Alors que la ville de Raqqa n’est pas encore entièrement libérée (80% de la ville contrôlée par les Forces Démocratiques Syriennes), tous les enjeux de la Guerre de Syrie se sont désormais déplacés vers le l’est du pays, à Deir-Ezzor. Depuis le début de la guerre, cette ville a su résister à l’invasion de l’Etat Islamique au beau milieu de la zone d’influence du ‘Califat’. C’est l’Armée Syrienne Arabe (celle du régime donc) qui a mené cette résistance depuis le début de la guerre. La bataille de Raqqa avait déjà été l’enjeu d’une course entre les forces du régime et les Forces Démocratiques Syriennes (QSD), les premières ont ainsi libéré de Daesh le sud et une partie de l’est de la zone environnant la ville alors que les secondes ont pris la ville en elle-même. Le gros des troupes de Daesh avait déjà pris la fuite vers la région de Deir-Ezzor. Ainsi les enjeux autour de Deir-Ezzor sont multiples: le désenclavement de la ville pour le régime syrien, l’extension de la Fédération du Nord de la Syrie (nom administratif des zones libérées par les QSD) à toute la zone à l’est de l’Euphrate et jusqu’à la frontière irakienne (ce qui offrirait aux QSD une frontière avec l’Irak de Baghdad) et pour les deux forces: l’affaiblissement de Daesh en Syrie. La situation est tendue entre les forces du régime et les QSD, un bombardement russe (allié du régime) a touché le 16 septembre une position des QSD faisant plusieurs blessés.

De l’autre côté de la frontière, le référendum pour l’indépendance du Kurdistan irakien qui aura lieu le 25 septembre va également influencer le nouveau jeu d’alliance qui se dessine dans la région: Daesh est virtuellement battu en Syrie et à présent plus faible qu’Al Qaeda, les relations diplomatiques du Kurdistan Irakien de Barzani avec la Turquie sont amochées par le référendum et la multiplication des opérations militaires turques dans la région kurde irakienne, les USA pourraient également lever le pied après la reprise totale de Raqqa, la relation entre l’Irak de Baghdad et le Kurdistan irakien va probablement s’envenimer alors qu’une frontière entre le Rojava et l’Irak de Baghdad pourrait exister dans un avenir proche.

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Situation en Syrie au 17 septembre 2017

Situation en Syrie au 17 septembre 2017

Cinq militants kurdes (Sharyar Rostami, Farzad Seferah, Foad Mozafari, Arsalan Abbasi et Rasoul Sayadian Manesh) ont été libérés sous caution samedi 16 septembre. Un sixième militant, Shahryar Tahmasebi, ne pouvant payer la caution, serait toujours en prison. Les activistes, accusés de « tentatives d’agitation », ont été torturés (torture à électricité) lors de leur détention à la prison de Kermanshah. Ceux-ci s’étaient rassemblés pour protester contre le meurtre de kolbers. Les kolbers sont des kurdes qui traversent la frontière entre l’Irak et l’Iran avec des marchandises (à pied ou à dos d’animaux). Ils transportent essentiellement des objets électroniques, du tissu, du thé qui seront revendus par la suite par les kassebkars dans des centres commerciaux des villes iraniennes

Le lundi 4 septembre, la mort de deux Kolbars à l’une des frontières de Baneh y a provoqué des manifestations qui se sont, par la suite, propagées à Sanandaj, Mahabad et Kermanshah. Le jeudi 7 septembre, cinq militants ont été arrêtés par les forces de sécurité iraniennes et transférés à la prison de Kermanshah. Le dimanche 10 septembre, un sixième activistes kurdes, Rasoul Sayyadan Manesh, a été arrêté dans le village de Sayadyan (préfecture de Gilan-Gharb). Les forces de sécurité ont également attaqué les maisons des activistes et ont saisi des effets personnels tels que les téléphones portables, les livres, les écrits…

Depuis 2011, au moins 224 kolbers et kassebkars ont été abattus par l’armée iranienne et 203 ont été blessés. 

Manifestation à Sanandaj

Manifestation à Sanandaj

Des combats ont éclatés lors d’une opération de contre-guérilla dans la zone rurale du district d’Adakli, dans la province kurde de Bingol. Dans la vallée de Maltepe, deux militaires ont été blessés. Héliportés à l’hôpital universitaire de Firat à Elazig, l’un des blessés a succombé à ses blessures. Les autorités turques revendiquent la mort de quatre guérilleros kurdes à Lice dans la province de Diyarbakir, et à Kagizman dans la province de Kars. 3 fusils d’assaut AK-47 et des munitions et des équipements auraient été récupérés lors de l’opération. Enfin, l’aviation turque a effectué des bombardements sur le Kurdistan irakien, ciblant la région d’Avasin-Basyan.

L’aviation turque a encore bombardé le Kurdistan (archive)

L'aviation turque a encore bombardé le Kurdistan (archive)

La justice turque a confirmé le refus de la demande de libération conditionnelle de Loup Bureau, journaliste français détenu depuis fin juillet en Turquie. Loup Bureau a été interpellé le 26 juillet au Kurdistan, à la frontière entre l’Irak et la Turquie, après que des photos le montrant en compagnie de combattants des YPG ont été trouvées en sa possession. Il a été placé en détention provisoire le 1er août pour soupçon d’appartenance à « une organisation terroriste armée ».

Des rassemblements de soutien à Loup Bureau ont été organisés ces dernières semaines à Paris et à Nantes, et un autre est prévu le 16 septembre à Bruxelles, où le reporter, qui a déjà travaillé pour les chaînes TV5 Monde, Arte et le site Slate, vit depuis trois ans, suivant des études de journalisme à l’IHECS. Rassemblement Place de la Bourse, samedi 16 septembre de 11 heures à 13 heures.

solidarité avec Loup Bureau

9.400 CV envoyés à la firme américaine de sécurité privée TigerSwan ont été exposés en ligne. Il ne s’agit pas d’un piratage, mais d’une erreur de la part d’une firme de recrutement externe, UpGard, qui les a exposé sur un compte Amazon Web Services (AWS), via l’outil TalentPen. Upgard était chargée jusqu’en février dernier de fournir un service de tri à TigerSwan en évaluant les CV qu’elle recevait. Les aspirants mercenaires font état dans leurs CV de leur participation à la Guerre d’Irak, à la sécurité des Jeux Olympiques de Sochi ou plus récemment à contrer les manifestations autour du Pipeline dans le Dakota du Nord, à Standing Rock. Les documents contiennent la plupart du temps l’adresse postale, les numéros de téléphone, les adresses e-mail, numéros de permis de conduire, de passeport et de sécurité sociale. De très nombreux CV se vantent également de bénéficier d’autorisations d’accès à des informations top secrètes via leurs anciens employeurs dans la défense ou dans les renseignements. La très grande majorité sont Américains, mais on retrouve également des citoyens irakiens et afghans qui retrouvent ainsi leur collaboration avec l’armée américaine exposée aux yeux de tous. On retrouve également des profils très hauts gradés, comme un ancien ambassadeur américain en Indonésie ou un ancien directeur des opérations clandestines de la CIA. Les CV sont restés accessibles au moins un mois et n’ont été supprimés que le 24 août.

TigerSwan est une firme de sécurité privée, une organisation paramilitaire, dans le même genre que Black Water.

Face à face à Standing Rock

Les autorités turques ont accusé l’ex-soldat britannique Joe Robinson, arrêté le mois passé en Turquie, d’avoir commis des infractions terroristes. il est accusé d’avoir rejoint les YPG dans leur lutte contre l’Etat islamique et a été placé dans un prison de haute sécurité. Robinson avait déjà été arrêté au Royaume-Uni à son retour du Rojava en novembre 2015 en vertu du « Terrorism Act ». Il a été libéré sous caution, mais avait quitté le Royaume-Uni pour le Rojava d’où il était pour pour rejoindre la famille de sa fiancée en Turquie.

Robinson, qui a précédemment combattu avec des troupes britanniques en Afghanistan, a été arrêté après avoir partagé sur les médias sociaux des post sur son séjour au Rojava avec les YPG en 2015. La fiancée de Robinson, Mira Rojkan et sa mère, ont également été arrêtées à Didan le mois dernier. Les deux femmes ont été libérées mais Mira Rojkan, originaire de Bulgarie et étudiante à l’Université de Leeds, a été accusée de propagande terroriste pour le partage de matériel pro-kurde sur les réseaux sociaux, à savoir le drapeau du Kurdistan irakien, une vidéo YouTube d’une chanson kurde de la Syrie et une photo de combattants kurdes au Rojava. Elle a été détenue pendant six jours avant d’être libérée sous contrôle judiciaire.

Joe Robinson

Laroui et Imzouren ont samedi et dimanche derniers, des manifestations dites de «loyauté aux détenus» et préalablement interdites par les autorités. Dans la commune de Laroui relevant de Nador, des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre se sont poursuivis jusqu’aux premières heures du dimanche 13 août. A Imzouren, une manifestation similaire, bien qu’interdite par les autorités, a eu lieu et une autre a même été annoncée pour le 27 août. Une dizaine d’arrestations de jeunes par des membres des forces de l’ordre habillés en civil auraient été opérées avant le départ de la manifestation. Les manifestants ont saisi l’occasion pour réclamer la libération de tous les prisonniers du Hirak détenus à Al-Hoceima et à Casablanca, l’annonce des résultats de l’enquête sur le décès de Mourad El Attabi et réitérer les revendications économiques, sociales et culturelles pour la région. Les autorités locales maintiennent leur décision d’interdire tout mouvement de protestation dans la région.

Arrestation le wee-end passé dans le rif

Arrestation le wee-end passé dans le rif

Nubar Ozanyan, combattant et commandant de la Tikko (branche armée du TKP/ML) au Rojava, a été tué ce 14 août au Rojava. Nubar était arménien, membre du parti depuis 40 ans, il a combattu en Turquie, puis en Palestine (de 1988 à 1990), au Karabagh, en Arménie, au Kurdistan Irakien (2014) et enfin au Rojava depuis juillet 2015, il a également milité à Paris et été le garde du corps du cinéaste révolutionnaire Yilmaz Güney. Il a formé de nombreux militants internationalistes au combat, notamment dans le Bataillon International de Libération. Ces conseils militaires et politiques ont profité à de nombreux combattants.

La déclaration officielle du TKP/ML (en turc) est disponible ici.

Nubar Ozanyan, martyr de Tikko

Nubar Ozanyan, martyr de Tikko

Une marche contestataire a été dispersée, mercredi après midi, après l’inhumation de l’activiste du mouvement contestataire du Rif Imad Al-Attabi. Le défunt a été annoncé mort mardi 8 août à l’hôpital militaire de Rabat où il avait été admis depuis 20 juillet dans un état de coma. Il avait été blessé lors de la dernière grande manifestation organisée à l’occasion de la commémoration du 96e anniversaire de la bataille d’Anoual, remportée par les Rifains sur l’armée coloniale espagnole. La manifestation avait été interdite et réprimée par les forces de l’ordre. En guise de solidarité avec Imad Al-Attabi et sa famille, Nasser Zefzafi et ses compagnons détenus du Hirak, en deuil de trois jours, ont décidé de meneer une grève de la faim de 48 heures.

Face à face entre manifestants rifains en deuil et policiers

Face à face entre manifestants rifains en deuil et policiers

Markéta Všelichová et Miroslav Farkaš sont deux internationalistes accusés d’avoir combattu Daech dans les rangs des YPG et des YPJ. Ils ont été arrêtés en novembre 2016 par les pershmergas de Barzani, au Kurdistan irakien, qui s’est empressé de les remettre au régime turc. Le régime turc dit avoir trouvé sur eux des flyers et photos prouvant leur appartenance aux YPG/YPJ, considérés comme des organisations terroristes par le régime turc, mais les deux internationalistes disent qu’ils se trouvaient au Rojava pour des raisons humanitaires. Leur procès avait commencé le 10 mai dernier, plusieurs reports ont mené le verdict à ce 2 août: 6 ans et 3 mois de prison. Les deux peuvent encore faire appel. La diplomatie tchèque s’est plusieurs fois manifestée pour leur libération.

Markéta Všelichová et Miroslav Farkaš