Ahmed Souab a été interpellé, lundi matin à l’aube, dix hommes de la sécurité ont fait irruption chez lui. L’avocat a été conduit au pôle judiciaire antiterroriste avant d’être officiellement placé en garde à vue. La justice lui reproche ses critiques contre le verdict du procès dit du « complot contre la sûreté de l’État ». Le tribunal de première instance de Tunis avait infligé des peines allant de 4 à 66 ans de prison à l’encontre d’une quarantaine de personnes de l’opposition ( notre article ici ). Il sera transféré dans un centre de détention après l’ouverture d’une information judiciaire pour « soupçons de menace de crimes terroristes ». Des protestataires ont organisé lundi soir une manifestation dénonçant son arrestation et réclamant la liberté des condamnés.

Ce 19 avril, 40 opposant.es politiques ont lourdement été condamné.es à des peines allant de 13 à 66 ans de prison, sans défense ni débat, les avocats des accusé.es n’ayant pas pu plaider lors des audiences. Le président Kaïs Saïed veut faire taire toute contestation, quitte à piétiner la liberté d’expression. Sur le banc des condamné.es : militant·es, avocat·es, figures de partis, tous.tes accusé·es de « complot contre la sûreté de l’État » ou d’« appartenance à un groupe terroriste ». En réalité, ils et elles ont osé critiquer Kaïs Saïed, qui a pris les pleins pouvoirs depuis 2021. Depuis, le régime procède à des arrestations, des exils forcés, des procès expéditifs. Ne pouvant être entendu.es, plusieurs accusé.es avaient entamé une grève de la faim pour réclamer ce droit élémentaire, en vain. L’homme d’affaires Kamel Eltaief a reçu la plus lourde peine : 66 ans de prison. Ensuite, l’homme politique Khayem Turki a été condamné à 48 ans ; et Noureddine Bhiri, membre du parti islamiste Ennahdha, également ancien ministre de la Justice et député, a été condamné à 43 ans de prison. Les autres peines varient entre 33, 18, 13 et 10 à 4 ans de prison pour des prévenu.es qui sont, pour la plupart, encore en liberté, en fuite ou qui résident à l’étranger.

L’avocate Dalila Ben Mbarek lors d’une manifestation contre le procès en question

Entre septembre 2024 et le 31 janvier 2025, dans les villes de Tunis, Hammamet, Sousse et Le Kef, au moins 84 personnes – principalement des hommes gays et des femmes trans – ont été arrêtées, détenues arbitrairement et visées par des poursuites au seul motif de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre, réelle ou supposée.

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Vendredi 19 juillet, plusieurs centaines de personnes ont manifesté à Tunis, à l’appel de la Coordination d’action commune pour la Palestine, pour la libération de la Palestine et de Georges Abdallah.

La foule a scandé plusieurs slogans exprimant son engagement en faveur du communiste libanais et dénonçant la responsabilité politique de la France dans son maintien en détention.

Les manifestant·es ont également exprimé leur solidarité avec la résistance du peuple palestinien (qui subit, en ce moment, un génocide), dénoncé la normalisation des régimes réactionnaires arabes avec l’Etat sioniste et rejeté le rôle criminel de l’impérialisme occidental. Plus d’informations sur cette manifestation ici.

Des demandeurs d’emploi en sit-in ont bloqué la sortie des camions chargés de phosphate à partir de la ville d’Oum Larayes (Gouvernorat de Gafsa) en direction des usines des engrais chimiques. Les forces de sécurité ont utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants qui ont brûlé des pneus en caoutchouc devant l’unité de production de phosphate commercial. Ces affrontements, qui ont eu lieu aux abords de la laverie de phosphate et des quartiers environnants, ont stoppé le processus de chargement des camions démarré mardi matin aux premières heures par la Compagnie des Phosphates de Gafsa qui n’a pu expédier que 7 camions vers les usines du Groupement Chimique Tunisien.

Le 21 septembre dernier, le contact a été perdu avec une embarcation transportant des migrants clandestins à travers la Méditerranée, avec à son bord 18 personnes, dont la plupart étaient originaires de la ville de Zarzis. Les habitants de Zarzis ainsi que les familles des migrants disparus ont voulu se rendre à Djerba pour faire entendre leurs voix et appeler les autorités à intervenir  pour révéler la vérité sur la disparition de leurs enfants. C’est sur l’Ile de Djerba que se tenait le Sommet de la Francophonie en présence de 89 délégations officielles. Cette en marche en direction de Djerba s’est arrêtée au niveau de la zone touristique de Zarzis en raison des barrières sécuritaires mis en place pour empêcher les protestataires de rejoindre Djerba. Les protestataire ont jeté des pierres sur les forces de l’ordre qui ont fait usage du gaz lacrymogène et procédé à des arrestations. Les maisons et écoles alentours ont été noyées de gaz et ont dû être évacuées.

 

 

Dans le gouvernorat de Kairouan, 12.000 élèves n’ont pas encore commencé leur année scolaire, puisqu’il manque 600 enseignants. Ainsi, le conflit qui oppose le ministère de l’Education et la Fédération générale de l’enseignement secondaire (Fges) est marqué par beaucoup d’escalade, de mouvements de contestation du boycott et de suspension des cours. Les enseignants grévistes qui participaient, lundi matin, au sit-in au siège de la direction régionale de l’éducation à Kairouan, ont été chargés par la police. Lors des affrontements qui ont suivi, trois enseignants ont été arrêtés et quatre autres blessés et hospitalisés.

 

Le journaliste et militant Ghassen Ben Khélifa, en détention pendant 5 jours sur instructions du parquet du pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme, a été libéré ce dimanche. Le syndicat des journalistes a dénoncé « la facilité du ministère public à émettre des mandats de dépôt contre des citoyens et des journalistes sans qu’il y ait de soupçons ou éléments de crimes ». Le journaliste, arrêté dans une affaire terroriste liée à une page Facebook qui publie des contenus contre le président Saïed, avait entamé le 9 septembre une grève de la faim en signe de protestation contre les conditions de sa détention. Une marche de protestation avait été organisée vendredi dernier à partir du siège du syndicat national des journalistes tunisiens en direction de l’avenue Habib Bourguiba pour revendiquer la libération de Ghassen Ben Khelifa. D’autres rassemblements avaient eu lieu, notamment à Montréal.

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Ghassen Ben Khelifa, militant tunisien pour la justice sociale a été arrêté le 6 septembre. Rédacteur en chef d’Inhiyez, une publication en ligne, il est bien connu pour son engagement en faveur de la libération de la Palestine, notamment en s’organisant avec le Comité tunisien de boycott et d’anti-normalisation et le Comité tunisien pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah. Le matin du 6 septembre, une douzaine de membres des forces spéciales de sécurité en Tunisie, en civil, ont fait irruption au domicile de Ben Khelifa et de ses parents, confisquant son téléphone portable et deux ordinateurs. Il a été transféré au Bureau judiciaire antiterroriste. Il est maintenant détenu en vertu d’un ordre de détention de cinq jours, susceptible d’être renouvelé. Aucune raison n’a été donnée pour son arrestation et aucune charge n’est connue. Bien qu’il ait le droit d’être accompagné par des avocats lors des interrogatoires, en vertu de la loi tunisienne, ces droits lui ont été refusés. Vendredi 9 septembre, le Comité national pour la libération de Ghassan Ben Khalifa organisera une marche à 17 heures à Tunis, du Syndicat national des journalistes à la rue Habib Bourguiba, pour demander sa libération et l’abandon de toutes les charges retenues contre lui.

 

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La police tunisienne a procédé vendredi à des arrestations musclées de manifestants protestant contre le président Kais Saied et la nouvelle Constitution qui sera soumise à un référendum lundi. Cette nouvelle Constitution accorde de vastes pouvoirs au président. Les  manifestants s’étaient rassemblés devant le Théâtre municipal sur l’avenue Habib Bourguiba, l’artère centrale de la capitale, encadrée par un important dispositif policier. Les manifestants, qui scandaient: «nous, peuple tunisien, n’avons pas écrit cette Constitution», se sont dirigés vers le siège du ministère de l’Intérieur et ont tenté de retirer des barrières de sécurité. Des policiers, matraques et bombes de gaz lacrymogène à la main, leur ont barré la route et ont arrêté une dizaine de manifestants.