centres fermés, c’est aussi et surtout lutter contre la politique migratoire propre au régime capitaliste.
Contradiction manifeste de la phase actuelle du capitalisme: tout en favorisant la généralisation des échanges et la circulation infinie (des capitaux, des biens, des services, de l’information, de la main d’oeuvre utile,…), le capitalisme mondialisé doit se protéger contre une partie des liaisons et des mouvements qu’il suscite. Comme souvent, cette contradiction génère de l’agitation sociale que l’Etat au service des intérêts capitalistes s’empresse de réprimer et criminaliser. Par son attitude prétendument réaliste à l’égard des sans-papiers, l’Etat ne fait que gérer le fruit de sa politique migratoire. En s’appuyant sur un discours démagogique associant l’immigration au chômage – comme si c’était les travailleurs immigrés qui avaient provoqué la fermeture des forges de Clabecq et comme si le travail des migrants n’était pas une source de richesse sociale – l’Etat refuse toute forme d’immigration légale et contraint par là les migrants à recourir aux procédures d’asile ou aux filières clandestines.
Cette politique est hypocrite en ce sens que l’exploitation du tiers-monde par l’impérialisme y provoque une telle misère que les politiques migratoires les plus intolérantes et les plus répressives ne freineront en rien l’afflux des migrants, mais les pousseront simplement davantage dans la clandestinité et la précarité. L’hypocrisie se poursuit lorsque les opérations policières de contrôles et de rafles sont menées au nom de la lutte contre les réseaux maffieux, les trafiquants d’êtres humains et les exploiteurs (de travail clandestin ou de logement insalubre), alors que c’est précisément l’épée de Damoclès de la répression qui fait le fonds de commerce de ces réseaux.
Nouvelle ‘armée de réserve’ du capital, ces travailleurs non-protégés, non syndiqués, exploitables au dernier degré, fait pression sur le prolétariat pour baisser les salaires et dégrader les conditions de travail. Les travailleurs étrangers servent régulièrement de cobayes pour l’expérimentation de nouvelles conditions de travail et comme matelas protecteurs ou boucs émissaires pour amortir les chocs sociaux et politiques qu’engendrent ces nouveaux rapports de production. Le travail des étrangers irréguliers n’est pas un phénomène aberrant ou marginal mais l’aboutissement logique d’un système de production qui privilégie toujours plus de flexibilité et de précarité de l’emploi. Au lieu de jouer le jeu de patronat et de l’Etat qui cherchent à diviser la classe ouvrière en stigmatisant les immigrés, il est donc de l’intérêt du prolétariat de se solidariser avec les travailleurs illégaux, de les aider à sortir de leur situation de non-droit et, à plus long terme, de combattre le système impérialiste seul responsable de toute cette ‘misère du monde’. La défense des étrangers ne relève pas de d’une attitude humaniste ou caritative mais participe pleinement à la lutte des classes et au combat contre le capitalisme.
Travailleurs de tous les pays, unissez-vous! Solidarité avec les sans-papiers! Fermons les centres fermés!