Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Pris la bombe de peinture à la main, deux tagueurs de 20 et 29 ans ont été jugés la semaine passée à Cherbourg. Ils avaient écrit en grandes lettres des « A » anarchistes et des « ASAF » comme “anti sarko-anti facho”. Jugé en récidive, avec 21 mentions à son casier, le plus âgé a été condamné à dix mois de prison auxquels s’ajoute la révocation partielle d’un précédent sursis à hauteur de 12 mois. Il a été maintenu en détention. Le plus jeune a été condamné à quatre mois de prison avec sursis assortis d’un travail d’intérêt général de 105 heures. Ils devront dédommager la ville de Cherbourg, partie civile, à hauteur de 2 040 €.

La police de l’Etat du Chhattisgarh a abattu vendredi deux maoïstes dans les environs de Jamul. Il s’agit de deux responsables connus de la police: Nagesh, 45 ans, actif dans la région du Bastar depuis plus de 18 ans, et son épouse, Pramila, âgée de 28 ans, qui était également activement recherchée par la police. Un troisième maoïste a pu échapper au piège de la police.

Les manifestations de samedi en France contre le projet gouvernemental de réforme des retraites ont rassemblés près de trois millions de personnes. A Saint-Nazaires et à Paris, elles ont donné lieu à des incidents. Place de la Bastille, 200 manifestants ont brisés des vitrines et se sont affrontés à la police. Une trentaine d’entre eux ont été arrêtés.

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A Saint-Nazaire, la police a interpellé dix-huit personnes, dont dix mineurs, lors de heurts entre des jeunes manifestants et les forces de l’ordre. Douze d’entre elles étaient toujours interrogées samedi dans la soirée mais il n’y a pas de comparution immédiate ce dimanche. Ces personnes ont été interpellées notamment pour « jet de projectiles », « dégradations sur un bus » et pour port d’un « type d’engin susceptible d’être incendiaire ».

Les manifestants, pour la plupart lycéens, avaient été repoussés des abords de la sous-préfecture par des gaz lacrymogènes et plusieurs charges des policiers. La manifestation contre la réforme des retraites avait réuni à Saint-Nazaire 18.000 personnes.

Le rassemblement anti-répression convoqué Porte de Hal à 15H00 s’est transformé en une manifestation improvisée qui a amené 500 personnes, (parmi lesquelles une délégation de notre Secours Rouge) devant la prison de Saint-Gilles. Les manifestants ont un moment bloqué la barrière de Saint-Gilles (photo 2), et ont terminé place Albert après un long face à face rue Ducpétiaux avec un barrage de policiers anti-émeute épaulés par une auto-pompe. A l’heure actuelle (17H30), le rassemblement place Albert se disloque petit à petit.

Manifestation anti-répression

occupation de la barrière de St gilles

occupation de la barrière de St gilles
Manifestation anti-répression

La Police Nationale Péruvienne a arrêté vendredi Edgar Mejía Asencios, alias « Camarade Izula », recherché pour plusieurs attaques de la guérilla maoïste depuis 2006. Edgar Mejía Asencios aurait été responsable d’une zone de guérilla appartenant au front de Huallaga, une des deux régions où la guérilla du PCP-SL reste active.

Bavure ou structure ?

Les vidéos des violences policières du 29 septembre et du 1er octobre (à l’occasion de l’euromanifestation syndicale, de la manifestation contre les centres fermés et du camp « No Border ») ont provoqué une levée de boucliers qui pourrait faire croire au caractère exceptionnel de l’affaire. Cela fait pourtant plusieurs années que la répression policière des initiatives politiques va en s’accroissant. C’est une tendance lourde :

– Avalisée et nourrie par tous les partis politiques et dans toutes les communes du pays.
– Existant dans tous les pays de l’Union Européenne.
– Se manifestant sur tous les aspects de la vie politique (manifestation, affichage, etc. : une simple distribution de tract doit aujourd’hui avoir une autorisation de police).
– Se couvrant de dispositions légales prétendument « exceptionnelles » (anti-terroristes par exemple) très rapidement généralisées et banalisées.
– Mettant en œuvre toutes les techniques de police et de contrôle social (infiltration, vidéosurveillance, biométrie, provocation, écoutes, etc.).
– Se déployant en force pour des motifs de plus en plus bénins, et utilisant toujours plus vite la violence (gazage et matraquage même en cas de résistance passive)
– Prenant toujours plus un caractère préventif ou « proactif ».
– Bénéficiant d’une complicité médiatique (le 29 septembre, les médias ont tout simplement reproduit le communiqué de la police pourtant outrancièrement mensonger)

Les évènements du 29 septembre et du 1er octobre (arrestations de masse, violentes et préventives) s’inscrivent dans cette tendance qui, elle-même, ne tombe pas du ciel. L’accroissement des contradictions sociales recèle un potentiel de révolte (et donc, un potentiel révolutionnaire) qui se manifeste dans des radicalisations soudaines de luttes ou dans une guérilla permanente entre la police et les jeunes des quartiers.

Il s’agit là aussi d’une tendance lourde, inhérente à un régime social injuste, sans avenir, irréformable et en crise profonde. Les doctrines de « contre-révolution préventive » développée par les pays de l’OTAN dans les années ’70, autrefois réservées aux luttes prolétariennes/communistes, se trouvent maintenant appliquées à toutes les manifestations antagonistes du corps social.

Face à cette tendance, plutôt que d’inutilement appeler le pouvoir à respecter des principes qu’il ne peut ni veut respecter, plutôt que de se laisser intimider, les forces politiques antagonistes doivent s’engager délibérément et méthodiquement dans le rapport de force :

– D’abord en développant la solidarité, en cessant de ne se préoccuper que de « sa » répression (ainsi ces syndicalistes scandalisé lorsque les huissiers et policiers interviennent dans un piquet de grève, mais qui couvrent la police lorsqu’elle matraque des manifestants au look anarchiste).
– Ensuite en élevant le niveau de compétence : les arrestations ne sont pas une fatalité, des méthodes et des techniques existent pour les éviter, et d’autres méthodes et techniques doivent être inventées.
– Enfin en allant de l’avant, en renforçant, radicalisant et élargissant les mouvements de lutte anticapitaliste.

Combattre le capitalisme !

Construire la solidarité !

Solidarité avec tous les manifestants arrêtés pendant la semaine du No Border Camp !

Solidarité pleine et entière avec les quatre inculpés de l’attaque du commissariat des Marolles, qu’ils soient «coupables» ou «innocents» !

Secours Rouge/APAPC,
(section belge de la Commission pour un Secours Rouge International)
Bruxelles,
16 octobre 2010

Pour rappel: suite à la multiplication des violences policières à l’occasion de manifestations (Euro-manifestation, No Border camp, …), un large rassemblement aura lieu ce samedi 16 octobre, à 15 heures, Porte de Hal.

Affiche de la manifestation anti-rep du 16 octobre

Affiche de la manifestation anti-rep du 16 octobre