La police antiémeutes marocaine a pourchassé dimanche à Rabat et Casablanca des centaines de manifestants qui avaient enfreint une interdiction de manifester. « Manifester est un droit, de quoi le Makhzen (terme désignant l’oligarchie) a-t-il peur ? », criait la foule à Casablanca. « Dehors le Makhzen. Non au despotisme. » À Rabat, les manifestants avaient l’intention de camper devant le parlement mais les autorités sont soucieuses d’éviter la création d’une nouvelle place Tahrir. Les policiers, armés de matraques et de boucliers, ont dispersé la manifestation avant même qu’elle ne commence, les contestataires se divisant en petits groupes pourchassés dans les rues de Rabat, comme à Casablanca. Au moins six personnes ont été blessées à Rabat. Des dizaines de personnes ont été matraquées à Casablanca.

Maroc: La police attaque des manifestations interdites

Dimanche, à Temarra (banlieue sud de Rabat), la répression contre des manifestants pacifiques devant le siège de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST) se serait soldée par de nombreux blessés et de nombreuses arrestations. Les policiers ont également molesté deux journalistes et en ont malmené deux autres avant de confisquer du matériel. Le siège de la DGST de Temarra abrite un centre de détention secret où l’on pratique la torture contre les opposants, l’une des techniques étant d’enfoncer une bouteille dans l’anus du prisonnier. Ce centre a fait de la sous-traitance de la torture pour les européens et les américains. D’autres manifestations ont eu lieu à Tanger et à Fez. Entre 15.000 et 50.000 personnes se sont rassemblées dans la soirée à Casablanca. A Bruxelles, 300 manifestants s’étaient rassemblés à la Bourse en soutien aux manifestants de Temarra.

Maroc: Manifestation réprimée à Temarra

Ce dimanche, des manifestations se sont déroulées dans plusieurs villes du Maroc afin de réclamer des changements politiques et sociaux dans le pays. Samedi après-midi, à Casablanca, plusieurs jeunes du Mouvement 20 février ont effectué une distribution de tracts, notamment aux alentours du stade de la ville où se déroulait un match de football. Cinq d’entre eux ont rapidement été interpellés par les forces de l’ordre. Après une heure de détention, ils ont tous été relâchés.

La Belgique et le Maroc viennent de conclure un accord selon lequel les détenus de nationalité marocaine en Belgique seront renvoyés au Maroc afin d’y purger leur peine. En 1997, un tel accord avait déjà été pris entre les deux pays, mais celui-ci stipulait que les prisonniers devaient donner leur accord avant d’être renvoyé dans leur pays. En plus de dix ans, seule une dizaine d’entre eux en ont fait la demande. Le ministre de la justice Stefaan De Clerck a annoncé aujourd’hui que ce nouveau traité réunion toutes les conditions pour pouvoir renvoyer les détenus de nationalité marocaine au Maroc.

Ali Salem Tamek, Brahim Dahane, Ahmed Nasiri, trois prisonniers politiques sahraouis, ont entamés le 13 avril une nouvelle grève de la faim à la prison locale de Salé (Maroc) pour exiger soit procès équitable, soit une libération immédiate et inconditionnelle. C’est la 9e grève de la faim de ces prisonniers, la plus longue ayant duré 41 jours. Ils sont emprisonnés illégalement depuis plus d’un an et demi et sans procès.

Le régime marocain a procédé à quelques libération de prisonniers politiques. il s’agit d’islamistes, de trois militants sahraouis (Ali Salem Tamek lui-même, Brahim Dahane et Ahmed Naciri), qui étaient détenus depuis le mois de septembre 2009 pour « atteinte à la sûreté de l’Etat » et dont le jugement était en attente, d’un Le militant rifain des droits de l’homme, Chakib El Khyari, condamné à trois ans et détenu depuis 2009 pour « son implication présumée dans la perception d’une contrepartie pécuniaire en vue de concentrer sa campagne médiatique contre les trafiquants de drogue de Nador » et pour ne pas avoir déclaré à la douane 200 euros (sic), fruit de son travail comme fixer (accompagnateur de journalistes). Les prisons marocaines comptent encore des centaines de prisonniers politiques.

Une milice royaliste vient de voir le jour au Maroc. Cette milice au nom du « 9 mars » est formé par des agents du ministère de l’intérieur ainsi que de certains mercenaires, en fait se sont des policiers en civil et des criminels du coin. La formation idéologique et organisationnelle des miliciens se fait à l’intérieur des préfectures. Bien sûr ces agents disent qu’ils sont apolitiques et ne sont que des citoyens ordinaires. Leur première cible est l’Association Marocaine des Droits Humains qu’ils qualifient de traître à la solde de l’étranger… etc.

Dimanche après-midi, des centaines de personnes s’étaient rassemblées à Casablanca pour réclamer des réformes politiques. Les forces de l’ordre ont violemment disperser la foule, et plusieurs dizaines de manifestants se sont réfugiés dans le bâtiment du siège d’un parti d’opposition. La police a immédiatement donné l’assaut, mais n’y est pas parvenue face à la résistance des manifestants. Selon des témoins présents sur place, des dizaines de personnes ont été blessées, certaines très grièvement, par des policiers lors de la dispersion du rassemblement.

Le tribunal de première instance de Fès a prononcé, mardi, des peines allant de 3 à 4 ans de prison ferme, assorties d’une amende, à l’encontre de cinq manifestants. Ils ont été condamnés suite aux incidents de la manifestation du 20 février dernier. Par ailleurs, le tribunal de première instance a reporté à une date ultérieure l’affaire de trois manifestants mineurs. Les manifestants ont été poursuivis, entre autres, pour « participation à une manifestation non-autorisée », « vol qualifié », « destruction de biens publics et privés » et « atteinte à l’ordre public ».

La chambre criminelle près la cour d’appel de Tétouan a refusé, jeudi, la liberté provisoire aux dix neuf personnes, poursuivies pour les incidents consécutifs aux manifestations de Tétouan et Chefchaouen le 20 février dernier. Le procès est reporté au 10 mars. Les manifestants sont poursuivis notamment pour désobéissance civile, coups et blessures, outrage à la police judiciaire et constitution d’une bande de criminels. La Cour d’Appel de Marrakech a décidé jeudi de reporter au 10 mars l’examen de l’affaire de 39 manifestants. Les mis en cause sont poursuivis notamment pour « vol qualifié », « destruction de biens publics » et « atteinte à l’ordre public ». Dans le cadre de ce procès, qui avait déjà été reporté au 3 mars, dix mineurs bénéficient de la liberté provisoire

Les autorités marocaines ont annoncé dimanche l’arrêt du festival international de musique Mer et Désert à Dakhla, au Sahara occupé, après que des troubles aient fait la veille un mort, plus de 15 blessés et causé des dégâts matériels. Les incidents ont commencé lorsque quelques centaines de monarchistes marocains se sont livré à un pogrom dans le quartier d’Oum Tounsi, habité par les Sahraouis. Les Saharaouis ont réagi, ce qui a provoqué des batailles rangées, et ont attaqué des véhicules et bâtiments officiels pour protester contre la complicité des autorités marocaines.