Mardi 21 mai 2019, les trois anarchistes Natascia, Giuseppe et Robert avaient été été arrêté·es à Milan par le Raggruppamento Operativo Speciale (ROS, l’unité anti-terroriste des Carabinieri) dans le cadre d’une opération répressive appelée « Prometeo » (voir notre article). Les trois activistes sont accusé·es principalement « d’attaque terroriste ou de subversion ». Natascia est toujours en prison, alors que Robert a été libéré. Quant à Giuseppe, dans la matinée du mardi 17 décembre, il a en plus été accusé, dans le cadre de l’opération « Spark » (une opération du ROS de Turin cette fois), d’avoir tenté de détruire un distributeur automatique de billet de La Poste de Gênes, en juin 2016, à l’aide d’un engin incendiaire (voir notre article).

Pour lui écrire:
Giuseppe Bruna
C. C. di Pavia
via Vigentina 85
27100 Pavia
Italia – Italy

Emblème du ROS

Samedi 14 décembre, le « Collectif Éphémère des Pères et des Mères Nöel en Colère » entamait la réquisition et l’occupation d’un un immeuble vide depuis plusieurs années afin de dénoncer et de sensibiliser sur le mal-logement et les inégalités (11 millions de logements vides en Europe contre 4,6 millions de personnes sans-abris dont 15.000 et 30.000 sur l’ensemble de la Région de Bruxelles-Capitale). Les militant·es souhaitaient également dénoncer la loi anti-squat votée l’an dernier qui criminalise l’occupation des bâtiments vides (voir notre article). Hier, la police, semble-t-il sous la direction du commissaire Vandersmissen, a expulsé les militant·es et arrêté deux personnes sans-papiers.

Occupation d'un bâtiment vide par Collectif Éphémère des Pères et des Mères Nöel en Colère

Occupation d’un bâtiment vide par Collectif Éphémère des Pères et des Mères Nöel en Colère

Mercredi 18 décembre, des prisonniers anciens combattants FARC, détenus dans la cour 4 de la prison de La Picota à Bogotá, ont publié une série de revendications dans lesquelles ils demandent à être libérés conformément à l’amnistie négociée dans le cadre de l’accord de paix. Plus de 600 FARC restent, en effet, enfermés dans cette prison et sont menacés de transferts vers une prison étrangère à celle concernée par ces mêmes accords. Ces prisonniers auraient été torturés à de multiples reprises. La Force alternative révolutionnaire commune (le parti politique issus des FARC qui ont rendus les armes) ne reconnaît que 171 de ces prisonniers. Les autres auraient été retirés des listes d’amnistie.

Prisonniers appartenant aux FARC

Prisonniers appartenant aux FARC

Depuis 2015, 15.530 personnes ont été détenues dans les opérations policières contre le Parti Démocratique du Peuple (HDP). Parmi elles, 16 députés du HDP, dont des coprésidents, 7 membres du Comité exécutif central, 21 membres de l’Assemblée du Parti et plus de 750 dirigeants provinciaux et de district (voir notre article). Une manifestation de solidarité aura lieu demain à Bruxelles.

Rassemblement de solidarité avec le HDP

 

Samedi 7 décembre vers 12h15, la police a lancé un raid contre une maison louée via la plate-forme AirBnB et a arrêté 16 personnes à Bordeaux. Elles sont accusées de « dégradations en réunion », et d' »association de malfaiteurs en vue de commettre des dégradations et violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique ». Concrètement, les militant·es sont accusé·es d’avoir tagué à plusieurs reprises « ACAB » dans le quartier et d’avoir en leur possession du matériel (prétendument retrouvé durant la perquisition) qui aurait pu être utilisé contre la police lors de la manifestation de l’acte 56 des Gilets Jaunes. Les militant·es ont été présenté·es à un juge d’instruction lundi. Ils et elles ont probablement été placé·es en détention provisoire, comme l’a demandé le parquet de Bordeaux.

Arrestations de Gilets jaunes à Bordeaux (archive)

Arrestations de Gilets jaunes à Bordeaux (archive)

Mise à jour le 7 décembre :

Jeudi 5 décembre, la France était paralysée par une grève générale et environ 1,5 million de personnes sont descendues dans les rues pour manifester. Certaines des 245 manifestations recensées ont donné lieu a des affrontements avec la police. Voici un compte-rendu non-exhaustif des événements.

La répression semble s’être concentrée à Paris où la moitié des forces de l’ordre était déployée (voir notre article). On y dénombre 11 490 contrôles préventifs et 90 arrestations. Le lendemain, à la mi-journée, 18 personnes avaient été déférées devant la justice, 19 procédures avaient été classées sans suite et 54 gardes à vue étaient toujours en cours. Des canons à eaux des pompiers, potentiellement létaux à moins de 5 mètres, avaient été réquisitionnés par les forces de l’ordre parisienne. Ils n’auront finalement pas été utilisés.

Au total, 250 000 personnes ont pris part à la manifestation parisienne où des affrontements ont eu lieu entre policiers et manifestant·es. Alors que la manifestation était nassée et violemment réprimée par la police sur le Boulevard Magenta et au niveau de la place de la République, les pompiers fortement mobilisés en cette journée du 5 décembre ont fait reculer les CRS en tête de cortège et ont cassé la nasse. À Lille, des heurts ont éclaté entre les pompiers et la police. On signale également des affrontements et une répression importante lors d’une manifestation à Nantes qui a rassemblée 20 000 personnes. Les manifestant·es se sont notamment attaqué à la préfecture de police de la ville.

Au Havre, une personne a été violemment arrêtée et placée en garde à vue pendant 24 heures, pour avoir critiqué les gendarmes qui essayé de dissimuler les preuves d’un tir de LBD en récupérant la cartouche.

Manifestation à Paris à l'occasion de la grève contre la réforme des retraites

Manifestation à Paris à l’occasion de la grève contre la réforme des retraites

 

Hier, le groupe Jeunes Révolutionnaires a annoncé la libération de Théo El Ghozzi, ouvrier nantais et militant maoïste. Il était enfermé à Nantes depuis le 22 juillet. Arrêté au motif qu’il n’avait pas respecté le suivi judiciaire d’une condamnation liée au mouvement contre la loi Travail, il avait ensuite été accusé d’avoir tagué l’appartement de François de Rugy (un député connu pour ses détournements de fonds publics). Théo El Ghozzi avait entamé une grève de la faim dès son arrestation pour revendiquer la reconnaissance de son statut de prisonnier politique, son transfert à la prison de Riom, et la libération de tou·tes les prisonniers et prisonnières politiques, particulièrement celle de Georges Ibrahim Abdallah. Des actions de solidarité avaient été menées au Québec, en Irlande, aux États-Unis et en Belgique (voir notre article).

Une affiche pour une manifestation pour la libération de Théo

Jeudi 21 novembre, des manifestations massives étaient annoncées en Colombie pour protester contre les mesures d’austérité du gouvernement d’Iván Duque. Celui-ci avait pris des mesures répressives préventives (dont le déploiement de 4000 policiers dans la capitale) (voir notre article). Malgré ce déploiement policier, plus de 250.000 personnes ont manifesté dans le pays ce jour-là. Dans la capitale, Bogotá, la police anti-émeute colombienne (Esmad) a dispersé violemment des manifestant·es à l’aide gaz lacrymogène sur la Plaza de Bolívar alors que celles et ceux-ci bloquaient des routes à la fin de la manifestation. La police a fait de même dans le district densément peuplé de Suba où des manifestant·es bloquaient une station de métro.

Au total, trois manifestant·es ont été tué·es dans les manifestations de jeudi : deux lors d’une action dans un centre commercial situé dans la municipalité de Buenaventura et une autre dans la municipalité de Candelaria dans le département du Valle del Cauca. En outre, selon les chiffres officiels 122 manifestant·es auraient été blessé·es, le chiffre réel étant très probablement bien plus élevé. Enfin, on dénombre 98 arrestations.

Des manifestant·es contre le gouvernement Duque à Bogota, le 21 novembre.

Des manifestant·es contre le gouvernement Duque à Bogotá, le 21 novembre.

Salutations internationales aux prisonnier·e·s révolutionnaires à l’occasion de la Conférence de Travail du Secours Rouge International, novembre 2019.

Les délégué·e·s de Belgique, Suisse, Italie, Allemagne et Turquie/Kurdistan présent·e·s à la Conférence de Travail 2019 du Secours Rouge International vous adressent leurs salutations les plus chaleureuses.

La conférence s’est tenue dans un contexte général de progrès du fascisme sous toutes ses formes : du fascisme déchaîné au pouvoir en Turquie à l’action des gangs néo-nazis ou islamistes en passant par les politiques gouvernementales racistes et répressives des États de l’Union Européenne.

Cette tendance est issue de la crise générale du capitalisme, qui ne peut répondre aux aspirations des peuples que par la répression et la violence. Le SRI a toujours considéré que la dialectique lutte/répression/résistance était une partie importante, organique, du processus révolutionnaire. Il faut assumer cette dialectique comme partie intégrante de la tendance à la guerre de classes, un espace de maturation et de qualification de la lutte révolutionnaire.

Cette perspective prend un caractère concret avec le développement de nouveaux mouvements de masse, comme celui des Gilets Jaunes en France, des mouvements populaires au Chili, etc. Ces mouvements sont eux aussi issus de la crise générale du capitalisme, et ils expriment, par de nouvelles voies, l’aspiration des peuples à un changement de société. Ces mouvements sont confrontés à une répression très brutale, à laquelle ils offrent, ne serait-ce que par leur continuité, une résistance admirable. La défense des luttes dans la rue est l’une de nos préoccupations dans la période actuelle.

Les enjeux de la résistance du Rojava à l’agression fasciste turque concernent tout le mouvement révolutionnaire. Le destin politique de l’Europe est étroitement lié à celui du Moyen-Orient, et le Rojava est la principale ligne de front. On y voit s’opposer de la manière la plus nette et la plus radicale le projet de société nouvelle aux formes les plus barbares de répression et de réaction. Cet enjeu est assumé par les internationalistes (notamment ceux du Bataillon International de Libération) dont 48 ont payé de leur vie cet engagement. Notre campagne pour fournir les combattant·e·s du Rojava en matériel médical de première ligne est notre contribution modeste, mais effective. La délégation turque a souligné, à notre conférence, l’importance de l’internationalisme, dans toutes ses formes et à tous les niveaux d’action, dans cet affrontement d’une portée internationale.

Le succès du mois d’agitation pour Georges Abdallah est l’expression d’une autre facette de notre travail qui unit la défense des prisonnier·e·s révolutionnaires à la valorisation des causes qu’ils incarnent, dans le cas de Georges à la cause du peuple Palestinien. Cette mobilisation prend un sens tout particulier alors que les peuples arabes, notamment en Irak et au Liban, descendent dans la rue contre des régimes réactionnaires et corrompus.

Malgré les progrès du fascisme et de la réaction, impulsés par le système pour désamorcer les conflits que sa crise génère, les luttes de classes et populaires constituent une alternative puissante, à laquelle nous contribuons dans la mesure de nos moyens. Vous êtes une part de cette alternative, comme dans cette lutte contre la section spéciale d’isolement de la prison de l’Aquila, partie de la lutte contre la loi 41bis, qui a montré que la détermination et l’unité entre prisonnier·e·s révolutionnaires de différentes tendances, renforcée par la solidarité extérieure et intérieure, pouvait déboucher sur une victoire.

C’est en soulignant votre importance pour le processus révolutionnaire et en saluant votre résistance dans les prisons que nous vous adressons, cher·e·s camarades, nos salutations les plus chaleureuses.

Dimanche 17 novembre, des militant·es antifascistes qui participaient à un championnat d’arts martiaux à Moscou ont subi un raid de l’unité « anti-extrémisme » de la police. 25 personnes ont été identifiées, arrêtées et emmenées pour interrogatoire. Les policiers auraient cherché à savoir si des participant·es au tournoi avaient pris part à des émeutes massives à Moscou cet été (voir notre article). Un des antifascistes arrêtés, Vladislav Barabanov, avait déjà été soupçonné d’avoir pris part aux émeutes, mais les charges retenues contre lui ont finalement été abandonnées. Le championnat de dimanche était organisé pour commérer Ivan Khutorskoy, un militant anarchiste bien connu qui avait été abattu en 2009 par le groupe BORN (Organisation de combat des nationalistes russes), un groupe armé fasciste.

Raid contre un championnat d'arts martiaux antifasciste à Moscou