Le Parlement turc a adopté jeudi soir une loi sur la désinformation à l’approche des élections générales de juin 2023, prévoyant jusqu’à trois ans de prison pour la divulgation “d’informations fausses ou trompeuses”. Outre les journaux, radios, télévisions, la loi vise les réseaux sociaux et les sites internet auxquels il sera demandé de dénoncer et de livrer les informations personnelles de leurs usagers accusés de propagation de fausses nouvelles. Débattus depuis début octobre, les 40 articles du texte adoptés jeudi soir, officiellement baptisé “loi sur la presse”, ont fait l’objet de nombreux amendements déposés (en vain) par l’opposition qui dénonce pour sa part une loi de censure. L’article 29, en particulier, prévoit des peines de prison de un à trois ans pour “propagation d’informations fausses ou trompeuses contraires à la sécurité intérieure et extérieure du pays et susceptibles de porter atteinte à la santé publique, de troubler l’ordre public, de répandre la peur ou la panique au sein de la population”. Ce texte avait été déposé en mai par les députés AKP, le parti du président Erdogan, qui briguera un nouveau mandat en juin 2023.

Mercredi, 27e jour du soulèvement, a aussi été émaillé de grèves de commerçants, de manifestations d’étudiants, de lycéens et d’avocats, et dans les heures qui ont suivi, de manifestations et d’affrontements entre jeunes et forces répressives dans des dizaines d’endroits à Téhéran et dans le pays. Mercredi matin, la grève des commerçants et des bazaris s’est largement poursuivie à Sanandaj, Kermanchah, Baneh, Marivan, Sarpol Zahab, Boukan, Dehgolan, Saqqez, etc. Des parties des bazars de Téhéran et Machad ont rejoint la grève. Malgré les menaces et l’arrestation de commerçants, les forces de sécurité n’ont pas pu les contraindre à briser la grève. À Téhéran, les gens se sont rassemblés dans différents points et ils ont manifestés en scandant « à bas le dictateur ». Des accrochages ont éclaté avec les forces de sécurité et les agents en civil. Dans certains endroits comme la place Azadi, les agents ont tiré sur la foule.  Téhéran, un groupe d’avocats s’est rassemblé devant le bâtiment de l’Association du barreau et a scandé « libérez les prisonniers politiques ». Les forces répressives les ont chargés à coups de gaz lacrymogènes. D’autres manifestations ont eu lieu à Saqqez, Chiraz, Ispahan, Babol, Shahinshahr, Machad et Abadeh.

Au Kurdistan iranien, des manifestants ont affronté les forces de sécurité dans dix villes la nuit de mercredi 12 à jeudi 13. Quatre membres des forces de sécurité et trois manifestants ont été tuées à Sanandaj, chef-lieu de la province du Kurdistan iranien, Kermanshah et Mahabad. A Sanandaj, des Bassidji avaient attaqué des manifestants aux côtés d’unités de la police anti-émeutes. Des centaines de policiers anti-émeutes et de miliciens bassidji avaient été transférés d’autres provinces iraniennes pour affronter les protestataires. À Saqez, les Bassidji tirent sur les gens, les maisons, même si ce ne sont pas des manifestants. Les Bassidji, des volontaires qui constituent une force paramilitaire dépendant du corps d’élite des Gardiens de la révolution, pourraient se compter en millions, avec un million environ de membres actifs. À Sanandaj,des centaines de policiers ont été déployés et des unités anti-émeutes ont fouillé des habitations et arrêté des jeunes  en masse. À Kermanshah, deux personnes ont été tuées par des tirs à balles réelles des forces de l’ordre. Trois membres des forces de sécurité ont également été tués dans la ville, et une quarantaine d’autres blessées. Un quatrième membre des forces de sécurité a également été tué à Mahabad, et un manifestant a péri sous les balles des policiers à Sanandaj.

Rassemblement de solidarité avec les insurgés iraniens ce samedi à 14H30 place du Trône, à 1000 Bruxelles

 

Un tribunal du district de Gadchiroli avait condamné l’ancien professeur de l’Université de Delhi, Gokarakonda Naga Saibaba et cinq autres personnes en 2017 pour avoir aidé et encouragé des activités maoïstes. Lui, ainsi que Mahesh Tirki, Prashant Rahi, Hem Mishra et Pandu Narote, qui sont décédés à la prison centrale de Nagpur il y a quelques mois, avaient été condamnés à perpétuité en vertu de diverses sections de la loi sur la prévention des activités illégales ainsi que pour conspiration criminelle. Le professeur d’anglais, qui se déplace en fauteuil roulant, avait été arrêté par la police du Maharashtra en mai 2014 pour ses liens présumés avec les dirigeants du parti communiste d’inde (maoiste), interdit et clandestin. Vendredi, la Haute Cour de Bombay se prononçait sur un appel interjeté par le professeur Saibaba, qui contestait la condamnation de 2017 en première instance. Le tribunal a également validé l’appel des cinq autres condamnés dans cette affaire et les a acquittés. En rendant son jugement, la haute cour a également ordonné la libération immédiate de la prison professeur Saibaba, et de ses co-inculpés ayant survécus à la détention.

nos précédents articles sur le cas du professeur Saibaba

Professeur Saibaba

 

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Le projet de loi d’orientation et de programmation du ministère de l’intérieur, fixe, pour les années 2023 à 2027, les grands axes d’évolution des forces de sécurité, ainsi que leurs budgets. Au total, une augmentation de 15 milliards d’euros du budget du ministère est programmée. Près de la moitié du budget est consacrée à la « révolution numérique » du ministère et à la modernisation des moyens de lutte contre la cybercriminalité. Parmi les projets annoncés, figurent de nouveaux outils numériques pour les forces de l’ordre (caméras-piétons et embarquées, postes mobiles…) ou encore une agence du numérique des forces de sécurité. Une ordonnance est prévue pour le déploiement du projet « réseau radio du futur ». En matière de cybersécurité, les crédits permettront de créer une école de formation cyber au sein du ministère. De plus, 1 500 cyber-patrouilleurs seront déployés. Le projet de loi renforce la filière investigation en simplifiant la procédure pénale : tous les nouveaux policiers et gendarmes seront formés aux fonctions d’officier de police judiciaire (OPJ), des assistants d’enquête sont créés.

Avec une hausse de près de 22% de son budget en 5 ans, le ministère de l’intérieur a aussi pour objectisf (entre autres) de :
– doubler la présence des forces de l’ordre sur le terrain d’ici 2030, via notamment la suppression de missions périphériques (comme le transfert de détenus) ou la simplification des procédures ;
– mettre en place 200 nouvelles brigades de gendarmerie (fixes et mobiles) en zone rurale ou périurbaine ;
– tripler les crédits du fonds interministériel dédiés à la vidéo-protection pour aider les communes à installer des caméras ;
– doter de nouveaux matériels (véhicules, armements…) les forces de l’ordre et renforcer leur formation (doublement du temps de formation, nouvelle Académie de police…) ;
– constituer 11 nouvelles unités de forces mobiles (UFM) spécialisées.
Sur le projet de loi lui-même, plusieurs amendements ont été adoptés afin de durcir les peines sanctionnant les refus d’obtempérer, les rodéos urbains et les violences contres les élus. Un vote solennel sur l’ensemble du texte doit avoir lieu le 18 octobre 2022.

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Pablo Hasél rappeur catalan incarcéré depuis février 2021 pour avoir critiqué ouvertement la royauté, l’état, la police et l’armée. Condamné au préalable à 9 mois de prison, Pablo se retrouve chargé de multiples condamnations qui prolongeront sa détention de 2 ans et 6 mois.  Et depuis le début de l’année 2022, les procès se multiplient en Espagne contre les soutiens qui avaient revendiqué sa libération. Le mois passé, le porte parole de Pablo Hasel a expliqué qu’en plus du harcèlement et de la répression particulière qu’il subit depuis 19 mois, l’accès a toute pratique artistique lui a été interdite, comme la compilation de soutien. Officiellement libérable en mars 2023, Pablo pourrait voir sa peine de prison prolongée jusque en 2030.
Dans l’élan de solidarité internationale avec Pablo, une compilation musicale regroupant 36 artistes et groupes internationaux a vu le jour, suite à une initiative française de « Cédric Perez AKA Ced’ (La Ligue des MC Révolutionnaire) » qui a son tour créera un collectif international. En Belgique des CD et K7 sont imprimés par les Liégeois de « Prolétaire prod  » et du  » F.S.A.R « . Dans plusieurs pays des dates de concerts de soutien s’organisent. Une soirée de diffusion de la compile musicale se tiendra au Sacco-Vanzetti, dans une ambiance conviviale, avec information sur la situation actuelle et les événements a venir en soutien à Pablo Hasél en présence de membres du groupe Atomes d’Intifada ayant participé à la compil.
Ce vendredi 14 octobre au Sacco-Vanzetti, 54 chaussée de Forest (métro Porte de Hal)
Pablo Hasel

Pablo Hasel

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Plusieurs milliers de personnes ont défilé lundi 10 octobre à Port-au-Prince, traversant l’entrée du centre-ville de Cité Soleil. Le cortège protestait contre la vie chère, l’ajustement des prix des produits pétroliers, le Premier ministre Ariel Henry et l’envoi d’une force armée demandée par les autorités pour résoudre la crise humanitaire. Au carrefour de l’aéroport, « Kafou Rezistans », les manifestants de Cité Soleil ont été rejoints par d’autres manifestants partis du Champ de Mars. Au niveau de Delmas 40, les forces de l’ordre ont tenté de disperser la foule à coup de gaz lacrymogène. Les manifestants ont résisté et ont progressé jusqu’à Delmas 48 où les unités anti-émeutes les ont repoussé. Des manifestants ont alors attaqué des entreprises et des maisons privées et enfoncé la barrière d’un hôtel. Les policiers ont tiré à balles réelles à deux reprises sur les manifestants de Cité Soleil. Deux militants ont été tués à Simon Pelé. Une jeune femme a été tuée d’une balle à la tête non loin du bureau de l’ONA à Delmas 17. Au moins 4 personnes ont été transportées d’urgence à l’hôpital à cause de blessures par balles.

 

Ce mardi, près de 150 élèves du lycée Joliot-Curie de Nanterre avaient organisé un blocus, après avoir manifesté pacifiquement une première fois lundi. Ils protestaient contre la mutation d’un enseignant syndicaliste. La police est intervenue sur les lieux et ont fait usage de matraques et de gaz lacrymogène. Vers 11 heures, soit quatre heures après les premières fouilles, les policiers présents ont à nouveau chargé les élèves d’une violence inouïe. Ils ont essuyé des jets de projectiles et des tirs de feux d’artifices. 14 personnes (dont dix lycéens de l’établissement) ont été interpellés et placés en garde à vue. A la suite de quoi des parents se sont rassemblés mardi soir devant le commissariat de Nanterre pour exiger leur libération (photo). Le maire de la ville a lui reçu certains parents. Cinq interpellés étaient toujours en garde à vue ce mardi pour « attroupement armé par des individus masqués, outrages et violences volontaires aggravées par armes, en réunion et sur personne dépositaire de l’autorité publique ».

La police de la région à majorité kurde de Hakkari (Colemêrg), en Turquie, a lancé une campagne qui consiste à recueillir les empreintes digitales de toute une population, y compris des jeunes enfants. La campagne est intitulée « Ma boussole, c’est la police », vise à permettre aux citoyens d’être « plus facilement joignables en cas de disparition », a déclaré la direction de la police de Hakkari en annonçant le projet en septembre. Un précédent rapport publié en août par la chaîne publique TRT Haber ne mentionnait que les personnes ayant une capacité mentale réduite comme cible des empreintes digitales. On ignore quand le projet a été étendu aux enfants et aux adultes non handicapés. En outre, le profilage communautaire est évidant: S’il s’agit vraiment d’un projet basé sur la possibilité de disparition d’enfants, pourquoi ne pas le faire dans les trois villes les plus peuplées, Istanbul, Ankara ou Izmir, plutôt que dans la région kurde d’Hakkari? D’autant que loin d’aider à résoudre les disparitions de mineurs kurdes, les forces de sécurité en sont les premières responsables.

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Vincenzo Vecchi a été condamné en Italie à douze ans et demi de prison pour avoir manifesté contre le G8 à Gènes en 2001, au nom d’une loi datant du fascisme et toujours d’application. Celle-ci punit du crime de dévastation et pillage toute personne qui participe à une manifestation au cours de laquelle des dégradations ont eu lieu. Réfugié en France, l’Italie demande son extradition via un mandat d’arrêt européen et la Cour de Justice de l’Union européenne qui va dans son sens. La comparution en cassation de Vincenzo a eu lieu à Paris ce mardi 11 octobre. La Cour de cassation a mis en délibéré sa décision sur l’exécution du mandat d’arrêt européen, elle tranchera le 29 novembre. Environ 200 personnes étaient présentes devant le palais de justice de Paris pour l’audience de la cour de cassation. La veille, ce lundi 10 octobre, un rassemblement de soutien avait eu lieu à Rennes. A Bruxelles, un collage solidaire a eu lieu sur la Chambre de commerce belgo-italienne, 113 avenue Henri Jaspar (Saint-Gilles).

Des Mapuches du sud du Chili et des policiers se sont affrontés à plusieurs reprises hier lundi dans le centre de Santiago lors d’une marche des peuples autochtones pour protester contre la militarisation de leur région. Au son des tambours et des cornes, les manifestants – vêtus de costumes traditionnels colorés et portant des drapeaux de leurs peuples respectifs – ont avancé le long de l’Alameda, l’avenue principale de la capitale chilienne, où ils ont été dispersés par des camions de pompiers et des gaz lacrymogènes. Dix personnes qui ont été arrêtées seront remises au bureau du procureur. La marche, qui coïncidait avec le « jour de la rencontre des deux mondes », comme on appelle au Chili le jour de Colomb ou de l’arrivée de Christophe Colomb en Amérique, dénonçait la militarisation des régions méridionales de Biobío et de La Araucanía, où se mobilisent de groupes mapuches revendiquant des terres ancestrales accaparées par des entreprises forestières et d’agriculture industrielle.

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