La Global March to Gaza (Marche mondiale vers Gaza) a été contrecarrée par les autorités égyptiennes qui ont bloqué le convoi à la sortie du Caire pendant plusieurs heures, procédant à de nombreuses arestations. Plusieurs groupes avaient quitté le Caire en voiture vendredi pour se diriger vers la ville d’Ismaïlia, première étape vers la bande de Gaza, leur destination finale. Ils ont été interceptés et bloqués, passeports confisqués, parfois molestés, avant d’être embarqués de force dans des bus. La Global March comptait traverser en bus le Sinaï, une région désertique sous haute surveillance militaire, pour rallier la ville d’al-Arich, à quelque 350 km à l’ouest du Caire, puis marcher sur les 50 derniers kilomètres jusqu’à la partie égyptienne de Rafah.
Alors que des milliers de citoyens venus de 52 pays s’apprêtent à entamer une marche pacifique de 48 km vers la bande de Gaza pour réclamer un couloir humanitaire, des dizaines de participants sont retenus, expulsés ou interrogés au Caire. Hier jeudi 12 juin, ils avaient rendez-vous au Caire pour poursuivre vers Gaza. Mais à la veille du départ, des dizaines de membres des délégations étrangères, ont été actuellement retenus à l’aéroport du Caire – voire expulsés manu militari. Au moins une dizaine de Français et 34 Algériens auraient déjà été expulsés ainsi que des Marocains, des Turcs et de Jordaniens.
Une descente de police a également eu lieu dans un hôtel du centre-ville de la capitale égyptienne, le Down Town, où séjournaient des membres de la délégation française. Une seconde intervention aurait eu lieu dans un autre établissement. Les agissements des autorités égyptiennes montrent la vieille complicité l’Égypte avec Israël et les États-Unis contre la résistance palestinienne. Les prochaines 24 heures seront décisives.
Les autorités marocaines forcent les détenteurs de biens sur la côte atlantique du Sahara occidental, une zone concernée par le referendum sur l’autodétermination, à se déplacer. Selon un rapport de l’ONU, des centaines de maisons ont ainsi été détruites ou incendiées en bord de mer. Les terrains, des propriétés privées ont été confisqués entre 2022 et 2024. Des projets touristiques et dans le domaine de l’énergie verte, sont en cours de réalisation, dans cette zone, indique le rapport de l’ONU. De plus en plus de multinationales comme Engie, GE Vernova ou Enim s’installent dans ces zones vidées d’habitants. L’ONU note également une dégradation nette des droits humains avec la multiplication des intimidations et d’oppression sur les habitants.
Les Brigades Abu Ali Mustapha, la branche militaire du FPLP, viennent d’annoncer le mardi 10 juin la mort de son combattant Abu al-Qumsan durant des affrontements dans le nord de Gaza. Plusieurs fois blessés lors de la résistance à l’offensive génocidaire en cours dans l’enclave palestinienne, son organisation lui a rendu hommage en soulignant que c’était un combattant implacable qui a consacré sa vie à la libération de sa terre et son peuple.
À quelques kilomètres des côtes de Gaza, la Flottille de la Liberté (le Madleen) a été arrêtée par l’armée Israélienne et ses 12 passagers ont été arrêtés et sont actuellement détenus. Ce bateau transportait de l’aide humanitaire et visait à briser le blocus de Gaza alors qu’un génocide est en cours depuis plus de 20 mois.
À Bushehr, une manifestation pacifique de marins-pêcheurs devant l’Organisation portuaire et maritime a été chargée à la matraque par les forces de sécurité. Les manifestants réclamaient une réforme de la politique commerciale qui a dévasté leurs moyens de subsistance. La corruption et la dégradation des conditions de vie sont dénoncées par des nombreuses mobilisations, particulièrement ces derniers jours: métallurgistes d’Ardestan, travailleurs de l’Iran National Copper Industries à Rafsanjan, étudiants de l’université de Sharif, travailleurs de la Kooshkan Transformer Manufacturing Company à Zanjan, etc.
L’armée israélienne a reconnu, vendredi 6 juin, avoir protégé et armé un groupe criminel palestinien pour affaiblir le Hamas dans la bande de Gaza. Ce groupe rassemble une centaine de membres d’une tribu bédouine dirigés par Yasser Abou Chabab. Le gang opère dans la région de Rafah (ville à cheval entre la bande de Gaza et l’Égypte), pille les camions d’aide humanitaire (photo) et se livre au trafic de drogue. Yasser Abou Chabab, était précédemment liée à l’État islamique. Le Hamas avait tué quatre membres de ce gang et Abou Chabab aurait été précédemment emprisonné par le Hamas pour trafic de drogue. Son frère aurait été tué par le Hamas lors d’une opération de répression contre le pillage des convois d’aide de l’ONU. Le Hamas a toujours soutenu que les collaborateurs de l’armée d’occupation et l’armée elle-même se livraient au pillage de l’aide humanitaire et la fabrication de crises humanitaires à Gaza.
L’utilisation de la criminalité contre la résistance du peuple palestinien n’est pas nouvelle. Cette politique passe généralement par une inactivité systématique de la police face aux gangs tant qu’ils s’en prennent aux arabes. Les meurtres de dizaine d’arabes palestiniens, assassinés par ces gangs parce qu’ils refusaient d’être racketés, sont classés sans suite, tandis que la mort de chaque juif israélien est traité comme une priorité nationale – bien en accord avec les principes racistes constitutifs de l’état d’Israël.
En laissant prospérer le trafic de drogue et le racket, les autorités israéliennes poussent la jeunesse palestinienne vers les gangs. Cette politique permet d’éviter qu’ils ne soient influencés par les forces de la résistance, de dissoudre les solidarités dans les communautés et d’échanger des informations en échange de protections. C’est une vieille pratique policière déjà employée aux USA contre les Black Panthers et par la Turquie contre le PKK.
Une semaine après son arrestation, Sanaa Salameh Daqqah a été placée en résidence surveillée pendant dix jours au domicile de sa mère (voir notre article). Cette décision est assortie de plusieurs restrictions, notamment une caution de 20 000 shekels, la fourniture de garants et l’interdiction de voyager à l’étranger. Elle est accusée « d’incitation » sur les réseaux sociaux, c’est-à-dire de publier des posts favorables au peuple palestinien.
Sanaa est une militante des droits humains et veuve du prisonnier, ancien combattant du FPLP et écrivain palestinien Walid Daqqah qui est mort suite à une politique de négligence médicale de la part des autorités israéliennes (voir notre article).
Mercredi 4 juin, les forces de sécurité jordanienne ont arrêté le Dr Issam Al-Khawaja sur son lieu de travail à l’hôpital Al-Bashir d’Amman. Consultant en neurologie pédiatrique, il est également le secrétaire général adjoint du Parti de l’unité populaire démocratique jordanienne, appelé communément Whida, une organisation de gauche rejetant la normalisation avec l’Etat sioniste et la présence de forces impérialistes en Jordanie.
En grève de la faim depuis 247 jours, la mère d’Alaa Abdel Fattah appelle le gouvernement britannique à faire libérer immédiatement son fils détenu illégalement en Égypte depuis 2019 (nos articles ici et ici). La sexagénaire, hospitalisée, refuse tout traitement tant que le gouvernement britannique n’aura pas fait preuve de fermeté vis-à-vis du Caire. Laila Soueif a débuté une grève de la faim en septembre dernier. Hospitalisée depuis trois jours sous perfusion de protéines, Laila Soueif risque de décéder à tout instant. Épuisée, elle s’est dite prête à mourir. Ce mardi, son état s’est légèrement amélioré mais elle ne recommencera à se nourrir que quand son fils sera libéré. Il aurait dû quitter les prisons du Caire en septembre dernier.