Mardi 25 février, deux blocages étaient organisés en solidarité avec les Wet’suwet’en et les Mohawk de Tyendinaga. Un premier situé près de la gare Go de Kipling, dans l’ouest de Toronto, avait causé des retards sur le réseau Metrolinx. Le deuxième avait été mis en place près de l’aréna Lambton, toujours dans l’ouest de Toronto. Plusieurs dizaines de personnes bloquaient les voies dans le secteur alors que des centaines d’autres se sont tenues le long des voies ferrées pour les soutenir. La police a arrêté 37 personnes participant au blocage des voies, 12 d’entre elles font face à des accusations pénales, et les 25 autres ont été relâchées sans conditions. Les 12 manifestant·es sont accusé·es de « méfait » et pour 7 d’entre-eux « d’infraction à la Loi sur la sécurité ferroviaire ». Ces blocages s’organisent dans le cadre de la campagne pour soutenir la nation wet’suwet’en dont le territoire subit une invasion de la Gendarmerie royale du Canada (voir notre article).

 Un blocus ferroviaire près de l'aréna Lambton dans l'ouest de Toronto.

Samedi 22 février, le gouvernement français a publié un décret qui autorise les gendarmes à utiliser sur leur tablette l’application Gendnotes. Cette application, utilisée depuis plusieurs années sans cadre juridique, permet une prise de note informatique réalisée directement sur le terrain. Le décret précise désormais que, avec Gendnotes, les gendarmes peuvent prendre en photo n’importe quelle personne qu’ils suspectent d’avoir commis une infraction. Ils peuvent aussi enregistrer des informations sur leur religion, politique, sexualité ou prétendue origine raciale, à la simple condition que de telles informations soient « absolument nécessaires » aux fichiers de police judiciaire (pour lutter contre les crimes, délits, et certaines contraventions, telles que le « trouble à la sécurité » ou « l’atteinte à l’autorité de l’État ») ou de police administrative (les fiches des services de renseignement). Cette absolue nécessité n’est, en pratique, jamais vérifiée. De plus l’enregistrement du code PIN ou du code PUK pourra être réalisé dans le cadre d’enquêtes afin de déverrouiller un appareil.

Ces photos et informations sont au moins transmises au LRPGN (le logiciel de rédaction des PV de la gendarmerie), qui les transmet à son tour au TAJ (traitement des antécédents judiciaires) si les gendarmes décident d’ouvrir une procédure. Dans ce cas, les informations seront conservées dans le TAJ pendant 20 ans, accessibles par toute la police et la gendarmerie et les photos pourront être utilisées ultérieurement par un système de reconnaissance faciale pour identifier des personnes. Plus d’infos ici.

Gendarmes mobiles

Aujourd’hui, la Police provinciale de l’Ontario (PPO) est intervenue pour déloger des manifestant·es qui bloquaient la voie ferrée à Tyendinaga depuis le 6 février. Une quinzaine de SUV remplis de policiers est arrivé sur place vers 8 h 10. Les policiers se sont dirigés vers la barricade où ils ont arrêté six personnes. La veille, la PPO et le Canadian National Railway Company avaient menacé les manifestants d’une enquête policière et d’un dépôt d’accusations, s’ils ne quittaient pas les lieux lundi avant minuit. Cette occupation des Mohawks de Tyendinaga est l’une des très nombreuses actions de solidarité lancée au Canada contre l’invasion du territoire de la nation wet’suwet’en par la Gendarmerie royale du Canada (voir notre article).

Six manifestants mohawk arrêtés à Tyendinaga

Florian Soto, délégué CGT de la centrale de Gardanne, dans les bouches du Rhône, a été placé en garde à vue dans les locaux de la gendarmerie d’Aix en Provence. C’est un nouveau cas de répression visant à briser la grève de ces travailleurs, une semaine après que l’un d’entre eux ait été convoqué par la direction à un entretien en vue de sanctions. Le lendemain de l’arrestation, les locaux syndicaux étaient été visés par la police, qui a encerclé la centrale pour y faire une perquisition. Cette répression à l’égard des grévistes intervient à un moment particulier. En effet, alors que ces derniers sont en lutte depuis 2018 contre l’annonce de la fermeture de la centrale à charbon (promesse de campagne d’Emmanuel Macron), le contre-projet présenté par la CGT pour sauver le site a réussi son étude de faisabilité. Face à cette double attaque les grèvistes ont appelé à des rassemblements de soutien à leur camarade et ont envahi les voies de la gare Saint-Charles de Marseille et paralysant une partie du trafic.

La grève à la centrale de Gardanne

 

Mercredi 12 février, un délégué CGT, salarié de la centrale de Gardanne, a été placé en garde à vue. Il est accusé d’avoir menacé le directeur du site et a été interrogé durant trois heures dans les locaux de la gendarmerie d’Aix-en-Provence. En réaction à son placement en garde à vue, des représentants de la CGT et des travailleurs de la centrale ont bloqué les voies de la gare ferroviaire de Gardanne pour réclamer la libération de leur camarade. Le lendemain, un militant syndical a été interrogé par la police Blocage du dépôt des éboueurs à Pau du 31 janvier. En réaction, une manifestation, regroupant de nombreux syndicalistes et Gilets Jaunes, a été organisée non loin du commissariat. Le même jour, des étudiants qui souhaitez manifester à l’université de Tolbiac (Paris) contre la précarité étudiante ont été nassés par la police.

Ce samedi 15 février, se tenait l’acte 66 des Gilets Jaunes. À Rennes la manifestation était interdite, ce qui n’a pas empêcher un millier de personnes de se rassembler. Des affrontements ont eut lieu avec la police qui ont utilisé une autopompe, des gaz lacrymogène et ont chargé la manifestation à plusieurs reprise. Sept manifestants ont été arrêtés. Cinq manifestants ont été conduite au CHU Pontchaillou, pour des plaies contuses au visage, après avoir essuyé des coups de matraque. À Paris, un parcours sur les trois prévus a été interdit.

Charge policière lors de l'acte 66 des Gilets Jaunes à Rennes

Mardi 14 janvier 2020, le fondateur et administrateur de la page anarchiste « Bretagne Noire » était convoqué en gendarmerie pour « Provocation non suivie d’effet au crime ou délit par parole, image ou moyen de communication au publique par voie électronique« . Douze publications du média, qui mettent en avant la lutte sous un angle culturel ou artistiques, sont en cause. Trois jours plus tard, l’administrateur a reçu une convocation au Tribunal Correctionnel de Brest pour « Délit de provocation publique non suivie d’effet en appelant directement à commettre des infractions d’atteinte volontaire à la vie définies par le livre du code pénal ». Plus d’infos ici.

Un média militant poursuivi pour provocation

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La signification de l’abandon de la grenade GLI-F4 par le ministère de l’intérieur français (voir notre article) se révèle être très faible. D’abord parce que sa remplaçante reste un engin pouvant mutiler, même si elle explose sous l’effet d’un dispositif pyrotechnique plutôt qu’un explosif au sens strict (ce qui implique une onde de choc moindre). Dans son mémoire de défense devant le Conseil d’Etat en mai dernier, le ministère de l’intérieur écrivait : «Le choix de la grenade GM2L, dont la puissance (et donc la dangerosité pour quiconque voudrait ramasser un tel projectile) est quasiment similaire à celle de la GLI-F4, malgré l’absence d’explosif». Cependant, la GM2L produirait moins d’éclats vulnérants, du fait de l’emploi de plastique polyéthylène élastomère.

Mais outre cet aspect technique, l’annonce du retrait de la GLI-F4 pourrait simplement correspondre à l’épuisement des stocks! En effet, la GLI-F4 n’est plus produite depuis 2014, et le ministère de l’Intérieur annonçait il y a déjà un an et demi qu’elle serait utilisée jusqu’à l’épuisement des stocks. Interrogé par Libération sur la quantité de GLI-F4 restantes dans les armureries de la police et de la gendarmerie, le cabinet du ministère de l’Intérieur n’a pas répondu…

Fiche technique de la GM2L

 

Mercredi 22 janvier, deux militant·es syndicaux de  CGT-Energie employés à Enedis (ex-ERDF) en Dordogne ont été placés en garde à vue dans le cadre d’une enquête sur une coupure d’électricité. Ils auraient coupé le courant le 10 janvier dans l’entreprise Neuvic Interspray (qui conditionne des cosmétiques, aérosols, laques), pour protester contre la réforme des retraites. Cette entreprise étant classée Seveso (chargée du stockage de produits dangereux), les militant·es syndicaux sont accusés de «mise en danger de la vie d’autrui». L’enquête faisait suite à deux plaintes déposées par cette entreprise et par Enedis. Une soixantaine de personnes, syndicalistes CGT principalement mais FO aussi, étaient rassemblées en mi-journée mercredi devant la gendarmerie de Neuvic (où les militants sont emprisonnés) en soutien de leurs deux collègues. Plus tôt dans la matinée une nouvelle coupure avait été effectuée dans la même entreprise en solidarité avec les deux prisonniers.

Deux militants syndicaux en garde à vue pour voir coupé l'électricité dans une entreprise

Deux militants syndicaux en garde à vue pour voir coupé l’électricité dans une entreprise

Lundi 13, à l’occasion de la venue du président Macron dans le cadre du G5 Sahel, le local de organisation indépendantiste et socialiste d’Occitanie LIBERTAT, la « Tor deu Borrèu », a été attaqué par la police et six militant-e-s ont arrêté-e-s. A 16H, toutes les entrées de la ville de Pau étaient verrouillées par la Gendarmerie pour laisser passer le convoi présidentiel. Pendant ce temps, à la Tor deu Borrèu, des militant-e-s avaient accroché une banderole et diffusaient de la musique engagée via haut-parleur tout en scandant des slogans politiques. Cinq policiers en civil ont d’abord cherché à entrer dans le local, bientôt rejoints par une cinquantaine d’autres – en uniforme comme en civil. Les policiers forcent la porte, se jettent sur les militants et les arrêtent très brutalement. Une dizaine d’agents se saisissent de la sono et arrachent la banderole accrochée à la fenêtre du local. Une fois au commissariat, les policiers peinent à expliquer le motif des interpellations. Un coup c’était pour tapage diurne, puis un autre pour outrage, ensuite rébellion… Finalement, le chef d’accusation est « outrage sur personne dépositaire de l’autorité publique en réunion ». La garde-à-vue aura duré de 17H15 à 21H.

La Tor deu Borrèu le jour de l'attaque

 

Du 9 au 20 décembre 2019, le tribunal de Narbonne jugeait 31 Gilets Jaunes pour le saccage incendiaire d’un péage à Narbonne la nuit du 1er au 2 décembre 2018 (voir notre article). À cette occasion les locaux de la gendarmerie et ceux de la société Vinci avaient été incendiés et pillés par une foule de 200 personnes. Le jugement a été rendu le 7 janvier. Sur les 31 personnes qui ont comparu devant le tribunal, 21 ont été condamnées à une peine de prison ferme et trois d’entre elles ont fait l’objet d’une demande d’incarcération immédiate, deux autres ont été maintenues en prison (soit deux mandats de dépôt, deux maintiens en détention et un mandat d’arrêt). Kevin, 29 ans, a écopé de la peine la plus lourde, c’est-à-dire cinq ans de prison car il aurait ayant été le conducteur de l’engin qui a servi à projeter un véhicule en feu sur la barrière de péage, ce qu’il nie. Les avocats des autres 48 parties civiles, en majorité des gendarmes qui avaient évacué les locaux face à la foule, avaient demandé des réparations solidaires de quelque 700 000 euros. Les jugements sur les dommages et intérêts ont été renvoyés au 12 mai.

Les bâtiments incendiés