Un juge a ordonné jeudi 12 mars la libération de l’ex-informatrice de WikiLeaks, Chelsea Manning qui, la veille, avait tenté de se suicider depuis la prison où elle était détenue en raison de son refus de témoigner devant un grand jury. Ce grand jury ayant été dissous, « le tribunal considère que la comparution de Mme Manning n’est plus nécessaire et que son maintien en détention ne répond plus à un objectif de coercition », a décidé le juge Anthony Trenga. Les pénalités financières qui avaient été fixées pour la forcer à témoigner sur WikiLeaks et son fondateur Julian Assange restent néanmoins valables, et elle devra payer 256 000 dollars d’amendes.

Chelsea Manning, 32 ans, a tenté de se suicider mercredi. Les autorités étaient intervenues à temps et elle a été transférée à l’hôpital. En 2010, le soldat Manning, alors connu sous le prénom de Bradley, avait fait fuiter plus de 700 000 documents confidentiels ayant trait aux guerres d’Irak et d’Afghanistan, dont plus de 250 000 câbles diplomatiques qui avaient plongé les Etats-Unis dans l’embarras. L’ex-analyste du renseignement avait été condamnée en 2013 à trente-cinq ans de prison par une cour martiale, mais sa peine avait été commuée par le président Barack Obama. Elle avait été libérée en mai 2017 après sept ans de prison, durant lesquels elle avait entamé sa transition vers le sexe féminin. En mars 2019, elle avait de nouveau été incarcérée parce qu’elle refusait de témoigner sur Julian Assange devant un grand jury.

Chelsea Manning

Environ 150 personnes ont manifesté lundi devant l’ambassade du Royaume-Uni à Bruxelles en soutien à Julian Assange, en marge de l’ouverture du procès à Londres où sera examinée la demande d’extradition des Etats-Unis. Les manifestants criaient leur opposition à son extradition à coups de slogans, banderoles et pancartes. Ils ont fait du bruit à l’aide de casseroles ou de sifflets pour se faire entendre du personnel de l’ambassade. Il s’agissait du 46e rassemblement du Comité Free Assange Belgium, qui se mobilise tous les lundis entre 17h00 et 18h30 sur la place de la Monnaie ou en face de l’ambassade britannique, et ce depuis l’arrestation du lanceur d’alerte le 11 avril dernier. La première session du procès durera jusqu’à vendredi puis s’interrompra pour reprendre pendant deux à trois semaines en mai. En 2010, WikiLeaks avait publié des documents secrets de l’armée américaine, révélant des exactions commises pendant les guerres menées en Afghanistan et en Irak après les attentats du 11 septembre 2001. Son fondateur Julian Assange est aujourd’hui détenu à la prison de haute sécurité de Belmarsh, dans le sud de Londres.

Le rassemblement de Bruxelles

Les attaques contre les journalistes, youtubeurs et internautes se multiplient au Maroc. Dernière affaire en date : l’arrestation d’Omar Radi pour un tweet qui visait les magistrats ayant inculpé les militantEs du Hirak du Rif. « Lahcen Talfi, juge de la cour d’appel, bourreau de nos frères, souvenons-nous bien de lui. Dans beaucoup de régimes, les petits bras comme lui sont revenus supplier après en prétendant « avoir exécuté des ordres ». Ni oubli ni pardon avec ces fonctionnaires sans dignité ! » C’ est pour ces mots que le journaliste Omar Radi sera jugé pour outrage à agent le 5 mars prochain. Il avait été emprisonné le 26 décembre en prévision de son jugement (voir notre article). Le journaliste a été libéré le 31 décembre 2019, à la suite d’une large campagne de mobilisation. Il reste en attente de son jugement. Le journaliste avait couvert de près le mouvement populaire du Rif et ses enjeux politiques et sociaux d’une manière qui ne pouvait que déranger le régime. Il s’est également attaché à dévoiler le système de prédation économique de la monarchie marocaine – notamment sur le territoire du Rif. Ces poursuites font suite aux les peines allant jusqu’à cinq ans de prison pour six journalistes qui avaient couvert ce mouvement.

Omar Radi

 

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La police algérienne a violemment dispersé hier mercredi, dans l’après-midi, dans le centre d’Alger, une large manifestation de protestation contre l’élection présidentielle, faisant plusieurs blessés, à moins de 24 heures d’un scrutin massivement rejeté par la rue. Plus de 200 policiers anti-émeute, armés de boucliers et de matraques, ont chargé près d’un millier de manifestants encore rassemblés devant la Grande Poste, haut lieu de la contestation dans la capitale, survolée par un hélicoptère.  La charge a provoqué un mouvement de foule et au moins huit personnes ont été blessées dans la cohue, dont cinq ont été évacuées sur des brancards ou par ambulance. La police a procédé à une trentaine d’arrestations. La foule a été dispersée mais une fois le gros des policiers partis, quelque 300 jeunes sont revenus scander des slogans anti-élections, déclenchant une nouvelle charge et de nouvelles arrestations.

Les forces de l’ordre avaient auparavant, durant la journée, tenté vainement de repousser les plusieurs milliers de protestataires qui avaient fini par forcer un cordon de police pour se rassembler devant le bâtiment de la Grande Poste, au cœur d’Alger, lieu traditionnel de rassemblement du Hirak. Ce mouvement populaire de contestation du régime, né le 22 février, exige le démantèlement total du système politique en place depuis l’indépendance de l’Algérie (1962) et refuse un scrutin perçu comme une manœuvre devant lui permettre de se régénérer. Toute manifestation est strictement interdite à Alger depuis 2001 et depuis février la police ne tolère que les cortèges hebdomadaires du Hirak le vendredi, et dans une moindre mesure ceux des étudiants le mardi. Des manifestations réclamant l’annulation du scrutin se sont aussi déroulé mercredi en province, notamment à Constantine (2e ville du pays), Bejaïa, Tlemcen ainsi qu’à Bouira et Tizi Ouzou.

Dans le centre d'Alger hier

Salutations internationales aux prisonnier·e·s révolutionnaires à l’occasion de la Conférence de Travail du Secours Rouge International, novembre 2019.

Les délégué·e·s de Belgique, Suisse, Italie, Allemagne et Turquie/Kurdistan présent·e·s à la Conférence de Travail 2019 du Secours Rouge International vous adressent leurs salutations les plus chaleureuses.

La conférence s’est tenue dans un contexte général de progrès du fascisme sous toutes ses formes : du fascisme déchaîné au pouvoir en Turquie à l’action des gangs néo-nazis ou islamistes en passant par les politiques gouvernementales racistes et répressives des États de l’Union Européenne.

Cette tendance est issue de la crise générale du capitalisme, qui ne peut répondre aux aspirations des peuples que par la répression et la violence. Le SRI a toujours considéré que la dialectique lutte/répression/résistance était une partie importante, organique, du processus révolutionnaire. Il faut assumer cette dialectique comme partie intégrante de la tendance à la guerre de classes, un espace de maturation et de qualification de la lutte révolutionnaire.

Cette perspective prend un caractère concret avec le développement de nouveaux mouvements de masse, comme celui des Gilets Jaunes en France, des mouvements populaires au Chili, etc. Ces mouvements sont eux aussi issus de la crise générale du capitalisme, et ils expriment, par de nouvelles voies, l’aspiration des peuples à un changement de société. Ces mouvements sont confrontés à une répression très brutale, à laquelle ils offrent, ne serait-ce que par leur continuité, une résistance admirable. La défense des luttes dans la rue est l’une de nos préoccupations dans la période actuelle.

Les enjeux de la résistance du Rojava à l’agression fasciste turque concernent tout le mouvement révolutionnaire. Le destin politique de l’Europe est étroitement lié à celui du Moyen-Orient, et le Rojava est la principale ligne de front. On y voit s’opposer de la manière la plus nette et la plus radicale le projet de société nouvelle aux formes les plus barbares de répression et de réaction. Cet enjeu est assumé par les internationalistes (notamment ceux du Bataillon International de Libération) dont 48 ont payé de leur vie cet engagement. Notre campagne pour fournir les combattant·e·s du Rojava en matériel médical de première ligne est notre contribution modeste, mais effective. La délégation turque a souligné, à notre conférence, l’importance de l’internationalisme, dans toutes ses formes et à tous les niveaux d’action, dans cet affrontement d’une portée internationale.

Le succès du mois d’agitation pour Georges Abdallah est l’expression d’une autre facette de notre travail qui unit la défense des prisonnier·e·s révolutionnaires à la valorisation des causes qu’ils incarnent, dans le cas de Georges à la cause du peuple Palestinien. Cette mobilisation prend un sens tout particulier alors que les peuples arabes, notamment en Irak et au Liban, descendent dans la rue contre des régimes réactionnaires et corrompus.

Malgré les progrès du fascisme et de la réaction, impulsés par le système pour désamorcer les conflits que sa crise génère, les luttes de classes et populaires constituent une alternative puissante, à laquelle nous contribuons dans la mesure de nos moyens. Vous êtes une part de cette alternative, comme dans cette lutte contre la section spéciale d’isolement de la prison de l’Aquila, partie de la lutte contre la loi 41bis, qui a montré que la détermination et l’unité entre prisonnier·e·s révolutionnaires de différentes tendances, renforcée par la solidarité extérieure et intérieure, pouvait déboucher sur une victoire.

C’est en soulignant votre importance pour le processus révolutionnaire et en saluant votre résistance dans les prisons que nous vous adressons, cher·e·s camarades, nos salutations les plus chaleureuses.

Jeudi 7 novembre, Aidan James a été condamné à un an de prison pour être parti s’entraîner à combattre l’État islamique aux côtés des YPG. La cour criminelle de l’Old Bailey (à Londres) l’a condamné pour « formation au terrorisme ». Il était accusé d’avoir reçu en 2017 des entraînements au maniement d’armes en Syrie et en Irak donnés par le PKK qui figure sur la liste des organisations « terroristes » du Royaume-Uni. Il était revenu au Royaume-Uni en avion en février 2018 et avait immédiatement été placé en détention (voir notre article).

Aidan James

Aidan James

L’explosion d’un IED lors du passage d’un bus transportant des policiers a blessé cinq personnes dans le district de Yuregir, dans la région d’Adana, ce mercredi, tôt dans la matinée. Le bus transportait des membres des unités spéciales anti-émeutes de la police. Lundi, deux soldats turcs ont été tués lors d’une attaque de la guérilla kurde dans le nord de l’Irak.

Le bus visé

Le régime turc se préparerait à de nouvelles opérations d’occupation contre le Kurdistan Irakien et le Rojava. Les pressions à l’encontre de Maxmur et de Shengal devraient augmenter à cette occasion. L’armée turque a ainsi envoyé un grand nombre de soldats et du matériel militaire dans la ville de Derecik, dans le district de Şemdinli à Hakkari. Les troupes déployées à la frontière auraient prévu une «opération spéciale» contre la région de Barzan dans le district de Hewler (Erbil) Soran. Le but de l’opération serait d’envahir et de s’installer dans la région de Goshine située entre Xakurke et Xinere.

Parallèlement à cela, le régime turc préparerait une agression contre Rojava (voir notre article). Des renforts de l’armée turque affluent ainsi dans le district d’Akfa à Akçakale. Les deux opérations devraient s’effectuer simultanément. Le plan turc comprend également des pressions croissantes contre Maxmur et Shengal. Ce plan se réalise avec la collaboration du régime du KDP du clan Barzani qui a notamment abandonné les collines de Mirwasye et de Kepki Kejwê dans la ville de Sheladize, dans le district d’Amadiya, à Duhok aux troupes turques. La colline Rebia dans la région de Sheladize et une autre colline dans la ville de Sire avaient elles été abandonnées aux forces d’invasion turques la semaine dernière.

Les rapports suggèrent également que les forces du PDK construisent une route pour véhicules militaires entre Sheladize et Derelok dans le but de protéger les troupes turques de la colère de la population locale. Les engins de chantier utilisés ici auraient été importés de Turquie et maniés par des hommes du PDK.

Soutenez les femmes combattantes au Rojava et à Shengal !

Soutenez les femmes combattantes au Rojava et à Shengal !

L’audience pour étudier la demande d’extradition du fondateur de WikiLeaks Julian Assange vers les Etats-Unis aura lieu fin février, a décidé vendredi un juge du tribunal londonien de Westminste. Une audience aura lieu fin octobre pour décider quel tribunal étudiera la demande américaine. Les Etats-Unis lui reprochent d’avoir mis en danger certaines de leurs sources lors de la publication en 2010 par WikiLeaks de 250.000 câbles diplomatiques et d’environ 500.000 documents confidentiels portant sur les activités de l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Ils l’accusent également d’avoir « comploté » avec l’ex-analyste militaire Chelsea Manning.

Réfugié pendant près de sept ans à l’ambassade d’Equateur à Londres où il bénéficiait de l’asile politique, M. Assange en a été extrait le 11 avril par la police britannique avec l’aval de Quito (voir notre article). Vendredi, l’Australien de 47 ans a comparu par visioconférence depuis la prison de haute sécurité de Belmarsh, dans le sud-est de Londres. Aux Etats-Unis, il risque 175 ans de cumul des peines encourues pour les différents chefs d’inculpation qui le visent.

Assange à son arrestation

Assange à son arrestation

Un manifestation s’est tenu dimanche dans la capitale marocaine pour dénoncer les condamnations et les peines prononcées contre les dirigeants et participants du mouvement Hirak Rif. Des milliers de manifestants ont battu le pavé depuis le quartier populaire de Bab El Had jusqu’au Parlement. « Le peuple veut la libération des détenus », ont scandé les manifestants, sous un temps maussade, défilant derrière une banderole en soutien aux prisonniers de ce mouvement de protestation populaire aux revendications sociales et économiques.

Certains des membres du mouvement ont écopé de peines allant jusqu’à 20 ans de prison pour « complot visant à porter atteinte à la sécurité de l’Etat » par la Cour d’Appel de Casablanca (voir notre article).

La manifestation de dimanche

La manifestation de dimanche