Le 22 septembre 2008, la France adoptait un décret autorisant l’usage du Taser (pistolet à impulsion électrique) aux policiers municipaux, mais un an plus tard, celui-ci était annulé par le Conseil d’Etat. La plus haute autorité administrative du pays avait estimé que le décret (de huit lignes!) n’encadrait pas suffisamment l’usage de ce type d’arme au niveau juridique. Jeudi dernier, un nouveau décret a été publié, qui autorise à nouveau l’usage du Taser. Le texte, long de deux pages, précise qu’une formation spécifique préalable à l’autorisation du part de cette arme et qu’une formation spécifique d’entraînement sont nécessaires. Il dispose également que le pistolet doit être équipé de systèmes de contrôle permettant d’assurer la traçabilité et la vérification de son utilisation. Il revient maintenant aux maires de chaque commune d’autoriser ou non le Taser à ses policiers. Quelques 5.000 Taser équipent déjà la police nationale, la gendarmerie et l’administration pénitentiaire. Rappelons que ce pistolet délivre une onde de deux milliampères pour 50.000 volts et bloque le système nerveux, tétanisant la personne visée durant quelques secondes, mais que plusieurs personnes sont déjà décédées des suites de cette décharge.

Un black bloc de 200 manifestants a semé le grabuge dans le centre-ville de Vancouver, samedi, en fracassant des vitrines, en lançant de la peinture et en affrontant les policiers afin de protester contre le capitalisme et la commercialisation des Jeux Olympiques. Les manifestants s’en sont pris aux vitrines du magasin La Baie à cause de la présence d’une boutique d’objets olympiques. Ils ont aussi endommagé des véhicules et se sont attaqués à un restaurant McDonald’s. L’escouade anti-émeute de Vancouver est intervenue et a procédé à l’arrestation d’une douzaine d’entre eux. À un moment, le groupe s’est approché de l’hôtel Westin Bayshore, où le Comité olympique international a établi son quartier général pour la durée des Jeux. Des policiers lourdement armés de la Gendarmerie Royale se tenaient prêts à les affronter. La manifestation a perturbé considérablement les activités au centre-ville de Vancouver.

Manifestation aux JO de Vancouver

Manifestation aux JO de Vancouver

Ouvrier du bâtiment qui arrivait de Francfort en Allemagne et ne parlait que polonais, Robert Dziekanski avait pris l’avion pour la première fois de sa vie le 14 octobre 2007, pour venir s’installer au Canada, où vivait déjà sa mère, Zosia Cisowski, 61 ans. Mais il a attendu sa mère dans la zone de livraison des bagages de l’aéroport de Vancouvert. Cette dernière n’était pas autorisée à pénétrer dans cette zone sécurisée, et a dû attendre à quelques mètres de là, de l’autre côté d’un mur, sans savoir si son fils était bien arrivé. Robert Dziekanski s’est alors énervé, a frappé une chaise contre une vitre, ce qui a provoqué l’intervention de quatre policiers de la Gendarmerie Royale du Canada.

Ceux-ci l’ont tué avec cinq décharges de Taser (video). Suite à ce décès, la Commission des plaintes du public contre la GRC avait reçu plus de cent réclamations de citoyens canadiens et exigé que soit effectuée une enquête. Dans le rapport, le président critique sévèrement les quatre agents impliqués dans la mort de Dziekanski, qui ont utilisé le Taser de manière prématurée et inappropriée, sans même un avertissement. Les policiers ont utilisé à plusieurs reprises le pistolet électrique sans évaluer la nécessité des ces décharges consécutives. En outre, les premiers soins apportés à la victime n’ont pas été suffisants. Le rapport estime que la version des évènements des quatre agents de la GRC n’est pas crédible et que cette dernière aurait du clarifier plus rapidement les informations sur la mort de Dziekanski (la police fédérale a mis un an et demi pour rectifier les renseignements erronés fournis dans les heures suivant l’altercation mortelle).

Les dix personnes mises en examen dans l’enquête sur le sabotage de lignes de TGV en novembre 2008 annoncent qu’ils refuseront désormais de se plier aux obligations de leur contrôle judiciaire. Cette décision mettrait le juge d’instruction devant l’alternative de les renvoyer en détention ou d’abandonner le contrôle judiciaire s’ils mettaient leur menace à exécution. Ils refusent en particulier l’obligation de se rencontrer entre eux et de se rendre régulièrement pour ‘pointer’ à la police ou la gendarmerie. ‘Nous désertons, nous ne pointerons plus, et nous comptons bien nous retrouver, comme nous l’avons fait, déjà, pour écrire ce texte‘, écrivent-ils. ‘Nous désertons le juge Fragnoli et les cent petites rumeurs, les mille aigreurs misérables qu’il répand sur notre compte devant tel ou tel journaliste‘.

Ils sont mis en examen depuis fin 2008 pour ‘association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste’ notamment. Le supposé groupe se voit imputer les sabotages commis par le placement de fers à béton sur des caténaires SNCF fin 2008.

Ce mercredi 11 novembre, deux jeunes militants basques ont été surpris en train de voler un drapeau à Ustaritz, dans le sud-ouest de la France. Ils ont été pris en flagrant délit grâce au dispositif de surveillance mis en place par la gendarmerie. Les deux hommes de 19 et 21 ans sont membres du mouvement SEGI, interdit en Espagne en raison des ses liens présumés avec l’ETA mais autorisé en France. Après plus de 24 heures de garde à vue, ils ont été interrogés à la gendarmerie de Bayonne et relâchés. Ils feront néanmoins l’objet d’une convocation judiciaire pour ‘vol de drapeau en réunion’.

Suite à ces arrestations, plusieurs rassemblements de protestation ont été organisés, le plus important d’entre eux à Bayonne. Des manifestants y ont bloqué une route avant l’intervention manu militari des forces de l’ordre pour leur faire dégager la chaussée. Ils se sont repliés, tout en continuant à brandir des calicots affichant ‘La répression n’est pas la solution‘ et ‘Laissez tranquille les jeunes Basques‘. Dans un communiqué, le mouvement Askatasuna dénonce quant à lui le harcèlement dont les militants de la gauche basque font l’objet en France.

Logo de SEGI

Six salariés du groupe ABB ont été convoqués par la gendarmerie de Montluel (Ain) les 28 et 29 octobre dans le cadre d’une plainte déposée le 10 juillet par la direction pour ‘séquestration, injures et dégradations’, suite aux mouvements sociaux du mois de juin.

Dans le cadre d’un plan social comprenant 540 suppressions de postes, les consultations des représentants du personnel avaient donné en juin des réunions très tendues. Le 2 juin, sept dirigeants avaient été retenus pendant deux heures par des salariés qui avaient interrompu un comité central d’entreprise (CCE) à Montluel. Le 23 juin, lors d’un autre CCE également à Montluel, des salariés mécontents avaient renversé du matériel dans les locaux de l’entreprise. Sur les six salariés auditionnés par les gendarmes, cinq sont des délégués syndicaux (3 CGT et 2 CFDT) ainsi qu’un sympathisant CGT.

L’industrie nucléaire finance à hauteur de 57 millions de £ (62 millions d’euros) la police spéciale qui garde ses installations à travers la Grande-Bretagne. Cette force de 750 agents est autorisée à effectuer des opérations secrètes de renseignement contre des protestataires anti-nucléaires. La Civil Nuclear Constabulary (CNC – Gendarmerie Nucléaire Civile) est ainsi financée par les sociétés qui opèrent 17 réacteurs nucléaires, y compris Dounreay dans Caithness, Sellafield dans la Cumbria et Dungeness dans le Kent. Autres bailleurs de fonds: le consortium privé gérant Sellafield, qui appartient en grande partie aux sociétés américaines et françaises. Presque un cinquième du financement est effectué par British Energy, la société privatisée appartenant à la société française EDF.

La plupart des agents de la CNC sont puissaments armés (photo): en trois ans, la CNC a dépensé pour 1.500.000 euros en armes et munitions. Ils patrouillent autour des réacteurs nucléaires, mais leur juridiction s’étirant à trois milles au-delà du périmètre des installations. Ils ont les mêmes pouvoirs que les autres policiers britanniques et peuvent, par exemple, arrêter et arrêter et fouiller les passants.

L’organisme qui contrôle la CNC est aussi financé par l’industrie nucléaire! Quatre des huit membres de l’Autorité Nucléaire Civile de Police sont nommés par l’industrie nucléaire comme ses représentants. Ces quatre sont directement employés dans l’industrie. Les autres sont principalement d’anciens policiers… La CNC est autorisée à envoyer des informateurs pour infiltrer des organisations et conduire la surveillance secrète conformément au Règlement de la Loi 2000 sur les pouvoirs d’enquête (RIPA). Cela permet aussi d’obtenir des données de communications comme des numéros de téléphone et des adresses électroniques. Le commissaire en chef de la CNC a reconnu que les buts stratégiques de la CNC étaient la menace du terrorisme et les manifestations contre les installations nucléaires.

Agent de la CNC

Le site de la CNC

Le dossier du Guardian sur la CNC

Agent de la CNC

Le préfet de région a interdit la manifestation prévue hier samedi, place de la gare, à Rennes. Prévue de longue date, cette manifestation devait apporter un soutien à toutes les luttes du grand Ouest: sans-papiers, mouvements de chômeurs, opposition à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, mouvements sociaux dans les facs et les usines, etc. ‘Il s’agit de rassembler toutes ces luttes car elles ont en commun de vouloir en finir collectivement avec la passivité et la résignation à laquelle nous sommes acculés‘, expliquait le tract des organisateurs.

Ce sont les incidents de samedi dernier à Poitiers qui auraient amené le ministère de l’Intérieur à pousser le préfet à interdire la manifestation rennaise. Trois escadrons de gendarmerie mobile et une compagnie de CRS, auxquels s’ajouteront les hommes du GIPN, de la Brigade anticriminalité, et des unités locales étaient mobilisés ce samedi.

14h20. Dernier métro à s’arrêter à la gare de Rennes, les forces de l’ordre ont décidé d’empêcher les arrêts du métro. Les passagers sont invités à sortir de la station. De même à la gare, les entrées sont filtrées. A l’heure dite (15h), place de la gare, les gendarmes mobiles ont procédé à de nombreux contrôles. Malgré l’interdiction, 200 à 300 militants sont venus en petits groupes. En face, plus de 250 policiers et gendarmes les ont empêchés de se rassembler. Au total, les forces de l’ordre précèderont à 173 contrôles d’identité et 27 fouilles de véhicules. Personne ne sera interpellé. Aucune garde à vue ne sera ordonnée.

Le squat du canal Saint-Martin est envahi par une vingtaine de policiers. ‘Ils ont vidé les armoires, répandu de la sauce bolognaise sur nos vêtements propres et ils ont vidé des bouteilles de vin sur nos matelas’, explique un occupant. Le directeur départemental de la sécurité publique a expliqué: ‘Nous avons trouvé une camionnette immatriculée en Grande Bretagne qui était également présente à Poitiers, samedi dernier. A l’intérieur de ce véhicule nous avons trouvé des bâtons entourés de tissu, certainement des futures torches. En conséquence, nous avons vérifié les identités de toutes les personnes présentes près de la camionnette, qui se trouvait être garée devant le squat.‘ Un autre squat (une maison vide appartenant à la ville de Rennes) a été ouvert 47 rue de Paris.

Un embryon de Ministère de l’Intérieur de l’Union européenne a été fondé dans le secret dans le cadre du Traité de Lisbonne 4. Ces plans pour ‘un Ministère de l’Intérieur’ embryonnaire de l’Union européenne pour organiser le partage de renseignements et la lutte contre le terrorisme et le crime a été accepté aux pourparlers secrets la semaine dernière, selon le quotidien anglais Telegraph.

Le texte du Traité annonce qu »un comité permanent sera fondé dans le Conseil pour assurer que la coopération opérationnelle sur la sécurité intérieure est mis en place et renforcé dans l’Union‘. Les formules ont délibérément été laissées dans le vague. Selon un officiel impliqué dans les pourparlers: ‘parfois il vaut mieux ne pas expliciter trop les choses pour garder la flexibilité et offrir aux fonctionnaires (…) la créativité d’une page blanche.‘ Agissant sous le couvert de cette discrète section du Traité, des fonctionnaires ont fondé un Comité Permanent de la Sécurité Intérieure (COSI) pour mettre en oeuvre ce qui est efficacement la politique de sécurité intérieure de l’UE.

Les informations disponibles pour des agences d’application de la loi et ‘des organisations de sécurité publique’ seraient étendues du partage d’ADN et des bases de données d’empreinte digitale, gardées et stockées pour des nouvelles cartes d’identité de génération numériques, incluant aussi les enregistrements CCTV et celui issu de de la surveillance d’Internet. COSI coordonnera la politique entre des forces nationales et des organisations de l’Union européenne comme Europol, l’agence de frontières de Frontex, la Force de Gendarmerie européenne et les services de renseignements qui partagent le Centre de Situation Commun, sous des mesures connues comme ‘le programme de Stockholm’. Il intensifiera brusquement la collaboration parmi les polices des États membres.

Dépassé par l’ampleur du scandale lié au fichier EDVIGE, le Parlement avait chargé deux députés de lui remettre un rapport d’information sur les fichiers de police, rapport adopté à l’unanimité le 24 mars 2009.

Selon ce rapport, il serait ainsi ‘opportun’ de confier à une ‘commission’ le soin de trouver un moyen pour que le nouveau super-fichier ARDOISE n’hérite pas du ‘stock d’erreurs accumulées’ (plus d’un million, rien que pour ces trois dernières années) dans les fichiers (de police) STIC et (de gendarmerie) JUDEX qu’il doit absorber. L’an passé, 83% des fichiers policiers que la CNIL a été amenée à contrôler étaient inexacts, périmés ou erronés… et le tiers des fichiers qu’elle a vérifié, dans une opération de ‘blind test’ portant sur des affaires de stupéfiants, étaient erronés, faute d’avoir été mis à jour par le ministère de la Justice – censé informer la police des suites judiciaires données aux enquêtes policières, mais qui n’a transmis en, 2007, que 31% des ‘relaxes’, 21,5% des classements ‘sans suite’, 7% des ‘acquittements’, et 0,47% des ‘non lieux’…

Le rapport propose aussi d’avertir toute personne risquant de perdre son emploi du fait qu’elle est fichée, afin de lui permettre d’être ‘entendue, pour exposer son cas’, et non plus de l’en informer, après coup, une fois la décision prise. Un million de personnes, blanchies par la justice, étaient toujours considérées comme suspectes dans les fichiers policiers. Et dans son rapport sur le contrôle du système de traitement des infractions constatées (STIC), la CNIL estime que plus d’un million de personnes sont concernées par ces ‘enquêtes administratives de moralité’, qui peuvent leur coûter leur emploi.

Les deux députés viennent de déposer un projet de loi pour modifier la loi ‘informatique et libertés’ de sorte que la création d’un fichier policier ne puisse être autorisée sans en passer par une loi. Jusqu’en 2004, tout fichier ‘de sûreté’ ou portant sur la totalité de la population devait en effet être autorisé par la CNIL. La nouvelle loi ‘informatique et libertés’ a fait sauter ce verrou: l’Etat doit toujours, certes, saisir la CNIL, mais il n’a plus à tenir compte de son avis, déniant ce pour quoi la CNIL avait pourtant été créée, à savoir protéger les citoyens du fichage policier. Cette même loi autorise également les fichiers policiers à être ‘hors la loi’ jusqu’en octobre 2010. Résultat: le nombre de fichier policiers a augmenté en France de 70% ces trois dernières années, et le quart des 58 fichiers de police n’ont aucune existence légale.

Pour en revenir au fichier Edvige, les deux députés proposent la création (par la loi) de deux nouveaux fichiers destinés à remplacer celui des Renseignements Généraux: un pour le service de renseignement de la Préfecture de Police de Paris, l’autre pour la sous-direction de l’information générale (SDIG), qui a récupéré le quart des effectifs des anciens Renseignements Généraux. Y seront notamment fichés ‘les personnes, groupes, organisations et personnes morales qui, en raison de leur activité individuelle ou collective, peuvent porter atteinte à la sécurité des personnes ou des biens, par le recours ou le soutien actif apporté à la violence’… ainsi que ‘les personnes entretenant ou ayant entretenu des relations directes et non fortuites avec ceux-ci’. Les mineurs de 13 ans, qui avaient eux aussi cristallisés une partie des opposants à EDVIGE, leur fichier sera effacé au bout de trois ans… sauf s’ils sont de nouveau fichés, ou que le magistrat (du parquet) en charge du contrôle du fichier accepte de les y maintenir, pendant un ou deux ans supplémentaires, à la demande de ceux qui les ont fichés.