A l’annonce hier par la justice espagnole de la demande du paiement d’une caution de 15.000€ pour la libération d’Aurore Martin, des collectes de fonds ont été organisées au Pays-Basque à l’initiative du mouvement Batasuna. Ces collectes ont rencontré un vif succès permettant à la militante de quitter la prison de Soto del Real, près de Madrid ce samedi en milieu d’après-midi. Aurore Martin devrait être ce soir en France, où elle a reçu l’autorisation de résider car il n’y a, selon la justice, ‘aucun risque de fuite ni de dissimulation de preuves relatives aux faits qui lui sont reprochés’. Par contre, elle devra déclarer une adresse postale en Espagne pour recevoir ses convocations judiciaires. Elle sera également soumise à un contrôle judiciaire dans le cadre duquel elle devra pointer entre le 1er et le 5 de chaque mois au tribunal ou au commissariat espagnol le plus proche de son domicile. Aurore Martin reste inculpée et encourt toujours une peine de prison de douze ans pour avoir participé à des réunions publiques du mouvement Batasuna, lequel est autorisé en France mais interdit en Espagne car considéré comme le bras politique de l’ETA.

Aurore Martin

Aurore Martin

L’Audiencia Nacional, qui constitute la plus haute juridiction espagnole, a annoncé qu’Aurore Martin, incarcérée depuis début novembre, va être remise en liberté. Il semblerait que les magistrats aient décidé que contre le versement d’une caution de 15.000€, elle pourrait être libérée dès demain, samedi 22 décembre. Aurore Martin avait été arrêtée le 1er novembre à Mauléon en vertu d’un mandat d’arrêt européen. Les autorités espagnoles l’accusent de ‘faits de participation à une organisation terroriste et terrorisme’, en l’occurrence d’avoir participé à des réunions publiques en tant que membre du parti Batasuna.

En 2008, le tribunal provincial de Barcelone avait reconnu quatre policiers coupables de torture et d’agression et les avait condamnés à des peines de prison. En février 2012, le gouvernement espagnol a décidé de gracier les policiers en réduisant leurs peines de prison et en annulant la suspension de leurs fonctions. Le gouvernement a décidé maintenant d’accorder une nouvelle grâce afin de remplacer la peine de prison par une amende.

Plus de 200 juges ont dénoncé cette décision à travers un manifeste diffusé ce jeudi matin. « Le pouvoir exécutif a abusé de sa faculté de gracier (…), il s’agit d’une action contre la dignité humaine », ont-ils ajouté, en rappelant que l’Etat est obligé de « poursuivre tout acte de torture, surtout quand ils ont été commis par des agents à son service (…). En utilisant la grâce pour la réalisation de fins contraires à celles qui la justifient, le gouvernement dynamite la séparation des pouvoirs et usurpe le rôle du pouvoir judiciaire ».

Mikel Albisu Iriarte, alias ‘Antza’ et sa compagne Soledad Iparraguirre Guenechea, alias ‘Anboto’ avaient été interpellés en octobre 2004 à Salie-de-Béarn (Pyrénées-Atlantiques). Tous deux membres actifs de la direction de l’ETA, ils ont été inculpés pour avoir dirigé une entreprise à visée terroriste et avoir dans ce cadre commis de multiples délits (vols, extorsions, faux,…). En décembre 2010, ils avaient été condamnés en première instance à vingt ans de prison assortis d’une sûreté pour deux-tiers de la peine. Depuis le 12 novembre, le couple comparaissait devant la cour d’appel d’assises de Paris, laquelle a requis ce mercredi la peine maximale à l’égard des deux inculpés. Les délibérations de la cour devraient durer jusque ce jeudi soir, moment où l’ancien numéro 1 de l’appareil politique de l’ETA et la dirigeante en charge de la trésorerie seront fixés sur leur sort. L’avocat général a notamment justifié la lourde peine en affirmant que ‘Antza’ et ‘Anboto’ avaient cherché à donner un tour politique à leur procès en faisant une déclaration sur le passé du Pays-Basque et sur l’avenir politique de la région.

EDIT: Ce 22 novembre, la cour d’assises spéciale de Paris qui a confirmé le verdict de première instance, c’est à dire que les deux militants ont été condamnés à vingt ans de réclusion.

Interpellée en juillet 2008, Olga Comes Arambillet est depuis lors incarcérée à la maison d’arrêt de Châlons-en-Champagne. Elle est soupçonnée en Espagne d’avoir participé en 2007 à la filature d’un conseiller municipal socialiste basque que l’ETA aurait projeter d’assassiner. Ce jeudi matin, la cour d’appel de Reims a entériné son extradition. Les services du ministère de la Justice en charge des transfèrement va fixer la date de celle-ci. Après Aurore Martin et Inaki Imaz Munduate, c’est la troisième personne présumée liée à l’ETA que les autorités françaises livrent à l’Espagne en quelques jours.

La police de Liverpool a annoncé avoir interpellé Raul Angel Fuentes Villota, un homme de 46 ans qui serait membre de l’ETA et aurait vécu ces 17 dernières années dans la clandestinité en Angleterre. La police est actuellement en contact avec l’ambassade d’Espagne à Londres pour mettre en place la procédure d’extradition. Raul Villotta, ainsi que d’autres membres présumés de l’ETA, avait été arrêté en juin 1991 suite à une fusillade. Tous étaient accusés d’avoir tenté de poser une bombe contre une voiture d’un officier de police dans la province de Vizcaya du Pays-Basque espagnol. Placé en détention provisoire, il avait été libéré en juin 1995. Trois mois plus tard, il ne s’était pas présenté à une audience, entraînant la délivrance d’un mandat d’arrêt européen à son encontre par les autorités espagnoles. Ces dernières l’accusent également d’être l’auteur de plusieurs actions meurtrières attribuées à l’ETA. Lors de son interpellation, Raul Villotta aurait affirmé aux autorités britanniques qu’il vivait depuis 17 ans avec de faux papiers en Angleterre dans l’attente d’instructions en provenance de l’organisation.

Raul Angel Fuentes Villotta

15.000 personnes ont manifesté samedi à Bayonne à l’appel du mouvement Herrira en faveur des droits des prisonniers basques, 10 jours après l’arrestation et la remise aux autorités espagnoles de la Française Aurore Martin, ancienne responsable du mouvement basque Batasuna. La cheffe du groupe de la gauche indépendantiste basque Euskal herri Bildu au sein de la Communauté autonome basque, Laura Mintegi, a annoncé peu avant le départ du cortège « sa solidarité avec tous les prisonniers et particulièrement Aurore Martin ». « Nous demandons la libération des prisonniers malades » mais aussi « d’en finir avec la dispersion » des prisonniers basques, a ajouté la représentante de Bildu, rappelant les principales revendications des manifestants. Elle a également souhaité « que les Etats français et espagnol se mettent au service de la feuille de route d’Aiete », conférence internationale qui s’est déroulée en octobre 2011 à Saint Sebastien, et proposant une « résolution du conflit basque ».

Des familles de prisonniers basques ouvraient le cortège en brandissant des photos des quelque 605 prisonniers basques retenus dans les prisons françaises et espagnoles. Des « Joaldun », personnages de la mythologie basque, précédaient cependant la manifestation en arborant des portraits d’Aurore Martin, dont l’arrestation et l’extradition le 1er novembre alimentaient les slogans et les discussions pendant la manifestation. Actuellement, 136 militants basques sont en détention en France et 469 en Espagne, la plupart à plusieurs centaines de kilomètres de leurs foyers.

Pays basque: 15.000 manifestants pour les prisonniers basques à Bayonne

Les réactions se multiplient après la remise d’Aurore Martin, une militante basque française, aux autorités espagnoles après son interpellation jeudi 1er novembre à Mauléon. A Mauléon (Pays basque français), une manifestation de soutien à la jeune femme s’est tenue vendredi 2 novembre à la mi-journée. Lors d’une conférence de presse à Bayonne, un responsable du mouvement Batasuna doutait du caractère « fortuit » du contrôle qui a permis l’arrestation de la militante.

Au mois d’août dernier, le détenu basque Iosu Uribetxebarria s’était vu accorder la semi-liberté, première étape avant de pouvoir bénéficier de la liberté conditionnelle. Incarcéré depuis 1998, l’etarra souffre d’un cancer à un stade avancé, justifiant la nécessité de sa libération. Malgré sa grève de la faim, ainsi qu’un vaste mouvement de solidarité de l’ensemble des prisonniers basques en Espagne et en France, le ministère public avait fait appel de la décision de l’audience nationale de lui accorder la liberté conditionnelle. Finalement, la principale audience pénale espagnole a confirmé, par quatre voix contre et une pour, la liberté conditionnelle, ce qui signifie que Iosu Uribetxebarria va sortir de prison.

Le procureur de l’Audiencia nacional espagnole avait jusqu’à vendredi prochain pour faire appel de la décision de libérer Iosu Uribetxeberria, prisonnier basque atteint d’un cancer en stade terminal. Il l’a fait hier. Le prisonnier devra donc rester sous les écrous, car sa liberté conditionnelle ne pourrait être appliquée qu’après une décision définitive de la justice. Le représentant du ministère public reconnaît que Iosu Uribetxeberria “est atteint d’une maladie grave et incurable”. Il affirme, cependant, que sa vie n’est pas en jeux dans l’immédiat et lui exige sa repentance, condition de sa mise en liberté. Le procureur a demandé que la cour arbitre rapidement.