La contestation au Liban se poursuit en même temps que la répression qui l’accompagne. Des dizaines de personnes ont été blessées dans des heurts survenus samedi 14 décembre, dans la soirée, à Beyrouth. Les forces de sécurité ont utilisé des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc pour disperser des manifestants antipouvoir. A deux jours de consultations parlementaires organisées pour tenter de nommer un nouveau premier ministre, les manifestants s’étaient rassemblés samedi dans le centre de la capitale pour dénoncer l’ensemble de la classe politique. Les heurts ont éclaté lorsque des manifestants ont tenté de franchir un barrage de police bloquant l’entrée d’une avenue qui mène au Parlement, avant de se poursuivre ailleurs en centre-ville. La Croix-Rouge libanaise a transporté quinze blessés vers des hôpitaux et soigné trente-sept personnes sur place. De son côté, la défense civile libanaise a annoncé avoir transporté trente-six blessés vers des hôpitaux, tandis que cinquante-quatre personnes ont été soignées sur place.

Les affrontements de samedi à BeyrouthLes affrontements de samedi à Beyrouth

La police de l’État du Massachusetts a loué les services de Spot, le chien-robot de Boston Dynamics pour un essai de 3 mois. Ce robot d’abord destiné à usage industriel, est capable de transporter des marchandises dans un entrepôt, de grimper les escaliers, d’inspecter un site difficile d’accès pour les opérateurs humains ou d’arpenter avec aisance des terrains accidentés. Disposant d’une autonomie de 90 minutes, il peut se déplacer à une vitesse maximale d’1,6 mètre par seconde, fonctionne à des températures comprises entre -20 °C et 45 °C et dispose d’une vision à 360 degrés l’aidant à éviter les obstacles. Pouvant également être utilisé sous la pluie, ce chien-robot peut transporter des charges utiles allant jusqu’à 14 kilogrammes. Les entreprises s’offrant ses services ont par ailleurs la possibilité de l’équiper de capteurs et de modules matériels supplémentaires lui permettant d’effectuer une vaste gamme de tâches.

Le contrat de location avec la police du Massachusetts stipulait que les membres du service de déminage pourraient faire appel à ses services à tout moment et évalueraient « ses capacités en matière d’action policière, en particulier l’inspection à distance des environnements potentiellement dangereux ». Le porte-parole de la police de l’État, a déclaré que « La technologie des robots est un outil précieux pour les forces de l’ordre en raison de sa capacité à fournir une connaissance de la situation dans des environnements potentiellement dangereux ». En dehors des essais (voir vidéo ci-dessous), ce modèle de chien-robot a été utilisé à deux reprises dans le cadre d’opérations bien réelles, au sujet desquelles le porte-parole de la police s’est montré discret.

Voir la vidéo

Le chien-robot de Boston Dynamics

 

Au Chili le mois passé, des dizaines de manifestants équipés de lasers se sont mis à viser simultanément un drone de la police qui survolait la foule. Peu à peu, l’engin a semblé désorienté et a fini par descendre et terminer sa course dans la foule. Il y a plusieurs explications possible à la défaillance de l’appareil. Il est possible que le pilote, à distance, ait été simplement aveuglé par les lasers. Une deuxième option serait que les lasers ait entraîné un malfonctionnement des capteurs infrarouges, enclenchant un atterrissage automatique. Selon une troisième hypothèse, la chaleur combinée des pointeurs lasers aurait fait fondre le câblage interne de l’appareil ou serait parvenue à décharger la batterie du drone. Les manifestants adoptent de plus en plus les pointeurs lasers pour lutter contre les techniques de surveillance des forces de police: en fait, c’est l’optique des drones qui est visée et qui peut être grillée par les lasers. A Hong Kong aussi, des manifestants ont utilisé des pointeurs lasers sur des logiciels de reconnaissance faciale ainsi que d’autres technologies de surveillance.

Voir la vidéo

Le drone dans le faisceau de rayons laser

Mercredi 11 décembre, lors d’une action de soutien au dépôt RATP d’Aubervilliers dans la banlieue Nord de Paris, un enseignant de Seine-Saint-Denis avait interpellé. Ce matin là une cinquantaine de soutiens étaient venus renforcer le piquets de grève des agents RATP. L’objectif était d’empêcher les bus de sortir du dépôt. La garde à vue de cet enseignant solidaire a été prolongée et il sera renvoyé devant un tribunal. Cela s’inscrit dans la suite des actes de répression observés pour débloquer les piquets de grèves. A Ivry, à Pavillon-sous-Bois, et à Malakoff, la police est intervenue de façon violente pour déloger le piquet de blocage.

Intervention de la police au dépôt d'Ivry

 

 

Dans la soirée du 5 décembre, dans le quartier de Holargos, à Athènes, un anarchiste belge a été intercepté par deux policiers en uniforme effectuant apparemment un contrôle d’identité au hasard. Comme il figurait dans la base de données de la police (la police belge l’avait accusé d’incendie) et que les policiers ont trouvé sur lui des objets qu’ils jugeaient suspects, il a été emmené au commissariat de Holargos. Après quelques tentatives infructueuses d’interrogatoire par les policiers locaux, des policiers de la sécurité de l’État sont arrivés et ont fait plus de pression, toujours sans résultats. Les policiers de la sécurité de l’État ont emmené le prisonniers dans leurs bureaux du commissariat principal (GADA ), dans le centre d’Athènes.

Quelques heures plus tard, trois perquisitions ont été effectuées chez le prisonnier et ses proches. Un proche a été emmené aux bureaux de la sécurité d’État et a été libéré au bout de deux heures. Plus tard dans la journée, l’anarchiste arrêté a comparu devant un procureur qui a confirmé l’accusation de « possession d’explosifs » formulée par la sécurité de l’État, faisant référence aux objets trouvés au moment de l’arrestation (allumes-feu et produits inflammables). Le lendemain (samedi 7), le prisonnier a comparu devant le tribunal où il a été décidé de reporter le procès ce jeudi 12 décembre. Après l’audience de 7, il a été remis en liberté.

Le GADA, siège de la police à Athènes

 

 

Dossier(s): Grèce Tags: ,

La police algérienne a violemment dispersé hier mercredi, dans l’après-midi, dans le centre d’Alger, une large manifestation de protestation contre l’élection présidentielle, faisant plusieurs blessés, à moins de 24 heures d’un scrutin massivement rejeté par la rue. Plus de 200 policiers anti-émeute, armés de boucliers et de matraques, ont chargé près d’un millier de manifestants encore rassemblés devant la Grande Poste, haut lieu de la contestation dans la capitale, survolée par un hélicoptère.  La charge a provoqué un mouvement de foule et au moins huit personnes ont été blessées dans la cohue, dont cinq ont été évacuées sur des brancards ou par ambulance. La police a procédé à une trentaine d’arrestations. La foule a été dispersée mais une fois le gros des policiers partis, quelque 300 jeunes sont revenus scander des slogans anti-élections, déclenchant une nouvelle charge et de nouvelles arrestations.

Les forces de l’ordre avaient auparavant, durant la journée, tenté vainement de repousser les plusieurs milliers de protestataires qui avaient fini par forcer un cordon de police pour se rassembler devant le bâtiment de la Grande Poste, au cœur d’Alger, lieu traditionnel de rassemblement du Hirak. Ce mouvement populaire de contestation du régime, né le 22 février, exige le démantèlement total du système politique en place depuis l’indépendance de l’Algérie (1962) et refuse un scrutin perçu comme une manœuvre devant lui permettre de se régénérer. Toute manifestation est strictement interdite à Alger depuis 2001 et depuis février la police ne tolère que les cortèges hebdomadaires du Hirak le vendredi, et dans une moindre mesure ceux des étudiants le mardi. Des manifestations réclamant l’annulation du scrutin se sont aussi déroulé mercredi en province, notamment à Constantine (2e ville du pays), Bejaïa, Tlemcen ainsi qu’à Bouira et Tizi Ouzou.

Dans le centre d'Alger hier

Près de 10.000 personnes ont défilé vendredi 6 à Athènes pour honorer la mémoire d’Alexandros Grigoropoulos, 11 ans après son assassinat. Après la fin du défilé, des incidents ont éclaté dans le quartier d’Exarchia, où l’adolescent avait été tué par balle par un policier le 6 décembre 2008. Des groupes ont jeté des pierres et des cocktails Molotov vers les forces de l’ordre qui ont répliqué avec du gaz lacrymogène. Un policier a été blessé et la police, laquelle a procédé à 50 interpellations, dont 10 ont abouti à une garde à vue. Les autorités avaient déployé à Athènes 3500 policiers aidés de drones, d’un hélicoptère et d’un canon à eau.  À Thessalonique, deuxième ville du pays, des milliers de personnes ont défilé. À Patras, la manifestation a été également émaillée de violences, de tirs de gaz lacrymogènes par les forces de l’ordre et de cocktails Molotov par des manifestants. Deux policiers ont été blessés, selon la police qui a interpellé 19 personnes dont sept ont été placées en garde à vue. Le policier ayant assassiné d’Alexandros Grigoropoulos, Epaminondas Korkoneas, a été condamné à la prison à vie, mais a été remis en liberté en juillet dernier.

La manifestation à Athènes

Dossier(s): Grèce Tags: ,

 

Hier mardi, pour la deuxième journée de mobilisation interprofessionnelle à l’appel de la CGT, FO, FSU, Solidaires et plusieurs organisations de jeunesse, des dizaines de milliers de personnes (180.000 selon les syndicats) ont manifesté en France. Des incidents ont opposés manifestants et policiers à Bordeaux, Rennes, Lyon, Lille et Nantes. Les lycéens commencent aussi à se moobiliser. Devant les lycées d’Aulnay-sous-Bois, des échauffourées ont éclaté entre plusieurs élèves de seconde et les forces de l’ordre, police municipale comprise. En fin de matinée, neuf jeunes ont été interpellés pour « dégradations de biens publics » et « participation à un attroupement en vue de trouble à l’ordre public ». Ils ont été placés en garde à vue. Devant le lycée professionnel Alexandre Dumas à Cavaillon, le feu a été mis à deux containers et les policiers ont été caillassés (ils ont interpellé deux mineurs). Quatre manifestants ont été arrêtés ce mardi matin lors de troubles à l’ordre public survenus en marge d’une tentative de blocage du lycée professionnel Saint-Exupéry à Halluin. Un millier de lycéens et étudiants se sont mobilisés dans les rues de Lille, contre la précarité étudiante, la réforme du bac, mais aussi contre celle des retraites. Des incidents ont éclaté avec les forces de l’ordre.

Lacrymùogènes contre étudiants à Lille

Depuis 2015, 15.530 personnes ont été détenues dans les opérations policières contre le Parti Démocratique du Peuple (HDP). Parmi elles, 16 députés du HDP, dont des coprésidents, 7 membres du Comité exécutif central, 21 membres de l’Assemblée du Parti et plus de 750 dirigeants provinciaux et de district. En 2019, au moins 1.674 membres et cadres du HDP ont été arrêtés, notamment au cours du processus électoral du 31 mars (750 arrestations). Les principaux procès des anciens coprésidents du HDP, Selahattin Demirtaş et Figen Yüksekdağ, se poursuivent. İdris Baluken a été condamné à 16 ans, 8 mois de prison, Çağlar Demirel a été condamné à 7 ans, 6 mois, Abdullah Zeydan à 8 ans, 1 mois, 15 jours et Selma Irmak à 10 ans de prison.

Selahattin Demirtaş militant du HDP condamnés à de la prison ferme (archive)

Dossier(s): Turquie-Kurdistan Tags:

En juin 2012, les forces de sécurité ont tué 17 autochtones, appelés Adivasis, dont sept enfants, dans le village de Sarkeguda, dans le district de Bijapur (État de Chhattisgarh), les accusant d’être des maoïstes. Les forces de sécurité avaient encerclé des villageois réunis pour la fête traditionnelle de Beej Pondum et ouvert le feu vers 10 heures. Lorsque les tirs ont cessé, les forces armées ont commencé à frapper les gens avec leurs armes. Le Chhattisgarh est riche en ressources minérales et la reprise de l’activité minière a déplacé des milliers d’Adivasis. L’État est devenu le bastion de l’insurrection maoïste et le gouvernement y a déployé des dizaines de milliers de soldats. Plus de 1 000 personnes ont été tuées lors de prétendues fusillades avec des maoïstes, mais les Adivasis allèguent que bon nombre d’entre elles sont des assassinats purs et simples. Des militants des droits de l’homme et des journalistes ont été visés pour avoir signalé les abus et les homicides.

La commission judiciaire, dirigée par le juge VK Agrawal, a finalement établi que les villageois se réunissaient dans un champ ouvert adjacent au village, et non dans la forêt dense, comme l’ont affirmé des policiers. La commission a déclaré que les tirs étaient unilatéraux, effectués uniquement par les forces de police paramilitaires de la Réserve centrale (CRPF) et la police locale. Ces tirs étaient tellement indifférenciés que six policiers et paramilitaires ont été blessés par des « tirs amis » (et non par des tirs maoïstes comme ils l’ont prétendu). Dans son rapport, la commission a également nié que les personnes tuées dans cet incident aient eu un quelconque lien avec les maoïstes.

Le massacre de Sarkeguda

 

Dossier(s): Inde-Népal Tags: ,