Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

La Deuxième Section de la Salle du Pénal de l’Audience Nationale a condamné, comme le Ministère public le sollicitait, à 60 ans de prison Ferdinand Silva Sande, un ancien dirigeant des GRAPO pour la tentative d’attaque du siège de la Banque d’Espagne à Saint-Jacques-de-Compostelle, attaque qui a coûté la vie le 10 mars 1989 à deux agents de la Garde civile. Selon la presse espagnole, Silva Sande aurait collaboré avec la justice en mettant en cause le PCE(r) et son secrétaire général.

Compte-rendu d’audience du 9 février à la Cour d’Appel d’Orléans à 14h le 9 février. Un joli petit épisode de la justice de classe.

Mathilde, ainsi que quelques amis militants de Tours, arrivent à l’audience. Ici et là, quelques flics en civil surveillent le petit groupe. Une vingtaine de personnes, en majorité des étudiants de la fac d’Orléans, sont venues manifester leur soutien sous le regard hostile des flics en tenue venus en renfort.

Le procès est une humiliation, tant pour Mathilde que pour les militants présents. Aucune présomption d’innocence de la part des juges, ils boivent les paroles de la déposition de l’officier de la BAC (évidemment absente) qui accuse Mathilde de s’être ‘rebellée avec violence’ lors de l’arrestation d’Antoine. Mathilde reste sur sa position en maintenant qu’elle n’a fait que crier lors de cette interpellation pour alerter des manifestants mais conteste toutes les accusations de rébellion ou d’entrave physique aux policiers lors de cette arrestation. ‘Pourquoi crier? Vous n’étiez pas concernée!’ intervient le juge qui laisse à peine le temps de répondre à Mathilde, la coupant systématiquement lorsqu’elle tente de parler. Le juge ne cesse de poser des questions personnelles ou totalement étonnantes: ‘Quelle était le modèle de la voiture?’, ‘Comment était-elle garée?’, ‘Quel est votre but professionnel?’, ‘Que font vos parents dans la vie?’, ‘Avez-vous des frères et soeurs?’. Une fois ce passionnant interrogatoire fini, l’avocat des parties civiles demande si Mathilde soutient toujours qu’elle a crié pour prévenir les étudiants qu’ils allaient ‘disparaître’. Elle reste sur cette déposition et au juge qui lui demande si elle avait peur qu’ils soient ‘tués’, elle ne peut que répondre qu’elle devait prévenir leurs camarades qu’ils allaient disparaître en garde-à-vue, disparaître de la vue de leurs proches, ce qui est effectivement le cas quand on se retrouve 20h ou 39h en garde-à-vue. Ni une ni deux, le juge se voit forcé d’intervenir, insistant sur le fait que ‘nous sommes dans un état de droit’, qu’il n’est pas possible d’imaginer que l’on puisse disparaître après une arrestation, que la police est là pour nous protéger, qu’elle dramatise ‘sans doute cela dû à ses études de théâtre’, et qu’elle ferait bien d’aller voir dans le monde où de vraies dictatures existent. Les personnes présentes dans la salle sourient durant cette leçon de morale, ce qui vaut au juge de menacer ces ricaneurs de faire ‘le maître d’école’.

Au tour de l’avocat des parties civiles. On passe sur les attaques faites à Mathilde, disant qu’elle n’a pas l’air de bien se souvenir des faits et qu’elle risque à cause de sa ‘mauvaise mémoire’ de devenir une ‘intermittente de la mémoire’. Il revient sur le terme ‘militant’ employé, soulignant son étymologie: ‘venant du latin miles, militis ce qui veut dire soldat’, ‘ce sont donc des soldats et vous avez dans la salle une armée de soldats’ en comparant l’assistance solidaire… aux FARC (ça ne s’invente pas). Il revoit ses conclusions à la hausse en réclamant 1500 euros dont 1000 à titre de dommages et intérêts pour le préjudice moral subit pour sa cliente, et en appelle à la ‘gourmandise’ du procureur pour la peine. Le procureur décide, au nom des ‘erreurs de jeunesse’, de l’âge de Mathilde et de sa ‘naïveté’ de ne pas être plus gourmand pour que ça ne lui porte pas trop préjudice dans ses études et son avenir professionnel. Il réclame une amende de 400 euros.

Face à cela, l’avocate de Mathilde n’aura de cesse de s’insurger contre la toute puissance de la police et les droits bafoués des manifestants, insistant sur le caractère politique de ces arrestations, mais les juges, qui écoutaient quelques instants plus tôt avidement l’avocat des parties civiles, semblent tout d’un coup distraits et font comme s’ils ne comprenaient pas ce que dit l’avocate. Elle réclame la relaxe de Mathilde. Le jugement est mis en délibéré pour le 9 mars.

L’ancien prisonnier politique basque Peio Fagan a été arrêté le 10 février à son domicile de Bidart, où la police française a effectué une perquisition, dans ce qui semble être la suite de ‘l’enquête’ sur les bars de la gauche nationaliste. Il a été emmené au commissariat de Bayonne peu après 8h. Par ailleurs, au moins 6 personnes sont convoquées cette semaine au commissariat de Bayonne dans le cadre de la même procédure, la plupart d’entre elles ayant déjà été soit convoquées, soit arrêtées pour répondre aux mêmes questions.

Près de 90 personnes ont déjà été soit arrêtées, soit convoquées (et une bonne partie d’entre elles mises en garde-à-vue aussitôt), en tout cas interrogées sur toute la militance basque au prétexte de questions sur la gestion des bars. La théorie de départ selon laquelle Batasuna financerait la lutte armée par le biais de ces bars s’étant effondrée – le Procureur Jean-Claude Marin lui-même l’a reconnu en novembre dernier, déclarant qu’aucun élément n’avait prouvé le lien entre ETA et Batasuna – , les autorités françaises ont retourné l’hypothèse, cherchant maintenant à prouver que c’est la lutte armée qui finance ces bars! Il apparaît de plus en plus clairement que le Parquet est à la recherche de n’importe quel prétexte dans un but politique: criminaliser un mouvement politique, harceler ses membres et leurs proches, et détourner ces militants de leur travail quotidien, les obligeant à se justifier et à se débattre dans des procédures arbitraires.

Au sujet des bars: il s’agit de projets largement soutenus, de lieux populaires, euskaldun, ouverts à toutes les associations et partis, instruments indispensables à la mobilisation et à la solidarité. C’est en cela aussi qu’ils sont dans la ligne de mire d’un pouvoir qui préfère largement le modèle individualiste du chacun chez soi. Des dizaines et des dizaines de personnes sont aujourd’hui inquiétées et parfois maltraitées pour un simple chèque de soutien! Au sujet des méthodes: la convocation est de plus en plus utilisée, et est présentée par la police comme une faveur, leur demandant s’ils préfèreraient être arrêtés et perquisitionnées à 6h du matin par trente agents. Ce n’est pas une faveur, c’est un chantage. Ces interrogatoires servent à un fichage massif et à préparer les prochains montages policiers et judiciaires.

Il faut ajouter à cela le véritable harcèlement auquel sont en train de se livrer la police et la gendarmerie française ces dernières semaines: contrôles incessants, présence étouffante; interrogatoires politiques à l’occasion de soi-disant contrôles d’alcoolémie; convocations de jeunes sous des prétextes ridicules (comme par exemple: ‘nous avons retrouvé votre portefeuille devant un graffiti’ avec prises d’empreintes, ADN et centaines de questions); contrôle d’une militante de SEGI avec fouille de son véhicule ‘sur ordre du procureur’; etc.

Des milliers de kurdes ont manifesté ce samedi à Strasbourg, où siège la Cour européenne des droits de l’Homme, réclamant la libération de l’ancien chef des rebelles séparatistes kurdes du PKK, Abdullah Öcalan, détenu en Turquie depuis 1999. Venus massivement et en famille d’Allemagne, de Suisse et de Belgique, ils étaient près de 10.000 selon la police, 20.000 selon les organisateurs, et ont achevé vers midi leur défilé coloré en brandissant des portraits de leur ancien leader. Des banderoles réclamaient la ‘Liberté pour Öcalan’ et condamnaient son enlèvement en 1999.

Le fondateur et ex-chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a été arrêté en 1999 au Kenya par des agents turcs avec l’aide des services de renseignements américains. La Féderation des associations kurdes en France (Feyka), organisatrice de la manifestation, dénonce un ‘complot international’ dans le cadre de cette arrestation. Transféré en Turquie, Öcalan a été condamné à mort pour ‘séparatisme’ en juin 1999, une peine commuée en 2002 en prison à vie après l’abolition de la peine capitale. La Cour européenne des droits de l’homme a recommandé en mai 2005 à Strasbourg l’organisation d’un nouveau procès, estimant que celui de 1999 était ‘inéquitable’.

L’ancien leader est le seul pensionnaire de l’île-prison d’Imrali (nord-ouest de la Turquie). Le Comité anti-torture (CPT) du Conseil de l’Europe a estimé l’an dernier à l’issue d’une visite au détenu que son isolement devait cesser pour sa santé mentale. Chaque année depuis l’arrestation d’Öcalan, une grande manifestation réunit la diaspora kurde à Strasbourg.

Manif pour la libération d’Ocalan

Manif pour la libération d'Ocalan

Malgré les déclarations de Turtelboom, de nombreux enfants sont à nouveau enfermés au centre fermé 127bis. Selon les autorités, ce sont les familles qui ont été arrêtées à leur arrivée et qui étaient enfermées au centre fermé 127 (dans le No Man’s Land de l’aéroport) en attendant une réponse à leur demande d’asile. Le Centre 127 est composé de containers installés provisoirement à l’aéroport il y a une dizaine d’années. Vu le délabrement de ces ‘bâtiments’, on a cru bon de transférer les détenus au 127bis en attendant la construction d’un énième centre, prévu aussi à Steenokkerzeel.

Une manifestation est organisée devant le centre par la CRER ce dimanche 15 février à 14 heures (train Gare du Nord Bruxelles 13h44 direction Leuven-gare de Nossegem). Les mots d’ordre de la manifestation sont:

LIBEREZ TOUS LES PRISONNIERS.
LIBRE CIRCULATION DE TOUS.
PERSONNE N’EST ILLEGAL

Tandis que les conflits sociaux se durcissent, deux escadrons de gendarmes mobiles vont être envoyés en renfort en Martinique où la grève générale est aujourd’hui à son huitième jour, tandis que la Guadeloupe, paralysée depuis vingt-trois jours, a à nouveau accueilli le ministre Yves Jégo. Les deux escadrons feront une escale technique à la Guadeloupe avant Fort-de-France où ils rejoindront deux escadrons déjà sur place.

En Martinique, les négociations ont repris en préfecture sur le prix des services, les syndicats réclamant leur baisse après avoir obtenu la veille moins 20 % sur 100 produits de première nécessité. Environ 1.500 personnes selon la police, ont manifesté le matin dans les rues de Fort-de-France. Mais ‘beaucoup de personnes’ n’ont pu se joindre aux manifestations, qui ont rassemblé jusqu’à 20.000 personnes, faute de carburant, indiquait-on à la préfecture. Les stations-service, y compris celles réquisitionnées par les autorités, n’ont pas été approvisionnées hier après un conflit entre leur représentant et les grévistes. L’immense majorité des services publics était toujours à l’arrêt, tout comme les commerces.

Renforts policiers en Martinique

Renforts policiers en Martinique

Les habitants de la Nouvelle Orléans ont été réveillés pendant plusieurs nuits début février par des hélicoptères de combat Black Hawks et des hélicoptères de transport volant à basse altitude, des tirs et des explosions. Il s’agissait de troupes du Commandement des Opérations Spéciale américaine recevant une formation pour la guerre urbaine. ‘Ils sont régulièrement engagés dans des opérations de combat,’ a dit de ces troupes le porte-parole du Commandement d’Opérations Spécial américain Kimberly Tiscione. ‘Ils sont le mieux du mieux que nous devons offrir à travers toutes les branches de l’armée.‘ Ces troupes ont été héliportées sur des toits de bâtiments, sur des terrains proches des maisons, ont investis des pâtés de maisons, échangés des tirs de paint-ball, etc.

A l’occasion du Festival de Liège, la FGTB organise un débat ‘Militantisme / Terrorisme. Quelles frontières?‘ au Jardin du Paradoxe du Festival de Liège, le mercredi 18 février, à 18h. au Manège (Rue Ransonnet, 2 à 4000 Liège).

Avec:

-Marc GOBLET, Président de la FGTB Liège-Huy-Waremme
-Marc MONACO, Activiste altermondialiste
-Jean-Claude PAYE, Sociologue
-Dan Van RAEMDONCK, Porte Parole du Comité T. et Vice-Président de la Fédération Internationale de la Ligue des Droits de l’Homme.
-Animateur: Marc MOLITOR, Journaliste RTBF (sous réserve)

Le débat sera suivi d’une projection du film-documentaire ‘HF6’ sur la relance inattendue du haut-fourneau 6 d’ArcelorMittal, à Seraing (Liège, Belgique), fermé par Arcelor en 2005.

Affiche de la soirée sur l’anti-terrorisme

Entrées:

-Pour le débat: gratuit
-Pour le film: réservez votre place auprès de Minervina BAYON au 04 221 97 17 ou à minervina.bayon@fgtb.be (sous réserve des places disponibles).

Affiche de la soirée sur l'anti-terrorisme

Le 1er mars, des élections auront lieu au Pays basque, des élections pour le parlement basque. L’État espagnol poursuivant sa politique d’interdire à la gauche indépendantiste basque toute possibilité d’être présente dans les institutions basques, a rapidement ouvert la chasse aux sorcières.

Tout d’abord, la police espagnole a arrêté, le 23 janvier, huit militants de la gauche nationaliste, parmi lesquels un représentant de la plateforme électorale Demokrazia 3 Milioi (D3M) et a perquisitionné plusieurs domiciles et locaux. Toutes ces personnes ont été incarcérées, accusées d’appartenance à bande armée. Le juge Baltasar Garzon a pris la suite en convoquant treize personnes liées au parti Askatasuna et à D3M, organisations candidates aux élections, à se présenter au Tribunal National espagnol de Madrid, le vendredi 6 février, pour y déclarer en tant qu’accusés. Et dernièrement, le Tribunal Suprême ‘a étudié‘ le parti Askatasuna et la plateforme D3M pour établir s’ils étaient ‘contaminés’ (c’est à dire si dans les listes de ces deux organisations il y avait des militants de la gauche indépendantiste ou des personnes ayant eu une quelconque relation, si petite soit-elle, avec la gauche indépendantiste). Hier, 9 février, le Tribunal Suprême a rendu publique sa décision, qui ne pouvait être autre chose que l’interdiction des deux listes électorales.

Il suffit au Tribunal Suprême espagnol, à défaut de preuves, d’une ‘conviction juridique‘ et de toute une série ‘de faits indicateurs‘ pour émettre des résolutions qui ont comme conséquence l’annulation des candidatures électorales d’Askatasuna et D3M. Un des indices utilisés pour parler ‘de la transversalité du complexe ETA/Batasuna‘ est ‘une série de documents pris, le 23 janvier 2009, au siège de Gasteiz, d’Izan Herri Ekimena‘. Parmi ces documents, qui grossissent le listing de ‘faits concrets’ que le Tribunal a pris en compte pour sa décision, on parle des ‘affiches d’Askatasuna contre le PNB, les traitant de traîtres‘, ‘des affiches d’Askatasuna avec photographies du collectif des prisonniers‘, ‘d’un document d’Askatasuna sur les prisonniers malades‘… Mais ce que démontrent ces documents, ce n’est pas le ‘caractère transversal du complexe ETA/Batasuna‘, mais que le Tribunal Suprême confond le parti Askatasuna, dont il veut annuler les candidatures, avec une autre Askatasuna très connue au Pays basque: l’organisation qui lutte contre la répression et dont l’illégalité a été édictée par le juge Garzón le 5 janvier 2002!

Le ‘fait concret‘ de la page 9 de la décision détaille qu’Askatasuna n’a effectué aucun type d’activité depuis 2001, sauf la présentation devant l’Assemblée électorale de ses actuelles candidatures. Les forces de sécurité, dans leurs rapports, certifient cette ‘inactivité organique totale‘ avant les dates pré-électorales actuelles. La seule activité détectée est que certains des candidats d’Askatasuna ont signé avec 47.337 personnes en faveur de la plateforme D3M. Comment le Tribunal Suprême explique-t-il tout ceci? Il écrit à la page 98 de sa décision qui annule les candidatures, ‘qu’il est raisonnable de penser que cette décision de ne rien faire pendant tous ces années est la consigne qu’Askatasuna a reçue de l’ETA et qu’il l’a transmise à ses candidats. Ce qui, à son tour, indique le lien de l’ETA avec ASKATASUNA et D3M‘. A aucun moment le Tribunal n’explique ni comment, ni quand, ni qui a transmis cette consigne de l’ETA à Askatasuna et à D3M. Tout se réduit au fait ‘qu’il est raisonnable de penser‘ selon l’optique du Tribunal Suprême, celui-là même qui confond les organisations.

Le Tribunal Suprême considère ‘sans l’ombre d’un doute‘ que le projet que D3M prétendait présenter aux élections du 1er mars ‘a été dirigé, préparé, organisé, dynamisé, contrôlé et encouragé par Batasuna‘. Et, en même temps, il estime fondée l’annulation des candidatures présentées par Askatasuna, évoquant parmi d’autres indices, les ‘intenses relations‘ de 9 des 12 promoteurs du parti avec ‘ETA-Batasuna‘, qui en 1998 ont été les personnes responsables de l’inscription du parti Askatasuna dans le Registre des partis du Ministère de l’Intérieur. La force des termes utilisés dans la rédaction de la décision contre D3M et de celle qui annule les listes électorales d’Askatasuna contraste avec le caractère des preuves présentées: ‘relations intenses’ avec ‘ETA-Batasuna‘. Ces preuves ne montrent pas autre chose que les activités normales de personnes jouissant de leurs droits civiques dans des formations légales: avoir été candidat d’une liste légale ou avoir été contrôleur dans le comptage des voix, par exemple. Le Tribunal Suprême a adopté ces décisions à l’unanimité de ses membres.