Le Service Général du Renseignement et de la Sécurité (SGRS), qui dépend du Ministère de la Défense et s’occupe du renseignement militaire, ainsi que la Sûreté de l’État (VSSE), dépendante du Ministère de la Justice, ont recours à trois catégories de « méthodes de renseignement » :
Les méthodes ordinaires (identifier l’utilisateur d’un réseau de télécommunication ou d’une carte prépayée);
Les méthodes spécifiques (observer quelqu’un dans un lieu public, connaître l’auteur et le destinataire et la durée d’un appel téléphonique, obtenir les données de localisation d’un opérateur ou d’un service, etc.);
Les méthodes exceptionnelles (observer quelqu’un dans un lieu non public, ouvrir son courrier, surveiller son compte en banque, écouter et enregistrer des communications)

Pour procéder à une méthode dite « exceptionnelle », une autorisation est nécessaire. Elle est délivrée par une commission administrative, la Commission BIM. Deux principes interviennent dans l’octroi d’une telle autorisation : le principe de proportionnalité (la fin justifie-t-elle les moyens ?), et le principe de subsidiarité (existe-t-il un autre moyen de parvenir au même but ?). Le comité R a également son mot à dire. S’il constate la moindre irrégularité pendant l’utilisation d’une méthode dite « particulière » (spécifique ou exceptionnelle), il a la possibilité de suspendre toute opération en cours. Le nombre de méthodes particulières a effectivement augmenté ces cinq dernières années. En 2018, 2445 méthodes particulières ont été mises en place selon le rapport du Comité R. Cela représente une augmentation de plus de 25 % par rapport à 2017, et de 80% par rapport à 2013.

Usage des méathodes particulières de recherche

 

Dimanche 15 décembre, Mohammed al-Doujaïli, un militant engagé dans le mouvement de contestation contre le pouvoir irakien a été assassiné à Bagdad. Il a été abattu d’une balle dans le dos non loin de la place Tahrir, épicentre du mouvement social, et a succombé à ses blessures dimanche matin. Un de ses amis, qui se trouvait avec lui, a également été blessé. Il est encore hospitalisé. Mohammed al-Doujaïli distribuait des repas aux manifestant·es sur Tahrir, tout comme Zahra Ali, retrouvée morte avec des marques de torture le 2 décembre. Il s’agit donc du quatrième militant à subir un tel sort (voir notre article).

Par ailleurs, deux militants actifs sur la place Tahrir, ont été blessés dans l’explosion de leur voiture à Diwaniya où ils étaient venus rencontrer les manifestant·es de cette ville dans le sud du pays. L’un d’eux a été grièvement touché par cette explosion apparemment provoquée par un engin explosif placé sous le véhicule. Le bilan total de la répression atteint désormais quelques 460 mort·es et 25.000 blessé·es.

Des activistes du mouvement social en cours en Irak (archive)

Des activistes du mouvement social en cours en Irak (archive)

La police de l’État du Massachusetts a loué les services de Spot, le chien-robot de Boston Dynamics pour un essai de 3 mois. Ce robot d’abord destiné à usage industriel, est capable de transporter des marchandises dans un entrepôt, de grimper les escaliers, d’inspecter un site difficile d’accès pour les opérateurs humains ou d’arpenter avec aisance des terrains accidentés. Disposant d’une autonomie de 90 minutes, il peut se déplacer à une vitesse maximale d’1,6 mètre par seconde, fonctionne à des températures comprises entre -20 °C et 45 °C et dispose d’une vision à 360 degrés l’aidant à éviter les obstacles. Pouvant également être utilisé sous la pluie, ce chien-robot peut transporter des charges utiles allant jusqu’à 14 kilogrammes. Les entreprises s’offrant ses services ont par ailleurs la possibilité de l’équiper de capteurs et de modules matériels supplémentaires lui permettant d’effectuer une vaste gamme de tâches.

Le contrat de location avec la police du Massachusetts stipulait que les membres du service de déminage pourraient faire appel à ses services à tout moment et évalueraient « ses capacités en matière d’action policière, en particulier l’inspection à distance des environnements potentiellement dangereux ». Le porte-parole de la police de l’État, a déclaré que « La technologie des robots est un outil précieux pour les forces de l’ordre en raison de sa capacité à fournir une connaissance de la situation dans des environnements potentiellement dangereux ». En dehors des essais (voir vidéo ci-dessous), ce modèle de chien-robot a été utilisé à deux reprises dans le cadre d’opérations bien réelles, au sujet desquelles le porte-parole de la police s’est montré discret.

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Le chien-robot de Boston Dynamics

 

Au Chili le mois passé, des dizaines de manifestants équipés de lasers se sont mis à viser simultanément un drone de la police qui survolait la foule. Peu à peu, l’engin a semblé désorienté et a fini par descendre et terminer sa course dans la foule. Il y a plusieurs explications possible à la défaillance de l’appareil. Il est possible que le pilote, à distance, ait été simplement aveuglé par les lasers. Une deuxième option serait que les lasers ait entraîné un malfonctionnement des capteurs infrarouges, enclenchant un atterrissage automatique. Selon une troisième hypothèse, la chaleur combinée des pointeurs lasers aurait fait fondre le câblage interne de l’appareil ou serait parvenue à décharger la batterie du drone. Les manifestants adoptent de plus en plus les pointeurs lasers pour lutter contre les techniques de surveillance des forces de police: en fait, c’est l’optique des drones qui est visée et qui peut être grillée par les lasers. A Hong Kong aussi, des manifestants ont utilisé des pointeurs lasers sur des logiciels de reconnaissance faciale ainsi que d’autres technologies de surveillance.

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Le drone dans le faisceau de rayons laser

Dans la nuit du mardi 10 au mercredi 11 décembre, Ali al-Lami, un militant engagé dans le mouvement de contestation contre le pouvoir, a été retrouvé à Bagdad abattu de trois balles dans la tête. Les balles auraient été tirées depuis l’arrière par des pistolets munis de silencieux. Le même jour, Zahra Ali, une militante qui distribuait des repas sur la place Tahrir (épicentre du mouvement à Bagdad), a été enlevée et retrouvée morte, torturée, quelques heures plus tard. Dimanche, c’était au tour de Fahem al-Taï, un autre militant qui a été abattu par deux personnes à moto (probablement à l’aide d’un pistolet muni d’un silencieux) alors qu’il rentrait chez lui à Kerbala. En moins de dix jours ce sont donc trois militant·es qui ont été assassiné·es dans des conditions obscures dans le pays. Avant cela, depuis début octobre, plusieurs autres militant·es avaient été retrouvé·es mort·es dans différentes villes du pays. En outre, des dizaines de manifestant·es et de militant·es ont été enlevé·es et retenu·es plus ou moins brièvement par des hommes armés et en uniformes.

Vendredi soir, des hommes lourdement armés non identifiés et voyageant en SUV  (dont certains été équipés de mitrailleuses) ont investi un parking à étages près de la place Tahrir pour en écartant les contestataires qui occupaient la place depuis plusieurs semaines. Vingt protestataires ont été tué·es à l’arme à feu ou au poignard. Une centaine de personnes ont également été blessées. Au total, le bilan de la répression du mouvement de contestation, qui dure depuis début octobre (voir notre article), atteint désormais plus de 450 mort·es et 20 000 blessé·es.

Manifestant·es à Bagdad (archive)

Jeudi 5 décembre, 55 forces (CRS et gendarmes mobiles) seront déployées à Paris. La France en comptant au total 160, dont, compte tenu des congés et des repos, 120 à 130 opérationnelles à ce moment, la capitale absorbera à elle toute seule la moitié des forces de l’ordre françaises. Parmi ces unités lourdes, quatre seront déployées dès minuit sur le secteur des Champs-Elysées et sept auront pour mission le bouclage de l’Élysée. 16 unités de BRAV (pour Brigades de répression de l’action violente), les équipes mobiles, sont mobilisées, ainsi que 44 équipes « d’agents verbalisateurs » qui auront pour but de remettre des amendes à ceux qui franchiront les zones interdites. Quatre camions de transport des personnes interpellées sont prévus, ainsi que huit monospaces, des unités en charge de signifier leurs droits dans un délai d’une heure aux manifestants arrêtés. Dans les journées « Gilets jaunes » de 2018, la police avait dû relâcher de nombreuses personnes, faute de pouvoir leur notifier leurs droits dans le délai d’une heure. Ce jeudi 5 décembre, la préfecture de police va déployer ses deux canons lanceurs d’eau, plus les quatre canons supplémentaires des CRS et trois drones survoleront le ciel parisien.

Innovation récente, la police parisienne prévoit d’implanter à certains endroits stratégiques, des « caméras tactiques ». Le 16 novembre dernier, la salle de commandement de la Préfecture s’est retrouvée en grande partie « aveugle » place d’Italie, de nombreuses caméras de vidéosurveillance de la place ne répondant plus. Une armoire électrique centralisant l’alimentation des caméras fixes, aux abords de la place, avait été sabotée en cours de manifestation. Ce jeudi 5 décembre, les nouvelles « caméras tactiques », pré-implantées en toute discrétion, devraient permettre à la salle de commandement de toujours surveiller certains points stratégiques, y compris si les caméras fixes sont dégradées ou privées d’alimentation électrique. Ce 5 décembre, la Préfecture parisienne compte déployer son dispositif sous trois sous-commandements : l’un sera en charge de la surveillance de la « zone interdite » et les deux autres au suivi des cortèges syndicaux. La zone interdite de ce jeudi couvre plusieurs périmètres distincts. Le principal va de la porte Maillot à la place de la Concorde sur l’axe des Champs-Elysées, englobant l’Élysée et intégrant la zone Haussmann des grands magasins. Un autre entoure le Trocadéro, le pont d’Iéna, la Tour Eiffel et le Champ-de-Mars. Une troisième zone couvre l’esplanade des Invalides et s’étend à l’Assemblée nationale et à Matignon. Ces périmètres seront interdits à toute manifestation, sous peine d’amende. Pour couvrir ce vaste secteur, la préfecture prévoit l’immobilisation de vingt-neuf unités de CRS ou de gendarmes mobiles, épaulées par six unités de BRAV. Le reste des forces disponibles, soit vingt-six unités lourdes et dix BRAV sont positionnées autour des deux axes de manifestation prévus, rive droite, avec convergence place de la République, et dispersion place de la Nation.

Grève le 5 décembre en France

 

Depuis le début du mouvement des Gilets jaunes, la répression contre le mouvement social n’a cessé de s’intensifier. Dés lors l’armement des forces de police et de gendarmerie également. En décembre dernier, le gouvernement avait déjà commandé 450 « super flash-ball » et 1280 LBD 40. Six mois plus tard, en juin, c’est 40.000 grenades de désencerclement et 25 millions de … cartouches de fusil d’assaut qui sont commandées. Aujourd’hui, ce sont 1450 exemplaires de LBD que le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, vient de commander. Et ce alors que ces véritables armes à mutiler ont blessé plusieurs centaines de Gilets jaunes, et éborgné plus d’une vingtaine d’entre eux.

Un premier marché, d’une valeur de 727 450 euros, a été attribué au groupe Rivolier pour la fourniture de 180 lanceurs à six coups et leur équipement. Le second marché a été remporté par Alsetex, qui devra fournir 1 280 lanceurs de balles de défense mono-coup, apprend-on sur BFMTV, pour 1,638 million d’euros. L’usine sarthoise produira aussi 270 lanceurs à quatre coups et 180 lanceurs à six coups. Alsetex est l’usine qui avait fourni la commande de 40 000 grenades de désencerclement en juin. Si Alsetex se définit comme le « leader des produits pour la gestion démocratique des foules  », les armes qu’elle produit sont utilisées pour étouffer, dans le sang, différents processus politiques. En 2013, une étude a révélé que cette dernière avait fourni des grenades lacrymogènes pour réprimer la révolte au Bahreïn, qui auraient fait 43 morts. L’entreprise est également connue pour produire les grenades OF F1, le modèle qui a tué Rémi Fraisse, et les GLI-F4 qui ont amputé plusieurs personnes ces derniers mois.

LBD

 

 

Le président du Chili, Sebastián Piñera, a annoncé dimanche passé que les polices d’Angleterre, d’Espagne et de France conseilleront la police nationale chilienne en matière de maintien de l’ordre. Il affirme que cette collaboration ne consistera pas seulement en un « échange d’expérience » autour des manifestations avec affrontements violents, mais que la police chilienne se formera également aux tactiques et stratégies employées dans ces pays européens pour « rétablir l’ordre public ». Cette collaboration s’inscrirait dans un ensemble de mesures d’intensification de la répression annoncées par le sous-secrétaire chilien à l’Intérieur Rodrigo Ubilla.

Ces annonces ont lieu dans un contexte de manifestations de masse au Chili qui sont violemment réprimées, faisant plus de 2000 blessé·e·s, près de 200 éborgné·e·s et plusieurs mort·e·s (voir nos articles ici).

Le président du Chili Sebastián Piñera

Le président du Chili Sebastián Piñera

Quelque mois après le référendum pour l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie et les affrontements qui y étaient liés  (voir notre article), Christophe Castaner, le ministre de l’intérieur français, a signé un arrêté validant l’utilisation d’une nouvelle arme de « force intermédiaire » (qui n’a pas pour but de tuer, mais qui est potentiellement mortelle) en Polynésie française et en Nouvelle-Calédonie. Cette arme, appelée Crush 44, tire des projectiles d’un calibre de 44 millimètres (contre 40 millimètres pour le LBD-40) avec une puissance de 150 joules. Elle a été développée par l’entreprise Securengy. Ses munitions s’auto-détruisent à l’impact, ce qui pourrait fortement complexifier les éventuelles expertises balistiques qui ont pour but d’identifier la nature d’un projectile reçu et son origine. En dehors de la mutilation par impact à craindre, les autres effets potentiels sont les suivants : irritation de la peau/des muqueuses (munition PEFCS, contenant 80 grammes de gaz CS à 15%), assourdissement (munition PEFBANG, contenant 25 grammes d’un “mélange explosif” et provoquant une détonation à 130 dB), aveuglement (munition PEFCOFLASH) ou marquage (munition PEFCOL).

Plus d’infos ici.

Le Crush 44

Le Crush 44

D’ici le printemps prochain, un nouveau Règlement Général de Police sera d’application sur l’ensemble des communes de la capitale belge. Pour harmoniser les différents règlement déjà existants deux protocoles d’accord seront conclus. Le premier vise à uniformiser les infractions mixtes (vol, graffiti, coups et blessures…), le second à relancer la possibilité de dresser des sanctions administratives communales pour les mineur·es auteur·es de ce type d’infraction.

À cette occasion, la STIB a annoncé qu’elle mettrait tout en œuvre pour être en mesure de partager les images de vidéo-surveillance de son réseau avec les six zones de police de la capitale. Elle annonce être sur la dernière ligne droite en vue de la conclusion d’une convention en ce sens avec l’organisme régional Bruxelles Prévention et Sécurité et le Centre de l’Informatique de la Région de Bruxelles-capitale (CIRB). Après la signature de la convention avec les zones de police, la Région bruxelloise programmera les logins et mots de passe policiers qui auront accès en temps réel à aux images de vidéo-surveillance de la STIB. Ce droit sera cependant limité aux images des stations de métro qui se trouvent sur le territoire des zones concernées.

Caméra de la STIB

Caméra de la STIB