L’armée et la police ont lancé en décembre une vaste offensive dans le district de Sur et dans plusieurs autres villes, sous couvre-feu total, pour réduire l’insurrection de la jeunesse kurde qui ont levé des barricades et creusé des tranchées. L’offensive des forces turques pour reprendre le contrôle du district est extrêmement brutale, n’hésitant pas à faire usage de tirs d’artillerie en zone urbaine. Près de 200 civils kurdes ont ainsi été tués. Dans le district historique de Sur, à Diyarbakir, le couvre-feu en place depuis le 2 décembre a été étendu à cinq quartiers supplémentaires et à une rue pour permettre aux forces de l’ordre de reprendre le contrôle de la ville. Un couvre-feu règne depuis près de 50 jours dans la ville de Cizre, alors que celui qui visait la ville de Silopi a été levé partiellement la semaine dernière.

Quatre soldats turcs ont été tués mercredi lors de violents affrontements avec des combattants du PKK à Diyarbakir, où un couvre-feu controversé a encore été renforcé. Les combats ont éclaté dans le district de Sur, lorsque des hommes du PKK ont ouvert le feu sur des soldats avec des armes automatiques et des lance-roquettes. Trois soldats ont été tués et six autre blessés, un quatrième soldat est décédé plus tard de ses blessures à l’hôpital.

Insurgé kurde à Cizre

Insurgé kurde à Cizre

Depuis le début du mois de janvier, des troupes des Forces Démocratiques Syriennes (QSD), l’alliance formée autour des YPG ont traversé l’Euphrate vers l’ouest dans l’objectif de libérer la ville de Manbij. L’état turc avait posé l’Euphrate comme une ligne derrière laquelle les forces kurdes de Syrie ne devaient pas avancer sous peines de représailles. Difficile de savoir à l’heure actuelle si les YPG ont effectivement traversé l’Euphrate (la Turquie le nie en tous cas), on sait par contre que Jaysh al-Thuwar (l’Armée des Révolutionnaire, un groupe de la gauche de l’ASL, membre des QSD) est effectivement présent au sud de Manbij.

La libération de Manbij est une énorme source de tensions pour les islamistes et pour l’état turc puisqu’elle pourrait aboutir à la libération de Jarabulus, à l’unification du Rojava et à couper la route aux aides de la Turquie vers l’Etat Islamique. Nous avions écrit il y a trois jours que la situation était extrêmement confuse à Manbij. Des sources fiables YPG auraient déclaré dans les dernières heures qu’une opération d’ampleur se préparerait pour libérer simultanément les villes de Jarabulus et de Manbij. Les YPG traverseraient alors l’Euphrate à deux ou trois endroits en même temps, s’exposant à un conflit ouvert avec la Turquie dans l’immédiat. Les troupes turques sont parées à l’éventualité et seraient déjà présentes à Jarabulus.

D’autres rumeurs, de sources moins sûres, prétendent que l’opération simultanée concernerait également la ville d’Azaz, contrôlée par les factions les plus islamistes de l’ASL et le Front al-Nusra. Ces sources prétendent également que l’opération serait imminente. Si une telle opération massive devait avoir lieu, les islamistes de Daesh, du Front al-Nusra et des factions islamistes de l’ASL se trouveraient coincés à l’ouest et à l’est par les QSD et au sud par les forces loyalistes du régime syrien, qui cherche lui à prendre la ville de al-Bab.

L’opération pourrait ressembler à ça.

L'opération pourrait ressembler à ça.

La troisième « Conférence de Paix » de Genève concernant la guerre civile en Syrie débutera normalement ce vendredi en Suisse avec une semaine de retard. La Turquie avait refusé que le PYD (Parti de l’Union Démocratique) ne soit représenté à cette conférence, prétextant les liens entre ce parti progressiste kurde et le PKK. L’ONU a réagit positivement à la demande turque. Les États-Unis se rangent également derrière leur allié turc en barrant l’entrée au PYD, prétextant cette fois-ci que le PYD n’a pas sa place à cette conférence puisqu’il ne combat pas les troupes loyalistes via ses milices YPG/YPJ.

La conférence de Genève s’annonce évidemment -avec ou sans PYD- comme un sommet de marchandages entre impérialistes et réactionnaires locaux. La Russie avait pourtant insisté sur la présence des Kurdes alors que l’Arabie Saoudite représentera plusieurs factions islamistes de l’Armée Syrienne Libre, dont la branche syrienne d’al-Qaeda, le front al-Nusra (qui n’est en fait pas membre de l’ASL, mais l’allié régulier de ses factions islamistes).

Le PYD a libéré depuis le début de la guerre civile en 2011 la quasi-totalité du nord du pays qui est désormais vidée tant des forces loyalistes à Bashar al Assad que des factions islamistes, sa zone d’influence s’agrandit au sud de Ciziré et à l’est via la coalition QSD.

Immense drapeau YPG accroché lors de la libération de Kobané en janvier 2015.

Immense drapeau YPG accroché lors de la libération de Kobané en janvier 2015.

Au coeur du Moyen-Orient, les populations du Rojava se sont soulevées depuis deux ans contre les forces réactionnaires qui oppressent la région depuis des décennies. Le Rojava fait aussi face à la menace des impérialistes américains et de l’OTAN, ainsi que des régimes réactionnaires et fascistes du Moyen-Orient.

Le Bataillon International de Libération regroupe des combattants communistes, anarchistes et antifascistes venus défendre le Rojava dans l’esprit des Brigades Internationales dans l’Espagne de 1936. Une campagne a été lancée en Belgique, visant à leur apporter un soutien politique et matériel en finançant l’achat une centaine de pansements hémostatiques de nouvelle génération. 60% des blessés par balle meurent d’hémorragie en attendant d’être pris en charge : ces pansements, assez onéreux, stoppent l’hémorragie rapidement en précipitant la coagulation du sang dans la plaie.

L’OCML-VP a repris cette campagne en France et a déjà programmé un meeting en ce sens. Nous appelons les autres forces révolutionnaires, communistes, anarchistes et antifascistes de France et d’ailleurs à nous contacter et à s’investir eux aussi dans cette campagne.

Poster

L’OCML Voie Prolétarienne participe à la campagne de solidarité avec le Bataillon International de Libération. A Toulouse, des points de collecte ont été mis en place pour récolter les donations.

Ces points sont les suivants:
Librairie Terra Nova, 18 rue Gambetta
Bodrum restaurant, 6 rue des Lois
Bar Le Communard, place Arnaud Bernard
Bar Le Txus, 9 rue Saint Charles

Toulouse/Rojava: Où participer à la collecte de la campagne de solidarité avec le Bataillon International de Libération ?

Pour des raisons inconnues, les combats se sont raréfiés ces derniers jours au sud de la ville de Manbij, que les QSD visaient pourtant. Depuis une grosse quinzaine de jours, les frappes américaines ont pratiquement cessé sur cette place stratégique de l’Etat Islamique. Comme le rapportent des observateurs « On ne sait pas ce qu’il se passe, la seule chose qui est sûr c’est que la Turquie a beaucoup à voir là dedans ».

La prise de Manbij risque de géner au plus haut point l’état turc et l’Etat Islamique. Menaçant les premiers de la création d’un (deuxième) quasi-état kurde à sa frontière, menaçant les seconds de couper la route de leur principal fournisseur d’armes et de combattants, la Turquie.

En gros, la situation sur place.

En gros, la situation sur place.

L’OCML Voie Prolétarienne a récemment rejoint notre campagne de soutien aux révolutionnaires internationalistes qui combattent dans le Bataillon International de Libération (IFB), aux côtés des YPG, au Rojava. Cette participation sera initiée par une soirée d’hommage à Ivana Hoffmann (une jeune révolutionnaire du MLKP tombée sous les balles islamistes en mars 2015), qui aura lieu à Toulouse le 27 février prochain.

Tous les détails de cette soirée sont disponible ici, l’intégralité des fonds récoltés sera versée à la caisse de la campagne visant à fournir des pansements hémostatiques aux internationalistes du Rojava.

L’event Facebook.

Les YPS, les Unités de Défense Civiles, établies par le PKK pour défendre les zones kurdes de Turquie viennent de se doter d’une « coordination générale » pour améliorer leur organisation. Les YPS ont été établiees par analogie avec les YPG du Rojava, elles sont sous la guidance de la YDG-H (le mouvement de jeunesse du PKK), établies à travers tout le Kurdistan turc et sont spécialement actives dans les zones urbaines sous couvre-feu turc.

Des guérilléros YPS

Des guérilléros YPS

La guerre civile pourrait prendre un tournant historique dans les prochains jours. Tous les belligérants se tournent vers l’est de la province d’Alep, et plus particulièrement autour des villes de Manbij et de Al-Bab.

La ville de Manbij est prise d’assaut par les QSD, les Forces Démocratiques Syriennes dirigées par les YPG/YPJ. La libération de cette ville arabe à forte minorité kurde est d’une importance stratégique pour deux raisons : la première est l’unification du canton d’Afrin au reste du Rojava, qui permettra aux forces progressistes kurdes de revendiquer la totalité de leur territoire. Le second enjeu est de couper toute route entre la Turquie et l’État Islamique. Les frappes aériennes russes soutiennent l’avancée kurde alors que les frappes américaines se font plus timides. À l’intérieur de la ville, les islamistes répriment le résistance: un opposant kurde, Farooq Khalo, accusé de soutenir les YPG à notamment été crucifié.

De son côté, l’Armée Syrienne Arabe (loyalistes) a prit d’assaut la ville d’Al-Bab, également occupée par l’État Islamique. une fois que Manbij et Al-Bab auront été débarrassés d’ISIS, ce dernier sera complètement coupé de son allié, l’État turc. Les QSD pourront alors entreprendre la libération de Raqqa, la capitale de l’État Islamique.

Sur le front d’Afrin, les QSD percent les lignes des factions islamistes de « l’Armée Syrienne Libre » (Front Islamique et Front al-Nusra). Leur objectif est de retrouver le front de Manbij à Jarabulus. Mais l’État turc préfère largement un état Islamique à un état kurde à de frontière. Ce jeudi, l’armée turque est donc rentrée à Jarabulus, sans rencontrer aucune résistance de l’occupant islamiste actuel. L’armée turque procède également à des tirs de mortiers contre les Forces Démocratiques à Manbij.

Les négociations de paix de « Genève 3 » qui doivent avoir lieu dans trois jours, réuniront les impérialistes sur le sort de la Syrie. Le Turquie a d’ores et déjà tapé du poing sur la table pour en interdire l’accès aux Kurdes, alors que la succursale Syrienne d’Al-Qaeda, le front al-Nusra, y sera représenté par un comité saoudien.

Carte d’Alep, probablement aussi compréhensible que la situation sur place.

Carte d'Alep, probablement aussi compréhensible que la situation sur place.

Deux hommes considérés comme des cadres du PKK de la région de Marseille ont vu leurs peines alourdies mardi en appel à sept ans de prison pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. La cour d’appel de Paris a assorti les peines prononcées contre Oner Uludag et Ali Baki d’une interdiction définitive du territoire français.

L’enquête portait sur la « kampanya », la collecte de l’impôt révolutionnaire auprès de la diaspora kurde. En première instance, les deux principaux prévenus, accusés d’avoir projeté une action violente contre un homme qui refusait de payer la kampanya, avaient été condamnés à cinq ans de prison ferme. Le parquet, qui avait requis une peine de neuf ans d’emprisonnement, avait fait appel. Leurs sept co-prévenus avaient également été condamnés le 24 mars 2015 à des peines allant de 30 mois avec sursis à deux ans ferme. Le parquet n’avait pas fait appel pour ces derniers.

Manifestation des Kurdes de Marseille

Manifestation des Kurdes de Marseille