L’opération militaire pour la capture du ‘camarade Artemio’, un important dirigeant de l’Armée Populaire de Guérilla (force armée du Parti Communiste du Pérou), opération qui a mobilisé des forces spéciales et des hélicoptères, a été un échec. Et non contents de se soustraire aux opérations des forces répressives, les guérilleros maoïstes ont attaqué la base anti-subversive de Sanabamba dans le district d’Ayahuanco. L’attaque, qui a duré une heure, a mobilisé une colonne de guérilla. La base de Sanabamba avait déjà été attaquée au début du mois de juin: un militaire avait été tué, six autres blessés et un hélicoptère avait été endommagé. On ne connait pas encore le bilan de la dernière attaque.

En début d’après midi, un rassemblement a eu lieu devant l’ambassade du Pérou à Bruxelles (et devant de nombreuses ambassades du Pérou dans le monde). La suspension pour une durée de 90 jours du décret 1090 a été finalement débattue et votée majoritairement au Parlement ce mercredi 10 juin. Mais le celui-ci n’est pas abrogé comme l’exigent les mouvements amazoniens, ainsi que les organisations internationales de défense des droits humains et les mouvement amérindiens de l’ensemble du continent.

Une ministre a donné sa démission suite aux évènements de Bagua et des photos sont maintenant publiées partout montrant des policiers tirer sur les manifestant avec des armes à feu (AK47) et non seulement avec des lacrymogènes. Le dirigeant indigène Alberto Pizango a trouvé refuge dans les locaux de l’ambassade du Nicaragua à Lima et y demandait l’asile politique. Asile qui lui fut accordé rapidement par une déclaration de l’ambassadeur Tomás Borge déclarant que le leader amazonien ‘a toutes les caractéristiques d’un persécuté politique’.

A Iquitos, les autorités ont fait savoir que l’armée sera déployée dans les rues de Iquitos, la grande ville de la plaine amazonienne du nord-est du pays à partir de minuit. Cette mesure a été immédiatement analysée comme une provocation par les organisations telles que le Comité de Lutte des Peuples Indiens de Loreto qui appellent à une ‘grève régionale pour la paix et la dignité amazonienne’ en relation avec la mobilisation nationale. Les habitants de la région qui occupent la route entre Yurimaguas et Tarapoto ont accepté hier de la débloquer pendant deux fois deux heures pour permettre le passage de camions qui transportent des aliments. Cette décision a fait baisser un peu la tension mais la situation continue d’être explosive. D’après l’agence Servindi, plus de 4.000 amérindiens des ethnies Shawi, Chayawita, Cocama-Cocamilla et Shibilos vont arriver dans la matinée dans la ville de Yurimaguas, région de Loreto. Ces manifestants viennent en bateaux depuis leurs lointaines communautés situées sur les bords de la rivière Huallaga, dans la province du Alto Amazonas. Ils vont venir grossir les rangs des populations déjà mobilisées dans les environs immédiats de Yurimaguas.

Indiens Yurimaguas

Indiens Yurimaguas

Vendredi 5 juin au matin, la police péruvienne s’est déchaînée contre les populations indigènes de la province Amazonas qui bloquaient une route en appui à leurs demandes. Cela fait 56 jours que les communautés indiennes du Pérou amazonien se sont soulevées contre des projets miniers ou pétroliers dans le Nord-Est. A la mi-mai, ils sont déclarés ‘en état d’insurrection’. ‘Nous déclarons nos peuples en état d’insurrection contre le gouvernement du président Alan Garcia sur les territoires indigènes amazoniens‘, a déclaré à Lima le 15 mai dernier Alberto Pizango, président d’un collectif qui dit représenter 1350 communautés de 65 groupes ethniques, soit 600.000 personnes environ.

Cet état d’insurrection signifie que ‘nos lois ancestrales ont désormais force de loi et que nous considérons comme une agression l’entrée d’une quelconque force sur nos territoires‘, avait averti M. Pizango. La solution, a-t-il poursuivi, ‘passe par une abrogation’ de décrets législatifs de 2007 et 2008 qui assouplissent le cadre de l’exploitation minière, pétrolière, forestière ou de l’eau, par des firmes multinationales, sur des terres que les indigènes considèrent comme ancestrales.

Après les tirs meurtirers contre les manifestants, les affrontements se sont poursuivis: les indigènes, après avoir mis le feu à de nombreux locaux officiels ont attaqué le commissariat. Le nombre de blessés ne cesse de croître et les deux hôpitaux de la zone sont maintenant débordés. L’électricité est, semble-t-il, coupée dans une grande partie de la zone, ce qui empêche les radios locales d’émettre. D’après la coordination des radios locales (CNR), il y aurait 20 indigènes tués et 9 policiers.

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Nouvel aveu implicite de l’échec de la contre-guérilla, le gouvernement péruvien payera des récompenses à ceux qui donneront des informations qui permettront la capture des dirigeants et cadres moyens du Parti Communiste du Pérou et de son Armée Populaire de Guérilla, selon un décret publié samedi dans le journal officiel Péruvien. Selon le décret, on octroiera une récompense maximale de 500.000 soles (environ 167.000 dollars) ‘à celui qui permet la capture d’un commandement politique ou militaire‘, la même norme officielle octroiera 300.000 soles (environ 100.000 dollars) à ceux qui ‘permettront la capture des dirigeants logistiques et des dirigeants de compagnies terroristes‘.

La norme officielle a été signée par le président Alan García, le chef du cabinet ministériel et les ministres de la Défense et de l’Intérieur. ‘Cette récompense me semble adéquate pour qu’une personne soit stimulée à donner des informations en échange d’une somme d’argent… de sorte que, cette récompense qui permettra la capture des dirigeants terroristes qui restent, puisse donner des résultats‘, a déclaré le président García sur la chaîne de télévision étatique.

Seraient particulièrement visés le ‘camarade Artemio’, considéré comme le dirigeant du PCP dans la zone de la vallée de l’Huallaga dans la forêt centrale, et le ‘camarade José’, dirigeant du PCP dans la zone de la Vallée du Río Apurímac-Ene (VRAE).

Le gouvernement péruvien a dit et redit qu’il débarassera la région du Vizcatan des guérillas maoïstes. Celles-ci viennent de lui infliger un terrible échec ce jeudi 9 dans cette zone isolée et difficile d’accès du sud-est du Pérou, à 550 kimolètres de la capitale. Selon les témoignages recueillis par la presse locale, 200 combattants fortement armés ont mitraillé et lancé des explosifs sur deux convois militaires, à quelques heures d’intervalle. Treize militaires ont été tués. Ces attaques sont les plus meurtrières depuis celle d’octobre 2008, qui avait fait quatorze morts dans la même région. Elles interviennent alors que les militaires ont lancé une offensive pour récupérer la zone voisine de Vizcatan, aux mains des guérilleros.

Guérilleros péruviens

Guérilleros péruviens

L’ancien président péruvien Alberto Fujimori a été condamné ce mardi 7 à Lima à 25 ans de prison, au terme de son procès de 16 mois. Il a été reconnu coupable pour des massacres de civils perpétrés par des escadrons de la mort, entre 1990 à 2000. Le tribunal a reconnu Alberto Fujimori coupable ‘avec circonstances aggravantes‘. Il a assimilé ses crimes, ‘selon le droit international, à des crimes contre l’humanité‘. Il a précisé que l’ancien président âgé de 70 ans, en raison des deux ans qu’il a déjà passés en prison, devrait exécuter sa sentence jusqu’au 10 février 2032. Il devra aussi verser des dommages et intérêts aux familles de 29 victimes.

Alberto Fujimori avait envoyé dans les années 1990 l’armée combattre la guérilla maoïste du Parti Communiste du Pérou (P.C.P. ‘Sentier Lumineux’), provoquant une longue guerre qui a fait 70.000 morts et disparus, d’après les organisations des Droits de l’Homme. Les escadrons de la mort frappaient des militants progressistes ou jugés ‘sympathisants’ du P.C.P., et commettaient des massacres de paysans qui étaient ensuite attribués (avec l’aide de la presse internationale) à la guérilla maoïste.

Alberto Fujimori était jugé pour son rôle dans le massacre en 1991 de 15 habitants d’un quartier à Lima et l’assassinat en 1992 de 9 étudiants et d’un professeur de l’Université de la Cantuta, perpétrés par un escadron de la mort. Fujimori était aussi jugé pour les séquestrations à la même époque, par ses services secrets, d’un journaliste correspondant du journal espagnol El Païs et d’un entrepreneur. Le tribunal a reconnu Fujimori coupable de toutes les charges, mais n’a pas suivi l’accusation qui avait requis 30 ans de prison.

Charnier au Pérou

Charnier au Pérou

Le mois passé, des médecins-légistes ont commencé à exhumer les corps d’une fosse commune à Huanta, dans le sud-est du Pérou, dans la région d’Ayacucho où la guérilla maoïste était particulièrement active. Selon la Commission Vérité et Réconciliation, qui enquête sur les crimes commis durant la guerre civile entre la guérilla et l’Etat, la cinquantaine de victimes enterrées à Huanta sont des personnes, des paysans pour la plupart, disparues entre juillet et août 1984. L’armée péruvienne aurait conduit les victimes au stade de Huanta, transformé en une base militaire. Là, elles ont été torturées, exécutées et on a fait disparaître leurs corps. 4.000 charniers semblables ont été découverts ces dernières années au Pérou.

Depuis vendredi dernier, d’importants combats se déroulent dans la zone de Cerro Tincuya dans le Vizcatan entre la guérilla maoïste et des unités de fusillers-marins. Le ministre de la Défense Florez Araoz a regretté le nombre de victimes et la mort d’un Marine, mais a réaffirmé la décision de rester dans la zone. Parmi les militaires blessés, l’équipage d’un hélicoptère MI-17 des forces aériennes a été atteint pendant les combats dans la zone de Cerro Tinculla alors qu’il essayait d’approvisionner des fusillers-marins qui venaient d’être surpris par les guérilléros maoïstes. L’hélicoptère touché a pu se poser sur la base militaire de Pichari.

Nous en avions parlé sur ce site, en novembre 2008, le commandant en chef de l’Armée colombienne Mario Montoya avait démissioné peu après la destitution de vingt-sept autres militaires dont trois généraux. Des témoignages établissent la responsabilité de l’Armée colombienne dans l’enlèvement et l’assassinat de civils. Pour gonfler leurs statistiques dans la lutte contre les guérillas, des militaires gradés recourent aux ‘faux positifs’: des jeunes, pour la plupart, que l’on enlève et assassine pour les enregistrer ensuite morts au combat sous les couleurs de la guérilla. Les officiers recevaient des promotions et les soldats des permissions (5 jours pour chaque soldat ayant tué un ‘guérillero’)

De véritables réseaux d’enlèvement étaient mis en place avec des militaires retraités, des paramilitaires et des narcotrafiquants. Trois groupes de narcotrafiquants auraient passé un accord avec des militaires, en échange des recrutements, ils obtenaient toute liberté pour mener à bien leurs opérations. Les hommes enlevés venaient de quartiers pauvres; certains avaient aussi un passé judiciaire ou étaient connus pour leur consommation de drogue. Ce qui laisse penser qu’en plus de servir les intérêts de certaines brigades de contre-guérilla, une entreprise de nettoyage social s’organisait impunément depuis l’Armée. Aujourd’hui, l’enquête sur les faux positifs à travers le pays s’intéresse à la mort d’environ 800 personnes sur une période de six ans. À ce jour, 46 militaires ont été condamnés et 952 autres sont liés à l’instruction, tout comme 21 policiers et 24 autres personnes. Mais les chiffres donnés par les ONG sont bien plus inquiétants (jusqu’à 1.200 victimes).

Daniel Andres Pesca Olaya

Diego Alberto Tamayo Garcera

Eduardo Garzon Paez

Elkin Gustavo Verano Hernandez

Fair Leonardo Parra Bernal

Jaime Castillo Peña

Jaime Estiben Valencia Sanabria

Julian Oviedo Monroy

Par ailleurs, les assassinats de syndicalistes par les paramilitaires aux ordres de l’oligarchie se poursuivent. Depuis le début de l’année, quatre dirigeants syndicaux ont ainsi été assassinés: Leovigildo Mejía, syndicaliste de l’Association agraire de Santander Asogras, Luis Alberto Arango Crespo, président de l’Association des pêcheurs et agriculteurs et dirigeant de l’Association des pêcheurs artisans de Magdalena Medio, Guillermo Antonio Ramírez Ramírez, éducateur et membre du syndicat de Belén de Umbría, département de Risaralda, et Leoncio Gutiérrez, enseignant affilié au SUTEV, dans la sous-direction municipale de Toro, département de Valle del Cauca.

Le ‘Plan d’Opérations Excellence’, qui vise à anéantir les guérillas du Parti Communiste du Pérou (PCP, ‘sentier lumineux’), a débuté le 30 août 2008 dans une opération conjointe de 1.200 hommes de la Police et de l’Armée, avec la prise de Valle de los ríos Apurímac-Ene. Le but est de contrôler la région de Vizcatán, l’une des zones les plus importantes des maoïstes péruviens et dirigée par le Comité Régional Principal du Parti Communiste du Pérou. Comme d’habitude dans ce type d’opérations, les forces répressives ont perpétré des atrocités contre la population civile. Le maire du village Jésus de Belén, Tiófantes Camasa Bois, a dénoncé l’incendie des maisons et la disparition de onze personnes. Une survivante de l’incursion de l’armée, Lucy Pichardo, du village Pichis Río Seco, a dénoncé qu’après le passage de l’armée, son époux, ses trois frères et une cousine enceinte avaient disparus.

Le Ministre de la Défense du Pérou, Antero Florez Aráoz, a défendu les militaires en affirmant que ces plaintes faisaient partie d’une ‘opération psychologique de la part des terroristes’. A cette version s’est ajoutée celle de la dirigeante du parti de gouvernement (APRA), Mercedes Cabanillas, qui a déclaré que les disparus supposés étaient des subversifs qui avaient fui. Une commission d’organisations des droits de l’homme a visité le lieu des faits. Le 3 octobre, la commission a recueilli le témoignage de villageois torturés par l’armée. La commission a établi que les militaires avaient violé une femme, détruit 75 maisons, et déplacé 65 familles des villages Canayre, Pichari, Llochegua et Virgen Villa. Confrontée à ces faits, la commission s’est engagée… à demander la constitution d’une Commission d’enquête parlementaire.

Cependant, le 6 octobre, quatre cadavres ont été trouvés dans la Valle del río Apurímac-Ene. Il s’agissait des parents de Lucy Pichardo (Maximiliano Pichardo Fernández, Jésus Pichardo Fernández et José Félix Canchaya Limache). Selon le rapport de l’autopsie, ils ont été tués par balle à bout pourtant et dans le dos. L’autre cadavre est celui de Rosa Chávez Sihuincha, la cousine enceinte. Elle avait deux balles de pistolet de 9mm dans la tête.

Arrestation de paysans péruviens

Arrestation de paysans péruviens

Des poursuites ont été engagées contre 13 dirigeants de la gauche sur qui s’est traduite par un mandat d’arrestation sur un des leaders de l’opposition Ollanta Humala avec l’argument incohérent d’être impliqué dans la collaboration avec le terrorisme international. Une action policière qui met en lumière le processus accéléré de criminalisation et la poursuite des luttes politiques et sociales au milieu de la corruption qui ronge les entrailles du régime péruvien. L »engagement’ du Premier Ministre de faire la lumière sur cet imbroglio répressif conçu par le Service de Renseignements du Ministère de l’Intérieur contre les partis politiques progressistes, n’a été qu’une promesse verbale et a disparu devant la décision politique des plus hautes sphères du gouvernement dirigé par Alan García Pérez.

Le mandat d’arrêt, lancé le 24 décembre, est dirigé contre Renán Raffo Muñoz, dirigeant de la Commission Politique du Parti Communiste Péruvien (qui n’est le Parti Communiste Péruvien maoïste aussi connu sous le nom de ‘Sentier Lumineux’) , Alberto Moreno Rojas, Secrétaire général du Parti Communiste du Pérou Patria Rouge, Nicolás Olmedo Auris Melgar, Vice-président de la CGTP, Jorge Luis Jaime Cárdenas, Julio Isaías Céspedes Olórtegui, Yen Amadeo Campos Cuadrao, Luis Gastón Marquina Hernández, Luis Alberto Benites Jara, un dirigeant national du Peuple Unido-UPP, Eder Gerardo Cava, de Jacinto Cunia García, Rogger Abel Taboada Rodríguez et Felícita Cueva Capa.

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