Le procès des responsables de l’Union des Syndicats du Tchad et celui du directeur de publication d’un journal, tous poursuivis pour « diffamation » et « incitation à la haine », a eu lieu mardi, à N’Djaména. Ils ont été condamnés à au moins un an de prison avec sursis, une amende et le journal N’Djamena Bi-Hebdo fermé pour trois mois. Les poursuites judiciaires ont été enclenchées contre les trois syndicalistes et le journaliste suite à la publication, par l’UST, d’une pétition accusant le régime du président Idriss Déby Itno de mauvaise gestion des ressources nationales. Un autre travailleur a pâti d’une peine de trois mois fermes et 100.000 francs CFA d’amende, pour avoir souri au moment du prononcé des peines, l’expression de son visage ayant été interprétée comme « outrage à magistrat ».

Ces condamnations risque de durcir la position des travailleurs du secteur public – réclamant de meilleures conditions de travail – alors qu’ils avaient suspendu le 17 septembre la grève pour un mois, le temps de négocier.

La police poursuit ses opération de répression des ouvriers en lutte de la mine Lonmin, tentant de briser leur résistance par des tirs de balles en caoutchouc à partir de leurs véhicules blindés. Une conseillère municipale, étrangère à la grève, qui faisait ses courses le samedi dans le bidonville Wonderkop, a été touché à l’abdomen et aux jambes et transporté à l’hôpital, où elle est morte hier.. De nombreuses personnes ont été blessées des balles en caoutchouc. A la mine Amplats, un mineur a été renversé et traîné plusieurs mètres par un blindé de la police. L’homme est mort durant la nuit à l’hôpital.

100.000 ouvriers ont quitté leurs usines et ont manifesté à Narayanganj, à 20 kilomètres au sud de Dakha et ont affronté la police. Une rumeur sur un meurtre d’un travailleur dans une usine de la zone économique spéciale d’Adamjee, où sont fabriqués des vêtements pour les principales chaînes internationales, comme H&M, a lancé le mouvement de protestation.

Au moins 50 personnes, dont cinq policiers et deux journalistes ont été blessés lors d’affrontements. Un poste de police, un pick-up et quatre motos de la police ont été incendiés par les ouvriers qui ont été refoulés par les forces de l’ordre usant de balles en caoutchouc et des grenades lacrymogènes. Les affrontements ont interrompu le trafic sur les axes Dhaka-Chittagong et Dhaka-Sylhet, provoquant des embouteillages énormes.

Les 3.000.000 de travailleurs du textile du Bangladesh travaillent généralement 10 heures d’affilée (certains jusqu’à 16 heures par jour) pour un des salaires les plus bas du monde dans le secteur: 37 $ par mois. Lors des manifestations, les ouvriers d’Adamjee ont exigé la limite de la durée du travail. Le Bangladesh est le deuxième plus grand exportateur mondial de vêtements, le secteur a représenté 19 milliards de dollars l’an dernier, soit 80% du total des exportations nationales.

Bangladesh: Emeutes ouvrières

Le tribunal de Rabat a rejeté lundi 10 septembre la demande de libération sous caution du syndicaliste Said Elhairech, détenu depuis deux mois pour « des accusations montées de toutes pièces », selon l’ITF (Fédération internationale des ouvriers du transport).

Saïd Elhairech, secrétaire général du Syndicat national des dockers professionnels et assimilés des ports du Maroc et Président du Comité régional Monde arabe de l’ITF, a été arrêté le 16 juin pour « sabotage et d’atteinte à la sûreté de l’État». Il est incarcéré à la prison de Salé, près de Rabat. L’ITF estime qu’il est accusé à tort « suite à l’excellent travail qu’il a accompli à sa demande pour aider les équipages abandonnés après la cessation d’activités de la société de ferries Comarit-Comanav ».

Maroc: Le représentant des marins et dockers reste en prison

Environ 500 policiers ont attaqué les foyers de travailleurs de la mine de platine Lonmin de Karee, près de Marikana, là où la police avait tué 34 mineurs le mois dernier, dans le but annoncé de « saisir des armes ». 6000 ouvriers logent dans ces foyers. Quelques machettes et lances ont été saisis mais les affrontements ont été vifs entre les policiers et les mineurs (toujours en grève) qui protestaient contre ce raid. La police a tiré des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Cinq mineurs ont été arrêtés.

Des affrontements ont opposé lundi les forces de l’ordre à des centaines d’ouvriers qui protestaient devant le ministère de l’Industrie à Rome contre la fermeture de l’usine du géant américain de l’aluminium Alcoa à Portovesme, en Sardaigne. Le groupe industriel suisse Klesch a exprimé son intérêt pour cette usine mais Alcoa, dans un courriel diffusé plus tard, a déclaré n’avoir reçu aucune proposition intéressante ou viable en vue d’une reprise de la fonderie située dans le sud-ouest de la Sardaigne.

Des responsables gouvernementaux, des représentants des syndicats et de la direction d’Alcoa s’étaient réunis lundi au ministère de l’Industrie pour tenter de trouver un moyen d’éviter la fermeture de l’usine. L’usine de Portovesme emploie 500 salariés, auxquels s’ajoutent un millier d’emplois induits. Sa fermeture par étapes a débuté le 1er septembre mais la fonderie devrait rester en activité encore un an, prête le cas échéant à être reprise par un autre opérateur.

Italie: Les ouvriers d’ALCOA affrontent la police

A Modder East (environ 30 km à l’est de Johannesburg), la mine Gold One avait licencié 1.044 ouvriers (plus de la moitié des employés de la mine) en juin après une grève sauvage organisée par le petit syndicat PTAWU. La justice avait déclaré le mouvement illégal, l’entreprise (contrôlée par des capitaux chinois) avait licencié les grévistes. Les incidents sont survenus alors que le processus de réembauche a commencé, en raison des pressions des anciens grévistes pour être réengager: pressions contre l’entreprise et contre les jaunes.

Ce lundi, quelque 200 hommes armés de bâtons et de barres de fer tentaient de bloquer les accès à la mine. Les forces de l’ordre sont intervenues, reconnaissant avoir fait usage de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc en fin de matinée. Quatre personnes ont été hospitalisées, certains auraient été blessées par balles.

La police criminelle mauricienne a convoqué les syndicalistes accusés de non-respect de l’ordre d’arrêt des préparatifs de grève, émis le 3 août par le tribunal du travail pendant les négociations avec le patronat au début du mois. Les syndicalistes dénoncent la partialité du président de ce tribunal. Malgré l’ordre d’arrêt, les syndicalistes de l’industrie sucrière avaient maintenu l’exercice de vote à bulletin secret en faveur de la grève, le lundi suivant. Un accord avait été arraché in extremis entre employés et employeurs le 16 août et la grève n’a pas été déclenchée. Mais la procédure judiciaire anti-syndicale a donc commencée.

Ile Maurice: Syndicalistes poursuivis en justice

Le Parquet sud-africain a annoncé dimanche qu’il allait suspendre l’inculpation pour meurtre de 270 grévistes arrêtés après la fusillade de la mine de Marikana (nord) le 16 août au cours de laquelle 34 de leurs collègues avaient été abattus par la police. Les manifestants vont être remis en liberté conditionnelle et leur cas va être reporté dans l’attente de la conclusion des enquêtes.

Le magistrat n’avait pas indiqué sur quel texte il s’était basé jeudi en les inculpant pour meurtre. Les inculpés faisaient partie des grévistes, armés de lances et de machettes, sur lesquels la police a tiré. De nombreux juristes estiment qu’il a utilisé une loi anti-émeutes de 1956, toujours en vigueur, qui était très prisée du temps de l’apartheid. Le texte prévoit que soit inculpée pour meurtre toute personne arrêtée sur le site d’une fusillade impliquant la police, que les victimes soient des policiers ou non.

La cour suprême de l’état de Victoria (Australie) a ordonné aux syndicalistes de la Construction Forestry Mining and Energy Union (CFMEU) de lever le piquet de grève sur un chantier de l’entreprise Grocon (sic), à Melbourne, piquet en place depuis mercredi. Tôt dans la matinée, la police a tenté de briser le piquet tenu par une petite centaine d’ouvriers, en usant de gaz et de cavalerie. Les grévistes ont vite reçu des renforts et vers 9 heures, plus de 500 ouvriers étaient sur place, tenant la police en échec.