Asli Ceren Aslan, rédactrice en chef du journal Özgür Gelecek (Futur Libre) a été arrêtée le 9 février dans la province d’Urfa, province kurde du sud-est de la Turquie. Elle n’a toutefois été « officiellement » arrêtée que 4 jours plus tard. Elle se trouvait dans cette province proche de la frontière syrienne pour suivre les événements au Rojava. Elle est inculpée de ‘violation de la frontière’ et d’être « membre d’une organisation illégale », inculpations qu’elle a réfutée en affirmant qu’elle faisait son travail de journaliste. Son avocat témoigne aujourd’hui qu’Aslan a été battue en détention et déshabillée de force dans les locaux de la police anti-terroriste. Elle est à présent détenue à la Prison de Type 2 de Urfa.

Asli Ceren Aslan

Asli Ceren Aslan

La manifestation qui devait avoir lieu ce matin à 10h à la Place du Luxembourg a été attaquée par la police. Selon la police, toute manifestation ayant trait à la Turquie est interdite pour le moment « par craintes d’attaques » de la part des fascistes turcs. La police a appliqué elle-même cette règle moins d’une minute après le début de la manifestation en arrachant la banderole des mains des manifestants avant de les plaquer au sol et de les traîner dans la boue. Quinze manifestants ont été colsonnés durant une vingtaine de minutes et relâchés après prise d’identité. La police de Liège avait également empêché une distribution de tracts pour la libération de Musa à la Place Saint-Lambert il y a trois jours.

La soirée de solidarité qui avait lieu hier soir au Sacco-Vanzetti a elle été un succès, avec une salle comble, un repas solidaire, une projection d’une interview de Musa Asoglu et une intervention du Comité « Liberté pour Musa Asoglu ». Des milliers de tracts informant de la situation de Musa ont été distribués à la Place de la Monnaie quelques heures avant.

30 secondes avant l’intervention de la police, le 22 février dernier

Les forces de sécurité turques mènent une grande offensive contre les guérillas du PKK dans des conditions hivernales rigoureuses dans la province turque de Tunceli. Cette opération mobilise la 4e brigade des Commandos, la 51e brigade du Hozat ainsi que le commandement de la gendarmerie provinciale de Tunceli. Elle est menée dans des vallées couvertes de neige et des régions montagneuses sous des températures inférieures à zéro, tombant à moins de 20 degrés. Par ailleurs, 34 chasseurs-bombardiers turcs ont bombardé des cibles du PKK dans la région de Zap, au Kurdistan irakien.

Les commandos turcs dans les montagnes de Tunceli

Les commandos turcs dans les montagnes de Tunceli

Le tribunal correctionnel de Bruges a condamné aujourd’hui lundi Fehriye Erdal par défaut à 15 ans de prison. Fehriye Erdal n’a pas assisté au procès, qui a débuté le 5 décembre. Le ministère public avait requis 30 ans de réclusion pour la militante du DHKP-C. Le 9 janvier 1996, l’oligarque turcs Özdemir Sabançi, son secrétaire et Haluk Gorgün, directeur-général de Toyota Turquie, étaient abattu dans les locaux de la Holding Sabançi à Istanbul. A cette époque, Erdal y travaillait comme serveuse. Selon la justice turque, elle aurait donné accès au commando du DHKP-C.

En 1999, Erdal avait fui vers la Belgique et avait été interpellée à Duinbergen, en Flandre occidentale. Elle avait réussi à se soustraire à la surveillance policière en 2006. Elle avait finalement été condamnée à deux ans de prison avec sursis pour non-respect de la législation sur les armes. Entre-temps, la Turquie avait réclamé son extradition pour juger l’affaire Sabançi. La famille Sabançi a porté plainte et s’est portée partie civile en Belgique. La cour de cassation a décidé que la justice belge était compétente pour juger cette affaire.

Rassemblement dénonçant le procès devant le tribunal de Bruges

Rassemblement dénonçant le procès devant le tribunal de Bruges

Une manifestation interdite par les autorités a été brutalement réprimée devant l’université d’Ankara. Hier vendredi, des manifestants dont des députés de l’opposition se sont rassemblés en soutien à 330 universitaires limogés cette semaine par le pouvoir du président Erdogan. Les forces de l’ordre ont finalement dispersé les manifestants à coups de gaz lacrymogènes. La police a procédé à 12 arrestations.

Arrestation devant l’université d’Ankara

Arrestation devant l'université d'Ankara

Le révolutionnaire anarchiste et écrivain dans le journal anarchiste Meydan, Umut Fırat Süvarioğulları, avait commencé une grève de la faim le 11 décembre suite aux conditions de détention dans la prison Yenişakran de Type T à Izmir (voir notre article). Il dénonçait, entre autre, l’entassement dans les dortoirs, l’obligation de dormir dans des lits tâchés de sang et abimés, les tortures et les pressions psychologiques continues, et la non reconnaissance de son identité de prisonnier politique révolutionnaire anarchiste. Umut Fırat a mis fin à sa grève de la faim au 55e jour de sa lutte après avoir obtenu une réponse positive à ses revendication.

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Le 20 juillet 2015, un kamikaze de l’Etat Islamique vraisemblablement par les services turcs se faisait sauter à Suruç, ville turque à la frontière de la Syrie, qui était à l’époque le principal lieu de passage de la solidarité vers Kobané. L’attentat -le premier revendiqué par Daesh en Turquie- a tué 33 jeunes militants réunis à l’appel de la SGDF, (la Fédération des Associations de Jeunes Socialistes) et fait plus d’une centaine de blessés. Les victimes sont essentiellement des étudiants de gauche qui venaient participer à la reconstruction de la ville de Kobané. Dès le lendemain, le MLKP, le TKP-ML et le PKK répliquèrent contre des structures de Daesh en Turquie et des policiers qui en étaient membres. L’escalade qui a suivi cet attentat à aboutit à la fin de la trêve entre l’état turc et et le PKK.

La SKB (Union des Femmes Socialistes) vient de lancer une campagne de Crowdfunding afin de participer aux frais médicaux de Güneş Erzurumluoğlu, une étudiante née le 8 août 1996 qui a gardé de graves séquelles à la suite de l’attentat, un morceau de la bombe a traversé sa nuque, la laissant paraplégique et tétraplégique sur tout le corps à l’exception du bras gauche. Suite à un traitement lourd, des améliorations ont été constatées dans son bras droit lors des six derniers mois. La censure de l’état turc s’ajoute aux lourds frais médicaux, et sa famille peine à financer son traitement. Un crowdfunding visant les 3000€ a été mis en place ici.

Güneş Erzurumluoğlu

Güneş Erzurumluoğlu

Tôt dans la matinée du 25 janvier, des perquisitions ont été menés par la police politique et les forces spéciales contre les enseignants membres du syndicat de l’éducation Eğitim Sen, de la confédération syndicale KESK (Confédération des Syndicats des travailleurs des services publics), dans le district de Kemalpaşa, à Izmir. 37 syndicalistes ont ainsi été mis en garde à vue et emmenés au bureau des affaires politiques. Les syndicalistes sont poursuivis pour avoir participé à une action de grève le 29 décembre 2015.

Manifestation du syndicat Eğitim Sen (archive)

Manifestation du syndicat Eğitim Sen (archive)

Le prisonnier anarchiste Umut Firat (enfermé depuis 23 ans) était le 18 janvier à fin 38e jour de grève de la faim. Il a récemment été transféré de la prison d’Izmir Buca à la prison d’Izmir Yenisakran de type T numero 4. Il a résisté aux fouilles à nu des gardiens. Il dénonce les conditions de détention en Turquie, surtout depuis le coup d’État manqué. Les prisonniers sont à 19 dans des cellules qui peuvent en accueillir 14, forcés à dormir dans des lits salis de sang, deux visites de 45 minutes sont autorisées chaque mois, les demandes des prisonniers sont ignorées, la répression et la torture quotidiennes.

Affiche du DAF pour Umut

Affiche du DAF pour Umut

Dans le cadre de nouvelles poursuites contre Fehriye Erdal, le procureur belge a demandé une peine de prison de 30 ans assortie d’une peine de sûreté de 15 ans contre la présumée militante du DHKP-C. Ce réquisitoire, comme tout ce procès, est basé sur le dossier transmis par la police turque. L’accusation est de complicité dans l’exécution d’un gros capitaliste turc, Özdemir Sabanci, en 1996. Membre du personnel d’entretien du Sabanci Holding, Fehriye Erdal est accusée d’avoir facilité l’entrée du commando du DHKP-C dans les Sabancı Towers, à Istanbul. Recherchée par la police turque, Fehriye Erdal avait été arrêtée en Belgique avec un faux passeport 1999. Après avoir purgé un an de prison, elle avait été placée en résidence surveillée, mais avait disparu en 2006 (voir notre dossier d’archive).

En 2007, un premier procès pour l’affaire Sabanci avait eu lieu en Belgique, qui s’était soldé par un acquittement sur toute la ligne en 2008. Le processus judiciaire a été réinitialisé à la demande de la famille Sabanci, et le 25 mai dernier, un tribunal a décidé d’à nouveau juger Fehriye Erdal en Belgique. Hier mardi, une délégation du Front Populaire a manifesté devant le ministère de la Justice à Bruxelles pour dénoncer ce nouveau procès. Une condamnation de Fehriye Erdal par la justice belge, sur la seule base de pièces fournies par les services anti-terroristes turcs (abonnés aux faux témoignages et aux aveux extorqués sous la torture), constituerait une précédent grave.

Délégation du Front Populaire hier, devant le Ministère de la Justice

Délégation du Front Populaire hier, devant le Ministère de la Justice