Depuis plusieurs jours, les employés bloquent la production de l’usine allemande Meister de Sprimont spécialisée dans les pièces automobiles, pour protester contre une future délocalisation. Profitant du week-end la direction a voulu récupérer des pièces produites dans l’entreprise, de gré ou de force, à l’aide d’une milice lourdement armée. Armés (matraques, battes de baseball et gaz au poivre) et équipés de gilets par-balles, venus d’Allemagne, les miliciens ont investi l’entreprise à 14h, tenant de séquester les trois ouvriers qui assuraient la maintenance. L’un d’eux a pu prévenir l’extérieur et la police et les autres grévistes sont arrivés.
Les trois ouvriers ont porté plainte pour coups et blessures. A l’heure qu’il est, les hommes du groupe privé sont bloqués à l’intérieur avec trois camionnettes et deux camions. Dehors, une cinquantaine de travailleurs et de syndicalistes refusent de les laisser sortir et cela risque de durer toute la soirée. Une trentaine de policiers se trouvent également sur place.

EDIT:
Les miliciens de Meister ont été évacués par la police cette nuit. Le matériel qu’ils comptaient embarquer a été déchargé de leur camion et remis dans l’usine. Travailleurs et délégués ont désormais levé le camp. Les miliciens de Meister ont vraisemblablement fouillé tous les casiers du personnel à l’intérieur de l’entreprise. Certains dégâts matériels ont également été constatés.

La FGTB va déclencher une procédure en justice contre Arcellor Mittal. Un agent de sécurité à la solde du patronat du géant métallurgiste avait en effet espionné les faits et gestes des ouvriers et syndicalistes actifs à l’aide d’un stylo-caméra. Arcellor Mittal s’est défendu en prétendant une initiative individuelle de la part du vigile mis en cause, la direction prétend également interdire ce genre de pratiques à ses vigiles.

Liège: Espionnage du syndicat à Arcelor-Mittal

Suite à une plainte de l’Association des employeurs indonésiens, l’organisation patronale du pays, qui avait argué qu’une hausse des salaires allait faire fuir les investisseurs étrangers, un tribunal indonésien a annulé une augmentation du salaire minimum local de 13%, pour le faire passer à 1,49 million de roupies par mois (127 euros). Les ouvriers indonésiens ont alors multiplié les actions spectaculaires. 20.000 ouvriers travaillant à Bekasi, dans la banlieue de la capitale indonésienne, qui ont déposé leurs outils pour bloquer une autoroute à péage (photo).

Dix heures de bouchon: même pour la mégapole Djakarta, habituée à une circulation infernale, l’embouteillage était historique. L’action des ouvriers de Bekasi a payé: le gouverneur local a réinstauré la hausse du salaire minimum. Les Honda, Nike ou autres Samsung se sont rués ces dernières années à Bekasi, coeur industriel de la capitale, pour profiter des salaires encore plus avantageux qu’en Chine ou en Inde. Le salaire minimum, qui varie en fonction des provinces, évolue entre 75 et 150 euros par mois en Indonésie, contre une moyenne de 230 euros en Chine et 205 en Inde.
Tandis que le pays connaît une croissance annuelle supérieure à 6% depuis 2005, le nombre d’Indonésiens vivant sous le seuil de pauvreté a augmenté de près de trois millions en trois ans, pour atteindre 43,1 millions en 2010, soit près de 20% de la population. L’archipel est ainsi le seul pays d’Asie du Sud-Est à ne pas réduire la pauvreté.

Indonésie: Un tribunal contre la hausse des salaires

Le 5 janvier deux habitants de Carhaix étaient rejugés à Rennes pour leurs participation à l’une des très nombreuses manifestations de défense de l’hôpital de Carhaix en 2008. Au cours de l’une d’entre elles des pneus avaient été brulés devant la sous-préfecture occasionnant quelques centaines d’euros de dégâts. Alors qu’ils avaient écopés de 150 euros d’amende en première instance devant le tribunal de Quimper, le parquet a fait appel. Le procureur de la cour d’appel de Rennes a requis six mois de prison avec sursis contre l’un et quatre mois fermes contre l’autre. Verdict le 16 février. Le 28 janvier des centaines de personnes défilaient dans Carhaix contre ces réquisitions. Une soirée de solidarité est organisée à Rennes mardi 14 février à 20 h au Papier Timbré (39 rue de Dinan).

Condamné, avec cinq autres de ses collègues, par la cour d’appel d’Amiens pour avoir participé en avril 2009 avec des ouvriers de Continental à une action contre la sous-préfecture de Compiègne, le syndicaliste Xavier Mathieu avait alors refusé de se soumettre à un prélèvement d’ADN. Le fichier national automatisé des empreintes génétiques avait été créé en juin 1998 pour recenser l’ADN des condamnés définitifs pour des infractions sexuelles, mais au fil des ans, il s’est étendu à de nombreux autres crimes et délits. Pour avoir refusé ce prélèvement, Xavier Mathieu avait été jugé et relaxé par le tribunal correctionnel de Compiègne en juin 2011. Le parquet, qui avait requis un mois de prison avec sursis, avait fait appel de cette décision. Aujourd’hui, le syndicaliste a été condamné à 1200€ d’amende par la cour d’appel d’Amiens.

Comme des voitures bloquaient hier, aux piquets de grève, les entrées de certaines grandes surfaces, la société patronale du secteur, Comeos, projette de poursuivre pénalement les grévistes propriétaires de ces véhicules. Cette démarche est approuvée par la Chambre de commerce de Bruxelles (Beci).

Par ailleurs, un groupe de manifestants a été interpellé lundi après-midi à Nivelles. La police de la zone de Nivelles-Genappe les accuse d’avoir remonté la très commerçante rue de Namur en entrant dans les commerces pour enjoindre de fermer. Les commerçants se sont exécutés mais ont également fait appel aux forces de l’ordre pour se plaindre d’avoir été menacés.

L’Unizo, la fédération des indépendants flamands a envoyé un huissier à la suite d’un blocage sur le ring R4 de Gand, à hauteur de la sortie Desteldonk, dans le cadre de la grève générale. L’organisation flamande d’indépendants avait menacé la semaine dernière de recourir à des huissiers, voire d’intenter des actions en référé, en cas d’actions syndicales visant à des blocages de zonings industriels ou à des piquets de grève volants.

Le centre de distribution du groupe Colruyt à Hal a été bloqué entre 06h00 et 08h30. Le blocage a été levé après l’appel, par la direction, à un huissier de justice.

A l’occasion de sa présentation des vœux, Bart De Wever réclamait l’intervention de la police «en cas de blocage par les grévistes des principales voies d’accès au port d’Anvers». A ses yeux, tant les syndicats que le gouvernement sont responsables de cette grève : «Les syndicats, et surtout les syndicats rouges, jugent nécessaire de provoquer de graves dégâts économiques à notre pays». La menace ne paraît pas avoir porté, puisque les travailleurs du port d’Anvers sont en grève: les grands terminaux du port sont à l’arrêt. Des piquets ont été symboliquement placés devant certaines entrées, mais aucun ouvrier ne s’est présenté au travail.

Belgique: Premières attaques contre la grève générale

Ce 26 janvier, 39 travailleurs grévistes à l’Onalait de Draâ Ben Khedda comparaissent devant un tribunal de Tizi Ouzou. Ils sont poursuivis pour incitation à la grève et empêchement des travailleurs non grévistes à rejoindre leurs postes. Le premier jour de la procédure, les travailleurs de l’Onalait ont tenu un grand sit-in devant le tribunal, exprimant là leur soutien à leur camarades. Malgré la décision des pouvoirs publics de recourir aux forces antiémeute pour faire rejoindre leurs postes aux grévistes, ceux-ci revendiquent la déprivatisation de l’Onalait.

Entre 3.000 et 4.000 ouvriers de l’usine sino-japonaise Sanyo Electric, qui fabrique des pièces pour haut-parleurs, à Shenzhen, le plus grand centre industriel du sud de la Chine, ont manifesté en raison des conséquences de la fusion des activités de Sanyo avec Panasonic Corp. Des incidents ont eu lieu avec la police chinoise lors des manifestations, quatre ouvriers ont été arrêtés.

Malgré l’absence de syndicats indépendants, plusieurs milliers d’ouvriers travaillant pour des sociétés étrangères ont ainsi fait grève à travers toute la Chine ces derniers mois, et plus particulièrement dans la région manufacturière du Guangdong -qui englobe Shenzhen-, réputée pour ses exportations à bas coût, et qui ont fait d’elle «l’atelier du monde». Le gouvernement local a promis une augmentation de 14% du salaire minimal à 1500 yuans (185 euros) à compter du mois de février.

Environ 3.500 ouvriers de la société Hevecam exigent une indemnité de privatisation et un changement de statut. L’Etat camerounais avait en effet cédé ces 18.000 hectares de plantations d’hévéa à une société basée à Singapour, qui réalise d’importants profit. Malgré les réunions de crise, les ouvriers sont restés campés sur leurs positions. La semaine passée, au 6ème jour de la grève, un renfort de policiers a quitté Ebolowa en direction de Niéte déjà assiégé depuis vendredi dernier par les militaires et les gendarmes venus de Kribi. 78 ouvriers considérés comme les « meneurs » ont été arrêtés et convoyés à Kribi. Certains ont été gardés par les policiers et gendarmes à la salle des fêtes de la Communauté urbaine et d’autres, au commissariat de sécurité publique. Il ont depuis été libérés. La mobilisation se poursuit et pourrait toucher l’usine de traitement du latex qui tourne au ralenti depuis le début de la lutte.

Cameroun: 78 grévistes arrêtés