Le 27 août 2014, un bâtiment de la Breite Strasse à Hambourg était occupé par des squatteurs. La police est rapidement arrivée sur les lieux pour les expulser, mais les occupants ne se sont pas laissé faire et ont répliqué en tirant des feux d’artifices en direction de la police, en leur déversant des pots de peinture colorée dessus et en leur lançant divers objets. Plus tard, plusieurs personnes ont été arrêtées hors du bâtiment, et accusées d’avoir prit part à la résistance du squat. Le procès de ces 6 personnes -depuis libérées- se tiendra à la fin du mois d’août 2015. Les inculpations sont lourdes, certains sont accusés de tentative d’homicide. Une semaine de mobilisation et d’actions solidaires aura lieu du 3 au 9 août.

Appel à la mobilisation pour les inculpés de la Breite Strasse.

Appel à la mobilisation pour les inculpés de la Breite Strasse.

Dans la nuit du 25 au 26 juin, deux véhicules de patrouille et une fourgonnette de police ont été incendiés à Mayence. Un communiqué a expliqué que les véhicules ont « choisi de se suicider par immolation spontanée… pour exprimer leur rejet de la violence institutionnalisée et non réformable de l’Etat. »

Patrouilleuses incendiées à Mayence.

Patrouilleuses incendiées à Mayence.

Sadi Özpolat et Gülaferit Ünsal ont obtenu une victoire après avoir observé respectivement 43 et 54 jours de grève de la faim contre la censure de leur courrier, contre les uniformes de prison et contre l’intimidation. Sadi et Gülaferit sont emprisonnés via la loi 129bis qui les accuse d’être membres du DHKP-C. 6 autres prisonniers politiques en Allemagne (Ahmet Düzün Yüksel, Muzaffer Dogan, Özgur Aslan, Sonnur Demiray, Yusuf Tas et Özkan Güzel) se sont également mis en grève de la faim en solidarité. A l’extérieur, plusieurs manifestations ont eu lieu à Berlin et ailleurs en Allemagne, réunissant l’immigration turque et la gauche solidaire. L’Allemagne est l’un des états les plus coopératifs avec la politique répressive de la Turquie, notamment via la loi 129bis qui permet d’emprisonner des personnes suspectées d’être membres d’organisations considérées comme terroristes à l’étranger (mais pas forcément en Allemagne). Récemment, le journal de gauche turc Yürüyüs (La Longue Marche) a été interdit en Allemagne alors qu’il n’est pas (encore?) illégal en Turquie.

Sadi Özpolat et Gülaferit Ünsal sont régulièrement en grève de la faim contre leurs propres conditions de détention mais également en solidarité avec d’autres prisonniers. Dernièrement, ils avaient participé à la grève de la faim des prisonniers révolutionnaires en Grèce.

Manifestation de solidarité avec Sadi Ozpolat en décembre 2012.

Manifestation de solidarité avec Sadi Ozpolat en décembre 2012.

Federico Annibale ’Fede’, qui avait manifesté à Francfort le 18 mars dernier contre le nouveau siège de la BCE, était accusé de ’violation grave de la paix’ et ’tentatives de lésions corporelles graves’. De nombreux affrontements avaient éclatés entre les milliers de manifestants et les policiers anti-émeute lors de l’inauguration du nouveau siège de la banque centrale européenne. Federico est italien et étudie à Londres, les autorités allemandes justifiait son maintien en détention provisoire par le risque de fuite à Londres (voire notre article). Après plus de deux mois de détention, un tribunal a décidé le 3 juin de sa libération avec une condamnation de 14 mois en cas de nouveau délit en Allemagne.

Rassemblement solidaire pour Frederico

Rassemblement solidaire pour Frederico

Après la grande manifestation de jeudi à Munich (34.000 personnes), c’était la petite ville de Garmisch-Partenkirchen qui recevait les opposants au sommet G7 qui se tenait dans un chateau à 15 kilomètres de là. 4000 personnes étaient présentes à Garmisch, quelques incidents ont opposés manifestants et policiers. Plus de 22.000 policiers ont été déployés en Bavière pour veiller sur le G7 mais c’est à Leipzig qu’un black bloc d’une centaine de personnes est intervenu par surprise dans le centre ville. Une barricade de pneus enflammés a barré une des rues du centre; des pierres, des cocktails Molotov ainsi que des engins pyrotechniques ont été lancés sur des édifices publics et sur le consulat américain qui ont subis des dégradations. Lors d’un face-à-face avec les manifestants, plusieurs policiers ont été blessés. Trois véhicules de police ont par ailleurs subi d’importants dégâts et ont été rendus inutilisables. Un homme a été arrêté.

Incidents à Leipzig

Incidents à Leipzig

Jusqu’au 15 juin, le Traité de Schengen est suspendu pour tout le territoire allemand, ce qui autorisera policiers et douaniers à éventuellement contrôler ceux qui passent les frontières. Ce sont surtout la frontière autrichienne et l’aéroport de Munich qui sont visés par cette mesure. La gare de Garmisch sera également contrôlée plus que d’habitude.

Le G7 approche et la police allemande veut éviter de se retrouver -encore une fois- en désavantage par rapport aux milliers de manifestants italiens, autrichiens et européens qui font le voyage pour participer aux manifestations. Dernier fiasco en date, l’inauguration de la Banque Centrale Européenne à Francfort où les milliers de policiers déployés n’ont pas suffit à contenir les milliers de manifestants venus de partout.

Affrontements à Francfort au Blockupy.

Affrontements à Francfort au Blockupy.

Le mouvement de grève illimité lancé mardi dernier par le petit mais puissant syndicat des conducteurs de locomotives (GDL) a été suspendu ce jeudi, évitant ainsi à l’Allemagne d’être paralysée pendant la Pentecôte et au-delà. Pourtant la perspective de conflit social est loin d’être écartée. En effet, la « Loi sur l’unité syndicale » (Tarifeinheitsgestz), que le Bundestag doit adopter ce vendredi matin pourrait bien venir jeter de l’huile sur le feu. Le texte de loi prévoit en effet que si deux syndicats d’une même entreprise n’arrivent pas à s’entendre sur leur périmètre de représentation, alors, c’est la convention collective négociée par le syndicat affichant le plus d’adhérents dans l’entreprise qui l’emportera. Le petit n’aura alors plus le droit de faire grève pour imposer ses revendications: Dans le cas de Deutsche Bahn, où le GDL est en concurrence avec le grand syndicat du rail EVG, c’est l’EVG qui gagnera et le petit GDL n’aura plus rien à dire.

En conséquence, la plupart des petits syndicats sectoriels allemands mais aussi les grands syndicats des services (Verdi), de l’alimentation (NGG) ou encore de l’éducation (GEW) ont annoncé qu’ils déposeraient une plainte devant le Tribunal constitutionnel dès que la loi, dont l’entrée en vigueur en prévue pour le 1er juillet, aura été votée.

Une grève de la GDL

Une grève de la GDL

Le 15 avril à 17H les forces spéciales de la police allemande ont arrêté sept responsables de l’ATIK, la Confédération des travailleurs Turcs en Europe, en les accusant d’être des cadres du TKP/ML, le Parti Communiste de Turquie Marxiste-Léniniste. L’opération a été brutale (portes défoncées etc.) et approfondie (les perquisitions des maisons ont commencé à 17H et ont fini à 1H du matin). Cette opération couronnait une enquête qui a commencé en 2013 à l’initiative du parquet de Karlsruhe. La police allemande reproche aux responsables de l’ATIK d’avoir collecté de fonds, et de soutenir les activités de l’organisation en Turquie, et d’avoir formé en Allemagne des militants pour combattre au Rojava.

Les mandats d’arrêt portent sur « appartenance à une organisation terroriste étrangère » vertu de l’article 129 B du Code criminel. Interdit en Turquie, le TKP/ML ne l’est pas en Allemagne, et il n’est pas inscrit sur la liste terroriste de l’UE. Parmi les militants arrêté figure E. Muslum, responsable de l’ATIK pour l’Allemagne. C’est un militant révolutionnaire historique de Turquie, qui a fait 22 ans de prison pour appartenance au TKP/ML. Il était dans les années ’80 à la prison de Dyarbakir où il a été torturé et où il a participé à la grève de la faim. Il a aussi participé à la grande grève de 2000 et a été libéré conditionnellement suite au 15 décembre 2000. La justice allemande a aussi délivré des mandats d’arrêt avec demande d’extradition pour un militant qui a été arrêté en Suisse, trois arrêtés en Grèce, et un autre en France.

En solidarité avec les inculpés de l’ATIK, la façade de la représentation du Land de Rhénanie du Nord et de Westphalie auprès de l’Union Européenne, 47 rue Montoyer à 1000 Bruxelles, a été taguée, et un rassemblement a eu lieu aujourd’hui devant l’ambassade d’Allemagne, Rue Jacques de Lalaing 8-14 à 1000 Bruxelles.

La représentation du Land de Rhénanie du Nord et de Westphalie

A l’ambassade d’Allemagne

La représentation du Land de Rhénanie du Nord et de Westphalie
A l'ambassade d'Allemagne (archive)

Dans la nuit du 4 mai dernier, le commissariat de Karsruhe a été recouvert de peinture et de slogans en solidarité avec les antifascistes. Depuis deux mois, plus d’un millier de policiers dégage les rues et attaque les antifascistes pour faire de la place à Pegida -le nouveau front d’extrême-droite allemand- lorsqu’ils manifestent.

Angela Merkel avait condamné à l’automne 2013 les activités de l’agence américaine NSA en Allemagne, et notamment la mise sur écoute de son propre portable. Mais les nouvelles révélations montrent que la chancellerie était au courant depuis 2008 des pratiques américaines utilisant les services secrets allemands pour se livrer à de l’espionnage industriel et politique en Europe. Des pratiques qui n’avaient pas grand-chose à voir avec la lutte contre le terrorisme lorsqu’Allemands et Américains ont renforcé leur coopération en 2002.

L’affaire prend désormais un tour politique. Si ces informations se confirment, il devient difficile pour la chancellerie, responsable en Allemagne du contrôle des services secrets, d’affirmer que ces derniers n’ont pas fonctionné correctement en ne transmettant pas des informations aussi sensibles. Et si la chancellerie était au courant et n’a pas protesté auprès de Washington, la responsabilité politique de son personnel est en cause. A l’initiative du groupe des Verts au Parlement européen, celui-ci va débattre ce mardi 28 avril en session plénière de « révélations récentes sur l’espionnage massif de citoyens, de responsables politiques et d’entreprises de l’Union européenne ».