Maryam Mohammadi, Esrine Derkaleh, Nahid Shaqaqi et Akram Nasirian ont chacune été condamnées à 4 ans et 2 mois de prison. Elles étaient accusées notamment de « diffusion de propagande contre l’État, enlèvement du voile et complot contre la sécurité nationale ». Maryam Mohammadi est une ancienne prisonnière politique des années 1980. Elle avait été emprisonnée à l’âge de 14 ans en 1981 et libérée en 1989. Nahid Shaqaqi avait été arrêtée en mai et détenue dans le quartier 209 du ministère du Renseignement pendant plusieurs semaines avant d’être libérée sous caution. Dans le même temps, la 36e chambre de la Cour de révision de Téhéran a prononcé une peine de 4 ans et 5 mois pour la militante civile Rezvaneh Ahmad Khanbeigi qui est emprisonnée depuis le 17 novembre dans le quartier 2A de la prison d’Evine. Par ailleurs, Zohreh Sayyadi a été arrêtée à son domicile dans le canton d’Andicheh, à Téhéran, le mardi 10 décembre 2019. Aucune information n’est disponible sur la raison de son arrestation ou des charges retenues contre elle.

les militantes féministes aujourd'hui emprisonnées

Gaël Quirante, dirigeant syndical de Sud PTT 92, passait en procès mercredi 18 décembre suite à des plaintes de cadres de La Poste pour des faits de « violence » (voir notre article). Accompagné de plus de 300 manifestants et de nombreuses personnalités devant les portes du tribunal de Nanterre, Gaël a finalement été condamné à 3 mois de prison avec sursis (et une mise à l’épreuve de 5 ans) ainsi qu’à 269€ d’amende à La Poste, 1000€ d’amende pour préjudice moral d’une cadre et 700€ d’amende de préjudice moral pour une autre cadre. Le leader syndical a annoncé à la sortie du tribunal qu’il a immédiatement interjeté appel et que son syndicat continuera à se battre sur tous les terrains, judiciaires comme dans la rue ou l’entreprise.

La manifestation de soutien se rendant au tribunal.

Gaël Quirante, dirigeant syndical de Sud PTT 92, passe deux fois en correctionnelle le 18 décembre prochain à Nanterre suite à des accusations de cadres de La Poste de « violence » et « vol avec violence ». Ce nouveau procès s’inscrit dans la politique d’acharnement répressif de la direction de l’entreprise contre les dirigeants syndicaux combatifs (voir notre article). Gaël Quirante risque 5 ans de prison et 75 000 euros d’amendes dans chacun de ses procès. Un rassemblement de soutien pour exiger sa relaxe est organisé mercredi 18 décembre devant la Préfecture des Hautes-Seines à Nanterre dès 08H.

Le 25 novembre dernier, alors que l’Iran est frappé depuis une semaine par un mouvement de contestation après une hausse du prix de l’essence, un député de la ville de Mahshahr s’est écrié en pleine séance du parlement : « Voici la question du peuple monsieur Rohani : qu’avez-vous fait que l’ignoble shah n’a pas fait ? ». Il a violemment été pris à partie par d’autres députés, dont l’un n’hésite pas à lui saisir le cou et à l’étrangler. Peuplée de 120 000 habitants, la ville de Mahshahr, adossée au plus grand complexe pétrochimique du pays, a été le théâtre d’importantes manifestations. Elle est située dans la province du Khouzestan, qui renferme les principales réserves pétrolières du pays. Malgré ses immenses ressources, cette région abrite l’une des populations les plus pauvres d’Iran, notamment sa minorité arabe/sunnite victime de discrimination de la part du pouvoir persan/chiite. D’après le ministre iranien de l’Intérieur, Abdol Reza Rahmani Fazli, pas moins de 18 villes du Khouzestan ont été le théâtre d’émeutes contre le pouvoir iranien.

Le ministre a précisé que le principal axe reliant la ville de Mahshahr à Bandar Emam, le plus grand complexe pétrochimique du pays, avait été bloqué par les contestataires pendant trois jours, avant que les forces de sécurité ne reprennent le contrôle. Les pasdarans ont été massivement déployés sur place le lundi 18 novembre dernier, après l’échec des forces de sécurité régulières à déloger les contestataires. Les gardiens de la révolution, en pénétrant dans la ville de Shahrak Chamran, au nord de Mahshahr, ont tiré à balles réelles, et sans sommation, sur les manifestants qui bloquaient une intersection, faisant plusieurs victimes. Plusieurs dizaines (entre 40 et 100 manifestants) ont été abattus dans un marais par les gardiens de la révolution iraniens.  Un opposant à ouvert le feu sur les pasdarans, blessant l’un d’eux.

Défilé des pasdarans

Ce samedi 23 novembre, une manifestation se tiendra à 13h devant l’ambassade iranienne en soutien au soulèvement de la population en Iran (voir notre article). Depuis le début du soulèvement, près de 200 personnes ont été tuées et plus de 3000 blessées. Le rassemblement exprimera aussi sa solidarité avec les insurrections populaires du Chili, du Liban et d’ailleurs.

Rendez-vous à 13h, devant l’ambassade d’Iran, avenue Franklin Roosevelt 15, 1050 Bruxelles

Soulevement en Iran - Novembre 2019

L’Iran est touché depuis vendredi soir par une vague de mécontentement provoquée par l’annonce d’une réforme du mode de subvention de l’essence, censée bénéficier aux ménages les moins favorisés mais s’accompagnant d’une très forte hausse du prix à la pompe. Les forces de sécurité ont tiré à balles réelles sur les manifestants. Certaines sources parlent de dizaines de morts. Au moins 25 villes ont été touchées par les troubles, qui surviennent à quelques mois des législatives prévues pour février, dont Téhéran, Machhad (Nord-Est) et Ispahan (Centre), les trois premières agglomérations du pays. Le prix de l’essence, très subventionnée en Iran, doit augmenter de 50 %, passant de 10 000 à 15 000 rials (11 centimes d’euros) pour les 60 premiers litres achetés chaque mois, et de 300 % (à 30 000 rials) pour les litres suivants. Les autorités assurent que les recettes dégagées doivent bénéficier aux 60 millions d’Iraniens les moins favorisés, mais cette mesure a soulevé une levée de boucliers.

Selon les agences locales, près de 400 personnes ont été appréhendées depuis vendredi : 40 à Yazd (centre), 180 dans la province du Khouzestan (sud-ouest), et 150 dans la province d’Alborz, au nord-ouest de Téhéran. Selon l’agence Tasnim, proche des ultraconservateurs, les 150 personnes arrêtées en Alborz étaient des « meneurs » de la contestation. Le porte-parole de l’autorité judiciaire a fait état de l’arrestation de personnes ayant incendié des mosquées ou des banques, et d’« individus ayant fourni des films et des informations à des médias étrangers et à des ennemis » de la République islamique, autrement dit, des internautes ayant posté des vidéos des incidents. Un officier des gardiens de la révolution et deux membres du Bassidj, corps de volontaires islamistes, ont été tués dans les affrontements. Dès samedi soir internet était presque entièrement coupé en Iran. Fait plutôt rare, la télévision publique iranienne a diffusé dès samedi des images de jeunes gens masqués dans des rues jonchées de débris en train d’incendier des bâtiments publics.

Une station service incendiée à Ispahan

 

Esman Bakhshi a été libéré contre une lourde caution, de la prison d’Evin à Téhéran, capitale de l’Iran. Porte parole d’une série de grève, son engagement lui a valu une arrestation en novembre 2018. Le militant syndical et représentant des travailleurs de la canne à sucre dans le Sud Ouest de l’Iran a été transféré à la prison d’Evin après avoir été condamné à 14 ans de prison et 74 coups de fouet. Il est accusé de « répandre des mensonges », « d’insulte au Guide suprême » ou encore d’organiser des « rassemblement en vue de commettre des crimes contre la sécurité naitonale. » Il a actuellement fait appel de ce jugement et est en attente d’un nouveau verdict.

 

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Le militant syndical iranien Esman Bakshki sortant de prison à Téhéran.

 

 

Samedi 26 octobre, Sepideh Gholian (voir notre article), Sanaz Elahyari, Amir Hossein Mohammadi Fard, Amir Amirgholi (voir notre article) et Atefeh Rangriz, Marzieh Amiri ont été libérés. Sepideh Gholian et Atefeh Rangriz avaient dernièrement entamé une grève de la faim entre autre pour protester contre leurs conditions de détention et les actes de harcèlement constant, ainsi que ceux envers des membres de leur famille. Neda Naji, une autre détenue du 1er mai, est toujours en prison et devrait être jugée par la 28e chambre du «Tribunal révolutionnaire islamique» pour sa participation à Téhéran au 1er mai 2019.

Sepideh Gholian

Le 8 octobre, pour la 3e journée consécutive, le rassemblement de protestation des travailleurs de la compagnie Azarab s’est poursuivi à Arak en Iran. Le dimanche 6 octobre, les travailleurs d’Azarab avaient organisé une collecte sur l’autoroute Téhéran-Arak pour protester contre la vente de leur entreprise et exiger leurs salaires impayés. Ils ont bloqué la place principale à l’entrée de la ville. La veille, le 7 octobre, ils s’était rassemblé et avait marché devant l’entreprise. Les unités anti-émeutes des Gardiens de la Révolution les ont chargés en tirant des gaz lacrymogènes sur la foule. Ils ont bloqué les manifestants par crainte que les jeunes rejoignent les protestataires. Malgré les attaques brutales de la veille, les travailleurs se sont rassemblés à nouveau devant le bâtiment de l’entreprise. Les forces répressives ont empêché les manifestants d’atteindre la place et d’entrer dans la ville.

Les ouvriers d’Azarab, de la ville d’Arak, en lutte

 

Soheil Arabi, une prisonnier anarcho-syndicaliste, a commencé ce vendredi 20 septembre une grève de la faim dans la tristement célèbre prison d’Evin, au Nord de Téhéran. Il proteste contre l’arrestation de sa mère, Farangis Mazloum, qui a été placé à l’isolement. Soheil Arabi, diplômé en photographie et père d’une jeune fille, a été arrêté par les services de Renseignement des Gardiens de la révolution à l’automne 2013, et a été soumis à la torture en isolement cellulaire. Soheil Arabi a d’abord été condamné à l’exécution, puis à sept ans et demi d’emprisonnement, pour avoir publié des photos du soulèvement de 2009, pour avoir caricaturé Khamenei, et pour avoir posté des articles sur internet. Il a été accusé de « propagande contre l’Etat », d’ « apostasie », de « blasphème contre le Prophète et d’insulte à la sainteté ». En outre, il a été condamné à trois ans d’emprisonnement et à une amende de 30 coups de fouet pour insulte aux dirigeants du régime. Pour être exempté de l’exécution, Soheil Arabi a été condamné à deux ans de « recherche religieuse », à travers la lecture de 13 volumes de livres sur la religion et en en faisant un résumé. Il devrait écrire un document en utilisant cinq livres religieux, et soumettre son rapport de recherche à la cour tous les trois mois pendant deux ans. La peine de mort sera levée après qu’il aura « prouvé ses regrets » devant le tribunal.

Soheil Arabi

 

 

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