Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Le 8 novembre 2010, à une douzaine kilomètres de Laâyoune, la plus grande ville du Sahara occidental, dans une localité nommée Gdim Izik, les Sahraouis ont installé un camp de plusieurs dizaines de milliers de personnes pour protester contre leurs conditions de vie déplorables sous l’occupation marocaine. Le camp est démantelé par la force, ce qui provoque des émeutes à Laâyoune, où de nombreux commerces et bâtiments administratifs sont alors incendiés. Onze membres des forces de l’ordre et deux civils sont tués, selon les autorités marocaines. De son côté le Front Polisario parle de dix civils tués et 169 disparus.

Une vingtaine d’accusés sahraouis dans les événements de 2010 à Laâyoune seront présentés ce dimanche au tribunal de Salé. Ils avaient été condamnés à des peines allant de deux ans à la perpétuité en 2013 par un tribunal militaire. Mais l’été dernier la Cour de cassation a annulé ce jugement. Ils comparaissent aujourd’hui devant un tribunal civil car entretemps, la loi marocaine a évolué et leur cas ne relève plus de la justice militaire.

Le démantèlement du camp de Gdeim Izik

Le démantèlement du camp de Gdeim Izik

Les forces de sécurité israéliennes ont tiré à balles réelles sur un manifestant lundi matin lors d’affrontements qui ont éclaté alors que 1.500 fidèles juifs visitaient un sanctuaire (le « tombeau de Joseph ») dans la ville de Naplouse en Cisjordanie. Les manifestants palestiniens ont brûlé des pneus, jeté des cocktails Molotov et des pierres sur les forces de sécurité protégeant les pèlerins. L’affrontement a eu lieu près du camp de réfugiés de Balata à la périphérie de Naplouse. Un manifestant, Mahdi Dweiket, 20 ans, a été touché d’une balle dans le pied.

Forces d’occupation autour du Tombeau de Joseph

Forces d'occupation autour du Tombeau de Joseph

Des dizaines de milliers de travailleurs du textile ont protesté dans le centre de fabrication de Ashulia qui produit des vêtements pour grandes marques occidentales tel que Gap, Zara et H & M. Les protestations ont commencé suite au licenciement de 121 travailleurs. Les revendications se sont élargies demandant le triplement du salaire minimum mensuel qui est actuellement de 5.300 taka (± 60€). Plus de 50 usines ont fermé la semaine dernière pour tenter de limiter les manifestations, qui ont tourné à l’affrontement après que la police ait tiré des balles en caoutchouc et blessé 10 manifestants. Trente travailleurs dont sept dirigeants syndicaux, ainsi qu’un journaliste ont été arrêtés.

Toutes les usines ont repris leurs opérations avec environ 90% des travailleurs. La Bangladesh Garment et la Fédération des travailleurs industriels déclare que le nombre de travailleurs licenciés serait d’environ 3500 personnes. De plus, 50 leaders syndicaux ont dû passer à la clandestinité. La Fédération des travailleurs industriels ont déclaré que les autorités ont interdit les manifestations en utilisant une loi de temps de guerre prévue pour faire face aux menaces à la sécurité de l’Etat, ainsi que la Loi sur les pouvoirs spéciaux, pour emprisonner des dirigeants syndicaux et des travailleurs.

La manifestation des ouvriers du textile à Ashulia

La manifestation des ouvriers du textile à Ashulia

La Région de Bruxelles-Capitale a délivré un permis de construire pour la nouvelle prison de Haren près de trois ans après la demande. La prison devrait accueillir 1.190 détenus répartis dans huit bâtiments et doit remplacer les prisons de Forest, Saint-Gilles et Berkendael. Un permis d’environnement doit encore être accordé au projet. Le temps de construction est estimé à 32 mois et son coût s’élève à 331 millions d’euros.

Le Conseil communal de la Ville de Bruxelles avait donné en juin dernier le feu vert au plan de déviation du chemin vicinal du Keelbeek, un acte qui était incontournable dans le cadre des autorisations à obtenir pour la construction de la maxi-prison à Haren. C’est ce point qui, en ocotobre dernier, avait entravé le processus en vue de cette construction souhaitée par la Régie fédérale des Bâtiments, dans la mesure où la demande de permis nécessite un déplacement de ce sentier (voir notre article).

Le projet de complexe pénitenciaire à Haren

Le projet de complexe pénitenciaire à Haren

La police nationale en coordination avec l’armée, a capturé le commandant en second du Front « Alfredo Gómez Quiñónez », actif dans les municipalités d’Arenal, Montecristo, Tiquisio Nuevo et Morales (sud du Bolivar). Les forces de sécurité ont capturé le guérillero connu sous le nom de guerre de « Mauricio » après une brève fusillade dans une zone rurale de la municipalité d’Arenal. Dans une seconde opération, les forces de police ont arrêté dans la ville de Pelaya (Cesar) deux autres membres de l’ELN. « Chango » et « Reinel » appartenaient au Front « Camilo Torres Restrepo » de l’ELN, le premier depuis 13 ans, le second depuis 10 ans. Tous deux étaient sous des mandats d’arrêt pour terrorisme, assassinat, rébellion et complot.

Un des deux membres de l’ELN arrêtés à Pelaya

Un des deux membres de l'ELN arrêtés à Pelaya

Neuf habitants de la petite ville rebelle de Wukan, dans le sud de la Chine, ont écopé de peines de deux à dix ans de prison après une manifestation de soutien au maire démocratiquement élus, et depuis emprisonné. Ils ont été reconnus coupables entre autre de participation à un rassemblement illégal, de trouble aux transports et aux services publics et de dissémination de fausses informations. Plusieurs des condamnés font partie des 13 personnes qui avaient été appréhendées en septembre à Wukan pour trouble à l’ordre public (voir notre article de septembre). Ces arrestations avaient entraîné une manifestation qui avait tourné à l’affrontement avec les forces de l’ordre. Ces dernières avaient répondu à des jets de pierre par des tirs de balles en caoutchouc et de grenades lacrymogènes.

Wukan était devenu célèbre fin 2011 lorsque ses habitants s’étaient soulevés pour chasser les dirigeants corrompus du Parti communiste chinois (PCCh), qui s’enrichissaient à leurs dépens en vendant des terres agricoles. Après la mort en détention d’un manifestant, les habitants en colère étaient même parvenus à chasser les forces de l’ordre et à se barricader dans la ville pendant une semaine entière (voir notre article de 2011). Pour rétablir l’ordre, le PCCh avait accepté l’organisation d’une élection libre pour le choix du nouveau comité communal. Lin Zulian, l’un des leaders de la contestation, avait alors été élu maire… et ensuite arrêté.

Mobilisation des habitants de Wukan (archive)

Mobilisation des habitants de Wukan (archive)

Une grève des travailleurs de la Sucrerie africaine de Côte d’Ivoire (SUCAF), en janvier, s’était notamment soldée par la mort de deux grévistes, tué par la gendarmerie, et des dégâts matériels dont des parcelles de cannes à sucre et des combis de gendarmerie incendiés (voir notre article de l’époque). Ce qui avait conduit à l’arrestation d’une dizaine de grévistes sur les sites des complexes sucriers de Ferké 1 (détenus à Korhogo) et Ferké 2 (détenus à Bouaké). Toutefois, ceux arrêtés à Ferké 2 ont été jugés et condamnés à Bouaké, avant d’être mis en liberté à la faveur de la grâce présidentielle d’août. Par contre, sept travailleurs habitant le complexe sucrier de Ferké 1, dans le département de Ferkessédougou, restent toujours détenus sans jugement. Voilà bientôt un an qu’ils sont emprisonnés après avoir été maltraités (l’un d’eux a eu le bras cassé par les policiers à son arrestation).

Meeting gréviste à la SUCAF en janvier dernier

Meeting gréviste à la SUCAF en janvier dernier

Le gouvernement fédéral a approuvé vendredi le lancement d’une procédure de marché public pour l’achat pluriannuel et l’installation de systèmes automatiques de reconnaissance de plaques minéralogiques (ANPR), dont 240 sont destiné à la Flandre. Il s’agit à la base d’une initiative du ministre de l’Intérieur dans le cadre de la lutte contre la criminalité et le terrorisme. La Wallonie sera elle aussi dotée de caméras dotées d’un système de reconnaissance de plaques minéralogiques en vertu d’un accord conclu avec le fédéral, a annoncé lundi le ministre wallon des Travaux publics. Cet accord permettra de voir l’installation de plus de 150 caméras de ce type sur le réseau routier wallon.

Système de caméras ANPR

Système de caméras ANPR

La forêt d’Hambach, à proximité de Cologne en Allemagne, est occupée depuis 2012. RWE, l’entreprise d’énergie électrique, a pour projet de continuer à dévaster la forêt pour agrandir ses mines de charbon qui sont déjà énormes. Un mouvement s´est mis en place depuis des années dans la région contre l’utilisation très polluante du charbon pour la production d´énergie et contre la destruction de l’environnement.

Un forte résistance s’est opposée à des opérations policières appuyées par des véhicules blindés et des canons à eau pour protéger les travaux de déforestation. Siao, Hodei et Maya ont été arrêtés pour avoir participé à cette résistance le 30 novembre dernier. Hodei et Siao étaient accusés d’avoir utilisé des engins explosifs et étaient détenus à la prison JVA Ossendorf à Cologne. Le procureur de l’Etat a levé le mandat d’arrêt contre eux. Il semble que les services du procureur ne les considère plus comme les suspects recherchés. Hodei et Siao ont été relâchés immédiatement. Quelques heures plus tard, devant un tribunal de Düren, en Allemagne, Maya a vu à son tour lever son mandat d’arrêt. Elle doit maintenant se présenter à un poste de police une fois par semaine jusqu’à ce que son procès commence.

Opération policière dans la forêt d’Hambach (archive)

Opération policière dans la forêt d'Hambach (archive)

L’affaire démarre le 19 octobre : dans un échange de courriers, trois des inculpés, des figures de la société civile du pays basque Nord connues pour leur opposition à la lutte armée, proposent à l’ETA de prendre en charge le démantèlement de son arsenal. Proposition acceptée. Le 16 décembre dans la matinée, ils prennent livraison de 11 cantines d’armes, mises sous scellé par ETA, qu’ils apportent dans une maison de Louhossoa. C’est alors qu’ils avaient commencé à les neutraliser à la meuleuse et à la perceuse quand les policiers ont débarqué (voir notre précédent article).

Sous l’œil de membres de la Guardia Civil espagnol, l’interpellation menée par le RAID, la SDAT et la DGSI a permis de saisir 30 armes de poing, neuf fusils d’assaut, 12 pistolets-mitrailleurs, deux roquettes anti chars, des chargeurs, des munitions, des détonateurs et de l’explosif. Embarqués le lendemain dans un avion pour Paris, les cinq « désarmeurs » ont été mis en garde à vue par la SDAT à Levallois-Perret. Mis en examen, après quatre jours de garde à vue, pour «port, transport et détention d’armes, de munitions et de produits explosifs», tous été laissés libres sous contrôle judiciaire.

Les policiers du RAID lors de l’opération du 16 décembre

Les policiers du RAID lors de l'opération du 16 décembre