À 14h, les troupes des QSD/YPG ont lancé l’opération de liberation de Raqqah en lançant sa première étape: la liberation du nord de la région, en ouvrant trois fronts à Ayn-Issah (au sud-est de Kobané) afin de couvrir une zone de 4km de long et de 15km de large. L’opération est préparée depuis des mois et devrait probablement durer plusieurs semaines/mois. Immédiatement après le début de l’opération, des affrontements armés ont éclaté entre les QSD et les islamistes à Xediyad Xelil. Le front est actuellement situé entre 37km et 60km de la ville de Raqqah, la capitale de l’EI.

À l’ouest de Kobané cette fois, les QSD souhaiteraient retenter de libérer la ville de Jarabulus, profitant du récent refroidissement des relations entre la Turquie et l’État Islamique. Enfin, en Irak, c’est la libération de Mosul qui serait imminente et à laquelle le PKK a plusieurs fois promis de participer ces derniers mois.

Nord de Raqqah

Nord de Raqqah

Quatre soldats ont été tués et neuf autres blessés mercredi par l’explosion d’un IED au passage de leur véhicule blindé sur une route reliant Semdinli et Aktükün, dans la province kurde de Hakkari, frontalière avec l’Irak et l’Iran. Les blessés, dont quatre sont dans un état grave, ont été transportés à l’hôpital. Huit soldats avaient été tués et huit autres blessés vendredi dans la même province de Hakkari au cours d’une opération militaire contre le PKK (voir notre article). Un militaire a par ailleurs été tué mercredi dans la province de Mardin, également au Kurdistan.

Photomontage de la presse turque (le blindé détruit et le lieu de l’explosion)

Photomontage de la presse turque (le blindé détruit et le lieu de l'explosion)

L’état-major turc a annoncé la perte de huit soldats tués et huit autres blessés vendredi dans des opérations contre le PKK dans la province kurde de Hakkari. Six soldats ont été tués lors d’affrontements près d’une base militaire du district de Cukurca et deux autres ont péri dans le crash d’un hélicoptère militaire qui se rendait sur les lieux en renfort, a détaillé l’armée turque dans un communiqué. En fait de crash, l’hélicoptère (de modèle Cobra, donc de type « canonnière volante ») a été abattu par un missile sol-air portatif à guidage infrarouge « Igla », comme le montre des vidéos mises en lignes par la guérilla kurde. C’est le deuxième hélicoptère abattu en peu de temps par les combattants du PKK. L’entrée en possession de ces missiles (de fabrication russe, qui étaient détenus en grande quantité par les armées syrienne et irakienne) pourrait transformer le rapport de forces au Kurdistan.

Combattant du PKK avec le lance-missiles Igla

Combattant du PKK avec le lance-missiles Igla

De sérieux troubles ont éclaté jeudi après-midi dans le centre pour demandeurs d’asile de Saint-Trond (Limbourg). Ces incidents seraient dus à l’expulsion d’un réfugié irakien: un groupe de compatriotes a voulu empêcher que l’homme ne soit embarqué. La police est intervenue en masse avec pas moins de 12 véhicules. Les routes d’accès au centre ont été momentanément fermées. Des brigades canines sont également descendues sur les lieux. Les forces de police ont réussi à emmener l’Irakien et à rétablir le calme.

Le centre Fedasil de Saint-Trond

Le centre Fedasil de Saint-Trond

Les forces de sécurités turques poursuivent les opérations lancées le 14 mars dans les villes de Sirnak et de Nusaybin, placées sous couvre-feu, pour reprendre le contrôle des quartiers insurgés, désamorcer les explosifs piégés, remblayer les tranchés et détruire les barricades. Un sous-officier de l’armée a été mortellement blessé par un tir de sniper alors qu’il désamorçait un explosif artisanal à Nusaybin. Par ailleurs 6 policiers ont été blessés dont 2 grièvement dans l’explosion d’un IED alors qu’ils circulaient sur l’autoroute Mardin-Diyarbakir. Des chasseurs-bombardiers F-16 et F-4 ont bombardés des bases du PKK dans le Kurdistan irakien, et particulièrement les camps de Sinath, Haftanin et Metina.

Militaires turcs à Nusaybin

Militaires turcs à Nusaybin

Aiden Aslin, un aide-soignant de 22 ans, avait rejoint la brigade internationale « officielle » des YPG (les « Lions du Rojava ») en avril 2015 pour combattre l’Etat Islamique, en embarquant pour Souleimaniye il avait été interrogé par des policiers britanniques et avait rapidement admis qu’il partait combattre Daesh, la police l’avait alors laissé quitter le territoire. En Syrie, il avait perdu son passeport et le consulat de Grande-Bretagne à Erbil l’avait assisté dans son retour en Europe. Le 3 février, Aiden est revenu en Grande-Bretagne par un vol reliant Amman (Jordanie) à Heathrow, il a été arrêté devant les autres passagers en vertu du Terrorism Act à sa descente de l’avion et a été détenu durant 30 heures sans que sa mère et sa grand-mère qui l’attendaient à l’aéroport n’aient été prévenues. Aiden doit à présent pointer trois fois par semaine au commissariat de Newark, il est maintenu sous contrôle judiciaire jusqu’au 5 avril (au moins).

Aiden reconnaît avoir participé à des opérations en Syrie et en Irak, notamment à al-Hawl et dans le Mont Sinjar. Il est soupçonné -sans être inculpé- de « s’être engagé dans la direction d’une préparation à commettre un acte de terrorisme » et d’avoir reçu un entrainement armé.

Aiden Aslin

L’aviation turque a bombardé des camps du PKK dans les régions Kandil et de Gara, au Kurdistan irakien. Des frappes présentées en représailles à l’attentat-suicide qui a tué 34 personnes, et blessé 125 autres dimanche place Kizilay à Ankara, attentat que les autorités turques attribuent au PKK. Il semble que l’attaque visait deux minibus de policiers anti-émeutes stationnés en permanence sur cette place pour réprimer les éventuelles manifestations spontanées. Une partie importantes des morts sont les policiers occupants ces minibus, les autres des passants de cette place très fréquentée.

Les autorités désignent Seher Cagla Demir, une universitaire arrêtée et jugée dans le passé pour appartenance au PKK, comme l’auteure de l’attentat. Onze suspects, dans la ville de Sanliurfa, située à la frontière syrienne, ont été arrêtés. La police estime que le véhicule utilisé pour l’attaque a été achetée dans cette localité à forte majorité kurde.

Le lieu de l’explosion à Ankara

EDIT: 17/3
Jeudi 16, les Faucons pour la Liberté du Kurdistan (TAK) a revendiqué l’attaque: « Cette action a été menée pour venger les 300 kurdes tués dans à Cizre et nos civils blessés ». « Nous voulons présenter nos excuses pour les pertes civiles qui n’ont rien à voir avec la sale guerre menée par l’Etat fasciste turc », ont également précisé les TAK.

Le lieu de l'explosion à Ankara

Une action kamikaze à la voiture piégée a tué 28 personnes mercredi soir à Ankara. La Turquie a accusé la résistance kurde de cette action, affirmant avoir identifié son auteur, Salih Necar, un Syrien de 23 ans. Quatorze suspects ont été arrêtés en rapport avec l’attentat. Le Parti de l’union démocratique (PYD), a démenti toute implication de son bras armé, les YPG, dans cette action qui a frappé un convoi de bus militaires arrêté à un carrefour en plein coeur de la capitale turque, où sont localisés de nombreux ministères, l’état-major des armées et le Parlement.

Sur le terrain l’intervention de la Turquie contre les Kurdes syriens est toujours plus active. Les bombardements se sont intensifiés et sous la supervision des autorités turques, au moins 500 rebelles syriens ont traversé la frontière turque pour se rendre à Azaz dans la province d’Alep (nord de la Syrie) pour lutter contre la progression des forces kurdes. L’aviation turque a également mené une série de frappes contre des camps du PKK dans le nord de l’Irak, dans le secteur d’Haftanin, non loin de la frontière syrienne. Ce matin, un convoi militaire a été visé par une attaque dans la province de Diyarbakir, tuant au moins six soldats et faisant de nombreux blessés.

Le théâtre de l’explosion à Ankara

EDIT:
L’attaque de ce matin a visé un convoi militaire dans la localité de Lice, dans la province de Diyarbakir. Au moins 7 soldats ont été tués par l’explosion d’un IED.

Le théâtre de l’attaque de Lice

Le théâtre de l'attaque de Lice

Jeudi 4 février, les autorités danoises ont confisqué le passeport de Joanna Palani, jeune femme d’origine kurde iranienne. De retour d’Irak et de Syrie, où elle a combattu au sein des YPJ, elle est accusée de « menacer la sécurité nationale ». Une nouvelle loi, entrée en application en mars dernier, permet à la police de confisquer les passeports et d’interdire la sortie du territoire au nom de la « lutte contre le terrorisme ».

Joanna Palani lors d’une manifestation à Copenhague

Joanna Palani lors d’une manifestation à Copenhague

Jitse A, un ancien militaire néerlandais soupçonné d’avoir combattu aux coté des YPG/YPJ en Syrie a été arrêté ce vendredi aux Pays-Bas. Il a été relâché le jour, le tribunal a saisi son passeport pour l’empêcher de retourner au Rojava. L’homme de 47 ans avait parlé de son engagement contre l’Etat Islamique sur Facebook. Il pourrait être inculpé de « meurtre » s’il s’avérait qu’il a tué un ou plusieurs djihadistes.

Le tribunal a fait la différence entre les militaires néerlandais qui combattent au coté des peshmergas irakiens (Peshmergas-KDP) dans le cadre de l’OTAN et les combattants qui rejoignent individuellement la lutte des YPG/YPJ. Le parquet néerlandais a également brandit « l’étude » mensongère réalisée par Amnesty International il y a quelques semaines à charge des forces démocratiques kurdes en Syrie.

Jitse A