Le Centre de Coordination Civilo-Militaire des Opérations Aériennes (C3MOA), spécialement créé pour les Jeux olympiques et paralympique, a coordonné les différentes autorités et moyens déployés, qu’ils soient civils ou militaires. Ce sont au total 178 interceptions aériennes qui ont été effectuées. 149 télé-pilotes, pour la plupart des touristes ignorant les règles en vigueur, ont été interpellés. Le 4 septembre, le dispositif de l’Armée de l’Air et de l’Espace déployé sur Paris détectait un drone s’approchant d’une prison parisienne. Deux télé-pilotes ont été interpellés ; ils tentaient de livrer du matériel interdit dans la prison. Le drone et le matériel ont été saisis.

Le dispositif était très lourd. Dans les airs opéraient des avions PC-21 et SR22, des avions-radar E-3F Sentry, des drones MQ-9 Reaper et  des ravitailleurs, l’interception étant confiée à des avions de combat Rafale et Mirage ainsi qu’à des hélicoptères Fennec. Au sol, des systèmes anti-drone Bassalt (photo), les batteries missiles antiaériens Mamba, Crotale NG et Mistral étaient déployées. Deux radars G1X ont été déployés sur Paris et Marseille pour renforcer les moyens de détection anti-drones.

Claudio Lavazza a été libéré le 7 septembre aprés avoir purgé sa condamnation après presque 28 ans de prison entre l’Espagne et la France (voir notre article). Claudio a pris part au combat révolutionnaire armé à la fin des annés 70 en Italie dans les rangs des Proletari Armati per il Comunismo. En cavale depuis le début des années 80, il se rapproche des idées anarchistes. Il sera arrêté seulement en 1996, en Espagne, à la suite d’un braquage qui finit par un échange de tirs avec la police (deux policiers trouveront la mort). En ce qui concerne la France (où il avait été transféré en juillet 2018), Claudio était accusé d’avoir participé au braquage du 4 juillet 1986 à Saint-Nazaire (88 milions de francs sousrtrait de la Banque de France).

La répression des personnes soutenant la Palestine et opposées au génocide à Gaza continue de sévir en Europe. Voici des exemples récents qui se sont déroulés en France :

Jeudi 5 septembre, Imane Maarifi, une infirmière française qui a passé 2 semaines à Gaza et qui n’a cessé de dénoncer les crimes de l’armée d’occupation dont elle a été témoin a été perquisitionnée et placée en garde à vue. La raison de cette arrestation ? Elle s’était opposée à la tenue à Paris, du Salon de l’immobilier Israélien (qui propose entre-autre à la vente des biens dans la partie de la Palestine occupée suite à la guerre de 6 six jours). Elle a été libérée le lendemain. On ignore s’il y aura des suites à cette procédure.

En avril, un agent de sécurité lui avait confisqué un drapeau palestinien lors d’un match de football auquel assistait Emmanuel Macron. Elle voulait lui remettre un témoignage collectif rédigé par plusieurs médecins sur les horreurs de Gaza et lui faire part de l’urgence d’un cessez-le-feu.

Imane Maarifi, une infirmière française qui a passé 2 semaines à Gaza et qui n'a cessé de dénoncer les crimes de l'armée d'occupation
Imane Maarifi, une infirmière française qui a passé 2 semaines à Gaza et qui n'a cessé de dénoncer les crimes de l'armée d'occupation

 

La répression n’est pas que policière, mais peut aussi être administrative et/ou sociale : 

Benoît Huou, professeur de mathématique à la Toulouse School of Economics a été suspendu à titre conservatoire après avoir appelé au boycott d’Israël. Il avait évoqué, dans un de ses cours du 3 septembre, un courrier de lecteurs de la revue « The Lancet » qui évaluait, au début de juillet, à 186 000 le nombre de Palestiniens assassinés par l’armée israélienne.

« La situation n’a pas commencé le 7 octobre, et il est malhonnête de dire que le responsable de ce qui se passe actuellement est le Hamas », avait poursuivi Benoît Huou, appelant au boycott d’Israël. « Je ne veux pas parler de ce qui s’est passé le 7 octobre, mais rien, absolument rien ne justifie de massacrer une population civile comme c’est en train de se passer », a ajouté l’enseignant tout en dénonçant le soutien tacite du gouvernement français. Ces déclarations lui ont valu une suspension à titre conservatoire dès le lendemain.

Sylvie Retailleau, ministre démissionnaire de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a personnellement demandé à ce que des sanctions soient prises.

Vie chère en Martinique, dimanche 1er septembre, 700 manifestants se sont rassemblés à l’appel du collectif  «Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéennes »(RPPRAC). Le collectif revendique la baisse des prix pratiqués sur l’île soient alignés sur ceux de la métropole. Quinze ans après les grèves générales contre la vie chère, la population martiniquaise est de nouveau de la rue. Ce 1er juillet, un ultimatum avait été lancé par le RPPRAC afin de faire baisser le prix de 2500 produits de première nécessité. Deux mois plus tard, l’ultimatum est sans effet, rendez-vous était fixé devant un grand centre commercial de Fort-De-france.

En début de journée, Rodrigue Petitot, président du RPPRAC a été arrêté et mis en garde à vue, suspecté de participation avec une dizaine d’autres personnes cagoulés à une tentative de vol de bus. En réaction à cette arrestation, les manifestants se sont dirigés vers le port de Fort-De-France où ils ont bloqué ses accès principaux et un terminal à conteneurs. Dans la nuit, un véhicule a été incendié et plusieurs poubelles ont été réduite en cendre. Des opérations de gendarmerie et de police sont menées à Fort-de-France pour libérer les accès des ronds-points bloqués. 5 camions de gendarmes mobiles sont arrivés en renfort de Guadeloupe et se sont déployés sur le terrain. Rodrigue Petitot dit « Le R » a été libéré en fin de journée.

Vendredi 30 aout au matin, les occupants de la ZAD ont subi une intervention de délogement de grande ampleur. Plus de 200 gendarmes se sont rendus sur la ZAD de la « Cal’arbre » pour expulser les activistes opposés au projets de prolongation de l’autoroute A69 à Saix dans le Tarn. L’intervention à été menée par la CNAMO, unité de gendarmerie spécialisée dans le dégagement d’obstacles complexes.Tentes lacérées, objets personnels saccagés… À 13 heures, la quasi totalité des cabanes et des espaces communs ont été détruits. (voir article ici)

Les forces de l’ordre ont attaqué un chêne à la pelleteuse, mettant gravement en danger les militants accrochés aux arbres. Lors de l’opération militaire, une personne réfugiée sur un fortin de vigie suspendu dans un arbre à 8 mètres du sol a été braquée par des gendarmes munis de LBD, poursuivie par la CNAMO, elle a chuté de 8 mètres. Gravement blessé, l’activiste a été pris en charge par les sapeurs-pompiers, il souffrirait de plusieurs fractures à la colonne vertébrale, il a été hospitalisé. Six militants ont été interpellés. Seuls quelques arbres restent à ce jour occupés sur le site de La « Cal’arbre ».

Alors qu’à la seule échelle de la CGT, plus de 1000 militants qui subissent une répression patronale en raison de leur militantisme syndical, deux récentes décisions ont vu procédures anti-syndicales être annulées. Jordan Robichon, travailleur à GRDF et militant CGT ciblé par une procédure de licenciement depuis 1 an et demi, à titre de sanction pour son activité syndicale, a d’obtenu l’annulation de toute la procédure d’abord par l’inspection du travail en novembre 2023, puis tout dernièrement par le ministère. Après plusieurs défaites juridiques pour InVivo, la nouvelle tentative de licenciement du délégué CGT Christian Porta par le géant de l’agrobusiness a été sévèrement sanctionnée par le conseil des Prud’hommes de Forbach et le tribunal judiciaire de Sarreguemines. InVivo condamné à réintégrer le délégué CGT Christian Porta et à verser 500 000€.

Samedi 24 août au soir, Pavel Durov, fondateur et dirigeant de la messagerie cryptée Telegram, a été arrêté à l’aéroport de Bourget près de Paris. Cette interpellation fait suite à un mandat de l’Ofmin, l’office français chargé de la lutte contre les violences faites aux mineurs qui reproche à Monsieur Durov son refus supposé de modérer les contenus qui passent par la messagerie.

Les chefs d’inculpations vont de l’escroquerie au trafic de stupéfiants, au cyberharcèlement et à la criminalité organisée en passant par l’apologie du terrorisme et la fraude. Sa garde à vue a été prolongée dimanche soir.

Telegram est dans le viseur des autorités judiciaires européennes depuis quelques années. Pavel Durov, pourtant, assure répondre à chaque demande de suppression de contenu appelant à la violence ou au meurtre. Par ailleurs la plateforme a régulièrement collaboré avec les autorités judiciaires : en 2022, menacé de blocage par la cour suprême du Brésil, Telegram avait notamment accepté de fermer des comptes accusé de désinformation.

Nombre d’experts restent par ailleurs dubitatifs quand à la réelle sécurité offerte par Telegram qui ne crypte, par exemple, pas les messages par défaut.

Bref Signal reste une bien meilleure alternative puisqu’elle n’est tout simplement pas techniquement en mesure de fournir certaines informations utiles aux autorités (voir notre article).

Telegram
Telegram

Le chantier de l’autoroute A69 a été la cible de plusieurs incendies ces derniers jours. Face à la ZAD de la «cal-arbre », un coffrage destiné à couler la pile d’un pont a été incendié la nuit de jeudi à vendredi. Les pompiers ont essuyé de nombreux jets de pierre. Vers 1h30 du matin, plusieurs groupes de militants cagoulés ont jeté des pierres sur la zone afin de créer une diversion, contraignant les agents de sécurité à se mettre à l’abri. L’un des groupe à incendié l’ouvrage en lançant plusieurs cocktails molotov. Pompiers et gendarmes sont intervenus, mais ont essuyé de nombreux caillassages. L’incident n’a pas fait de blessé et aucune interpellation n’a eu lieu.

Dans la nuit de samedi à dimanche, un bungalow est parti en fumée, ainsi qu’un véhicule de la police municipale. Samedi en fin de journée, Les forces de l’ordre ont été déployées pour contrer les opposants, ces dernières ont été confrontées à des tirs de mortiers, de jets de pierres catapultées et de cocktail Molotov. Une cinquantaine de gendarmes ont fait usage de gaz lacrymogène, de grenades désencerclantes et menaces au LBD. Une personne a été interpellée dimanche, suspectée d’avoir attaqué un des agents de sécurité avec «un outil en fer».

Jeudi 22 aout, le directeur du journal Oise Hebdo a été condamné à une amende pour avoir divulgué, le nom du policier auteur du tir mortel à bout portant qui a couté la vie à Nahel le 27 juin 2023.  Le 6 juillet 2023, peu après les émeutes (voir article ici) qui ont suivi les faits, le journal publie un article comprenant le nom, le lieu de résidence ainsi que la photo du policier incriminé. Le directeur de l’hebdomadaire a été condamné à 4 000 euros d’amende dont 2 000 euros avec sursis, ainsi qu’à verser 1 000 euros au policier au titre du préjudice moral.

L’auteur du coup de feu mortel, a été mis en examen pour meurtre et incarcéré pendant cinq mois, avant d’être remis en liberté sous contrôle judiciaire. L’enquête sur la mort de Nahel a été clôturée par les juges d’instruction au début d’août.

De Paris à Marseille, de nombreux cas de répressions administratives ou judiciaires envers des étudiants ont été dénoncés dans plusieurs campus français, cela fait suite à la grande mobilisation étudiante de soutien à la Palestine au printemps. La direction d’Aix-Marseille Université a engagé des poursuites disciplinaires pour diffamation contre des étudiants qui ont diffusé des tracts dénonçant les partenariats de leurs établissements avec les universités israéliennes. Une relaxe à été prononcée envers l’un des militants mais une plainte a été déposée envers un autre étudiant syndicaliste, ce dernier devra se présenter devant le tribunal correctionnel de Marseille le 4 septembre, il encoure plusieurs milliers d’euros d’amende. A Paris, 25 étudiants sont convoqués en section disciplinaire pour leur soutien au peuple palestinien au sein de leur établissement universitaire.

Une campagne de soutien s’organise contre la répression des soutiens étudiants au peuple palestinien (voir info ici)