Jeudi, la Turquie a mené des frappes aériennes intensives contre de nombreuses infrastructures civiles dans le nord de la Syrie. De nombreux drones tueurs et avions de combat ont bombardé des stations de distribution d’électricité, des stations de pompage d’eau, des installations de production de pétrole et de gaz ainsi que des stations-service, des barrages hydrauliques, des usines, un camp de personnes déplacées et plusieurs villages. Les infrastructures énergétiques de Hassaké, Qamishlo et Amûdê, entre autres, ont été détruites et de larges parties de ces régions sont privées d’électricité. Un hôpital a été entièrement détruit lors d’un raid aérien de l’armée turque à Dêrik (Al-Malikiya – photo). Pour l’heure, on ignore si le bombardement a fait des victimes. L’incident n’a été connu que vendredi midi, car le réseau téléphonique ne fonctionne plus dans une grande partie de la région en raison d’une panne d’électricité généralisée suite aux bombardements.

Jusqu’à présent, plus de quarante installations ont été bombardées. De nombreuses cibles ont été frappées à plusieurs reprises. Les frappes aériennes turques ont fait douze morts et autant de blessés. Six des morts sont des membres des forces de sécurité, les autres des civils. Ce même jeudi, un drone turc – a priori un Anka, de type MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] exploité par le MIT (le service de renseignement turc) a été abattu par un F-16 de l’US Air Force au-dessus de la région d’Hassaké après être entré dans une zone d’opération restreinte [ROZ] mise en place pour protéger les troupes américaines déployées dans la région.

 

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En représailles à l’attaque du 1er octobre visant la direction générale de la sécurité du ministère de l’intérieur à Ankara (voir notre article), la police turque a mené des opérations dans plusieurs villes. Les détentions ont été justifiées par les autorités turques par les liens présumés des personnes concernées avec le PKK. Le 2 octobre, au moins 20 personnes ont été placées en garde à vue lors de deux opérations de police à Istanbul et à Kırıklareli, visant le Congrès démocratique du peuple (HDK) et le Parti démocratique du peuple (HDP). Le 3 octobre, 55 personnes ont été placées en garde à vue lors d’opérations menées dans 16 villes, dont Urfa, Mardin, Diyarbakır, Antep, Mersin, Şırnak, Istanbul, Bursa, Batman, Denizli, Adana, Kayseri, Antalya, Konya, Isparta et Kocaeli. Le lendemain, 37 autres personnes avaient été placées en garde à vue dans 15 villes, dont Istanbul, Van, Urfa, Elazığ, Düzce, Diyarbakır, Bursa, Edirne, Kırklareli, Kilis, Iğdır, Hatay, Adana, Maraş et Denizli. Un certain nombre de Syriens auraient été placés en détention lors de l’opération à Adana. Cela porte le total de personnes placées en garde à vue à 112.

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Un attentat-suicide a frappé, dimanche 1er octobre, la Direction Générale de la Sécurité du ministère turc de l’Intérieur le cœur de la capitale turque, Ankara, à quelques heures de l’ouverture de la nouvelle session parlementaire qui doit valider l’entrée de la Suède dans l’Otan.Deux combattantes kurdes se sont présentés à bord d’un véhicule commercial devant le portail d’entrée. L’une des combattante est sorti du véhicule et s’est approché en tirant sur la guérite blindée qui protège les policiers assurant la sécurité du bâtiment. Elle s’est ensuite fait exploser contre la guérite, blessant les deux policiers qui s’y abritaient. Les forces de sécurité ont abattu l’autre membre du commando. Le PKK a revendiqué l’opération.

 

Dimanche passé, une attaque de drone turc a coûté la vie à deux membres des forces de sécurité intérieure à Qamishlo (voir notre article). Les Unités de défense du peuple (YPG) du Rojava ont annoncé qu’une des deux personnes tuées était de l’un de leurs principaux commandants, Mûzellîf Taşkin (nom de guerre Aslan Qamişlo). Ce jour là, la Turquie a mené simultanément deux frappes de drones. La première attaque a visé le véhicule dans lequel voyageait le commandant des YPG. Lorsque les gens se sont précipités pour leur venir en aide, les lieux ont été de nouveau attaqués, faisant huit blessés civils.

Aslan Qamişlo est né en 1974 dans un village du district de Çukurca à Hakkari. Adolescent, il rejoint le PKK. Après de longues années de résistance dans les montagnes, notamment dans les régions de Botan, Zagros, Behdinan et Qandil, il se rend au Rojava en 2013 pour participer à la défense de la révolution. Il a participé à de nombreuses offensives contre l’Etat islamique et d’autres milices jihadistes et a joué un rôle comme commandant dans la libération de Kobanê, Raqqa, Tabqa, Manbij et Deir ez-Zor. Il a également joué un rôle décisif dans l’établissement et l’expansion des forces de sécurité.

 

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Les « gardes de village » sont des supplétifs recrutés par les autorités turques au Kurdistan pour leur faciliter la lutte contre la résistance kurde. Corrompus et détestés, ils profitent de leur protection pour commettre toute sorte d’abus. C’est ainsi que trente familles du village de Zivingê Şikaka, situé dans la région des montagnes Gabar du district de Basa (Güçlükonak) à Şirnak, se sont vu interdire l’accès à leurs terres. Les chef des gardes en chef du village M. Ö. les en empêche et, avec la complicité des gendarmes, use des terrains communaux à son profit, faisant couper et vendant les arbres des terrains forestiers. Les villageois, qui attendaient depuis dix jours de pouvoir entrer au village, ont protesté et fermé mardi la route Güçlükonak-Siirt, provoquant un bouchon de camions. Les villageois revendiquaient l’accès à leur terre et la fin de l’abattage des arbres. La gendarmerie est intervenue pour forcer la réouverture de la route.

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Les attaques de drones turcs continuent au Rojava et au Kurdistan irakien. Vendredi 15 septembre, deux membres du commandement du Conseil militaire de l’YPJ, Nûcan Ocalan et Canda Cûdî, ainsi que la commandante du Conseil militaire de Manbij, Şervîn Serdar, ont été tuées à Manbij (photo). Şervîn Serdar est née en 1981 dans la ville de Dirbêsiyê. À l’âge de dix-sept ans, elle rejoint le mouvement de libération kurde dans les rangs de la guérilla du PKK. Elle arrive au Rojava au début de la révolution du Rojava avait participé activement à la défense de la région. Dimanche, une attaque de drone turc a coûté la vie à deux membres des forces de sécurité intérieure à Qamishlo (photo). Lorsque des civils sont venus au secours des victimes, le site de l’attaque a été de nouveau ciblé. Depuis le début de l’année, plus de 70 personnes ont été tuées lors de plus de 50 attaques de drones au Rojava. Parmi eux, quinze étaient des civils travaillant généralement pour l’administration autonome, les autres appartenaient aux forces de défense et de sécurité.

Toujours dimanche, c’est au Kurdistan irakien que les forces turques ont une nouvelle fois frappé, tuant trois combattants des Unités de Résistance de Shengal (YBŞ) – la région où les guérilla kurdes ont sauvé les Yezidis du génocide de l’État islamique.Les fascistes turcs ne procèdent pas que par frappe aérienne: lundi, un homme armé a abattu Deniz Cevdet Bülbül, le réprésentant du Congrès National du Kursdistan (KNK) à Erbil.

 

 

L’explosion d’une bombe a détruit une voiture occupée par des mercenaires au service de l’occupant turc dans le district de Zeydiyê, à Afrin. Il y aurait eu des morts et des blessés dans l’explosion et Abu Emar, chef du conseil local d’Afrin, l’institution coloniale créée par l’État turc pour gouverner le canton kurde d’Afrin, se trouvait également à bord du véhicule. Canton le plus occidental du Rojava, Afrin est sous occupation turque depuis 2018. Les jihadistes syriens armés et payés par les Turcs, la Division Hamza (Furqat al-Hamza) et la Brigade Suleiman Shah (Al-Amshat), y font régner la terreur, perpétrant enlèvements, extorsions, pillages, torture et abus sexuels sur les habitants d’Afrin. Sont particulièrement visées les femmes kurdes. Au moins 99 femmes ont été tuées, 74 violées ou agressées sexuellement, et plus d’un millier enlevées à Afrin depuis l’occupation de la région.

Quatre manifestants kurdes ont été abattus par les forces irakiennes lors d’une manifestation à Kirkouk pour protester contre la fermeture de la route menant à Erbil. En conséquence, un couvre-feu a été instauré par les autorités locales. Au moins dix autres individus ont été blessés dans les heurts survenus dans le district kurde de Rahimawa, situé au nord de la ville. Les forces de sécurité irakiennes, épaulées par les Unités de mobilisation populaire chiites (Hashd al-Shaabi), ont fait usage de munitions réelles en direction des manifestants qui revendiquaient la réouverture de l’autoroute reliant Kirkouk à Erbil, capitale de la Région du Kurdistan en Irak. Cette voie est actuellement obstruée par des groupes arabes et turkmènes, dont certains seraient venus de Bagdad et de Diyala. Parmi ces derniers, il est rapporté la présence de sympathisants des Unités de mobilisation populaire alignées sur l’Iran.

L’origine de cette fermeture routière réside dans la restitution programmée d’un bâtiment au Parti démocratique du Kurdistan (PDK). Ce bâtiment, ancien siège du parti Barzani à Kirkouk, avait été réquisitionné par le Commandement des opérations conjointes des Forces armées irakiennes après que la Région du Kurdistan en Irak a cédé près de 40% de son territoire, incluant Kirkouk, à Bagdad, suite au référendum d’indépendance orchestré par le chef du PDK, Mesûd Barzani, en 2017. La semaine dernière, le Premier ministre irakien, Mohammed Shia al-Sudani, a ordonné la restitution du bâtiment au PDK. Néanmoins, les partisans du Hashd al-Shaabi ont manifesté leur opposition en établissant un camp de protestation devant ledit bâtiment et en bloquant la route.

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Les mères du samedi ont poursuivi ce samedi 26, pour la 960e semaine, leur action à Istanbul en faveur de leurs proches disparus en détention par l’État. Malgré la décision de la Cour constitutionnelle turque, l’initiative s’est à nouveau vue refuser l’accès à leur lieu de rassemblement devant le lycée Galatasaray sur l’avenue Istiklal. Invoquant l’interdiction imposée par le bureau du gouverneur du district de Beyoğlu, la police a bouclé le site du rassemblement et a encerclé les « mères du samedi » et leurs sympathisants qui se rendaient dans la zone. Les journalistes qui voulaient filmer la répression ont été repoussés de force. La police a également pris des mesures contre les passants qui prenaient des photos avec leurs téléphones portables et les diffusaient en direct sur les réseaux numériques. Au moins 20 personnes ont été arrêtées et emmenées menottées.

Les combats restent violents au Kudistan irakien où les guérilla du PKK résistent à l’offensive turque, lui infligeant de lourdes pertes humaines et matérielles. les Forces de Défense du Peuple (HPG), force armée du PKK, ont produit plusieurs photos et vidéos d’actions de résistance, dont une audacieuse attaque à la grenade, en pleine journée, d’un poste de campagne turc. L’action a eu lieu dans la région de Girê Cûdî le 9 août.

Voir ici la vidéo de cette attaque

La guérilla subi également des pertes, les HPG ont annoncé que trois combattantes, Gulbahar Mercan, Eylem Munzur et Dîcle Eylem, étaient tombés lors d’une opération militaire menée par l’armée turque dans le massif montagneux de Bagok à Nusaybin (Nisêbîn) le 4 août. Gulbahar Mercan était une commandante des unités de  combattante féminine YJA Star, tandis qu’Eylem Munzur et Dîcle Eylem appartenaient au Hêzên Taybet, une unité spéciale au sein de la guérilla.