Les autorités turques ont arrêté plus de cent membres du HDP dans l’ensemble du pays. Parmi les personnes arrêtées figurent notamment les chefs de section du HDP à Istanbul, Aysel Guzel, et à Ankara, Ibrahim Binici. Ces arrestations surviennent après l’attaque de la guérilla kurde qui a fait 44 morts, dont 36 policiers, samedi soir (voir notre article). Début novembre, les coprésidents du HDP Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag et une dizaine de députés de cette formation avaient été arrêtés et placés en détention préventive (voir notre article). Par ailleurs, l’armée turque affirme avoir frappé des bases du PKK dans la région du Zab, au Kurdistan irakien.

Cérémonie officielle pour les policiers tués samedi

Cérémonie officielle pour les policiers tués samedi

Miroslav Farkas et Marketa Vselichova, deux internationalistes d’origine tchèque ont été arrêtées en Turquie car ils sont accusées d’avoir combattu Daesh aux côtés des YPG/YPJ, les Unités de Protection du Peuple du Rojava. Markéta Všelichová est une étudiante de 24 ans, Miroslav Farkas est un travailleur humanitaire et ancien soldat (il aurait été sniper pour les YPG). Ils ont tous deux été arrêtés à Sirnak en tentant de passer la frontière turco-irakienne. Ils transportaient, selon la police turque, des preuves de leur participation dans les YPG/YPJ. La Turquie a transmis la nouvelle de leur arrestation dés le 13 novembre. Ils sont accusés de participation à une organisation terroriste (le PKK, que l’état turc ne distingue pas des YPG) ainsi que d’avoir transporté des armes vers le Rojava.

Les deux internationalistes tchèques

Les deux internationalistes tchèques

A la fin de la guerre Iran-Irak, le régime de la République islamique redoutait des mouvements populaires, notamment à l’occasion de la rentrée scolaire (les universités avaient été fermées pendant deux ans). Les dirigeants décident de décimer préventivement l’opposition, militants de la gauche révolutionnaire et du mouvement des Moujahidine Khalq. Entre août et octobre, 30.000 prisonniers politiques seront fusillés, abattus ou pendus. La majorité des victimes purgeaient des peines de prison pour leurs activités politiques ou avaient terminé leur peine mais étaient toujours incarcérées. Mais certains avaient déjà été libérés et seront de nouveau été arrêtés pour être exécutés. Les massacres ont eu lieu dans presque toutes les villes iraniennes.

Lire l’article que nous avions publié sur ce massacre

Pendaisons en masse à Tabriz, à l’été ’88

« Ni oubli ni pardon! »
Rassemblement de dénonciation de l’assassinat des prisonniers politiques et non politiques par le régime islamique d’Iran à l’occasion du 28e anniversaire du massacre de 1988. Samedi 1er octobre 2016, de 15h à 17h, Place de la Monnaie, Bruxelles
A l’initiative du Iranian Youth Committee – Belgium et de la 8 March Women’s Organisation (Iran-Afghanistan)

Pendaisons en masse à Tabriz, à l'été '88

La police des Pays-Bas va ficher les habitants soupçonnées de « sympathie » avec le PKK. Elle fera probablement de même avec le DHKP-C turc. La question de savoir si des policiers hollandais sympathisants du régime turc auront l’occasion de donner ces informations à Ankara a &été balayée d’un revers de main par un porte-parole déclarant qu’il avait « toute confiance dans les règles garantissant l’intégrité des agents de police ».

Dans un tout autre registre: le Ministre des Affaires Etrangères hollandais a rencontré le chef du KNC à La Hague ce jeudi. Le KNC (Kurdish National Council) est le parti kurde syrien lié au PDK irakien de Barzani, c’est donc le parti de la droite kurde très minoritaire au Rojava, régulièrement accusé de connivences avec le régime turc et affectionné par les forces de la coalition internationale (« contre Daesh ») qui verrait en lui un groupe « rebelle modéré » s’il n’était pas si minoritaire.

Réunion Pays-Bas et KNC à propos de

Réunion Pays-Bas et KNC à propos de

Les combats se poursuivent au Kurdistan Nord entre les forces turques et les guérillas du PKK. Un total de 22 soldats turcs ont été tués dans plusieurs affrontements. Samedi 3 septembre, trois soldats turcs ont été tués dans la province de Hakkari, au sud-est. La veille, huit militaires turcs et treize combattants kurdes avaient été tués dans la province orientale de Van, à la frontière avec l’Iran. Dans une autre opération, vendredi, deux soldats et un « gardien de village » (une milice anti-guérilla) ont été tués à Mardin. Trois autres gardiens ont également été blessés.

En représailles, l’aviation turque a bombardé dix objectifs présentés comme des positions du PKK dans l’est du pays. Les avions turcs auraient frappés quatre positions du PKK près de Cukurca, dans la province de Hakkari, près de la frontière irakienne. Six autres objectifs ont été bombardées dans la région du Mont Tendurek, entre les provinces de Agri et Van.

Un militaire turc blessé dans les affrontements de samedi

Un militaire turc blessé dans les affrontements de samedi

Le quartier général des forces anti-émeutes turques à Cizre n’est plus qu’une carcasse fumante. Le bâtiment a été soufflé ce vendredi par une attaque revendiquée par le PKK. C’est un kamikaze qui a pu introduire une voiture piégée sur les lieux et qui l’a fait exploser, tuant au moins onze policiers. 78 personnes ont été blessées dans l’explosion. La ville de Cizré est située dans la province kurde de Sirnak, frontalière de la Syrie et de l’Irak. Ce quartier général est connu pour avoir vu mourir des centaines de Kurdes emmenés par la police turque.

Les décombres du QG policier

Les décombres du QG policier

Difficile de suivre l’immense vague répressive qui secoue toute l’opposition turque depuis la tentative de coup d’état qui a eu lieu il y a quelques jours. L’AKP qui prétendait au départ viser des putschistes gülenistes a licencié des dizaines de milliers de personnes dans tous les secteurs (armée, fonctionnaires, secteur privé, éducation), emprisonné, exécuté sommairement (certains soldats ont été décapités en pleine rue) et torturé des centaines d’autres. Les militants galvanisés d’AKP attaquent des quartiers kurdes et alévis qui ne se laissent pas faire. Dans certains cas, les villageois qui se défendaient ont simplement été qualifiés de « putschistes » et emprisonnés.

A présent, l’état turc veut empêcher les putschistes « cachés » dans les milieux universitaires de s’échapper. Le haut conseil de l’éducation a donc interdit aux enseignants de quitter le pays et a demandé à ceux qui se trouvent à l’étranger de revenir au plus vite. Selon la police (pro-erdogan), certains profs seraient selon l’AKP, en contact avec des cellules putschistes endormies. Les purges dans l’enseignement ont déjà eu lieu: la totalité des 1.577 doyens ont été suspendus, les licences de 21.000 enseignants privés ont été révoquées. Les purges sont tellement massives qu’il est difficile de donner des chiffres précis, mais au moins 70.000 personnes ont été relevées de leur fonction en à peine quatre jours. La répression pourrait encore s’intensifier puisque l’état turc souhaite rétablir la peine de mort contre les « putschistes ».

Ce mercredi, l’armée de l’air turque a également repris ses bombardements contre les bases du PKK dans le nord de l’Irak.

Une estimation de l’étendue des purges (20 juillet 2016)

Il semble se confirmer que l’homme qui a abattu trois policiers dimanche à Baton Rouge, en Louisiane, un jeune noir qui avait servi dans les Marines en Irak, voulait riposter contre les meurtres policiers en série. L’année dernière, Gavin Eugene Long avait fait légalement procéder au changement de son nom pour devenir Cosmo Ausar Setepenra, une façon de marquer son appartenance à un courant revendiquant une nation souveraine pour les Afro-Américains aux États-Unis. Son compte twitter dénonçait l’oppression des Noirs aux USA et affiramait: « La violence n’est pas LA réponse (c’est une réponse) ».

Baton Rouge a été marquée par de nombreuses manifestations contre les violences policières après la mort début juillet d’Alton Sterling, un vendeur ambulant noir abattu par un policier. Outre les trois policiers tués, trois ont été blessés, dont l’un se trouve dans un état critique. La semaine dernière, la police de Baton Rouge avait annoncé avoir arrêté trois personnes qui avaient pour projet d’assassiner des policiers.

Le lieu de la fusillade à Baton Rouge

Le lieu de la fusillade à Baton Rouge

Six membres des forces armées turques ont été tués aujourd’hui dimanche dans deux attaques menées par les combattants du PKK. Quatre soldats ont été tués dans l’explosion d’un IED au bord de la route et activé par les guérilleos au passage du véhicule dans lequel ils circulaient entre Semdinli et Aktutun dans la province de Hakkari, le long de la frontière irakienne. Un soldat a également été blessé dans cette attaque qui s’est produite à 12h05.

L’explosion d’une voiture piégée a tué un militaire et un paramilitaire anti-guérilla, et fait dix blessés dans les rangs de l’armée, aux abords d’un poste militaire du district d’Ercis, dans la province de Van. Ces attaques interviennent après l’annonce de la mort de Fehman Huseyin (accusé par la Turquie d’être le chef des TAK), un important chef militaire du PKK, qui aurait été victime d’une attaque à la bombe contre la voiture dans laquelle il circulait dans le nord-est de la Syrie vendredi. Le PKK a depuis nié ce décès.

Le lieu de l’embuscade sur la route Semdinli-Aktutun

Le lieu de l'embuscade sur la route Semdinli-Aktutun

Vendredi, l’homme qui a tiré sur des policiers à Dallas (voir notre article) et qui s’était retranché a été tué par une charge explosive déposée par un robot télécommandé. La police de la ville dispose d’un robot Northrop Grumman Andros conçu pour les équipes de démineurs et l’armée. C’est la première fois qu’un robot est utilisé de cette façon par la police – un appareil baptisé Marcbot ayant déjà été employé de la même façon par les troupes en Irak. Dans l’armée américaine, les robots terrestres transforment le visage de la guerre depuis plusieurs années déjà. Ils sont notamment capables de récupérer et désactiver une charge explosive, à l’aide d’un bras téléguidé par des soldats restés à l’abri du danger. Ils semblent voués à être désormais de plus en plus employés par les forces de l’ordre. En Chine, l’université de la défense nationale a conçu un appareil baptisé AnBot, destiné à avoir un rôle anti-terroriste et anti-émeutes. AnBot dispose d’un « outil intégré anti-émeute électrisé » (ressemblant certainement à un Taser ou à un aiguillon pour bétail) télécommandé.

Le Northrop Grumman Andros

Le Northrop Grumman Andros