Le tribunal de grande instance de Hambourg poursuivait, en vertu de l’article 129b, Musa Aşoğlu, supposé leader du DHKP-C. L’acte d’accusation imputait à Musa toutes sortes de tâches organisationnelles, de l’inspection des stocks d’armes à sa présence aux mariages de sympathisants. Il était surtout accusé d’avoir ordonné l’attaque menée contre l’ambassade des États-Unis à Istanbul (ce pourquoi les USA demande son extradition). Le verdict est tombé aujourd’hui: 6 ans et 9 mois de prison.

Quelques parties de la dernière prise de parole de Musa le 30 janvier:

Depuis le début, je dénonce ce procès politique. Ce n’est pas le premier du genre. Vos tribunaux traitent des dossiers DHKC standardisés dans lesquelles les règles de base du droit ne sont même plus de vigueur.
Ainsi, les peines sont fixées entre 4 et 10 ans de prison. Les preuves d’inculpation ne sont même plus nécessaires. Des gens sont accusés de soutenir la lutte en Turquie avec une argumentation reposant sur des formules imprécises comme « Nous pensons que » ou « nous avons des doutes ». Le procureur affirme que les violations des droits humains en Turquie sont des cas isolés mais pour moi, la torture et la politique de disparition est systématique depuis déjà bien avant Erdogan et toujours selon moi, ce régime porte pour nom le fascisme. Vous n’êtes pas obligés de partager mon analyse politique de ce régime mais vous ne pouvez pas l’appeler démocratique. Le procureur requiert une peine 7,5 ans de prison à mon encontre et précise qu’il ne s’opposera pas à une réduction de peine au vu des conditions de détention dures dans lesquelles j’ai été maintenu. Il parle des 26 mois de conditions d’isolement extrêmes que j’ai subies. Le régime d’isolement n’était nullement une mesure préventive mais acte de vengeance en règle. Même les gardiens de prison les reconnaissent. Pourquoi se venge-t-on de moi? Et comment avez-vous calculé ma souffrance pour que vous en veniez à me proposer une remise de peine ? Ma femme a été maintenue en isolement pendant des années. Elle en a gardé de graves séquelles. Mon père est décédé l’an dernier. On m’a empêché de me rendre à ses funérailles. Ma mère a été refoulée à l’entrée de la prison après avoir parcouru des centaines de kilomètres pour un document qu’elle a oublié.
Ma mère a oublié car elle est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Une criminelle néo-nazie de la NSU a eu droit à un meilleur traitement: non seulement, elle n’était pas soumise à l’isolement mais en plus elle a pu bénéficier de visites hebdomadaires de sa grand-mère malade sans être séparée par une vitre. Vous ne pouvez comprendre la douleur que j’ai ressenti quand ma mère a collé ses lèvres avec tendresse sur cette vitre sale qui me séparait d’elle. Vous dites à présent que mes conditions de détention étaient dures. Je ne veux pas de votre compassion. Mettez-moi au trou 26 mois de plus s’il le faut. Condamnez-moi et qu’on n’en parle plus.

Musa Aşoğlu au tribunal de Hambourg

Musa Aşoğlu au tribunal de Hambourg

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Il y a un an et demi, Nero avait été emprisonné dans les prisons de Moabit et de Tegel pour avoir aveuglé un hélicoptère de police avec un laser, pendant les affrontements dans la rue Rigaer (voir notre article). Dix-huit mois de tentatives de le briser de la part de la prison et des enquêteurs, d’efforts soutenus de la LKA (police criminelle du Land) pour le maintenir derrière les barreaux plus longtemps et de pressions constantes de la direction de la prison pour qu’il se démarquer du milieu anarchiste. Nero a refusé de capituler et rejeté leurs offres de « resocialisation ». Il a finalement pu quitter la prison au début de la semaine sans conditions.

Accusé puis acquitté en Belgique dans la fameuse « affaire DHKP-C » entre 2005 et 2009, le révolutionnaire turco-néerlandais Musa Asoglu n’a pas fini d’être harcelé par les États alliés au régime turc. Ces dernières années, il était la cible d’une véritable chasse à l’homme organisée par la CIA sur le sol européen. Sa tête a été mise à prix pour 3 millions de dollars par les USA qui le présentent comme un dirigeant du DHKP-C, une organisation révolutionnaire qui s’est attaquée plusieurs fois aux intérêts américains en Turquie, et à l’oligarchie turque.

Contraint de vivre dans la clandestinité, Musa Asoglu aujourd’hui âgé de 57 ans, a été capturé le 2 décembre 2016 par la police allemande à Hambourg. Musa est depuis incarcéré à la prison de Karlsruhe, sans avoir commis aucune infraction en Allemagne, uniquement sur base des dossiers des services anti-terroristes turcs, qui ont de lourds antécédents de dossiers construits à base de faux éhontés et de prétendus « aveux » extorqués sous la torture. Le procès de Musa se poursuit en ce début d’année 2019, il risque actuellement 7,5 ans de prison. Soutenir Musa Asoglu, c’est soutenir la résistance contre le fascisme en Turquie, c’est dénoncer la collaboration des instances policières et judiciaires européennes avec les tortionnaires d’Ankara.

Emprisonné en Allemagne (comme dans les prisons d’autres pays comme les USA), Musa ne peut recevoir que des colis livrés par la société Amazon, CDs, DVDs et livres. En coopération avec le Front Populaire (Halk Cephesi), nous avons créé une liste de cadeaux sur ce site avec des livres, disques et films choisis par Musa. L’adresse est pré-enregistrée et les cadeaux seront systématiquement retirés de la liste après une commande. Voir la liste de cadeaux pour Musa Asoglu ici.

Des livres pour Musa Asoglu

Des livres pour Musa Asoglu

Inan Dogan est un militant communiste kurde originaire de Dersim et habitant à Liège, il est réfugié depuis 2010 en Belgique. Il a été arrêté en Allemagne ce 15 décembre en vertu d’un mandat Interpol demandé par la Turquie, alors qu’il se rendait aux mobilisations de solidarité pour Musa Asoglu à Hambourg. La Turquie l’accuse d’appartenir au DHKP-C. Il a été remis en liberté.

Devant l'ambassade d'Allemagne à Bruxelles

Devant l’ambassade d’Allemagne à Bruxelles

Actuellement, deux opposants turcs sont en procès en Allemagne : Musa Asoglu, arrêté le 2 décembre 2016 et Erdal Gökoglu, arrêté à Liège le 12 novembre 2017 et extradé vers l’Allemagne le 20 décembre (voir nos articles ici, ici et ici). Erdal Gökoglu est maintenu à l’isolement depuis son arrestation et privé des médicaments indispensable pour sa santé. Son procès a débuté à Hambourg le 7 juin 2018. Depuis cette date, plusieurs audiences ont dû être interrompu plus tôt dû à son état de santé. Son procès se poursuivra en 2019.

Le groupe de soutien d’Erdal Gökoglu appelle toutes les personnes qui le peuvent à participer aux prochaines audiences (toutes les audiences commenceront à 09h):
En janvier, le mercredi 9, vendredi 11, lundi 14, mercredi 16, mercredi 23 et mercredi 30.
En février, le vendredi 1, mardi 5, mercredi 6, lundi 11, mardi 12, lundi 18, mardi 19, mardi 26 et jeudi 28.

Musa Asoglu et  Erdal Gökoglu

Musa Asoglu et Erdal Gökoglu

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Adnan Sütcü, un allemand d’origine turque, se rendant en Turquie pour l’enterrement de sa mère, a été arrêté le 27 décembre à l’aéroport d’Ankara. Il sera libéré après avoir subi un interrogatoire de plusieurs heures sur des publications Facebook. Il est depuis sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter le territoire et accusé de publication anti-étatique (pour soutien à des organisations terroristes kurdes).

Le département anti-cybercriminalité de la police turque enquête sur les comptes de réseaux sociaux depuis 2017. En 2018, 42 406 comptes de médias sociaux ont été examinés en Turquie et plus de 18 000 actions en justice ont été engagées contre des utilisateurs. Une organisation allemande de journalisme a mis en garde les journalistes et voyageurs/blogueurs d’éviter de se rendre en Turquie suite aux nombreuses arrestations de ressortissants allemands pour avoir posté ou liké des publications sur des réseaux sociaux. Actuellement, cinq allemands seraient en prison en Turquie pour «raisons politiques».

Adnan Sütcü

Adnan Sütcü

En Allemagne, le ministre de l’Intérieur, Horst Seehofer, veut interdire l’organisation d’aide judiciaire de gauche « Rote Hilfe e.V. » considérant ses objectifs comme anticonstitutionnels. Le Rote Hilfe e.V. (RH) est une organisation basée sur la solidarité avec les militant.e.s de gauche persécuté.e.s pour des raisons politiques en leur apportant une assistance judiciaire.

Cette information ressort, entre autre, du rapport du ministère fédéral de l’intérieur de 2017 qui considère que par le biais de son travail (publications, organisation de conférences, de manifestations), le RH essaie de discréditer les services publics de sécurité et les autorités judiciaires allemands. « De plus, (le RH)… organise, entre autres choses, des événements d’information et de discussion sur des sujets tels que la » répression par l’État  » … demandant à ne pas coopérer avec les autorités et les administrations des services juridiques. » Toujours selon le rapport, les prisonnier.ère.s seraient incité.e.s à continuer à se battre.

Logo du Rote Hilfe e.V.

Logo du Rote Hilfe e.V.

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Un groupe secret formé d’environ 200 militaires de la Bundeswehr, des forces spéciales et des membres de l’association des soldats d’élite Uniter planifiaient d’éliminer des politiciens, des leaders d’organisation défendant les demandeurs d’asile et des migrants. Le complot prévoyait rassembler des hommes politiques impopulaires dans un lieu de meurtre un «jour J». La liste d’éventuelles victimes reprend entre autre le nom de Dietmar Bartsch, le chef de file du parti Die Linke au Bundestag. Des dépôts secrets d’armes et de carburant avaient également été aménagés.

Un lieutenant-colonel du Service de sécurité militaire (MAD) avait tenté de faire obstruction à l’enquête en mettant en garde les conspirateurs contre des perquisitions et en les informant sur le déroulement de l’enquête en général. Des poursuites judiciaires auraient été engagées à son encontre par le tribunal de Cologne. La conspiration aurait été mise au jour dans le cadre d’une enquête sur l’affaire d’un soldat qui préparait des attaques terroristes contre les autorités allemandes. Ce soldat avait livré de fausses informations au service de migration, affirmant notamment qu’il était un réfugié syrien, dans le but de rejeter la responsabilité des attentats sur des migrants musulmans.

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Le 18 décembre prochain s’ouvrira à Hambourg le procès de 4 des 5 personnes accusées d’avoir participé à la manifestation du 7 juillet 2017 contre le G20 sur l’Elbchaussee à Hambourg. Les quatre personnes mises en cause (deux adultes et deux mineurs) sont originaires de Francfort et Offenbach. Le Rote Hilfe FFM a publié une déclaration de soutien pour les accusés – Lire le communiqué.
Les dates des procès se trouve sur le site du Rote Hilfe FFM (en allemand).

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