Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Selon les autorités, les manifestations qui se sont déroulées depuis le 5 janvier dernier auraient fait trois morts et plus de 800 blessés. Mais plusieurs sources concordantes parlent aussi du décès d’un chauffeur de taxi et d’un autre homme décédé par balle, ce qui porterait le chiffre à cinq. Le ministère de l’intérieur a également annoncé un millier d’arrestations. Durant cinq jours, et dans plusieurs grandes villes du pays, des milliers de personnes sont descendues dans les rues pour dénoncer la cherté de la vie dans une vague de protestation populaire. Les manifestants s’en sont pris aux banques, aux boutiques de téléphonie, d’informatique, de montres et de vêtements, à des concessionnaires automobiles et à des bâtiments publics. Selon les autorités, une grande partie des personnes arrêtées ont pu l’être grâce aux caméras de surveillance. Hier et avant-hier, de nombreux manifestants ont été présentés devant les tribunaux. Certains d’entre eux répondront des chefs d’inculpation ‘d’incendie volontaire’ et de ‘coups et blessures ayant entraîné la mort’.

Manifestation contre la vie chère en Algérie

Manifestation contre la vie chère en Algérie

Après le décès de quatre manifestants hier, les manifestations se sont poursuivies durant la nuit et la journée d’aujourd’hui à Tala et à Kasserine, entrainant de nouveaux violents affrontements entre la population et la police. Le ministère de l’intérieur a annoncé que huit personnes étaient décédées ce week-end et plusieurs autres blessées. Mais d’autres sources sur place font état d’au moins vingt morts tués par balle dans la région. Et elles affirment que le bilan devrait s’alourdir vu le nombre de blessés graves qui affluent dans les hôpitaux. Des témoins ont également déclaré que les cortèges funéraires avaient aussi été la cible de tirs.

Près de 40.000 personnes se sont rassemblées hier après-midi à Bilbao, à l’appel de différents collectifs basques. Elles ont défilé pacifiquement à travers la ville en scandant des slogans réclamant davantage de droits pour les membres emprisonnés de l’ETA. Etxerat, une association de parents de prisonniers de l’ETA affirme qu’ils sont dispersés en Espagne et en France, loin du Pays-Basque, ce qui rend difficile, voir impossible, les visites familiales en prison. Elle demande donc notamment leur rassemblement au Pays-Basque.

Manifestation pour les prisonniers d’ETA

Manifestation pour les prisonniers d'ETA

Depuis le 17 décembre, le peuple tunisien se révolte contre la précarité sociale et le chômage. Les étudiants et les diplômés chômeurs qui manifestent quotidiennement depuis lors ont été rejoints ce samedi par les syndicats. Mais les affrontements qui opposent les jeunes et les forces de l’ordre se sont également intensifiés. Vendredi, cinq manifestants et un agent de sécurité ont été blessés à Saïda dans une confrontation violente. Samedi, les policiers ont ouvert le feu sur la foule dans le centre de Tala, dans le centre-ouest du pays. Quatre hommes ont été tués et plusieurs personnes ont été blessées, dont six grièvement. A Kasserine, de violents affrontements se sont déroulés cette nuit. Un jeune garçon de douze ans aurait également été tué par balle, cette fois à Ennour. Tous les rassemblements sont encadrés par des centaines de policiers en civil et d’unités anti-émeute, celles-ci n’hésitant pas à faire usage de lacrymogènes et de leurs armes à feu. Hier, l’armée s’est déployée pour la première fois depuis le début du mouvement autour des bâtiments officiels.

Force de police en Tunisie

Force de police en Tunisie (archive)

Ce samedi, le procureur fédéral Johan Delmulle a déclaré que les services de police manquaient d’effectifs dans la lutte contre le terrorisme. Celui-ci travaille actuellement avec une équipe de 103 personnes, ce qui est, selon lui, largement insuffisant. Il réclame dès lors une union nationale contre le terrorisme, planifiée de manière centrale avec 200 enquêteurs. Il affirme également avoir besoin de plus d’interprètes et de traducteurs, et demande un meilleur screening du personnel impliqué dans les dossiers de terrorisme. En effet, il n’exclu pas que certains interprètes puissent jouer un double rôle et fournir des informations aux terroristes.

Au moins neuf guérilleros ont été abattus par la police tôt ce matin dans le district de Rayagada (Orissa). La fusillade a eu lieu après que les forces de sécurité aient mené un raid dans la zone. Elle avait été informée de la présence des maoïstes dans cette région forestière et montagneuse. Les corps de neuf guérilleros ont été retrouvé sur place, ainsi que des armes et du matériel explosif dans ce qui semblerait avoir été un camp. Des forces additionnelles ont été envoyés afin d’entreprendre une opération de ratissage de grande envergure et intensifier les patrouilles.

Ce vendredi, des guérilleros colombiens ont lancé une attaque dans le département de Caqueta, au sud du pays. Ils se déplaçaient dans deux véhicules et ont été arrêté par un groupe de soldats alors qu’ils se préparaient à prendre d’assaut un poste avancé de police. Un violent combat s’est alors déclenché, au cours duquel cinq guérilleros, quatre soldats et un civil sont décédés. Selon le général Juan Carlos Salazar, le commandant du bataillon déployé dans la région, l’objectif de cette action était d’attaquer la ville de San Vicente. Cette offensive fait suite à une série d’attaques à la bombe dans la ville de Nieva, un peu plus au nord.

Depuis quatre jours, de multiples manifestations se déroulent dans plusieurs villes d’Algérie contre la cherté de la vie. Partout, des violences ont éclaté entre les manifestants et les forces anti-émeutes lourdement armée. Vendredi, un jeune homme de 18 ans est décédé à la suite d’une intervention policière. Selon les témoins, un policier lui aurait tiré dessus au moment où les manifestants tentaient d’entrer dans le bâtiment de la poste dans la région de M’sila. Trois autres personnes ont été blessées au cours de l’affrontement, et l’une d’entre elle est décédée ce samedi des suites de ses blessures. Un troisième homme de 32 ans est décédé lors d’une manifestation à Bousmail dans un face à face avec les forces de l’ordre au cours duquel il aurait, selon des témoins, reçu une bombe lacrymogène en pleine figure. Au total, pas moins de 400 personnes auraient été blessées à travers tout le pays. A l’heure actuelle, la protestation se poursuit. Les manifestants bloquent toujours d’innombrables routes, s’en prennent à des bâtiments de la justice, des télécoms et des services publics. Toutes les villes majeures sont quadrillées par les forces anti-émeutes qui multiplient les jets de gaz lacrymogènes et autres utilisations de canons à eau.

Depuis mercredi, différentes villes d’Algérie sont le théâtre de rassemblements de milliers de personnes qui dénoncent la hausse brutale des prix des produits de base. Lundi déjà, des jeunes avaient bloqué des routes à l’ouest d’Alger pour dénoncer leurs conditions de vie. Mercredi soir, de violents affrontements ont opposé les manifestants et les policiers anti-émeutes dans un quartier populaire d’Alger. Ces derniers ont fait usage de canons à eau et de gaz lacrymogène pour disperser la foule. Selon des témoins, un grand nombre de policiers lourdement armés étaient présents durant la journée afin d’empêcher tout rassemblement dans ce quartier, réputé pour être le point de départ traditionnel des manifestations. Ailleurs dans le pays, des commissariats, un tribunal, des commerces et des concessionnaires ont été pris d’assaut par les protestataires. Les affrontements se sont poursuivis durant toute la journée de jeudi également.

Manifestation en Algérie

Manifestation en Algérie

Depuis le début de la semaine, le mouvement de protestation des étudiants et des diplômés chômeurs s’est étendu à travers toute la Tunisie. Partout, la police poursuit son action de répression. A Tala, dans l’ouest du pays, des arrestations musclées ont eu lieu dès mercredi soir. En plus des manifestations dans les rues, le mouvement a également pris énormément d’ampleur sur internet. Des milliers de groupes Facebook ont été créés pour dénoncer la politique gouvernementale. Des informations relatives aux émeutes et à la répression policière sont transmises via un compte Twitter.

Les autorités n’ont pas tardé à réagir. Ce jeudi, un rappeur et trois blogueurs ont été arrêtés par la police à leurs domiciles. Le rappeur Hamada Ben Amor, 22 ans, a été arrêté à 5h30 hier matin. Grâce à une de ses chansons, ils avait créé un espace privilégié d’expression contestataire pour des milliers de jeunes, et notamment sur internet. Hamadi Kaloutcha, militant et blogueur luttant contre la censure, a été interpellé vers 6h du matin par des policiers en civil qui ont saisi un ordinateur portable et une unité centrale. Les deux autres blogueurs arrêtés, Slim Amamou et El Aziz Amami, avaient été à l’origine du projet de manifestation contre la censure en mai dernier à Tunis. Arrêté la veille du rassemblement pendant plus de douze heures, Amamou avait été obligé de faire enregistrer une vidéo appelant à l’annulation de l’événement pour pouvoir être relâché. Ce matin, les familles respectives ont déclaré n’avoir aucun nouvelle des quatre hommes.