Deux guérilleros du DHKP-C ont été tués dans un bombardement de l’armée turque avant-hier, 28 décembre, dans la vallée du Cat, dans la région montagneuse du Dersim. Leyla Aracı et Mahir Bektaş appartenaient à l’Unité de guérilla rurale du Dersim du DHKP-C. La veille, un sous-officier de l’armée turque avait été tué par la guérilla dans le Dersim.

Leyla Aracı, combattante du DHKP-C

Leyla Aracı, combattante du DHKP-C

Les autorités turques ont annoncé avoir arrêté et emprisonnés au cours des sept derniers jours plus de 900 personnes suspectées d’avoir aidé et accueilli des membres du PKK. C’est le bilan d’opérations sécuritaires menées dans 45 provinces. En outre, 213 opérations menées dans la même période par les Forces d’élite de la Gendarmerie, celles de la Police, ainsi que par les troupes commandos de la Gendarmerie et les Forces armées. Selon les autorité turques, ces opération ont permis de tuer deux guérilleros, d’arrêter cinq autres, dont un blessé, et de trouver 24 abris contenant des dizaines d’armes et 700 kg d’explosif.

Opération sécuritaire des forces spéciales turques

Opération sécuritaire des forces spéciales turques

Les services de renseignement allemands ont arrêté à Hambourg un membre présumé des services secrets turcs dont la mission aurait été d’assassiner des personnalités kurdes de Brême et Bruxelles, selon le quotidien Bild d’après des témoignages de l’entourage du suspect. Le parquet allemand a confirmé qu’un homme, un Kurde de 31 ans, a été arrêté pour avoir collecté des informations relatives à des Kurdes allemands et à des institutions kurdes en Allemagne sur ordre des services secrets turcs, mais ne formule aucun commentaire quant aux informations relatives à des projets d’assassinats.

Selon Bild, un escadron de la mort en provenance de Turquie a voyagé en Allemagne fin novembre afin de préparer et perpétrer plusieurs assassinats. Les autorités turques comptent 8000 agents de renseignement à temps plein. 800 d’entre eux sont implantés en Europe de l’Ouest, dont 300 en Allemagne. Mais ils comptent sur un vaste réseau d’informateurs et bénéficient des complicités actives dans le crime organisé et dans les formations fascistes.

Le 9 janvier 2013, en plein jour, trois activistes kurdes, dont Sakine Cansiz, l’une des fondatrices du PKK, avaient été abattues de plusieurs balles dans la tête dans un appartement hébergeant un centre communautaire kurde du Xe arrondissement de Paris. Omer Güney, assassin présumé de trois militantes kurdes est mort avant-hier samedi à la Pitié-Salpêtrière. Atteint d’une grave maladie au cerveau, ce Turc de 34 ans était le seul suspect renvoyé devant la cour d’assises spéciale de Paris. Son décès a pour effet d’éteindre l’action publique, mettant fin de fait à la tenue de son procès qui était prévu du 23 janvier au 24 février 2017.

Les trois militantes kurdes assassinées à Paris en janvier 2013

Les trois militantes kurdes assassinées à Paris en janvier 2013

A la suite de l’attaque qui a visé l’armée turque ce 17 décembre et fait au moins 15 morts dans les rangs des commandos du régime, le président Erdogan a appellé ses sympathisants à « manifester contre le terrorisme » ce qui a résulté en des dizaines d’attaques contre les bureaux du HDP à travers le pays. Aux cris de « Allahu Akbar », les manifestants issus de l’AKP (le parti au pouvoir) et du MHP (l’extrème-droite) ont attaqué les bureaux du HDP. Les drapeaux du HDP ont été arrachés et remplacés par des drapeaux turcs, les locaux incendiés ou détruits de l’intérieur. La chaine de télévision CNN s’est fait remarquer dans son édition turque en titrant « Les attaques contre le HDP jouent un rôle important dans la lutte antiterroriste ». A Istanbul, au moins 160 impacts de balle ont été comptabilisés sur les bureaux du HDP. Selon le communiqué officiel du HDP : 14 bureaux de districts, 5 bureaux municipaux et le quartier général ont été pris pour cibles.

Le bureau du HDP à Kayserin

Le bureau du HDP à Kayserin

14 soldats turcs ont été tués et 55 autres blessés (dont 12 sont en soins intensifs) dans une attaque qui a visé ce matin un bus de l’armée à Kayseri, dans le centre du pays, en Anatolie. La bombe aurait été déclenché par son porteur qui se trouvait dans une voiture a proximité du véhicule. Les soldats étaient de la 1e Brigade des Commandos de Kayseri (qui participe aux opérations contre le Bakuré), en permission pour la journée. Les autorités turques ont, comme à leur habitude, immédiatement pointé du doigt le PKK. Personne n’a toutefois revendiqué l’action pour l’instant.

14 militaires tués à Kayseri

14 militaires tués à Kayseri

À l’occasion du 16e anniversaire du massacre des prisonniers en Turquie du 19 décembre 2000, une projection/débat aura lieu au Local Sacco-Vanzetti (54 Chaussée de Forest) ce mercredi 21 décembre à 19h30. Une prisonnière qui a vécu les évènements sera présente pour participer à la discussion.

Projection/débat de

Voir notre article sur le film « Le Mur »

Projection/débat de

Les autorités turques ont arrêté plus de cent membres du HDP dans l’ensemble du pays. Parmi les personnes arrêtées figurent notamment les chefs de section du HDP à Istanbul, Aysel Guzel, et à Ankara, Ibrahim Binici. Ces arrestations surviennent après l’attaque de la guérilla kurde qui a fait 44 morts, dont 36 policiers, samedi soir (voir notre article). Début novembre, les coprésidents du HDP Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag et une dizaine de députés de cette formation avaient été arrêtés et placés en détention préventive (voir notre article). Par ailleurs, l’armée turque affirme avoir frappé des bases du PKK dans la région du Zab, au Kurdistan irakien.

Cérémonie officielle pour les policiers tués samedi

Cérémonie officielle pour les policiers tués samedi

Les autorités allemandes détiennent Musa Asoğlu, un responsable du DHKP-C. Musa Asoğlu a été arrêté au début du mois à Hambourg lors d’un raid des services anti-terroristes dans un appartement. 9 autres personnes suspectées d’êtres liées au DHKP-C avaient été interpelées lors de cette opération. Musa Asoğlu figure parmi les militants les plus recherchés par la Turquie mais aussi par les USA: le département d’État des États-Unis offre depuis 2014 une récompense de 3 millions $ pour toute information menant à son arrestation – un militant du DHKP-C ayant mené une attaque kamikaze contre l’ambassade des Etats-Unis à Ankara en février 2013, tuant un garde de sécurité turc.

Musa Asoğlu avait été un des inculpés du dossier DHKP-C en Belgique. A l’issue de sept procès successifs, la cour d’appel de Bruxelles avait écarté les accusations de « terrorisme », d' »association de malfaiteur » et « d’organisation criminelle » pour Asoglu, Saz et Erdal (voir notre article). Le délai raisonnable étant dépassé, Musa Asoglu, a été condamné à trois ans de prison avec sursis.

Musa Asoğlu

Musa Asoğlu