Une manifestation interdite par les autorités a été brutalement réprimée devant l’université d’Ankara. Hier vendredi, des manifestants dont des députés de l’opposition se sont rassemblés en soutien à 330 universitaires limogés cette semaine par le pouvoir du président Erdogan. Les forces de l’ordre ont finalement dispersé les manifestants à coups de gaz lacrymogènes. La police a procédé à 12 arrestations.

Arrestation devant l’université d’Ankara

Arrestation devant l'université d'Ankara

Le révolutionnaire anarchiste et écrivain dans le journal anarchiste Meydan, Umut Fırat Süvarioğulları, avait commencé une grève de la faim le 11 décembre suite aux conditions de détention dans la prison Yenişakran de Type T à Izmir (voir notre article). Il dénonçait, entre autre, l’entassement dans les dortoirs, l’obligation de dormir dans des lits tâchés de sang et abimés, les tortures et les pressions psychologiques continues, et la non reconnaissance de son identité de prisonnier politique révolutionnaire anarchiste. Umut Fırat a mis fin à sa grève de la faim au 55e jour de sa lutte après avoir obtenu une réponse positive à ses revendication.

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Le 20 juillet 2015, un kamikaze de l’Etat Islamique vraisemblablement par les services turcs se faisait sauter à Suruç, ville turque à la frontière de la Syrie, qui était à l’époque le principal lieu de passage de la solidarité vers Kobané. L’attentat -le premier revendiqué par Daesh en Turquie- a tué 33 jeunes militants réunis à l’appel de la SGDF, (la Fédération des Associations de Jeunes Socialistes) et fait plus d’une centaine de blessés. Les victimes sont essentiellement des étudiants de gauche qui venaient participer à la reconstruction de la ville de Kobané. Dès le lendemain, le MLKP, le TKP-ML et le PKK répliquèrent contre des structures de Daesh en Turquie et des policiers qui en étaient membres. L’escalade qui a suivi cet attentat à aboutit à la fin de la trêve entre l’état turc et et le PKK.

La SKB (Union des Femmes Socialistes) vient de lancer une campagne de Crowdfunding afin de participer aux frais médicaux de Güneş Erzurumluoğlu, une étudiante née le 8 août 1996 qui a gardé de graves séquelles à la suite de l’attentat, un morceau de la bombe a traversé sa nuque, la laissant paraplégique et tétraplégique sur tout le corps à l’exception du bras gauche. Suite à un traitement lourd, des améliorations ont été constatées dans son bras droit lors des six derniers mois. La censure de l’état turc s’ajoute aux lourds frais médicaux, et sa famille peine à financer son traitement. Un crowdfunding visant les 3000€ a été mis en place ici.

Güneş Erzurumluoğlu

Güneş Erzurumluoğlu

Tôt dans la matinée du 25 janvier, des perquisitions ont été menés par la police politique et les forces spéciales contre les enseignants membres du syndicat de l’éducation Eğitim Sen, de la confédération syndicale KESK (Confédération des Syndicats des travailleurs des services publics), dans le district de Kemalpaşa, à Izmir. 37 syndicalistes ont ainsi été mis en garde à vue et emmenés au bureau des affaires politiques. Les syndicalistes sont poursuivis pour avoir participé à une action de grève le 29 décembre 2015.

Manifestation du syndicat Eğitim Sen (archive)

Manifestation du syndicat Eğitim Sen (archive)

Le prisonnier anarchiste Umut Firat (enfermé depuis 23 ans) était le 18 janvier à fin 38e jour de grève de la faim. Il a récemment été transféré de la prison d’Izmir Buca à la prison d’Izmir Yenisakran de type T numero 4. Il a résisté aux fouilles à nu des gardiens. Il dénonce les conditions de détention en Turquie, surtout depuis le coup d’État manqué. Les prisonniers sont à 19 dans des cellules qui peuvent en accueillir 14, forcés à dormir dans des lits salis de sang, deux visites de 45 minutes sont autorisées chaque mois, les demandes des prisonniers sont ignorées, la répression et la torture quotidiennes.

Affiche du DAF pour Umut

Affiche du DAF pour Umut

Dans le cadre de nouvelles poursuites contre Fehriye Erdal, le procureur belge a demandé une peine de prison de 30 ans assortie d’une peine de sûreté de 15 ans contre la présumée militante du DHKP-C. Ce réquisitoire, comme tout ce procès, est basé sur le dossier transmis par la police turque. L’accusation est de complicité dans l’exécution d’un gros capitaliste turc, Özdemir Sabanci, en 1996. Membre du personnel d’entretien du Sabanci Holding, Fehriye Erdal est accusée d’avoir facilité l’entrée du commando du DHKP-C dans les Sabancı Towers, à Istanbul. Recherchée par la police turque, Fehriye Erdal avait été arrêtée en Belgique avec un faux passeport 1999. Après avoir purgé un an de prison, elle avait été placée en résidence surveillée, mais avait disparu en 2006 (voir notre dossier d’archive).

En 2007, un premier procès pour l’affaire Sabanci avait eu lieu en Belgique, qui s’était soldé par un acquittement sur toute la ligne en 2008. Le processus judiciaire a été réinitialisé à la demande de la famille Sabanci, et le 25 mai dernier, un tribunal a décidé d’à nouveau juger Fehriye Erdal en Belgique. Hier mardi, une délégation du Front Populaire a manifesté devant le ministère de la Justice à Bruxelles pour dénoncer ce nouveau procès. Une condamnation de Fehriye Erdal par la justice belge, sur la seule base de pièces fournies par les services anti-terroristes turcs (abonnés aux faux témoignages et aux aveux extorqués sous la torture), constituerait une précédent grave.

Délégation du Front Populaire hier, devant le Ministère de la Justice

Délégation du Front Populaire hier, devant le Ministère de la Justice

Lors de la 30e journée du procès, Seyit Ali Uğur a déclaré à la fin de son audition que son camarade Mehmet Yeşilçalı avait été « déshabillé de force et roué de coups avant d’être jeté en cellule et gardé sous surveillance dans cet état 24 heures durant. De plus, ses médicaments ne lui ont pas été donnés. Ces persécutions portent un nom, celui de torture. » La prisonnière Büyükavcı a à son tour fait une déclaration pour mettre en évidence le lien entre ces traitements et l’état de sante de Mehmet lors de la journée d’audition du 9 décembre. Elle a été coupée dans sa déclaration par le juge d’instruction et la requête n’a pas été prise en compte. La cour a finalement clôturé la journée d’audition, choquant le public et les avocats.

Mehmet Yeşilçalı

Mehmet Yeşilçalı

Les 2200 ouvriers de l’industrie électromécanique se sont mis en grève le 19 janvier dans 13 usines des groupes GE Grid Solution, ABB Elektrik, Schneider Enerji et Schneider Elektri relevant d’une même convention collective, celle de l’association patronale Elektromekanik Metal İşverenleri Sendikası (EMİS). La grève, lancée par le syndicat Birleşik Metal-İş, de la Confédération des syndicats révolutionnaires de Turquie (DISK), se poursuit malgré son interdiction durant 60 jours par décision du Conseil des Ministres. S’appuyant sur l’article 63 du code du Travail le Conseil des Ministre avait décrété le 19 janvier « que la grève décidée par le syndicat Birleşik Metal-İş met en danger la sécurité nationale et doit donc être repoussée ». Le 18 janvier, le conseil des ministre avait de la même manière « reporté » la grève des travailleurs d’Asil Çelik.

Rassemblement des grévistes du Birleşik Metal-İş

Rassemblement des grévistes du Birleşik Metal-İş

Les dernières opérations de guérilla urbaine menée par le DHKP-C, les tirs de roquettes contre le quartier général de la police et le siège de l’AKP à Istanbul, (voir notre article d’hier) auquel il faut peut-être joindre le mitraillage d’une patrouilleuse de police ce samedi matin à Esenyurt, district de la rive européenne d’Istanbul, font suite (et répondent) à une série de revers subis par l’organisation.

Nous avions parlé de la mort de deux combattants dans le Dersim (voir notre article) mais c’est un total de seize guérilleros que le DHKP-C a perdu dans la région à la fin de l’année, dont dix dans un seul bombardement de l’aviation turque. A ces pertes se sont ajouté l’arrestation dans la province d’Izmir de Çiğdem Ş., présentée comme une dirigeante de l’organisation pour la zone égéenne. Agée de 35 ans, elle avait déjà été arrêtée en 2012, soupçonnée d’avoir planifié une attaque contre la police, et avait été libérée en 2016. Jeudi 19, une vaste opération anti-DHKP-C a eu lieu dans le district d’Okmeydanı à Istambul a débouché sur 5 arrestations.

L’opération policière à Okmeydanı

L'opération policière à Okmeydanı

Une roquette de RPG a été tirée en direction du quartier général de la police à Istanbul, mais a manqué sa cible et a fini par percuter le mur d’enceinte du Directoire de la Sécurité provinciale sans faire de victime. Le bâtiment visé est situé dans le quartier de Fatih, sur la rive européenne du Bosphore. L’action n’a pas encore été revendiquée mais pourrait être le fait des TAK, les « Faucons pour la Libération du Kurdistan » (TAK), qui avaient déjà attaqué de la même manière l’aéroport Sabiha Gökçen d’Istanbul.

Mise à jour: Il y a eu deux roquettes (l’autre contre l’AKP est entrée à l’intérieur), des drapeaux du DHKC ont été laissés en guise de revendication sur place, l’action était dédie à la mémoire des 10 combattants DHKC portés disparus au début du mois de novembre dernier suite à un bombardement turc.

Le point du tir de la roquette

Le point du tir de la roquette